20/07/2015
En territoire Auriaba de Jérôme Lafargue -
Quidam éditeur, 5 mars 2015
196 pages, 18,5 €
« J’ai toujours pensé que ce monde ci est trop petit, ou plutôt que ce que l’on nous donne pour réalité ne constitue qu’une infime partie de l’infinité du monde. »
Il y a quelque chose de très séduisant dans ce roman qui oscille entre rêve et réalité, et où les rêveurs lucides permettent au rêve d’interagir avec le réel, pour lancer des passerelles au-dessus du temps. Des hommes, un enfant, un loup, une traque mystérieuse, des haines familiales ancestrales, des territoires réels et imaginaires, un passé ancien qui écrit des destinées qui nous ballotent des côtes marocaines au Charleville de Rimbaud en passant par le Honfleur de Allais et cette date récurrente, le 20 octobre 1854 et puis l’océan immense, ses vagues sur lesquelles on surfe en parfaite osmose avec une nature indomptée, extérieure comme intérieure.
C’est un roman difficile cependant à saisir, son rythme est déroutant, et c’est le genre de livre qu’il faudrait relire quand on arrive à la fin, pour rassembler le tout dans un ensemble plus palpable. Ainsi le roman semble être lui-même une sorte de rêve, l’a-t-on vraiment lu ? Un très bel imaginaire, un souffle puissant le parcourt, c’est organique, instinctif, les personnages y sont atypiques, en marge et dotés de solides personnalités. C’est aussi avec l’Histoire en filigrane, un regard critique concernant certains faits et attitudes, portant des fruits amers qui donnent encore des graines aujourd’hui.
En territoire Auriaba, on a de la dignité, du courage, de l’intégrité, de l’authenticité, des qualités et des valeurs qui se font rares et l’auteur à petites touches, l’air de rien, révèle par contraste un portrait peu flatteur du monde contemporain dont les racines trempent dans bien des compromissions. En pénétrant ceterritoire Auriaba, on songe à cette citation de Serge Bouchard :
« Qui n'aime pas les loups n'aime pas la nuit, la nuit pour ce qu'elle est, c'est-à-dire la face obscure de notre immense liberté. »
Le narrateur, écrivain lui-même et qu’on imagine comme étant l’alter ego de l’auteur, allie la figure du loup avec celle du poète, et on n’est pas loin de la figure du chamane, rêveur lucide par excellence. Le genre de personnage à part, doté d’une conscience et une sensibilité exacerbées, conservant en lui comme une enfance encore intacte et qui se sent plus en osmose avec le monde sauvage que la société humaine, comme son ami La Serpe, ce qui n’ôte rien à une véritable générosité naturelle, bien au contraire.
« Je ne fuis pas le monde, car il est là, je ne peux l’effacer, et je ne suis pas de ceux qui, esprits poseurs et inutiles, se constituent un bagage culturel immense pour mieux se distinguer des autres. Je suis au service de tous ceux qui veulent bien s’arrêter chez moi. On sait où me trouver s’il le faut. »
Et chez lui, c’est forcément en territoire Auriaba.
Cathy Garcia
Jérôme Lafargue est né en 1968 dans les Landes. Il est également l’auteur de L’Ami Butler (2007, Prix Initiales 2007, Prix ENS Cachan 2008, Prix des lycéens 2008 Fondation Prince Pierre de Monaco), Dans les ombres sylvestres (2009) et L’Année de l’hippocampe (2011), tous parus chez Quidam éditeur.
Cette note paraîtra sur la Cause Littéraire
http://www.lacauselitteraire.fr/
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Inhume Haine de Didier Trumeau
Illustration de Pascal Ulrich, 1999
Extraits :
1
C'est un bel oiseau
goéland argenté, chaque souffle
l'envahit de ténèbres,
chaque battement d'ailes ressemble
à une bage, chaque nage ressemble
à la mort, noir c'est noir.
Amoco..., Amoco...
5
C'est Nigel,
douze ans marre de jouer avec la PS4
et ses jeux vidéos j'ai pris l'AK44
de mon père et à l'école
j'ai tiré dans la tas
Trop mortel !
21
C'est maman,
je suis incapable de savoir le temps
et je fais des sommeils
pour voir si je suis bien au bon moment.
Peux-tu continuer
de me laisser comme avant.
Je ne suis même pas d'accord avec les autres
moments.
Et c'est une nuit sans arrêts.
(composé avec les mots de la mère à Didier)
35 poèmes qui racontent l'(in)humain
"pour déterrer l'amour"
Les éditions du Contentieux, juillet 2015
7, rue des gardénias
31000 TOULOUSE
8 euros
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Digne et pertinent discours de la député allemande Sahra Wagenknecht au Bundestag - Mars 2015
Intervention de la députée allemande Sahra Wagenknecht devant le parlement allemand le 19 mars 2015. Vice-présidente du parti de gauche allemand "Die Linke".
01:09 Publié dans LE MONDE EN 2015 | Lien permanent | Commentaires (0)