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01/12/2015

Industrie du médicament : "J'ai vendu mon âme au diable"

 

 

 

John Virapen, 64 ans, livre le récit de son parcours dans l'industrie pharmaceutique. Une confession professionnelle peu ordinaire.

Du Prozac (Jeff Blackler/REX/REX/SIPA)Du Prozac (Jeff Blackler/REX/REX/SIPA)
 

Dans la famille "Les Repentis de Big Pharma", voici John Virapen, ancien directeur de la firme Eli Lilly en Suède, qui a rédigé dans sa soixante-quatrième année une confession professionnelle peu ordinaire. Par une ironie du destin, son livre est sorti en France jeudi 17 avril, au lendemain  de la mort de Jacques Servier.

"Depuis des années parfois aux premières heures du jour des silhouettes fantomatiques m’apparaissent en rêve, écrit-il en préambule. Elles se tapent la tête contre les murs ou s’entaillent les bras et la gorge a coups de rasoir. J’ai maintenant compris que j’avais indirectement contribué a la mort de personnes dont les ombres me hantent.

Je n’ai évidemment tué personne directement, mais aujourd'hui je ne peux pas ne pas me sentir responsable en partie de ces morts. J’ai été un instrument, un exécutant, mais consentant, aux mains de l’industrie. […] J’ai été certes manipulé, mais sans me poser de questions. J’ai vendu mon âme au diable."

Le cas du Prozac

D’origine indoue et fils de pêcheur illettré de la Guyane britannique, l’auteur de ce mea culpa glaçant est entré dans l’industrie pharmaceutique, en 1968, par la toute petite porte. En acteur habile de ce qui ne s’appelle pas encore marketing, John Virapen est déjà en 1981 directeur des ventes de la firme Eli Lilly pour la Suède.

Il raconte les petits pactes inavouables qui se scellent dans ce milieu feutré, et la main mise des firmes sur les leaders d’opinion, ces grands professeurs renommés et gardiens de la doxa. Ainsi l’entre eux, spécialiste du traitement de la douleur et expert au ministère de la santé, recevait-il de Lilly un salaire fixe, moyennant conseil, relecture de brochures et autres conférences.

On faisait surtout appel à lui en cas d’attaque contre nos produits dans les médias, souvent à propos d’effets secondaires. Il écrivait immédiatement des articles en notre faveur dans les journaux médicaux. Le microcosme médical était rassuré, la grande presse n’en parlait plus."

En 1986, pour le lancement de la fluoxétine d’Eli Lily, molécule d’or baptisée Prozac qui sera jusqu’à expiration du brevet en 2001 l’antidépresseur le plus prescrit au monde, John Virapen va commettre ce qui le hante au petit matin : avoir aidé à promouvoir un médicament dont il connaissait –déjà- l’impact suicidaire (pour les effets secondaires réels des psychotropes, voir le site de veille sanitaire indépendant de David Healy, chercheur à l’université de Cardiff RxiSK.org) et dont la supériorité sur le placébo n’est toujours pas établie en 2014.

Mais pour l’heure, tandis qu’au siège on organise le plan com’ qui fera de la dépression une maladie couramment diagnostiquée dans tous les pays riches, les satrapes de Lilly s’affairent dans les capitales afin d’obtenir pour le Prozac une autorisation de mise sur le marché.

Comment des suicidés ont disparu

A Stockholm, John Virapen sait qu’un expert indépendant a été officiellement désigné pour émettre un avis. Le nom du professeur est confidentiel, pour tenir éloignés les lobbies justement. John Virapen veut savoir. Il n’y a dans toute la Suède que cinq experts psychiatres suffisamment qualifiés pour avoir été sollicité par l’Etat.

L’un fait partie des autorités de santé ; ça ne peut être lui. Pour les quatre autres, il va agir en profiler et demander à ses visiteurs médicaux de se renseigner, discrètement. Après quelques semaines de ce maillage discret, l’expert est repéré : c’est Pr Z., à Göteborg. "J’entrepris d’étudier le Pr Z. de plus près. Il aimait la voile. Je m’achetai un livre sur la voile." Virapen l’appelle, et parvient à l’inviter à dîner.

Un facteur a joué en ma faveur, je n’aimais pas le Pr Z, poursuit-il. Une réelle sympathie rend les manipulations plus difficiles. On n’aime pas piéger une personne qu’on apprécie. On ne veut pas obliger quelqu’un qu’on aime à franchir les frontières de la légalité. Le fait de ne pas aimer était donc un atout."

Un deuxième dîner va sceller leur entente. "L’argent est toujours utile", répond l’expert indépendant quand son hôte lui demande ce qui ferait accélérer son affaire. Le lendemain, Virapen appelle le bureau de Lilly à Copenhague, qui supervise les pays du Nord, explique qu’il faut 100.000 couronnes pour obtenir une autorisation rapide, soit 20.000 dollars. "Le bureau de Copenhague consulta celui de Genève. Cela prit 24 heures. Puis je reçus un appel :'John, faites tout ce qui vous semble nécessaire.'"

L’expertise du Dr Z. en fut quelque peu orientée. Dans le dossier initial, voici un exemple de ce qu’on pouvait lire : "Sur dix personnes ayant pris le principe actif, 5 eurent des hallucinations et firent une tentative de suicide dont 4 avec succès." A la place on lisait désormais : "Les 5 derniers ont présentés divers effets secondaires." Escamotés, les suicidés sous Prozac, au cours de la phase d’expérimentation.

Au dessus des lois ? Au dessus des Etats ?

Ce témoignage paraît un mois après celui de Bernard Dalbergue,(1) ancien cadre de chez Merck ; un an après l’ouvrage de Julie Wasselin qui fut pendant trente ans visiteuse médicale (2); et dix ans après que Philippe Pignarre, ancien de chez Synthelabo et lanceur d’alerte avant l’heure, a publié "Le Grand secret de l’industrie pharmaceutique" (3). Tous démontrent que la santé est depuis trente ans une affaire de business et de marketing sur fonds de désinformation aux conséquences criminelles.

La confession de John Virapen a été traduite par Philippe Even, qui poursuit ainsi un travail de recadrage entrepris en 2005, soit cinq ans avant le scandale Servier, avec sa traduction du livre Marcia Angell, rédactrice en chef démissionnaire du prestigieux "New England Journal of Medecine" (NEJM), "La vérité sur les compagnies pharmaceutiques" (4).

Etrangement, ces révélations ne suscitent pas l’effroi et les révolutions qu’elles devraient. Comme si la pharmaco-délinquance était une fatalité, et l’industrie du médicament une organisation impossible à contrôler, au dessus des lois, au dessus des Etats.

Anne Crignon - Le Nouvel Observateur

(1) "Omerta dans les labos pharmaceutiques", Avec Anne-Laure Barret, Flammarion
(2) "Le quotidien d’une visiteuse médicale", L’Harmattan.
(3) Editions La Découverte
(4) Editions du Mieux Etre

 

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http://www.cherche-midi.com/theme/Medicaments_effets_secondaires_:_la_Mort-John_VIRAPEN_-9782749136219.html

 

 et aussi :

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https://www.pulaval.com/produit/remedes-mortels-et-crime-organise-comment-l-industrie-pharmaceutique-a-corrompu-les-services-de-sante

 

 

 

 

 

 

Vous faites quoi le dimanche ? Eux ramassent nos déchets

Près de Boulogne-sur-Mer, nous avons rencontré les anonymes qui ramassent les déchets ramenés par la mer. On a parlé politique, générosité et sensibilité à l’environnement.

 

Publié le   

 

(De la Pointe aux oies) Nous sommes en novembre et le soleil fait doucement tomber les manteaux sur la plage de la Pointe aux oies, près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Sur le sable, des kitesurfeurs, des promeneurs mais aussi une soixantaine de motivés, sacs-poubelle à la main. Ils ne sont membres d’aucune organisation, beaucoup ne se connaissent pas. Ensemble, ils vont passer un bout de leur dimanche après-midi à ramasser les déchets de la plage, bénévolement, le sourire aux lèvres.

Le groupe des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Le groupe des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Leur venue est le fruit d’un bouche-à-oreille qui marche bien, depuis des années. Moi-même, j’ai été alerté par l’e-mail d’un lecteur de Rue89 qui vit dans le coin  :

«  J’connais un gars qui ramasse des déchets depuis plus de huit ans sur la Côte d’Opale. Ce gars-là ne fait pas ça pour être une star, ni pour le buzz, ni pour faire le beau à la COP21. Il n’a pas non plus décidé de sauver la planète : avec ses potes, il invite “les gens” à se joindre à lui, tous les mois, toute l’année, pour ramasser les déchets que l’on trouve sur les plages sensibles du coin. »

Un « groupe de potes »

Thomas Hemberger explique comment ramasser les déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Thomas Hemberger explique comment ramasser les déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Nous avons contacté ce fameux gars, qui s’appelle Thomas Hemberger.

Il nous a raconté comment l’aventure a démarré  :

« Au début, on était trois ou quatre à vouloir faire quelque chose et à se balader avec un grand sac-poubelle.

On s’est structurés et on a créé une association, Nature libre. On a commencé à être plus nombreux, des gens croyaient même qu’on faisait des travaux d’intérêt général !

En 2010, on a reçu des premières subventions, on a mis en place un vrai programme de ramassage, suivant les saisons et les marées. Depuis, on est entre 50 et 70 à chaque ramassage mais ça ressemble toujours à un groupe de potes, c’est super horizontal. »

Cette drôle d’organisation fonctionne très bien. En 2014, 6 tonnes de déchets ont été ramassées. La journée record : 180 participants, 1 760 kg de déchets.

Des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Des ramasseurs de déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

On a interrogé les présents, dont beaucoup viennent pour la première fois : qu’est-ce qui les motive à renoncer à tout ce que peut offrir un dimanche pour ramasser des déchets ?

Elisabeth, 67 ans, a entendu parler de l’opération en faisant ses courses dans un magasin bio  :

Elisabeth ramasse les déchets à la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Elisabeth ramasse les déchets à la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

« Je n’avais rien à faire, je suis venue. Je ne pense pas être écolo pour la politique, par contre j’aime l’école pratique, dans mon quotidien. »

Plus loin, une famille m’explique  :

« On a vu ça dans le journal gratuit, on s’est dit que c’était une bonne idée pour les enfants, on devait aller à une brocante mais finalement on est venus là. »

« On se sent comme un petit héros »

Denis Blot est sociologue à l’université de Picardie. Il a commencé à venir aux collectes de déchets dans le cadre d’une étude sur les déchets sauvages pour l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

Maintenant, il vient parce qu’il aime ça.

Je lui demande : mais pourquoi diable tant de gens consacrent leur dimanche à mettre les mains dans les rebuts ?

« Ce n’est pas facile de vivre avec la sensation que ce qu’on aime autour de nous se dégrade. Donc certaines personnes sautent sur l’occasion de faire quelque chose dès qu’elle se présente. Le nettoyage n’est pas extrêmement utile en soi, mais vivre sans serait difficile.

Nos meilleurs souvenirs de collecte, c’est quand il fait un temps pourri. L’an dernier, le 21 décembre, on était une petite dizaine, dont la moitié habillés en père Noël. C’était dur, il neigeait, mais c’est un super souvenir.

Dans nos vies, on n’a pas souvent l’impression de faire quelque chose de bien ; là, on se sent comme un petit héros. »

En discutant avec certains participants, on comprend petit à petit que ces sessions dominicales sont aussi un exercice de réflexion intense.

« Prisonniers de ce qu’on fabrique »

Jonathan – celui qui qui m’avait envoyé un mail – aime beaucoup ramasser les petits tubes que l’on trouve par centaines sur la plage. Il demande aux gens : « A votre avis, c’est quoi ? »

Des tubes de Coton-Tige dans la main de Jonathan sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Des tubes de Coton-Tige dans la main de Jonathan sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Réponse : des tubes de Coton-Tige. On les jette dans les toilettes, comme si l’eau était une poubelle. Ceux-ci sont trop fins pour être filtrés par les stations d’épuration, ils finissent dans les rivières puis dans la mer, qui en ramène inlassablement une petite partie sur la plage.

C’est l’occasion d’expliquer où part l’eau quand on tire la chasse, mais aussi de lancer de longues réflexions sur notre rapport aux déchets.

Et ça ne laisse pas indemne, comme me l’explique Jonathan  :

« Pour moi, ça a changé plein de choses. Je me dis que l’être humain est un génie pour fabriquer des choses mais qu’il ne sait pas du tout ce qu’elles deviennent. On est un peu prisonniers de tout ce qu’on fabrique en fait. Je n’achète plus rien d’emballé, grâce à ça je ne jette presque plus rien à la poubelle. J’ai débranché mon frigo aussi. »

« Décider de ce qui est naturel ou non »

J’accompagne Denis pendant quelques mètres. Je l’observe et ça me confirme que se baisser pour ramasser les détritus fait travailler les méninges  :

Laisse de mer à Audresselle
Laisse de mer à Audresselle - F. Lamiot/Wikimedia Commons/CC

« On essaye de ne pas toucher à ce qui est naturel pour ne pas l’abîmer. Par exemple, il y a souvent des filets de pêche coincés dans des algues dans la laisse de mer.

On n’y touche pas, parce que c’est un véritable écosystème, de nombreuses espèces en dépendent. Si on les retire, on aura un site propre mais ce serait un site mort.

C’est paradoxal, quand même. Ça veut dire que l’homme qui veut préserver la nature doit décider de ce qui est naturel ou non. »

Il m’emmène un peu plus loin :

« Ça, par exemple, c’est quoi  ? C’est un mélange de roches et de métaux sur lequel sont accrochés des filets en plastique et des algues. On ne va pas le jeter ! Je crois qu’on va devoir se résoudre à laisser une bonne partie de notre environnement devenir une hybridation entre du naturel et du manufacturé. »

Denis Blot s'interroge sur la nature des déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Denis Blot s’interroge sur la nature des déchets sur la plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89

Collecteurs de déchets anonymes

Thomas confirme que les participants réguliers se posent beaucoup de questions, et que ces sessions l’ont transformé :

« Quand tu te balades sur la plage avec un sac, tu comprends que la majorité des déchets vient de la terre, arrive dans la mer par les fleuves et les rivières, et est en partie ramenée sur la plage par la mer.

Tu ne peux pas chercher les coupables, tu es obligé de te dire que la solution, c’est de produire moins de déchets, tu comprends que c’est la société de consommation le problème.

On ramasse six tonnes de déchets par an. C’est pas ça qui va sauver le monde. Par contre, ça nous permet de construire une vraie relation avec notre environnement, on l’observe, on le défend un peu, on développe une vraie sensibilité, c’est très fort et très beau. »

Pour moi, le plus fort et le plus beau, ce n’est pas que tant de gens dévouent leur jour de repos à ce ramassage, ni même que mettre les mains dans la merde permette à certains de révéler un peu de la fraîche beauté du monde.

Non, le plus fort et le plus beau, c’est que des gens comme ça, on en trouve partout. Denis tente de faire un inventaire de ces collecteurs anonymes en France. C’est très difficile :

« Il y a des gens qu’on ne repérera jamais. Je pense à une personne dont on m’a parlé qui ramasse seule les déchets sur 3 km de plage.

Des gens comme ça, il y en a des centaines en France. Ils pourraient aller voir leur maire, pour dire “c’est sale là-bas”, mais ils préfèrent s’en charger eux-mêmes.

Ils se réapproprient ces espaces, c’est une forme de démarche politique. »

« Je me vois comme un sportif »

J’ai ainsi rencontré Ronald, qui ramasse des déchets dans la nature du côté d’Hesdin (Pas-de-Calais). Il a tenté de rameuter du monde via Facebook, mais pour l’instant, il est le plus souvent tout seul.

Frédéric Vincent, lui, nettoie seul les bords des routes près de Calais depuis quinze ans. Il m’a expliqué sa démarche :

« On me parle souvent de gens qui ont été vus sac-poubelle à la main en sortant d’un champ ou d’un chemin. Je pense que même si la majorité ne fait rien, il y a beaucoup de ramasseurs de l’ombre.

Moi, j’ai commencé parce que ça me dégoûtait de voir les merdes des gens un peu partout. J’étais en colère, je m’habillais même en tenue militaire.

En parlant avec les gens, j’ai compris que ça ne servait à rien de faire la guerre. Je fais maintenant de la sensibilisation dans les écoles, j’ai installé des panneaux sur les bords de routes.

Je ramasse toujours tout seul, c’est vrai que physiquement, je dérouille, mais je me vois comme un sportif qui travaille dur pour atteindre un jour une performance exceptionnelle, c’est-à-dire que les enfants du coin aient un monde meilleur. »

En l’écoutant, je repense aux mots de Jean Giono, vantant le travail solitaire d’Elzéard Bouffier, ce personnage de la fiction « L’Homme qui plantait des arbres » (Revue forestière française, 1973), qui, pendant toute sa vie, a tenté dans l’anonymat de restaurer la nature, en « reforestant » un bout de Provence désertique :

« En même temps que l’eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre. Mais la transformation s’opérait si lentement qu’elle entrait dans l’habitude sans provoquer d’étonnement. [...]

Qui aurait pu imaginer, dans les villages et dans les administrations, une telle obstination dans la générosité la plus magnifique ? [...]

Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu. »

Thomas Hemberger rit en posant un casque déposé par la mer sur plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015
Thomas Hemberger rit en posant un casque déposé par la mer sur plage de la Pointe aux oies, près de Wimereux, le 8 novembre 2015 - Thibaut Schepman/Rue89
 
 
 

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Rapport : la fortune de 782 personnes pourrait alimenter la moitié du monde en énergies 100% renouvelables

Plutôt que d'y développer le nucléaire 'money, money'....

PARIS, le 23 novembre 2015 – D’après un rapport publié aujourd’hui par les Amis de la Terre International, la fortune personnelle des 782 personnes les plus riches de la planète - de nombreux dirigeants de grandes sociétés - pourrait alimenter en énergies renouvelables 100 % de l’Afrique, l’Amérique latine et la plupart des pays d’Asie d’ici à 2030 . [1]

 

Le rapport, rendu public à moins de une semaine du Sommet des Nations Unies sur le climat à Paris, révèle que les ressources financières pour une révolution de l’énergie existent bel et bien, alors que la volonté politique pour accompagner la transformation reste étonnamment absente.

Certaines des principales conclusions de ce nouveau rapport, intitulé Une révolution de l’énergie est possible, démontrent que :

La fortune personnelle des 53 personnes les plus riches du monde pourrait alimenter en énergies 100% renouvelables toute l’Afrique d’ici à 2030

La fortune des 32 personnes les plus riches du monde pourrait alimenter en énergies 100% renouvelables la plupart des pays d’Amérique latine jusqu’en 2030

Un investissement supplémentaire de 5148 milliards de dollars américains serait nécessaire afin de produire 100% d’électricité avec des renouvelables pour alimenter en énergie la moitié de la planète d’ici à 2030. Cet investissement équivaut à la richesse dont dispose actuellement 0.00001% de la population mondiale, soit 782 personnes

« Ce rapport tire la sonnette d’alarme pour les décideurs politiques et les gouvernements. Notre monde fait face à deux graves crises inextricablement liées : l’inégalité croissante et le changement climatique. Le temps est venu d’y remédier ensemble », déclare Sam Cossar-Gilbert des Amis de la Terre International.

Le changement climatique est déjà à l’œuvre, dévastant des communautés et des écosystèmes du monde entier. Si aucune mesure urgente et drastique n’est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous allons faire face à un emballement climatique catastrophique, dont les impacts dépasseront tout ce à quoi nous assistons aujourd’hui, et frapperont principalement les peuples et les nations les plus pauvres, et les moins responsables du changement climatique.

La production d’énergie à partir des combustibles fossiles est un des principaux facteurs à l’origine des niveaux très élevés d’émissions de carbone. Et lutter contre cette énergie polluante est fondamental pour arrêter la catastrophe climatique.

« L’immobilisme n’est plus une option possible aujourd’hui. Les émissions de carbone ne cessent d’augmenter. Nous avons besoin d’une révolution », déclare Dipti Bhatnagar, coordinatrice du programme Justice climatique et énergie aux Amis de la Terre International.

« La transformation énergétique n’implique pas uniquement de renoncer aux combustibles fossiles en faveur des énergies renouvelables, mais aussi d’entreprendre une transformation profonde, qui inclut une appropriation démocratique des ressources renouvelables », précise-t-elle.

Les comparaisons avec les fortunes personnelles rappelle avec force l’existence incontestable des ressources financières pour arrêter un changement climatique dangereux. Le rapport ne suggère en aucun cas que la richesse d’un groupe de personnes en particulier puisse ou devrait être directement utilisée pour opérer la transformation énergétique, dont nous avons besoin.

POUR PLUS D’INFORMATIONS, VEUILLEZ CONTACTER :

  • Sam Cossar-Gilbert, coordinateur du programme Justice économique et résistance au néolibéralisme aux Amis de la Terre International : +33 75 09 18 983 ou par courriel : sam.cossargilbert@foe.org.au
  • Dipti Bhatnagar, coordinatrice du programme Justice climatique et énergie aux Amis de la Terre International : +258 840 356 599 (numéro de mobile au Mozambique) ou par courriel : dipti@foei.org

NOTES AUX RÉDACTEURS
[1] Le résumé du nouveau rapport Une révolution de l’énergie est possible est disponible sur le site : http://www.foei.org/fr/ressources/publications-fr/publica...

Le rapport est disponible dans sa version intégrale sur le site : http://www.foei.org/wp-content/uploads/2015/11/foe-energy...

 

 

 

Colombie: Meurtre du défenseur des droits humains Daniel Abril et escalade de la violence contre les membres du MOVICE

Source : https://www.frontlinedefenders.org/node/30154

 

Le 13 novembre 2015, le défenseur des droits humains M. Daniel Abril a été tué dans une boulangerie, dans sa ville natale de Trinidad, dans le département de Casanare. Il était l'une des principales voix qui dénonçent les exactions perpétrées par les compagnies pétrolières dans le département de Casanare.

Daniel Abril était membre de la section de Casanares du Movimiento Nacional de Víctimas de Crímenes del Estado – MOVICE (mouvement national des crimes d’État). MOVICE est une organisation de défense des droits humains qui œuvre pour les victimes du conflit armé, effectue un suivi et cherche à obtenir justice pour les violations des droits humains perpétrées par l'État et les paramilitaires. Daniel Abril et d'autres membres du MOVICE sont victimes de menaces et autres formes de harcèlement. Le dernier incident est une campagne de distribution de tracts menaçants contre des membres du MOVICE.

Trois jours après le meurtre de Daniel Abril, le 16 novembre 2015, la défenseuse des droits humains, Mme Maria Cardona Mejía, secrétaire technique de la section de Caldas du MOVICE, a été suivie par un inconnu, qu'elle a entendu dire au téléphone "cuando yo fui militar, masacres era lo que hacíamos, como le vamos a hacer a la peliteñida que tengo al lado y a su jefe" (quand j'étais militaire, on faisait des massacres, comme ce qu'on va faire à la petite blonde à côté de moi, et à son chef). Maria Cardona a déjà reçu plusieurs appels de menaces en 2012 et 2013, dans desquels M. Dario Ecsehomo Diaz, son "chef" au MOVICE, était mentionné.

Le MOVICE a indiqué que depuis plusieurs mois, de plus en plus de ses membres sont affectés par l'élimination, la réduction et la non-application des mesures de protections accordées par l'Unité nationale de protection (UNP). Cela inclut: la réduction des mesures de protection de M. Juan David Diaz, qui a reçu sept menaces de mort rien que cette année, notamment au mois d'octobre; la non-application des mesures de protection pour Martha Lucia Giraldo, secrétaire technique de la section du MOVICE dans la Valle del Cauca, ce qui a conduit à la suspension des mesures en février 2015; le retard dans l'analyse des risques, commencée le 24 septembre 2015 de Mme Rocio Campos, secrétaire technique de la section du MOVICE dans la section de Magdalena Medio, et M. Jaime Pena, membre de la même section de MOVICE. Cette situation met les membres du MOVICE en danger et affecte leur aptitude à mener à bien leur travail.

Front Line Defenders est préoccupée par l'escalade des menaces contre les membres du MOVICE et fait part de ses préoccupations concernant la réduction des mesures de protection accordées par l'UNP, en dépit de l'augmentation des menaces et des attaques.