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14/08/2014

The Islamic State & Zahed, imam et homosexuel en France

 

et en contrepoint

 

 

Le Point.fr - Publié le 14/08/2014 à 10:38

Un imam homosexuel veut propager la paix et la tolérance en Europe. Il a ouvert une mosquée "gay-friendly" à Paris et marié un couple lesbien en Suède.

 

Il est gay, imam et français. Le Spiegel est allé à sa rencontre et raconte son histoire peu commune. De nationalité algérienne, les parents de Zahed ont émigré en France quand celui-ci n'était encore qu'un jeune enfant. Lors de son premier jour de cours, son professeur lui a demandé s'il était un garçon ou une fille. C'était un garçon "svelte, fragile, affable", décrit-il au magazine.

Aujourd'hui, Zahed se souvient encore de son père qui le traitait de "tapette" ou de "petite pleureuse" quand il était petit. Puis son père est devenu silencieux. Il a cessé de le regarder ou de lui parler. Zahed s'est donc interrogé sur le sens de sa vie et son identité. À 12 ans, il est allé à la mosquée pour trouver des réponses à ses questions. Il a lu le Coran et est devenu un membre de la confrérie salafiste. Zahed a commencé a prier cinq fois par jour, puis il a décidé de devenir imam et a projeté d'étudier l'islam à La Mecque.

Pendant cette période, la confrérie des salafistes était tout pour lui. Le jeune homme s'est senti soutenu et protégé par ses frères de prières. Il s'est épanoui dans ce cadre. Il a prié avec dévotion et s'est senti touché par la grâce de Dieu. Il a fait la rencontre de Djibril, un "frère" de l'association, avec qui il a dormi front contre front. Ils se sont dit "Uhibbuk fi-Allah", ce qui veut dire "je t'aime au nom d'Allah". Un amour "différent" de celui qu'il éprouvait pour les autres salafistes et dont il a fait part à ses frères. Mais Djibril a dit que cela n'était pas possible.

"On le savait"

Quelque temps plus tard, sa famille a déménagé à Marseille. Étudiant, il a rasé sa barbe, a arrêté de prier et a sombré dans la fête et la drogue. Il a aussi contracté le VIH. Il a appelé ses parents depuis sa chambre pour leur dire qu'il était gay. Sa mère a pleuré et son père l'a regardé pour la première fois depuis longtemps. Il lui a dit : "On le savait." Et il a fini par accepter la différence de son fils. Zahed n'en revient toujours pas.

Par la suite, il s'est mis à étudier la psychologie et l'anthropologie et a commencé à travailler pour une association caritative. Lors d'un voyage professionnel au Pakistan, il s'est remis à se poser des questions, et a recommencé à prier dans sa chambre d'hôtel. Il s'est replongé dans le Coran puis a découvert HM2F, une association pour les gays et lesbiennes musulmans en France. Deux ans plus tard, après avoir appris dans les journaux que les imams refusaient d'enterrer un musulman transsexuel mort en France, Zahed a créé une mosquée à Paris. Il l'a conçu comme un endroit où chacun pouvait trouver un imam pour être traité avec dignité, et qui accepterait de marier ou d'enterrer une personne sans se soucier de sa sexualité. Il est tombé amoureux et a trouvé un imam qui a accepté de le marier à son compagnon.

Aujourd'hui, il a 37 ans et voyage à travers le monde pour donner sa vision d'un islam qui n'exclut pas les homosexuels. Il est allé en Suède pour marier un couple lesbien. Son voyage a été financé par la marque 7-Eleven. Sa vie n'est pas parfaite : son mari l'a quitté et il n'a pas trouvé de réponses à toutes ses questions. Mais il avance.

 

Source :  http://www.lepoint.fr/societe/zahed-imam-et-homosexuel-en...

 

 

 

 

Les Yézidis, une histoire marquée par les persécutions

Une image du 19e siècle représentant la porte d'entrée du temple Yazidi du Cheikh Adi - DR Une image du 19e siècle représentant la porte d'entrée du temple Yazidi du Cheikh Adi - DR

 

Le monde entier s'émeut, à juste titre, de la catastrophe qui s'abat sur les Yézidis de la région de Sinjar au nord-ouest de Mossoul, menacés d'être exterminés par les jihadistes de l'État islamique (EI) s'ils ne se convertissent pas à l'islam. Des dizaines de milliers de villageois ont quitté précipitamment leurs maisons pour trouver refuge dans les montagnes – qui culminent à 1 356 mètres – sans abris, sans eau ni nourriture.

Cette population paisible d'origine kurde traverse sans doute l'une des pires épreuves de son histoire, qui n'en a pas manqué. L'accusation est depuis longtemps (XVIIe siècle) la même : les Yézidis seraient des "adorateurs du diable", réputation complètement infondée qui provient sans doute d'une croyance de la secte en un ange déchu, qu'elle appelle "Malak Tawous", l'Ange-Paon, dont l'histoire ressemble étrangement à celle d'"Iblis", le diable, l'ange déchu du Coran.

Dans la tradition zoroastrienne, dont la religion syncrétique des yézidis a préservé quelques éléments, l'Ange-Paon, à cause de son orgueil, perd certes la faveur de Dieu, mais, pris de remords, se réconcilie avec lui. L'Ange-Paon n'est donc pas devenu, comme dans l'islam, la personnification du diable, Iblis, mais un ange qui est resté une émanation bienveillante de la divinité. Pour les Yézidis, le mal comme le bien résident plutôt dans l'être humain, qui lui choisit sa voie.

Une religion sans statut

Le problème du peuple Yézidi est que sa religion a longtemps été basée sur des traditions orales. Il n'a eu que tardivement – fin XIXe siècle – des livres sacrés où ses croyances furent consignées. Il a de ce fait été exclu de la catégorie requise par les législations islamiques successives, celle des gens du Livre, qui a été accordée aux juifs et aux chrétiens auxquels elle a conféré un statut légal.

Bien que croyant en un Dieu unique, mais n'étant ni musulmans ni gens du Livre, les Yézidis se sont heurtés aux demandes de clarification des gouvernements de l'Empire ottoman dans le cadre de l'administration de leurs provinces, et ce n'est qu'en 1849 que leur communauté a été reconnue par l'Empire. Cela n'a pas empêché qu'ils soient menacés une fois de plus de conversion forcée en 1894, à l'époque du Sultan Abdel-Hamid II (1876-1909).

Pour échapper aux persécutions, il arrivait qu'un groupe de Yézidis demande aux patriarches syriaques-orthodoxes résidant au monastère de Deir al-Zaafaran à Mardine – au nord du Sinjar – de les déclarer chrétiens, ce que les patriarches faisaient volontiers. Ils savaient néanmoins que ces "adorateurs du soleil", car les Yézidis prient le matin en direction du soleil, ne feraient que nominalement partie de leur communauté.

Liberté de culte

L'un des principaux centres de pèlerinage des Yézidis est la tombe de cheikh Aadi ibn Musafir, mort en 1162, à Lalish dans le Jabal Sinjar. Cheikh Aadi, originaire de la Békaa libanaise, a fondé au XIIe siècle la confrérie soufie sunnite des Aadawiyyah. Il a été en même temps considéré par les Yézidis, qui croient en la métempsycose, comme une réincarnation de Malak Tawus, l'Ange-Paon. Le pèlerinage à Lalish durant le mois d'avril donne lieu à un festival où les fidèles chantent des hymnes transmis oralement depuis des générations, et dansent.

Le sort des Yézidis du Sinjar a longtemps été lié à celui des chrétiens du nord de l'Irak, ou de la région de mardine au sud-est de la Turquie. Durant la Première Guerre mondiale ils ont accueilli au péril de leur vie dans leurs montagnes des dizaines de milliers de refugiés chrétiens arméniens et syriaques qui fuyaient les massacres et déportations ordonnés par le gouvernement turc.

Plus tard, dans le cadre du nouvel État irakien, ils ont souffert comme les autres tribus kurdes de la politique d'arabisation forcée menée par le régime de Saddam Hussein. Après la chute du régime baassiste en 2003, tant le gouvernement autonome du Kurdistan que la nouvelle Constitution irakienne leur ont accordé la liberté de culte. Mais celle-ci est remise en question une fois de plus, en même temps que celle des chrétiens de la région de Mossoul, eux aussi menacés par l'EI.

Note :* Historienne et chercheure à l'Universite Saint-Joseph, Ray Jabre Mouawad est membre fondatrice de l'Association pour la restauration et l'étude des fresques médiévales