22/06/2019
Le Singe sous la montagne d’Aodren Buart
Phébus éd., mars 2019. 128 pages, 13 €.
Nous ressentons à travers ce conte très directement inspiré d’un grand classique chinois : la deuxième partie de la très populaire légende du Roi Singe, l’attrait qu’a exercé la culture ancienne chinoise sur l’auteur lors de son voyage en solo en Chine. Cette quête l’aura poussé vers l’Est, mais donc ici, comme dans la seconde partie de la légende du Roi Singe — le Voyage vers l’Occident —, c’est vers l’Ouest que le moine Sanzang est envoyé par l’Empereur, pour aller chercher au-delà de bien des montagnes et sur des chemins parfois dangereux, les sutras du Bouddha. « La route, jusqu’au Grand Bouddha de l’Ouest, ne sera pas un simple sentier battu menant sereinement aux confins du monde. Et si je l’ai pensé, c’est par stupidité ou candeur. » L’Ouest étant, dans la légende originelle, l’Inde. On reconnaîtra donc dans ce texte divers éléments du Bouddhisme qui figurent dans la légende, mais aussi des références à la poésie et la peinture traditionnelles chinoises taoïstes, si bien que l’on a parfois la sensation de traverser des tableaux.
Malgré ses références marquées, c’est un conte initiatique qui se veut intemporel — où le voyage extérieur est un reflet du cheminement intérieur du moine qui n’avait jusque là jamais quitté l’abri du monastère —, servi par une belle et sensible écriture à travers laquelle une authentique sagesse semble transparaître. On le lit avec plaisir et il exerce sur le lecteur une influence apaisante, comme la méditation et la poésie taoïste. Et c’est cet effet qui est le plus remarquable et qui prouve que ce très jeune auteur a su saisir l’essence de ces philosophies orientales et cela donne vraiment envie de savoir quel sera son prochain livre, en espérant qu’il saura s’appuyer après avoir cheminé comme disciple, sur sa propre intériorité, son propre imaginaire qui sans nul doute, ont beaucoup de richesses à offrir.
« Chaque homme se découvre dans les traces qu’il laisse sur la poussière du chemin, et il t’a fallut briser ta jeunesse en durcissant la plante de tes pieds pour trouver celui que tu es. »
Cathy Garcia
Aodren Buart est né en 1996. Il a fait des études littéraires et cinématographiques avant de pratiquer le théâtre baroque. En 2016, il voyage seul en Chine durant un mois. Cette rencontre avec la culture et le territoire chinois nourrit alors profondément son regard et son écriture. De cela, entre autres, est né Le Singe sous la montagne qui est son premier roman.
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08/06/2019
Fred Vargas - L'humanité en péril - Virons de bord, toute !
« Mais bon sang, comment vais-je me sortir de cette tâche insensée ? De cette idée de m’entretenir avec vous de l’avenir du monde vivant ? Alors que je sais très bien que vous auriez préféré que je vous livre un roman policier.
Il y a dix ans, j’avais publié un très court texte sur l ’écologie. Et quand on m’a prévenue qu’il serait lu à l’inauguration de la COP 24, c’est alors que j’ai conçu un projet de la même eau, un peu plus long, sur l’avenir de la Terre, du monde vivant, de l’Humanité.
Rien que ça. »
Ce livre, qui explore l’avenir de la planète et du monde vivant, souhaite mettre fin à la « désinformation dont nous sommes victimes » et enrayer le processus actuel.
parution le 1er mai 2019, 256 pages.
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Polyp
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Journée mondiale pour les océans
Un film documentaire de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud sorti en 2010
- Qu'il soit trop tard, madame.
Alessandro Baricco
in Océan Mer
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04/06/2019
Auteur inconnu - La place Tian'anmen, Pékin - 4 juin 1989
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03/06/2019
Radicelles de Murièle Modély, photographies couleurs de Vincent Motard-Avargues
préface de Dominique Boudou – éd. Tarmac, 2019. 40 pages, 18 €.
Murièle Modély a trop de talent pour être éditée, je ne me l’explique pas autrement, aussi quand enfin un de ses recueils voit le jour sur papier, c’est vraiment une grande joie que de tenir l’objet où l’écriture devient matière. Et pour une écriture aussi dense, un bel écrin s’impose.
Après la revue Nouveaux Délits qui avait publié « Feu de tout bois », premier opus de sa collection Délits buissonniers, c’est de nouveau un revuiste qui tend la main à la talentueuse poète : Jean-Claude Goiri qui publie la revue FPM et a créé aussi les éditions Tarmac.
Radicelles est un duo, un vis-à-vis où la voix de la poète vient se frotter aux photographies couleurs de Vincent Motard-Avargue tandis que ces dernières entrent en résonance avec cette langue organique et accrocheuse.
On retrouve dans ce recueil, une thématique qui est précieuse à Murièle Modély, quasi obsessionnelle : l’île laissée derrière où sont plantées bien profond des racines lourdes de sang.
« Il te semble entendre encore
dans le sifflement du vent la déchirure de ton écorce »
L’île, sa langue, son histoire, ses chaînes, sa douleur, ses débordements….
« parl franssé ti fille/parl françé/parl franssais
ou la bo ékri com ou veu
tout’zafér la lé roug’, i rempli out tét
tout’marmaille la lé roug’
kan zot i aval, kan ou aval
la mor la mer ek zot doulér »
Français, créole, créole, français, les langues emmaillées tissent cette toile qui semble vouée à se défaire encore et encore.
« on te dit choisis
choisis ton camp, ta frontière, ton pays
raye tout le reste, choisis
pas de place pour à moitié, à demi, choisis
gratte, arrache, la chair, la peau
il ne restera plus qu’un peu de rouille sur la photo »
Le poème devient la seule embouchure par où peut s’écouler le bruyant silence imposé, poème, corps, peau, papier.
« tu n’en finis pas de danser
sur la table
de jouer du charbon
de noircir
écrire, ékrir
(…)
et des flots de salive qui ramènent dans la montée
du poème
ek in pé do sel sur la langue, le soleil »
Nostalgie d’un temps ensoleillé donc où tout coulait de source, sans déchirure :
« quand tu étais enfant, le bonheur était simple
il tenait dans le creux de tes paumes
s’écoulait jusqu’à tes dents de lait
le bonheur mordait tes boucles
mangeait ton cerveau nu
puis tu as grandi : tes dents sont tombées
la sagesse a poussé comme un buis
a figé son basalte dans ton verre
a fait taire le volcan et ta lave en fusion »
La mémoire cependant est un creuset où plusieurs générations laissent leurs traces, même infimes, même invisibles, elles demeurent.
« tu ne te souviens pas du mythe initial
qui te raconte
combien grinçaient les chaînes dans l’air pesant du soir
combien le ciel, la terre et la mer étaient noirs
(…)
la sueur mangeait leurs yeux
la moiteur dévorait leur langue
ils n’avaient pas d’histoires »
Le poème vient colmater les abimes, combattre l’oubli. Et nous lecteurs, gardons en refermant le livre comme la sensation en bouche de ces :
« vers roses
gras, lourds
au parfum de coriandre »
et cette main de feu dans les entrailles qui touille ensemble jouissance et douleur.
Cathy Garcia
Murièle Modély est née à Saint-Denis (île de la Réunion) et vit aujourd’hui à Toulouse. Elle participe à des revues papier ou numérique et a publié quelques recueils : Penser maillée (2012), Je te vois (2014) et Tu écris des poèmes (2017) aux éditions du Cygne, Rester debout au milieu du trottoir, éditions Contre-Ciel (2014), Sur la table, éditions numériques Qazaq (2016), et Feu de tout bois, Délit buissonnier n°1, tiré à part de la revue Nouveaux Délits en juillet 2016.
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