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19/11/2015

Illska d'Eiríkur Örn Norddahl

 

trad. Eric Boury

Métailié août 2015

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600 pages, 24 €

 

Illska est une pièce monumentale, en taille pour commencer, presque 600 pages bien denses. Illska est comme une immense tapisserie murale au tissage parfois très resserré, où les motifs sont formés d’un mélange de temps qui finissent presque par se confondre : passé et présent historiques, passé et présent des individus, des protagonistes de cette histoire, avec une toile de fond amplement maculée du sang de l’Holocauste et notamment d’évènements qui se sont déroulés en Lituanie. Comme fil conducteur de la trame : l’idéologie populiste de droite (lire « fasciste ») en Europe aujourd’hui et tout particulièrement en Islande, et surtout comment l’Histoire et la politique viennent interférer en permanence, parfois même de façon obsessionnelle et souvent pour le pire, dans la vie intime des personnages du roman.

Personnages dont les trois principaux sont Agnès, Omar et Arnor, tous trois Islandais, mais seul Arnor est réellement de souche comme on dit.

Agnès est d’origine lituanienne et ses parents sont retournés vivre là-bas, dans cette petite ville de Jurbakas, où se sont déroulés tous les « évènements » pendant la guerre. Le grand-père paternel d’Agnès, Romualdas, était devenu milicien, comme son frère Mykolas, qui lui était chef de la police, et Romualdas avait même endossé l’uniforme de la gestapo. Ils avaient ainsi assassiné, entre autres, les arrière-grands-parents maternels d’Agnès qui eux étaient Juifs, et proches amis pourtant des arrière-grands-parents paternels. Les parents d’Agnès ignoraient ce fait lorsqu’ils se sont rencontrés et aimés, sans quoi il n’y aurait sans doute jamais eu d’Agnès Lukauskai, mais ils l’ont su plus tard et cela explique aussi l’obsession d’Agnès depuis toute jeune, pour l’Holocauste.

Cela explique moins, alors qu’elle vit avec Omar, pourquoi elle va tomber dans les bras d’Arnor, une fascination certes proche de la haine, mais fascination tout de même. Arnor est un néonazi islandais, qu’elle voulait interroger dans le cadre de son mémoire sur la montée du populisme en Europe, mais un néonazi qui méprise Hitler, un personnage étrange, solitaire, bien plus intelligent, plus érudit que la plupart de ses congénères. Et très mignon avec ça.

Agnès et Omar auront un fils, mais peut-être est-il d’Arnor ? Omar mettra le feu à leur maison avant de s’envoler pour l’Europe sur les traces de l’Holocauste, comme s’il allait y trouver la réponse à cette question : pourquoi Arnor ?

Il est impossible de résumer Illska, mais nous saurons tout, et dans le moindre détail, tout du passé, du présent de la vie de chacun, de leur famille et de l’horreur d’un passé plus lointain encore qui sera narré au présent, comme si on y était. Et tout ça se mélange, avec d’autres histoires, de voisins, de copains étudiants et d’autres personnages qui tracent le portrait d’une Islande un peu moins flatteur que celui que le pays voudrait se donner. Cette tapisserie gigantesque non dénuée d’humour, mais un humour bien noir, pèse son poids de malheur, d’erreurs et de destins qui se percutent.

Illska est à la fois un roman sur le couple, la famille, la parentalité et surtout comment cela peut devenir des valeurs refuge – souvent à tort et travers – pour contrer le vide intérieur qui est le lot de bon nombre d’entre nous dans la société actuelle, et pas seulement en Islande, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agisse d’amour véritable. Illska tourne beaucoup autour de la question de l’identité, de l’appartenance ou du refus d’appartenance et par extension, évoque le danger identitaire, et c’est donc avant tout une très ambitieuse œuvre sociopolitique, avec un regard qui se dote d’un recul historique. On en ressort comme essoufflé, avec un goût amer en bouche, car quelle que soit l’époque ou l’idéologie, lorsque le mal est en marche, qu’il est légitimé, qu’on peut classer les individus en désirables ou indésirables, que le meurtre et donc toute les humiliations imaginables sont tolérés, encouragés ou même légalisés, alors l’horreur dépasse tout. Illska est un vertige. Cette tapisserie aux motifs qui alternent sans arrêt et de plus en plus vite, peut donner mal à la tête.

Ce qu’il en ressort c’est que tout le monde se retrouve un peu victime, un peu bourreau, rien n’est tout noir, tout blanc, le mal entraîne le mal tout autant parfois que de vouloir à tout prix faire le bien, et seul l’amour, le véritable, c’est-à-dire celui qui sait pardonner, aurait la possibilité d’arrêter le sang que l’on fait couler, mais ce n’est pas facile, ce n’est jamais gagné, car « toute violence nous prive d’humanité. Que nous soyons celui qui frappe ou celui qui encaisse les coups ».

 

Cathy Garcia

 

Eiríkur-Örn-Norðdahl-©-Philippe-Matsas1-300x460.jpgEiríkur Örn Norđdahl est né à Reykjavik en 1978 et a grandi à Isafjordur. Il a commencé à écrire vers 2000, mais la nécessité l’a amené à faire d’autres choses pour gagner sa vie. Il a vécu à Berlin en 2002-2004 puis dans plusieurs pays d’Europe du Nord, en particulier à Helsinki (2006-2009) et en Finlande (2009-2011) et dernièrement au Viêtnam. En 2004, il a été un des membres fondateurs du collectif poétique d’avant-garde Nyhil, en Islande. En 2008, il a reçu le Icelandic Translators Award pour sa traduction du roman de Jonathan Lethem, Les Orphelins de Brooklyn. Il a obtenu une mention Honorable au Zebra Poetry Film Festival de Berlin en 2010 pour son animation poétique, Höpöhöpö Böks. En 2012, Norddahl a reçu le Icelandic Literary Prize, catégorie fiction et poésie, ainsi que le Book Merchants’ Prize pour son roman Illska.

 

Note paru sur : http://www.lacauselitteraire.fr/illska-eirikur-oern-norddahl

 

 

Lettres contre la guerre, Tiziano Terzani,

 

Lettres contre la guerre

Intervalles (traduit par Fanchita Gonzalez Batlle).....

Trois jours après les attentats du 11 septembre 2001, Tiziano Terzani, grand reporter qui connaît bien le monde en général et le monde musulman en particulier, retiré depuis quelques années en Inde en quête de spiritualité, publie une lettre intitulée Une bonne occasion. Et si ces attentats étaient la bonne occasion pour tout remettre à plat, discuter et ne pas céder à le violence qui entraînera toujours une violence encore plus grande. Quelques jours plus tard, une autre journaliste italienne publie un livre d'une rare violence contre les musulmans. Tiziano Terzani décide alors de reprendre la plume dans diverses régions du monde pour lui répondre et témoigner de ce qu'il voit et vit au contact des musulmans de Kaboul, Peshawar, Quetta.

Ce livre écrit entre le 14 septembre 2001 et le 7 janvier 2002 rassemble 8 lettres prônant la paix, la tolérance et l'entente entre le peuples. Tiziano Terzani après avoir été grand reporter sur tous les grands conflits s'est tourné vers l'Inde et sa spiritualité, s'est posé et est devenu aux yeux de beaucoup d'Italiens le visage de la paix. Il est décédé d'un cancer en 2004. Ce livre a précédemment été publié chez Liana Levi en 2002.

Difficile d'aborder le thème de la tolérance, de l'amour entre les peuples, de la compréhension de l'autre alors qu'il y a quelques jours des attentats terribles traumatisaient Paris, la France entière et bien plus largement encore, quelques mois tout juste après le massacre de Charlie Hebdo. Je me permettrais donc de citer T. Terzani qui intitule sa dernière lettre Que faire ? Et maintenant allons-nous céder à une surenchère dans la violence ? "C'est peut-être ce qui m'a fait penser que l'horreur à laquelle je venais d'assister était... une bonne occasion. Le monde entier avait vu. Le monde entier allait comprendre. L'homme allait prendre conscience, se réveiller pour tout repenser : les rapports entre États, entre religions, les rapports avec la nature, les rapports entre hommes. C'était une bonne occasion pour faire un examen de conscience, accepter nos responsabilités d'Occidentaux et faire peut-être enfin un saut qualitatif dans notre conception de la vie." (p.15) Une grande partie de la réflexion de l'auteur est basée sur sa conception de la vie et des rapports entre les hommes : "... je suis vraiment convaincu maintenant que tout est un et que, comme le résume si bien le symbole taoïste du Yin et du Yang, la lumière porte en elle le germe des ténèbres et qu'au centre des ténèbres il y a un point de lumière." (p.15) Mais il ne s'est pas arrêté à sa réflexion, il est retourné sur le terrain voir comment vivaient les gens en Afghanistan, au Pakistan. Et chaque témoignage est aussi l'occasion pour le journaliste de raconter l'histoire du pays, celle qui explique pourquoi et comment on en est arrivé là. Évidemment, les États-Unis sont montrés du doigt : "Chalmers Johnson répertorie les manigances, les complots, les coups d'État, les persécutions, les assassinats et les interventions en faveur de régimes dictatoriaux et corrompus dans lesquels les États-Unis ont été impliqués ouvertement ou clandestinement en Amérique latine, en Asie et au Moyen-Orient depuis la fin de la seconde guerre mondiale." (p.40). Pour ce "vieux professeur de Berkeley University, peu suspect d'antiaméricanisme ou de sympathies gauchisantes", les attentats sont des contrecoups de cette politique étrangère agressive, les États-Unis sont devenus le Diable aux yeux du monde islamique. L'Europe étant à la remorque des États-Unis, il est loin le temps ou le ministre des affaires étrangères français osait s'opposer à une décision de faire la guerre, elle est elle aussi la cible potentielle d'attentats et l'atroce nuit parisienne du 13/14 novembre est là pour le confirmer.

A chaque fois que Tiziano Terzani apporte des informations, il les confronte à sa réflexion, à ses questions. Il ne prétend pas détenir la vérité, il pose des questions légitimes, il met en doute les certitudes des autres. Ces textes ont quasiment quinze ans et pendant ces années, rien n'a changé. Ou plutôt, si, tout a changé : les positions des uns et des autres se sont durcies. Tellement, qu'il paraît même difficile de parler de la même manière -utopiste- que le journaliste italien. Jusqu'où pourra continuer cette violence ? A-t-on le droit au nom de nos principes occidentaux de s'immiscer dans les politiques de certains pays ? Notre indépendance énergétique doit-elle primer sur la vie des habitants des pays producteurs ? Nos sociétés sont tellement différentes. Le monde que nous proposons, nous Occidentaux, globalisé, mondialisé, abreuvés que nous sommes de culture américaine -même si la France résiste encore un peu à l'envahissement par son cinéma, sa littérature, son mode de vie- est une violence faite à certains pays pas prêts et pas désireux de s'y soumettre. Et qui serions-nous pour l'imposer ?

Mon billet peut sembler brouillon, maladroit et il l'est sans doute. Lors de ma lecture j'ai sans cesse hésité entre l'admiration pour la réflexion de cet homme, sa sagesse et la peur que la violence monte toujours plus haut. J'ai fini ma lecture le 13 novembre au soir. Le matin suivant je me réveille avec les annonces des attentats parisiens et j'écris mon billet ce même jour, à chaud ; j'y mélange les réflexions de Tiziano Terzani et les miennes. J'ai apprécié que cet homme puisse me donner un autre angle de vue, me donner des informations pour continuer ma réflexion : je ne suis sûr de rien, j'écoute et lis beaucoup avant de me faire une opinion et lorsque j'y arrive elle peut encore varier en fonction de ce que je lis et entends. Ce dont je suis sûr cependant, c'est que ce bouquin va rester longtemps en moi et près de moi, je vais même le conseiller à tous ceux qui comme moi s'interrogent sur cette violence et cette haine qui explosent. Et à tous ceux qui savent déjà tout, je le leur conseille également, il les fera peut-être réfléchir et les bousculera dans leurs certitudes.

Source :

http://www.lyvres.fr/2015/11/lettres-contre-la-guerre.htm...

 

 

 

 

La vraie valeur de l'argent

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(c)Agence brésilienne JWT pour le magazine brésilien Gazeta Mercantil

Nigeria : une possible "découverte importante de pétrole" dans le bassin du lac Tchad

La compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC) "pourrait bien être sur le point de faire une découverte importante de pétrole" dans le bassin du lac Tchad (nord-est), une région qui tient lieu de fief au groupe islamiste Boko Haram.

"D'après les dernières études sismiques en 3D, nous pourrions être sur le point de découvrir du pétrole au Lac Tchad, après plusieurs années de recherches", a déclaré le directeur général de NNPC Ibe Kachikwu.
"Je suis confiant dans le fait de pouvoir faire une annonce majeure d'ici la fin de l'année", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué de la NNPC diffusé dimanche soir.

Les explorations menées en 2012 dans l'Etat de Borno qui borde le lac Tchad, interrompues à cause de l'insurrection de Boko Haram, laissaient espérer des réserves atteignant jusqu'à trois milliards de barils de pétrole. Selon une source interne à NNPC, l'exploration a désormais repris dans la zone.

En 2006, la compagnie pétrolière nationale chinoise (CNPC) a acheté aux enchères deux blocs d'exploration dans le bassin du lac Tchad. L'exploitation de pétrole dans le nord-est du Nigeria pourrait offrir des opportunités de développement économique et social dans cette région défavorisée, où la pauvreté et le chômage ont contribué à faire le lit de la radicalisation islamiste.

Le conflit avec Boko Haram - qui a fait plus de 17.000 morts et 2,5 millions de déplacés en cinq ans - a pour l'instant empêché toute initiative de développement dans cette région. Le Nigeria est le premier producteur de pétrole brut d'Afrique et sixième exportateur mondial avec 2,6 millions de barils par jour en moyenne.

Source : http://www.lorientlejour.com/article/953807/nigeria-une-possible-decouverte-importante-de-petrole-dans-le-bassin-du-lac-tchad.html

 

 

 

 

Terrrisme, pétrole, terrorisme pétrole, terrorisme pétrole....

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Nigeria, 6ème producteur de pétrole au monde, premier d'Afrique, 70 pour cent de la population vit avec moins d'un euro par jour... Le secteur est dominé par des opérations conjointes entre le gouvernement nigérian et six entreprises pétrolières multinationales majeures : Shell, Mobil, Chevron, Agip, Elf et Texaco. Bien que la production de gaz soit moins importante sur le plan économique, les réserves nigérianes de gaz naturel, estimées à 179 billions de pieds cubes de réserves prouvées figurent parmi les dix plus importantes au monde....

 

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Communiqué d'Alternatiba, signez l'appel

Bonjour,

Nous venons de recevoir l'information de la préfecture de police de Paris qui nous indique que les mobilisations citoyennes prévues pendant la cop sont interdites à Paris.
Cela concerne notamment la Marche mondiale pour le climat du 29 novembre ainsi que les mobilisations de la fin, la grande action des Amis de la Terre "People power action" du 11 décembre et les mobilisations prévues le 12 décembre.

Nous vous appelons donc à signer et à faire signer largement cet appel car cette situation n'est pas soutenable au regard de l'urgence de la situation climatique.

Les Amis de la Terre France.
 

Construisons un monde juste, durable et solidaire



Les peuples de Paris et Beyrouth ont vécu des massacres ignobles. Nous exprimons notre tristesse et notre solidarité avec toutes les victimes ainsi que notre détermination à nous tenir debout face au meurtre programmé et aléatoire de civils innocents.
Qu'ont voulu les terroristes ? Nous faire peur et nous pousser à des réactions aveugles et brutales qui intensifieraient le cycle de la violence. Daesh nous a frappé dans nos lieux de rencontre, de vie, pour nous terroriser, engendrer chez nous des désirs de vengeance, de violence, et nous attirer à notre tour vers la haine. Ils veulent nous faire entrer dans leur jeu sanglant, leur logique de guerre.

Nous sommes tous visés mais nous n'avons pas peur. Nous ne cédons pas à l'angoisse, tout comme nous n'acceptons pas la "stratégie du choc", qui profite des catastrophes humaines, sociales ou environnementales pour enclencher toutes les régressions, les restrictions des libertés élémentaires et les formes de repli sur soi. Nous appelons à répondre à ces crimes par plus de justice, plus de solidarité, plus de détermination à lutter contre tout ce qui nous empêche de faire ensemble société.
Nous affirmons notre unité et notre soif de vivre ensemble. Nous considérons indispensable de nous attaquer aux causes profondes : injustice, misère, guerre, inégalité, racisme, intolérance, violations des droits de l'humanité, saccage écologique et dérèglement climatique.

Nous soutenons les grandes mobilisations citoyennes qui se dérouleront à Paris à l'occasion de la COP21, tels que la marche pour le Climat du 29 novembre, le Sommet Citoyen pour le Climat dont le Village Mondial des Alternatives du 5 et 6 décembre, et la mobilisation du 12 décembre. Elles sont un moyen essentiel pour inverser le cours des choses et de vaincre le fatalisme. Elles démontrent qu'un autre monde est en train de voir le jour. Une dynamique dont les forces, constituées de citoyen-ne-s du monde entier, agissent pour préserver nos biens communs, et construire un monde plus juste, durable et solidaire. Elles travaillent à ce que nous avons en partage et qui nous relie.

Signer l'appel en ligne.

 

 

10:55 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (0)