Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/09/2018

De la main à la chute de Marine Gross

 

éd. Le Citron Gare, août 2018

http://lecitrongareeditions.blogspot.com

 

Couverture De la main à la chute.jpg

90 pages, 10 €

 

Sublimes photos en noir et blanc de l’auteur qui mettent l’eau à la bouche, j’avoue cependant avoir eu du mal parfois à trouver l’accroche, à trouver l’ouverture pour pénétrer dans cet univers qui semble se dissoudre au fur et à mesure où il apparaît, parfois l’impression qu’un trop de mots, même si les textes sont très courts, vient noyer le lecteur pour lui cacher quelque chose qui n’est peut-être pas dit.  Une seule lecture ne suffira pas, De la main à la chute est le genre de livre qui ne se livre pas aussi facilement. Il commence par une série de poèmes numérotés, où il est question de filles, mystérieuses, nombreuses, très nombreuses et cet ensemble a un écho quasi eschatologique.

 

Dans le prologue il est indiqué :

« Épopée métallique d’une bande de filles

Traversant une vallée de cendres

Avec sous les pieds

Un peu de ciel

Presque dissous »

 

Puis s’enchaînent des poèmes plus ou moins courts mais complexes et je tombe alors sur ces vers qui semblent s‘adresser directement à moi :

« Pour l’heure

Cinglante

Puissions-nous t’accompagner

Dans cet étrange dédale »

 

C’est vrai, je me sens un peu perdue dans ce recueil, comme on peut l’être aussi dans ce monde. « Aménagement du désastre ». Alors je lis, je cherche à quoi me raccrocher pour reprendre souffle, mais :

« Le fait ne se décalque pas

Pas plus que le vent

Ne s’attrape ».

 

Mais je saisis cet indice, une fissure :

« Quand je parle

Je perds ma bouche

Elle se crache

Hors de moi

Avec les mots

Alors j’évite ».

 

C’est bien ce qu’il me semblait. De la main à la chute serait-il un carnet d’incantations, de prescriptions magiques censées l’arrêter, cette chute ?

 

« Reprendre ses esprits

Ne pas reprendre ses esprits

Laisser les fantômes

Attablés dans la pièce à côté

Ou entrebâiller la nuit

Et s’inviter à leur table »

 

Il y a bien des choses inquiétantes tout de même.

 

« Ombre visqueuse

Dans la bouche ils ruminent

Plein la bouche

Croient que la fumée se mange

Et que l’ombre s’en va avec du détachant. »

 

La poète semble pourtant savoir ce qu’elle fait, ce qu’il faut faire.

« Sois sans crainte bientôt dans la plaine le vent

Se lèvera et nous lècherons nos plaies comme de

petits animaux assoiffés »

 

La poésie permet des rituels étranges : « Je vais plier la maison (…) Et avant que le vent ne se lève Étendre la fumée ».

 

Le vent dans ce recueil semble un allié, encore une qui l’aurait chaussé à ses semelles ? Alors que le regard voit ce que d’autres peut-être ne voient pas, ou plus :

 

« Des peaux déposées

Pliées nettoyées

Défaites tragiques

À côté du lavomatic

Un corps »

 

Les poètes, ces êtres étranges, peuvent parfois comme les chamanes, expérimenter la dislocation de leur personne, se fondre, se confondre, dans la réalité qui les entoure.

 

« Si je regarde l’ampoule

Qui brille au plafond

C’est mes pieds qui fondent

Et disparaissent dans le crépitement

Du filament

Et quand j’entends les moteurs

Au loin

C’est tous mes os

Qui rutilent et pleurent

De ne pas être la voiture

Bleu métallique

Avec jantes argentées »

 

Mais ce sont les moineaux qui lui tiendront compagnie :

 

« Quand plissera le jour

(…)

Que les miettes tomberont

Avec les mots rassis

De la bouche à la manche

De la manche à la chute. »

 

Ce recueil serait-il une sorte de contemplation de la vanité, chute des mots comme chute de neige, pas de sens à chercher, à trouver, rien à quoi se raccrocher sinon le vent, se laisser partir ?

 

« Véloce le dernier visage

Quand son image écrasée derrière la vitre

se hache déjà »

 

Cathy Garcia

 

 

Marine Gross est née en 1971. Elle dit que pour elle, écrire, c'est « ... descendre dans l'intraduisible, en éprouver la secousse sans jamais l'amortir ... » (Roland Barthes, L'empire des signes). Que la poésie est un geste désarmé. De ceux qui ne cherchent pas à saisir, renoncent à revenir, s'effacent pour laisser place. Souvent à la lisière, elle s'assoit, pour guetter le passage. Celui qui réunit la clarté de la nuit à l'opacité du jour. Plusieurs de ses poèmes sont parus dans les revues papier et en ligne suivantes ; TraverséesTraction-BrabantFestival Permanent des Mots, VersoRevuFrichesRecours au poèmePaysages ÉcritsNouveaux DélitsPoésie/Première, MéningePoésie sur SeineLe capital des motsCabaretMicrobeComme en poésie, LibelleDe la main à la chute est son premier recueil.

 

 

Brésil - Sans savane, pas de vie

 

La pétition en ligne ici : 

https://agir.actionaid.fr/cerrado/?segment=0&utm_sour...

Les peuples autochtones et les communautés rurales qui vivent depuis des millénaires dans la savane du Cerrado réclament la protection de leur territoire.

 

Leur survie est menacée par l'expansion illimitée de l'agro-industrie pour la production d'eucalyptus, de soja et de bétail : plus de la moitié de la savane a déjà été dévastée.

 

Soutenons les gardien∙ne∙s de l’eau et de la biodiversité du Cerrado, qui demandent à leurs député∙e∙s d'accorder à leur territoire le statut de patrimoine national.

 

83 peuples autochtones

vivent dans le Cerrado, ainsi que des communautés fondées dès le XVIème siècle par d'ancien·ne·s esclaves (Quilombos) et d’autres communautés traditionnelles vivant de l’agriculture familiale, de la pêche et d’autres activités qui contribuent à entretenir un écosystème unique au monde.

LES DEGATS DE L'AGRO-INDUSTRIE

La savane du Cerrado occupe le quart du territoire brésilien, dans la zone centrale du Brésil, et s'étend sur 11 Etats. Ce « biome » est considéré comme le « berceau de l'eau du continent » car il alimente les plus grands bassins d'eau d'Amérique du Sud.

La principale menace à la survie du Cerrado est l'expansion illimitée de l'agro-industrie pour la production d'eucalyptus, de soja et de bétail. Entre 1988 et 2008, la production de soja dans le Cerrado est ainsi passée de 418 400 à 5,7 millions de tonnes. Elle a dépassé les 10 millions de tonnes en 2015. Et rien n’indique que les autorités brésiliennes ont l’intention de mettre fin à cette folie destructrice.

Ainsi une dépêche AFP du 9 juillet 2018 vantait des « terres disponibles et bon marché » avec « des conditions excellentes pour l'ouverture de champs immenses et l'exploitation agricole mécanisée et irriguée. »

9 500 km²

environ de savane ont été dévastés en 2015, soit une superficie plus grande que la Corse, entraînant la perte de plus de la moitié de la forêt indigène. C'est deux fois plus rapide que la déforestation de la forêt amazonienne.

LA RESISTANCE S'ORGANISE

Les peuples autochtones et les communautés rurales qui vivent dans le Cerrado ont développé une connaissance approfondie de la savane et de ses 12 000 espèces végétales, aux nombreuses vertus médicinales et nutritionnelles.

Leur mode de vie et leurs méthodes de culture, de pêche ou de cueillette contribuent à la préservation d'un écosystème unique au monde.

Aujourd'hui, les habitantes et les habitants de la savane s'unissent pour défendre leur souveraineté alimentaire.

« Nous faisons appel à la solidarité internationale parce que beaucoup d'argent provenant des Etats-Unis, d'Allemagne, de Suède ou des Pays-Bas est investi dans la déforestation du Cerrado et l'expulsion des habitant·e·s. »

« PAS DE CERRADO, PAS D'EAU, PAS DE VIE »

C’est le slogan que plus de 50 organisations brésiliennes ont choisi pour défendre le Cerrado contre la déforestation, la pollution et l'assèchement qu'entraîne l'expansion de l'agro-industrie.

Elles veulent pousser le parlement brésilien à conférer au Cerrado le statut de patrimoine national, qui protège déjà l'Amazonie, le Pantanal et la forêt atlantique depuis 1989.

20%

des réserves en eau de la planète se trouvent au Brésil. Pourtant les pénuries se sont multipliées ces dernières années dans le pays, où l’irrigation représente désormais 72 % de la consommation d’eau...

UNE ETAPE DECISIVE A FRANCHIR

Un projet de loi visant à conférer au Cerrado le statut de patrimoine national a été présenté au Congrès brésilien en 2010 et approuvé par le Sénat en 2013. Depuis lors, la Chambre des député∙e∙s n’a pas examiné ni adopté ce projet de loi. Or la Chambre des député∙e∙s va être renouvelée lors des prochaines élections d’octobre 2018.

Les gardien∙ne∙s du Cerrado veulent profiter de cette nouvelle donne pour pousser les député∙e∙s brésilien∙ne∙s à faire de la protection du Cerrado une priorité de leur mandat.

Ces communautés ont lancé des appels à la solidarité internationale, et leur pétition a déjà recueilli plus de 250 000 signatures au Brésil et dans les Amériques...

 

En signant cette pétition, vous demandez à la prochaine Chambre des député∙e∙s brésilienne de conférer au Cerrado le statut de patrimoine national.

Vos signatures lui seront remises par les représentant·e·s des communautés du Cerrado.