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08/04/2015

« Detroit : pas d'accord pour crever. Une révolution urbaine »

de Dan Georgakas & Marvin Surkin


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http://agone.org/memoiressociales/detroitpasdaccordpourcrever


Traduit de l'anglais par Laure Mistral


« Detroit, 1968. En dépit des belles intentions de la gauche libérale,
 les conditions de vie, de travail et d'éducation étaient si rudes pour
 les noirs que la Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires trouva un
 public tout acquis. La ville s'enlaidissait toujours davantage, au
 physique comme au moral. Elle détenait le record national de violence.
 Celle qui s'était autoproclamée "l'arsenal de la démocratie" durant la
 Seconde Guerre mondiale était surnommée dans les journaux "Murder City,
 USA". Encore et encore, alors que les politiques libérales échouaient
 dans les écoles, les usines et la rue, la réalité que les noirs et leurs
 alliés avaient à affronter, c'étaient les revolvers et les matraques de
 la police. » Créée par des ouvriers noirs de l'industrie automobile, la
 Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires a réuni dans la lutte
 noirs et blancs, ouvriers et intellectuels, hommes et femmes. Son
 ancrage à Detroit, incarnation par excellence de la faillite du
 capitalisme industriel et de l'abandon de toute une population par les
 élites politiques et économiques, en fait un exemple unique d'expérience
 de résistance syndicale, politique et culturelle. Pour l'historien
 Manning Marable, biographe de Malcolm X, plus encore que les
 organisations de lutte pour les droits civiques ou que le Black Panther
 Party, la Ligue est « l'expression la plus marquante de la pensée noire
 d'extrême gauche et de l'activisme des années 1960 ». Devenu un
 classique aux États-Unis, ce livre est le premier à paraître sur ce
 sujet en français. Dan Georgakas est écrivain, historien et militant,
 spécialiste de l'histoire orale et du mouvement ouvrier américains.
 Spécialiste des politiques urbaines, Marvin Surkin a fait partie de la
 Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires.

366 pages (12 x 21 cm) 24 €
ISBN 978-2-7489-0226-6

 

 

 

avaler du sable d’Antônio Xerxenesky

traduit du portugais (Brésil) par Mélanie Fusaro

 

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Asphalte, février 2015

178 pages, 15 €.

 

 

« Un fils qui ne savait même pas boire. Ça ne pouvait pas être un homme, un vrai. Surtout dans une ville où, selon Miguel, la sobriété est déraison. »

 

Ce roman parle d’un homme qui nous raconte comment il écrit un roman sur l’histoire de ses ancêtres, et en même temps ce roman que nous lisons est aussi, le roman que cet homme écrit, et le roman qu’écrit cet homme démarre comme un western : Mavrak, petite ville perdue au milieu d’un désert du Far-West, sable, poussière, saloon, prostituées, une église qui a brûlé, deux familles rivales depuis des lustres, les Marlowe et les Ramirez… Un western donc, qui va finir comme un remake de La nuit des morts vivants. Sang, sable et poussière.

 

« Il y avait la peur. Il y avait la peur partout. Aujourd’hui, les hommes ont peur pour un rien ; autrefois ils craignaient la nuit et la mort. Même avec un révolver dans la poche. Peu importait l’arme qui pesait dans l’étui. »

 

L’histoire démarre par l’assassinat de Martín, le fils ainé des Ramirez et les coupables sont tout désignés. Mais les Marlowe nient être responsables de cette mort. Débarque alors un sheriff, Thornton, homme de foi et de probité, désigné par le gouvernement, pour mettre de l’ordre dans tout ça, suite à une lettre envoyée anonymement par un membre de la communauté.

 

L’histoire elle-même ne cherche pas à être spécialement originale mais plutôt et même au contraire, à faire un beau clin d’œil cinématographique, avec des passages vraiment poétiques et pas mal d’ironie, en collant au plus près à certains styles de cinéma - ce qui explique qu’à la fin dans la liste des remerciements, on trouvera Sergio Leone, Clint Eastwood, Dario Argento et Takashi Miike, entre autre – mais l’originalité ici réside dans le fait que le livre narre aussi le processus de sa propre écriture, entre rêve et réalité, et là on ne saura pas si le narrateur fait partie de la fiction ou bien si c’est réellement un alter ego d’Antônio Xerxenesky, mais en tout cas il y a un incessant va et vient entre le western d’un côté et son auteur de l’autre, aux prises avec ses machines, à écrire et ordinateur, et ses bouteilles de tequila, ses questionnements existentiels – était-ce mieux ou pire du temps de ses ancêtres ? - son propre problème de paternité et comment celui-ci influe malgré lui sur son histoire.

 

« Chaque fois que le soleil pénètre à travers les rideaux, annonçant la résurrection attendue du jour, je me lève et je regarde le monde se mettre en branle – voitures qui déchirent les avenues, travailleurs en retard qui courent. Je me dis que l’époque de mes ancêtres devait être pire. Je repasse des passages de l’histoire dans ma tête. Nous vivons dans un monde meilleur. La mort, aujourd’hui, ne se trouve pas dans le moindre souffle d’air. Ni dans le moindre grain de sable. »

 

Parfois c’est un peu confus, chaotique, comme un saloon après la bagarre, le style est vif et efficace, comme un alcool de contrebande et les nostalgiques du Far-West y trouveront sans aucun doute bien du plaisir, et les amateurs de cinéma aussi, que ce soit le cinéma que l’on regarde ou celui qu’on se fait.

 

A noter, de superbes photos noir et blanc en double page et en fin d’ouvrage, une playlist musicale sélectionnée par l’auteur pour prolonger le film.

 

 

Cathy Garcia

 

 

Xerxenesky.jpgAntônio Xerxenesky est né à Porto Alegre en 1984. Avaler du sable est son premier roman. Il a collaboré à des journaux, magazines et sites lusophones et anglophones tels que Jornal do Brasil, The New York Times, Newsweek. En 2012, il a été désigné par la revue britannique Granta comme l'un des meilleurs jeunes écrivains brésiliens.

 

 

Note parue sur La Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/