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27/08/2015

Trans(e)fusée, 30 essais de décollage du réel, lu par Marilyne Bertoncini

 

Edition: Gros Textes

Trans(e)fusée, Cathy Garcia
40 pages, 9 €   

 

S’embarquer avec Cathy Garcia dans sa Trans(e)efusée, c’est faire un voyage d’humour et de non-sens, ponctué de belles images en pleine page (collages et gouaches de l’auteur qui les appelle des gribouglyphes) mêlant lettres et figures dans un joyeux désordre coloré qui donne le ton de ce recueil ludique et surréaliste, regroupant une trentaine de textes écrits entre 1993 et 2013.

Surréaliste ? Dada même, tant l’auteur se joue des codes de la bien-disante bienséance, dans ces poèmes et images en liberté, qui ne sont pas tant dénués de sens qu’ils ne secouent les clichés et tics du langage, pour en faire sourdre un sens autre, ordinairement inaccessible sous les couches policées du discours ou du jargon fleuri d’une certaine littérature – Langue embrouillée de poètes. Ici Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.

Entre hypallage et contre-emploi des images, on a une idée de l’imagerie bouffonne qui accompagne le lecteur, partagé entre le rire et le plaisir de découvrir les contraintes d’écriture qui président aux poèmes – à-peu-près, logorallye… – on pense à Oulipo, à Prévert, à Raymond Roussel aussi, évidemment, dans ces textes qui ne se prennent pas le chou, ainsi que nous le précise l’auteur à sa façon dans le poème liminaire, fort justement intitulé D’Asile à Zoo C’est en toute quiétude que je ne fais nulle rature à ce texte savant. / J’étais déjà têtue dans l’utérus, malle à la dextre, à espérer n’importe quel joueur de yo-yo ou de balafon qui m’emporterait au Zaïre ou au plafond.

Extravagantes, ces jongleries nous promettent « trente essais de décollage du réel » – et nous promènent dans un cirque de mots, par-delà le cercle rugueux du réel, entre rêverie fantaisiste et réalités hétéroclites, où jongle la peau-était-ce ? (titre d’un poème) – amenant le lecteur à se demander si ce recueil – par ailleurs mine d’idées pour l’animation d’ateliers d’écriture – n’est pas aussi l’envers d’un art poétique – art peau-éthique en liberté – selon des termes proches de ceux utilisés par Cathy Garcia – par ailleurs rédactrice de la revue Nouveaux Délits – comme slogan de son blog : Une quête d’éthique plutôt qu’une étiquette.

 

Marilyne Bertoncini

en ligne sur : http://www.lacauselitteraire.fr/transefusee-cathy-garcia

 

 

 

Les Courtiers du capitalisme. Milieux d’affaires et bureaucrates à Bruxelles, de Sylvain Laurens


couv_3032.pngPour un lobbyiste, connaître des bureaucrates plus ou moins 
personnellement permet de savoir quand il est encore utile de pousser 
une position et quand, à l’inverse, il ne sert à rien de se montrer 
insistant : « En fait, le Parlement européen, si tu veux faire une 
analogie, c’est comme si tu avais une table de poker ; et à cette table 
de poker-là, les gens doivent montrer leur jeu. Au Parlement, tu dois 
montrer ton jeu. Donc les libéraux c’est ça, la droite c’est ça et les 
socialistes c’est ça. Tu lis les amendements, tu vois d’où ça vient. Et 
le type de la Commission qui bosse là-dessus depuis deux ans à fond, il 
voit tout de suite dans le style de la rédaction, dans l’idée qui est 
poussée, comment ça a été amené et à quelle industrie il a affaire. »
À partir d’archives inédites et d’observations réalisées auprès des lobbys patronaux, ce livre analyse les relations qu’entretiennent les représentants des intérêts économiques avec les agents de la Commission européenne.
Pour parvenir à leurs fins, les lobbyistes doivent se fondre dans les logiques de productivité de l’administration communautaire : les plus grandes firmes apprennent ainsi à manier le jargon des technocrates pour maintenir leur position, et enrôlent des experts scientifiques pour répondre aux attentes pratiques de tel ou tel chef de bureau. Et les liens intimes qu’entretient le capitalisme avec la bureaucratie se voient quotidiennement réactualisés.

Sociologue à l'EHESS, Sylvain Laurens est l'auteur d'"Une politisation feutrée. Les hauts fonctionnaires et l'immigration en France" (Belin, 2009). Ses recherches se situent à l'intersection de la socio-histoire de l’État et de la sociologie des classes dominantes.

Parution le 14 septembre 2015 416 pages (12 x 21 cm) 22.00 €
ISBN : 978-2-7489-0239-6
http://agone.org/lordredeschoses/lescourtiersducapitalisme


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