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24/01/2018

#Nano - Impossible de les voir, pourtant elles sont partout

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M&M's, Ducros, Maxwell, Casino, Aquafresh, Avene… Et encore une fois, une nouvelle étude vient de démontrer que les industriels dissimulent massivement des nanoparticules dans des produits alimentaires et cosmétiques de consommation courante. Ces substances dangereuses devraient en effet être indiquées avec la mention [nano] sur l'étiquette, comme l'exige la loi depuis 2014.

Pour comprendre ce nouveau sujet et vous donner les outils pour vous protéger de ces substances dangereuses, lisez l'excellente BD réalisée par Géraldine Gramon, en collaboration avec plusieurs ONG dont Agir pour l'environnement. Ici :

https://www.agirpourlenvironnement.org/partage/bd-nano.html

 

Drôle, pédagogique, simple et intelligente, cette BD vous permettra de mieux saisir la question des nanomatériaux qui peut parfois paraître complexe…

Les nanos sont présents dans notre vie quotidienne à tous :

alimentation,
cosmétiques,
peintures,
articles de sport
médicaments …

Il est fondamental de mieux comprendre ce sujet pour mieux agir !

N'oubliez pas de partager cette BD dans votre entourage ! Plus nous serons nombreux à être informés, plus il sera difficile aux industriels de cacher ces substances dans leurs produits !

Depuis qu'Agir pour l'environnement a lancé l'alerte en juin 2016, les choses ont progressé :

La Répression des Fraudes a enfin lancé une vaste enquête en 2017 et les résultats qui commencent à sortir confirment le mensonge généralisé des fabricants.
Les industriels sont de plus en plus nombreux à cesser d'utiliser les additifs qui font polémique (voir la liste verte infonano.org)
La question nano figure de plus en plus dans le débat public, grâce notamment à la mobilisation citoyenne dont vous êtes les acteurs.

 

Les nouvelles sont encourageantes mais beaucoup reste à faire :

Les pouvoirs publics doivent rester fermes et protéger la santé de tous et l'environnement.
Un moratoire est à mettre en place au plus vite pour se donner les moyens d'évaluer et d'encadrer ces substances dangereuses.

 

 

Et encore une fois, on peut aussi ne pas consommer du tout ou presque des produits de l'agro-industrie, c'est possible, c'est bon pour tout le monde, bon pour la planète ! Des alternatives existent et il faut les soutenir.

Pour en savoir plus sur les nanos, vous pouvez consulter la catégorie nanotechnologies, elle est alimentée depuis......2007 :

http://delitdepoesie.hautetfort.com/nanotechnologies/

 

 

 

 

21/01/2018

Lille: Vaxinano, la pépite lilloise qui révolutionne le vaccin

Petite info anodine, qui a plus d'un an, lisez, réfléchissez...

Les nanoparticules en amidon permettent de concevoir des vaccins plus efficaces et non toxiques...

Olivier Aballain

 

Le parasite Toxoplasma Gondii dans une cellule de souris

Le parasite Toxoplasma Gondii dans une cellule de souris — By Jitinder P. Dubey [Public domain], via Wikimedia Commons

C’est peut-être une petite révolution médicale qui se prépare dans l’incubateur du parc Eurasanté, à Lille. La société Vaxinano a mis au point une technique de vaccination à base de nanoparticules d’amidon, qui permet d’administrer le vaccin avec un maximum d’efficacité et un minimum de toxicité. Une grande entreprise du secteur vient d’acheter l’utilisation de la technique, et les possibilités sont immenses.

Aujourd’hui, Vaxinano a déjà testé sa solution, avec succès, pour agir sur la toxoplasmose du mouton. « Il n’y avait qu’un seul vaccin, et il a été retiré du marché », précise Étienne Vervaecke, le directeur du parc Eurasanté.

Des nanoparticules oui, mais… en amidon !

Le principe du système Vaxinano ? La base du vaccin est véhiculée sur une nanoparticule en amidon, jusqu’au cœur des cellules à traiter.

C’est un peu comme ces vieux remèdes que l’on versait sur un sucre avant de les avaler… Sauf que là c’est un tout, tout petit sucre (de moins de 100 millionnièmes de millimètre). Et qu’il suffit de le respirer pour l’absorber.

La structure en amidon a un double avantage par rapport à une nanoparticule classique (en oxyde métallique, par exemple). Poreuse, elle permet de transporter une plus grande quantité de matière. Les chercheurs peuvent y loger les 2.200 protéines de la toxoplasmose, qui provoqueront la réponse immunitaire désirée.

Et ensuite, l’amidon s’élimine rapidement. « Dans le corps d’une souris, la nanoparticule est éliminée en 48h », précise Vincent Lemmonier, le PDG de Vaxinano. Concrètement, la nanoparticule ne sera donc toxique ni pour l’animal, ni pour l’environnement.

Pas de piqûre

A tout cela s’ajoute un troisième atout : fixé sur ses nanoparticules, le vaccin peut être administré par voie respiratoire (les muqueuses). Finies les piqûres ! « Imaginez l’avantage pour un poisson d’élevage. Il suffit de le diriger vers un couloir où on envoie le produit, et hop… », explique encore Vincent Lemmonier.

Les applications à la médecine humaine ne sont pas moins intéressantes, mais demandent naturellement un temps de développement plus long. Cependant la technique intéresse déjà plusieurs acteurs majeurs du marché mondial du vaccin. « C’est la première fois que l’on voit des grandes sociétés toquer à notre porte pour une entreprise incubée, avant même qu’on les sollicite », assure Étienne Vervaecke.

 

Source : http://www.20minutes.fr/lille/1919543-20160906-lille-vaxinano-pepite-lilloise-revolutionne-vaccin

 

 

20/05/2015

Un goûter aux nanos

 

 

Objet: nanoparticules toxiques dans des produits alimentaires pour enfants (mais également jouets et vêtements).

Les substances incriminées : nanotubes de carbone, nano-argent, nanoparticules de dioxyde de titane…

Les produits et les objets concernés : bonbons,  pâtisseries industrielles, boissons chocolatées… Mais également de nombreux jouets et vêtements aux propriétés diverses (antibactériens, hyper-élastiques, hyper-légers et résistants…).

Les risques pour la santé : certaines des nanoparticules citées sont cancérigènes et/ou mutagènes, cytotoxiques (détruisent les cellules), reprotoxiques, neurotoxiques.

Recommandations/précautions :

L’étiquetage sur les emballages mentionnant l’adjonction de nanoparticules étant inexistant, en dépit de l’esprit de la circulaire REACH de 2007 (enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques), adoptée par l’Union Européenne, détecter des produits contenant ou non des nanos relève du parcours du combattant. Nous recommandons aux consommateurs de s’informer sur les sites s’efforçant de recenser les produits et articles qui contiennent des nanos (voir ci-dessous), de privilégier les produits frais et naturels.

 

En savoir plus (cliquez sur les liens)

Veillenanos. fr, Nano et Alimentation (2/7) : Quels ingrédients nano dans notre alimentation ?

Veillenanos. fr, Nano et Alimentation (4/7) : Risques pour la santé : inquiétudes et incertitudes 

Veillenanos. fr : Risques associés au nano dioxyde de titane (TiO₂)

WikiNanos, veille citoyenne : Actus nano et alimentation

 

Sur la toxicité des nanos dans les produits en général

Les Nanotoxiques, France Culture : http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-les-nanotoxiques-2014-10-04

Nanoparticules, Quand le nocif se fait nanométrique : http://histoires-de-sciences.over-blog.fr/2014/10/nanoparticules-quand-le-nocif-se-fait-nanometrique-nanotoxiques-un-livre-de-roger-lenglet.html

Basta ! : Nanotechnologies : ces redoutables particules toxiques qui envahissent notre quotidien par Sophie Chapelle

En anglais : La Commission européenne lance jusqu’au 5 août une « consultation sur les mesures de transparence concernant les nanomatériaux sur le marché » 

Des associations dénoncent le risque potentiel de l’E171, un additif chimique contenu dans de nombreux produits de consommation courante

En anglais : Trois ONG européennes actives sur le champ des nanos CIEL, ECOS et Öko Institute qui ont mis sur pied le projet « Safe Development of Nanotechnologies » visant à assurer une évaluation appropriée des risques associés aux nanomatériaux afin d’établir un cadre réglementaire en phase avec le principe de précaution.

 

Bibliographie

Nanotoxiques, Roger Lenglet, Actes Sud, 2014.

Rapport ANSES, AVIS et rapport de l’Anses relatif à à l’expertise concernant la mise à jour des connaissances sur l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés à l’exposition aux nanoparticules d’argent, février 2015.

Rapport ANSES, Évaluation des risques liés aux nanomatériaux – enjeux et mise à jour des connaissances, mai 2014.

 

Soyons branchés mais pas toxiques !

Les périphériques vous parlent et Roger Lenglet, en partenariat avec Adéquations

http://www.lesperipheriques.org/

 

 

 

 

06/05/2015

Nanotoxiques : une enquête de Roger Lenglet

 

J'ai entrepris cette enquête pour savoir si oui ou non les nanos représentent un danger pour le vivant. »

Roger Lenglet


Essais

Actes Sud

mars 2014

 

Les produits contenant des nanoparticules envahissent notre quotidien. Invisibles à l’œil nu, ces nouvelles molécules hightech laissent parfois deviner leur présence par les accroches publicitaires : aliments aux “saveurs inédites”, “cosmétiques agissant plus en profondeur”, “sous-vêtements antibactériens”, fours et réfrigérateurs “autonettoyants”, articles de sports “plus performants”, et armes plus destructrices…
Sans cesse, les ingénieurs en recherche et développement inventent de nouvelles applications des nanos qui sont commercialisées sans le moindre contrôle, au mépris de la réglementation les obligeant à tester la toxicité des substances avant de les vendre. Or, il s’avère que ces nanoparticules sont souvent redoutables – elles sont si petites que certaines peuvent traverser tous les organes, jouer avec notre ADN et provoquer de nombreux dégâts.
Grâce à son enquête aussi rigoureuse qu’explosive, Roger Lenglet a retrouvé les principaux acteurs des nanotechnologies. Il livre ici leurs secrets et les dessous de cette opération menée à l’échelle planétaire qui, avec le pire cynisme, continue de se déployer pour capter des profits mirobolants au détriment de notre santé.
Avec ce premier livre en français sur la toxicité des nanoparticules, Roger Lenglet tente de prévenir un nouveau scandale sanitaire d’une ampleur inimaginable.

http://www.actes-sud.fr/nanotoxiques-une-enquete-de-roger...

 

 

 

 

 

27/04/2015

Intelligence artificielle : le transhumanisme est narcissique. Visons l'hyperhumanisme

Par 
Scientifique

Édité par Hélène Decommer  Auteur parrainé par Dominique Nora

Publié le 26-04-2015

 

 

LE PLUS. L’intelligence des robots et des réseaux numériques interconnectés, évoluant à une vitesse exponentielle en relation avec l’évolution humaine, va ouvrir de nouvelles dimensions du cerveau humain. A condition que les hommes parviennent à un contrôle planétaire vigilant de l’intelligence artificielle... Éclairage de Joël de Rosnay, scientifique et conseiller de la présidente d'Universcience (Cité des sciences et de l'industrie et Palais de la découverte).

 

Récemment, des scientifiques et des dirigeants d’entreprises influents déclaraient publiquement que l'intelligence artificielle (IA) constituait l’une des pires menaces pour l’humanité. C’est en tous les cas le point de vue de l’astrophysicien Stephen Hawking, du fondateur de Microsoft, Bill Gates, ou encore d’Elon Musk, cofondateur de Tesla Motors et de SpaceX.

 

Atteint de la maladie de Charcot (dystrophie neuromusculaire) Stephen Hawking, qui communique pourtant avec le monde extérieur grâce à un ordinateur synthétiseur de voix, actionné par le mouvement de ses yeux, explique que l’IA risque de conduire l’humanité à sa perte parce que les ordinateurs et les robots devenus plus intelligents que l’Homme finiront par le réduire à l’esclavage. Même discours alarmiste du côté du fondateur de Microsoft, qui dénonce lui aussi le danger de domination de l’IA sur l’humanité. Quant au créateur de la Tesla électrique ou du nuage de satellites qui donnera au monde entier l’accès Internet, il subventionne l’Institute for the Future of Life (l’Institut pour le futur de la vie) à coups de millions de dollars pour qu’il trouve le moyen de contrôler, voire de stopper, l’IA et les robots intelligents.

 

De nouvelles dimensions plutôt qu'une domination

 

Une erreur souvent commise, notamment par les personnalités citées précédemment, est de comparer la vitesse de l'évolution exponentielle des ordinateurs, réseaux neuronaux et robots, à celle des mutations des neurones du cerveau, qui, elle, serait linéaire. On retrouve la célèbre divergence temporelle entre progression géométrique et progression arithmétique que Malthus avait déjà signalée en comparant la vitesse de l'évolution démographique conduisant à la surpopulation et celle de la capacité de l’humanité à produire suffisamment de nourriture pour sa survie.

 

Pourtant, une étude approfondie des tendances technico-sociétales suggère que l’intelligence de nos cerveaux, interconnectés en symbiose avec les robots, l’IA et les réseaux numériques, est en train d’évoluer simultanément et à une vitesse exponentielle. Un processus qui pourrait ouvrir de nouvelles dimensions, encore inconnues du cerveau humain, plutôt que de conduire à sa domination. Si nous parvenons, bien entendu, à assurer la complémentarité IA/ cerveaux humains interconnectés

 

Le mythe de Frankenstein

 

La première de nos grandes peurs relève du biologique et de l’humain : nous craignons que les créations humaines ne se retournent contre l’Homme. C’est le mythe de Frankenstein. La deuxième peur est liée à la destruction des emplois. Si les robots remplacent progressivement les métiers les moins qualifiés et si la qualité du travail fourni par l'intelligence artificielle peut rivaliser avec des médecins, juristes, journalistes, enseignants… que restera-t-il aux êtres humains ? D’où cette troisième grande peur : la fin du travail. Créateur de lien social, fondement même de la vie en société et du sens de la vie pour beaucoup, le travail, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est menacé.

 

Cette question philosophique et éthique du travail se pose depuis l'origine de l'humanité. Les robots et, plus largement, la robotique, n’échappent pas à ces questionnements. L'Homme s’est toujours méfié des robots, sauf dans certaines cultures orientales. Au Japon, par exemple, les robots sont considérés comme des assistants essentiels à l'évolution de l'humanité. Comme pour les robots, "Intelligence artificielle" associe deux mots en apparente contradiction avec l’"intelligence naturelle". Comment l’intelligence, fonction primordiale de nos cerveaux humains pourrait-elle être créée de toute pièce ? Une formule "contre nature", qui provoque le rejet.

 

Ordinateurs et robots développent déjà des capacités d’apprentissage grâce à toutes les informations disponibles sur les réseaux (le Big Data). Les machines intelligentes apprennent ainsi comment fonctionne le monde autour d’elles, comment interagir avec les êtres vivants (humains et animaux). On peut imaginer que ces robots intelligents soient un jour dotés de sensibilité, d’empathie, de capacité d’abstraction, voire d’intuition… Qualités jusque-là réservées aux êtres vivants.

 

Doit-on craindre ces créatures "humanoïdes" ? Il faut moins craindre l’intelligence artificielle que la stupidité naturelle… En d’autres termes, l’éducation et la formation des humains sont primordiales, autant qu’il est nécessaire "d’éduquer" les robots en parallèle.

 

Des peurs irrationnelles, quasi-religieuses

 

À trop personnaliser l’Intelligence artificielle ou le Big Data, on fabrique une sorte de mythe quasi-religieux. On retrouve là les vieilles notions de fin du monde, d’apocalypse et de jugement dernier…La notion de "singularité" chère à Ray Kurzweil a des relents de sacré, de "divinité". Il y a une vision panthéiste dans l’Intelligence artificielle et la singularité. Or l’intelligence artificielle est encore peu développée. La loi de Moore ne s’applique pas à l’IA. On est loin des algorithmes qui soient capables de sentir, d’avoir de l’intuition, de prendre des décisions éclairées, d’avoir les outils physiques pour menacer les hommes.

 

Les adeptes du transhumanisme pensent avoir trouvé la parade au dépassement de l’Homme par l’IA en créant des surhommes et une supra-intelligence individuelle. En cinq décennies, on a vu ainsi émerger les théories du transhumanisme, avec une accélération au XXIe siècle. Ce mot a été créé en 1957 par Julian Huxley, frère d’Aldous, auteur du livre "Le meilleur des mondes". En 1998 a été créé le WTA (World Transhumanist Association) conduisant à une véritable déclaration des "droits transhumanistes" publiée sur internet.

 

Le transhumanisme est-il un humanisme ? 

 

Le transhumanisme considérant l’amélioration par la transformation individuelle, conduit-il à une impasse en se concentrant sur l’individu ? Le transhumain n’ouvre-t-il pas la voix à l’inhumain ? Et surtout, le transhumanisme est-il un humanisme ? Rappelons qu’on désigne par humanisme toute pensée qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l’être humain. L’humanisme repose sur la capacité à déterminer le bien et le mal en se fondant sur des qualités humaines universelles, en particulier la rationalité. C’est l’affirmation de la dignité et de la valeur de tous les individus. C'est la raison pour laquelle on peut douter du caractère humaniste du transhumanisme qui apparaît plutôt comme une démarche élitiste, égoïste et narcissique.

 

Élitiste, parce que les transformations prévues sur le corps ou le cerveau sont réservées à quelques privilégiés disposant de moyens financiers, leur permettant d’intégrer de nouvelles capacités ou de subir des modifications.

 

Égoïste, parce que tout ce qui vient de la nature doit retourner à la nature. Dans tous les aspects de l’évolution, on constate que la vie et la mort sont indissociables et indispensables l’une à l’autre.

 

Narcissique parce que la quête d’immortalité risque de conduire à un monde de conflit entre les jeunes générations et les anciennes en compétition pour l’accès aux ressources et au pouvoir. On verrait surgir la suprématie des surhommes sur les sous-hommes, des Alphas sur les Gammas…Si la tentation de la domination d’une caste sur une autre et de l’eugénisme ne sont jamais loin, on se doit de respecter les avancées transhumanistes car elles peuvent mener, grâce à une réflexion philosophique critique et constructive, à repousser les limites du corps humain, à allonger l’espérance de vie et contribuer à une évolution humaine et sociétale positive. Bénéficiant, grâce aux NBIC ((nanotechnologie, biotechnologie, infotechnologie et science cognitive)) d’une symbiose entre biologie-mécanique-électronique et numérique

 

En effet, avec les progrès de la biologie et du numérique, la frontière entre humains, mécanique et électronique disparaît progressivement. Grâce à la neurobiologie synthétique, l'Homme peut entrer en symbiose de plus en plus étroite avec les machines numériques et tirer un bénéfice de sa complémentarité avec les robots et l'intelligence artificielle. Déjà, les objets connectés dans l'écosystème numérique (IOT ou l'Internet des objets) agissent en étroite symbiose avec les humains. Ils créent ainsi un macro-organisme planétaire qui a ses fonctionnalités propres dans sa capacité à traiter les informations.

 

J’ai décrit cette hybridation de plus en plus étroite, entre les êtres humains et les machines numériques, dans "L’Homme symbiotique" (Seuil, 1995). J’appelais ce macro-organisme planétaire, le "Cybionte", produit du mariage de la cybernétique et de la biologie. Une hypothèse aujourd’hui partagée par des scientifiques et philosophes de la complexité, notamment dans le cadre du Global Brain Institute (GBI). Il n’y était pas question de l’avènement de cyborg, d’homme bionique ou de Superman, mais bien d’un humain, "symbiotique", relié à un macro-organisme planétaire construit de l’intérieur, dont nous constituerions les cellules et les neurones

 

Une autre voie est possible, l’hyperhumanisme

 

C’est à ce stade que l’intelligence artificielle peut aider à ouvrir une autre voie. Une voie qui permettrait de dépasser le caractère individualiste, élitiste ou égoïste des promoteurs du transhumanisme, c’est-à-dire de considérer l’intégration des humains et leur symbiose plutôt que leur transformation individuelle.

 

Imaginons que l'espèce humaine parvienne à faire un saut quantitatif et qualitatif, au-delà du transhumanisme, vers ce que j'appellerai l'hyperhumanisme. Au-delà d’une « philosophie » qui se concentre exclusivement sur l'individu et semble dénier à la collectivité les capacités d’évoluer en complémentarité et en symbiose avec les machines numériques et l'intelligence artificielle, c’est, au contraire, vers la symbiose intégrée et collective que doit se diriger l’humanité. Et c’est là tout le défi que devront relever les Terriens du IIIème millénaire.

 

Le Cybionte a commencé à vivre en symbiose avec nous : nous lui sous-traitons déjà des problèmes d’une très grande complexité (météorologie, opérations boursières, trafic routier…) que nos cerveaux et nos ordinateurs individuels sont incapables de traiter en temps réel. Cette symbiose Homme/Cybionte va se développer à une vitesse exponentielle faisant de nous, par une sorte de transmutation, des mutants d’un nouvel âge, ou plutôt des transmutants. Il ne s’agit pas de devenir des transhumains, mais des suprahumains pour entrer dans l’âge de l’hyper-humanisme plutôt que dans celui du transhumanisme. Les caractères humains pourraient être encore plus développés et encore plus humains que ne l’a produit l’évolution.

 

De telles lois existent dans la nature. On les appelle les lois d’intégration différentiation. Dans le corps humain, un globule rouge, un globule blanc ou une cellule de foie sont beaucoup plus "elles-mêmes" que dans une boîte de pétri surnageant dans un milieu nutritif posée sur la paillasse d’un laboratoire. Notre corps est constitué de 6000 milliards de cellules, mille fois plus que d’êtres humains sur la planète. L’ensemble de nos cellules et des microbes utiles que nous hébergeons en symbiose (le microbiome), constitue un méta-génome que les chercheurs sont en train de décrypter. Chaque cellule du corps, chaque microbe du microbiome représente toutes les fonctionnalités que leur permet leur génome et son expression au sein d’une société ou d’un écosystème intégré, beaucoup plus efficacement que s’ils étaient isolés.

 

Ce parallèle montre qu’une symbiose conduisant à l’hyper humanisme pourrait développer d’autres dimensions du cerveau aujourd’hui occultées ou inhibées par la concurrence, la compétition, la nécessité de survie dans un monde parfois hostile et organisé pour la survie de l’individu plutôt que la coopération, la solidarité, l’altruisme et le partage.

 

Une sorte d’immortalité virtuelle

 

Alors que beaucoup craignaient la banalisation de l’Homme, intégré à un plus grand que lui dans le cadre d’une étroite symbiose, ce serait au contraire l’hyperhumanité et l’hyper-humanisme qui prendraient le pas sur l’Homme asservi ou dominé. Il est possible que des sentiments comme la fraternité, l’altruisme, la volonté d’aide, d’empathie, de respect et de solidarité… se développent d’une manière que nous n’imaginons pas encore.

 

Le capital d’idées et de connaissances accumulé au fil des millénaires par l’humanité pourrait être légué aux nouvelles générations et offrir à chacun une sorte d’immortalité virtuelle. Ainsi, il ne s’agit plus de viser l’immortalité biologique, comme en rêvent les transhumanistes, mais d’atteindre l’immortalité virtuelle en faisant en sorte que l’humanité dans son ensemble, l’hyperhumanité, bénéficie pratiquement en temps réel de toutes les innovations et créations, fruit des activités et réflexions des êtres humains connectés à cette intelligence collective, point ultime du développement de la complexité et de la conscience vers lequel se dirige l'univers. Un point Oméga, plutôt qu’un point de Singularité.

 

 Tribune tirée d’une conférences faite sur "L’utopie de transhumanisme" au GODF (Grand Orient de France) le 3 février 2015.

Source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1358339-intellig...

 

 

 

 

 

 

 

Les Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC)

Principale bulle spéculative actuelle, tout est mis en place pour qu'elles se développent vite et sans frein, alors qu'on ne connait encore pas grand chose à leur sujet, on en trouve déjà partout (alimentation, médicaments, objets, matériaux, vêtements, jouets....) et le tout accompagné d'une privatisation massive de la recherche, quasi aucun contrôle, absolument aucune législation, mais pleine jouissances aux industriels,  banquiers, assureurs etc de ces outils extrêmement puissants et dont on suppose le potentiel toxique, dont un des problèmes les plus fondamentaux : l'hybridation du vivant et de l'inerte, deux notions qui à cette échelle prêtent à confusion. Au niveau nanométrique, la matière ne répond plus aux règles de la physique classique mais à celles de la physique quantique, les effets de leurs propriétés peuvent être décuplés, et ces propriétés modifiés avec une variabilité très fine, et surtout la spécificité des nanoparticules est leur propriété d'agrégat/agglomérat, elles s'attirent naturellement entre elles et peuvent donc former des agrégats dépassant la taille nanométrique tout en conservant leurs propriétés spécifiques. Dans toutes les innombrables applications possible, si certaines peuvent apparaître comme pleine d'espoirs, beaucoup font vraiment froid dans le dos....

 

Pour se tenir éveillés :

 

la Fondation des sciences citoyennes :

http://sciencescitoyennes.org/

 

L'Association de veille et d'information citoyenne sur les enjeux des nanosciences et nanotechnologies (AVICENN) :

www.avicenn.fr

 

Technologos, sur la place de la technique dans nos sociétés modernes :

http://www.technologos.fr/

 

 

 

 

 

 

 

24/04/2015

Génétique. Modification de l’ADN des embryons : nous y sommes !

Photo Thierry Ehrmann/FlickrCC

La communauté scientifique attend et redoute cette annonce depuis plusieurs semaines : une équipe de généticiens de l'université Sun Yat-sen à Guangzhou a publié ses travaux sur la modification du génôme des embryons.

 

Le papier a été refusé, pour des raisons éthiques par Nature et Science, et c'est finalement le journal Protein & Cell qui l'a publié : une équipe scientifique a donc “édité” le génôme d'un embryon. En clair, ils ont modifié l’ADN pour supprimer un gène responsable de la bêta-thassalémie, une maladie héréditaire provoquant une anémie.

C'est une équipe chinoise de l'université Sun Yat-sen à Guangzhou, qui a mené l'expérience, relate le South China Morning Post. De fait, cette annonce est loin d'être une surprise. Les outils et les techniques pour modifier les cellules germinales – et donc un être humain dans son entier – sont disponibles depuis plusieurs années. Plusieurs scientifiques avaient alerté dans Nature sur l'imminence et les risques liés à de tels travaux. Et la MIT Technology Review a consacré une large enquête à ces travaux en mars dernier. 

 

Le risque réside non pas dans les travaux menés par l'équipe chinoise, mais dans les suites de ces travaux : la conception du bébé parfait, comme le titre la MIT Technology Review. Et ses corollaires : la modification d'une lignée génétique entière, et des êtres humains. Même si l'équipe chinoise dit être “encore loin d'une application clinique”, la communauté scientifique appelle dans sa majorité à une pause, et à un débat éthique.

 

Source : http://www.courrierinternational.com/article/genetique-mo...

17/01/2015

Sans étiquetage ni traçabilité, les nanotechnologies envahissent notre quotidien

 

Source : http://multinationales.org/Sans-etiquetage-ni-tracabilite...

7 janvier 2015

Invisibles à l’œil nu, les nanomatériaux envahissent notre quotidien, depuis nos vêtements jusqu’à nos assiettes, sous l’impulsion des industriels, quasiment sans aucune obligation d’étiquetage ni traçabilité. Malgré de nombreuses études attestant de la toxicité de certaines de ces particules, les gouvernements refusent d’appliquer le principe de précaution et investissent des milliards d’euros pour soutenir le développement des nanotechnologies. Entretien avec le journaliste Roger Lenglet.

Les nanomatériaux sont entrés en catimini dans nos vies, dans les objets de consommation courante. Pourquoi dites-vous qu’il s’agit d’une « bombe sanitaire » ?

Roger Lenglet [1] : Ces particules de dimension nanométrique posent des problèmes toxicologiques. Leur taille minuscule permet à une grande partie d’entre elles de traverser l’organisme, de se loger dans les cellules et de pénétrer dans les noyaux cellulaires contenant l’ADN. Elles peuvent avoir des effets mutagènes, cytotoxiques, cancérigènes… Certaines sont même neurotoxiques : elles traversent la barrière encéphalique qui protège le cerveau et s’attaquent aux neurones, contribuant au développement de pathologies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. Les nanotubes de carbone, qui comptent parmi les plus utilisées (dans les textiles, le BTP), entraînent chez les animaux, en laboratoire, le même type de pathologies que l’amiante – des cancers broncho-pulmonaires et des cancers de la plèvre. La réaction des nanos au contact de notre organisme est beaucoup plus grande que les particules classiques. Notre organisme n’est pas fait pour résister à ces nouvelles particules aux propriétés stupéfiantes. Pour couronner le tout, leur toxicité change avec le temps, selon les milieux qu’elles traversent, ce qui ne permet même pas de se rassurer sur les types de nanos qui pourraient actuellement être jugés acceptables.

De quelles manières ces particules envahissent-elles le quotidien ?

Tous les secteurs industriels en utilisent aujourd’hui : agroalimentaire, cosmétiques, textiles, produits d’entretien, médicaments, pesticides, métallurgie, plasturgie, informatique, construction... En 2013, la France a été le premier pays à mettre en place une obligation de déclaration de production et d’importation de nanos. Mais cette déclaration exclut un certain nombre de nanos parmi les plus diffusées. Et beaucoup d’industriels se disent incapables d’identifier si leurs matières premières contiennent ou non des nanos.

Cette opacité et l’absence d’étiquetage des produits conduit à une absence de traçabilité redoutable. L’exposition de la population aux nanos est très supérieure à celle de l’amiante [2], et il est encore plus difficile de les identifier. Depuis 2008, en France, des centaines de milliers de tonnes de chaque grand type de nanos sont mises sur le marché annuellement. Et cela n’a fait qu’empirer. Avec une traçabilité proche de zéro !

Est-il possible de repérer les aliments qui contiennent des nanos dans les magasins ?

Non, pas de façon certaine, car dans les grandes surfaces, de nombreux produits contiennent des nanos sans qu’on puisse les distinguer. Mais il est possible de réduire le risque d’en manger. Par exemple en privilégiant les circuits courts, les produits bio. Car les nanos concernent avant tout les produits industrialisés : les industriels cherchent à donner à leurs aliments des saveurs et des textures nouvelles, des blancheurs plus accentuées, des effets plus colorés... Les nanotechnologies permettent d’accroître toutes sortes de propriétés, comme la fluidité des yaourts ou les anti-agglomérants dans les poudres de chocolat, de sucre ou de lait, dans les sels de table… Il faut se méfier des conservateurs alimentaires qui contiennent souvent des nanos, ainsi que des emballages. Quand vous achetez par exemple un steak ou un poulet en grande surface, il y a souvent une lingette blanche un peu cotonneuse entre la barquette et la viande. Celle-ci est imbibée de nano-argent pour éviter à la viande de devenir grisâtre et pour lui conserver une apparence de fraîcheur.

Plus on s’éloigne des produits industriels, moins on a de nanos. Mais quelques produits contenant des nanos sont déjà inclus depuis longtemps dans les circuits bio. C’est le cas notamment d’un « médicament », l’argent colloïdal, qui n’est rien d’autre que du nano-argent, généralement vendu en solution liquide. Comme c’est un bactéricide puissant, les gens sont épatés par ses effets cicatrisants quand ils en mettent sur une plaie. Certains pensent se faire du bien en buvant ces solutions. Mais la flore bactérienne est nécessaire pour notre santé, il ne faut surtout pas la détruire ! Les consommateurs doivent être plus vigilants.

Vous montrez aussi dans votre ouvrage le poids des lobbies industriels qui veulent limiter le plus possible la définition des nanoparticules...

Plus la définition sera restrictive ou tronquée, plus l’encadrement réglementaire et législatif sera limité. Et plus de nanos échapperont à tout contrôle. Au niveau européen, selon les secteurs et les rapports de force, la définition n’est pas la même. Aujourd’hui, de façon générale, ces lobbies ont réussi à obtenir que les nanos soient définies comme « toute particule de 1 à 100 nanomètres produite intentionnellement » [3]. C’est scandaleux, car la dimension nano va de 1 à 999 nanomètres. Les lobbies dans les commissions ont donc réussi à exclure 90 % des nanos, alors que certaines particules très toxiques mesurent plus de 100 nanomètres !

Mais personne ne vient contester cette définition, sauf quelques associations. Des commissions ont par ailleurs décidé de ne considérer que les nanomatériaux contenant au moins 50% de nanoparticules. Autrement dit, les produits doivent être au moins composés pour moitié de nanos pour entrer dans le champ réglementaire. Comme s’il n’y avait pas de problème en dessous de ce seuil ! Cela est totalement absurde d’un point de vue toxicologique. Les lobbies manipulent complètement le débat pour exclure du contrôle un maximum de nanos.

Où en est-on dans la bataille de l’étiquetage ?

Sur les cosmétiques, l’obligation d’étiquetage est officielle depuis 2013. Dans les faits, il suffit d’aller dans les magasins pour constater que ce n’est pas du tout respecté. Dans l’alimentation, il devrait y avoir un étiquetage depuis des années. La promesse avait été faite de le rendre obligatoire en décembre 2014. J’ai bien peur que le lobby agroalimentaire parvienne encore à repousser l’échéance. Toute la question est de savoir ce qu’il y aura sur cet étiquetage. Les politiques, français et européens, avancent que les protagonistes ne sont pas tombés d’accord et qu’ils ne peuvent donc pas légiférer. Les industriels continuent de gagner du temps. Le lobby agro-alimentaire demande même que les nanos mises sur le marché depuis plus de dix ans ne soient pas inclues dans l’étiquetage obligatoire, au prétexte de « ne pas inquiéter inutilement les personnes qui en ont consommés »...

L’enjeu sur l’étiquetage est d’exiger que soit également indiquée la toxicité des nanos. Que le consommateur sache si le produit risque de réduire la fertilité, d’entraîner des cancers, des mutations génétiques... Comme sur les paquets de tabac et les pesticides. Sans cette indication-là, les gens s’en fichent. Le danger doit être annoncé.

Comment réagissez-vous à l’annonce de la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, de demander à l’Union européenne le 17 décembre une stratégie d’étiquetage des produits de consommation courante contenant des nanomatériaux ?

Le gouvernement français, depuis l’arrivée massive des nanos sur le marché, se positionne avant tout en soutien des nanos. Les budgets publics accordés en témoignent : plus d’un milliard d’euros par an de soutien aux producteurs, rien qu’en France... Alors même que la recherche sur la toxicité des nanos représente à peine 1 à 2 % du budget, et que les connaissances toxicologiques acquises ne sont même pas prises en compte !

Malgré la multiplication des rapports alarmants sur les dangers des nanos, rien ne se passe en matière de prévention, et les gouvernements continuent de subventionner massivement les nanos. Comment expliquez-vous ce décalage ?

Chaque gouvernement prend prétexte de la crainte d’être dépassé par les pays concurrents. Le même argument que sur le nucléaire à une époque, ou sur les pesticides dont on voulait nous persuader qu’ils rendaient notre agriculture plus performante ! Tous les pays sont aujourd’hui lancés dans la course aux nanotechnologies, présentées comme un progrès scientifique incontournable. L’enjeu financier est dément. L’important retour sur investissement des nanos sur les marchés est doublé d’un effet d’aubaine lié aux généreuses subventions publiques. Tout cela en pleine période de restriction budgétaire...

In fine ce sont les plus grandes multinationales qui bénéficient de cet argent public, par le jeu de leurs filiales et des laboratoires de recherche avec lesquelles elles travaillent. McDonalds, Danone, Kellog’s, Nestlé, Mars, pour ne citer que les groupes les plus connus, profitent de cette course folle dans laquelle les États et les collectivités locales sont devenus eux-mêmes investisseurs. Les lobbies industriels obtiennent ce qu’ils veulent en faisant croire que ce sont les nanotechnologies qui vont assurer notre compétitivité internationale et les emplois de demain.

Les décideurs politiques décident très vite avec très peu de recul sur les dossiers. Leur ignorance en santé publique leur fait négliger toute prévention. Lorsque vous leur parlez d’épidémiologie ou de toxicologie, ils sont largués. Le principe de précaution, mis à part chez certains élus écologistes, n’est absolument pas intégré dans leur culture. Ils sont sous l’effet permanent de lobbyistes et de think tanks qui leur font croire que si l’on applique le principe de précaution, l’économie française sera paralysée... Les décideurs politiques croient que les craintes sanitaires relèvent du domaine de l’irrationnel et des émotions populaires. Le niveau de culture en santé publique de la plupart d’entre eux est nul et ils ne voient donc dans la prévention qu’une source de dépenses inutiles.

La course aux nanos recèle un aspect moins connu : les enjeux militaires... Avec quelles visées ?

Je le décris précisément dans mon ouvrage : tous les pays riches – États-Unis, Japon, Chine, Europe, y compris la France… – sont impliqués dans la course aux nano-armements. Outre l’exemple de la nano-libellule, dont l’armée française veut équiper les fantassins pour pister les ennemis, les nanotechnologies permettent de perfectionner les armes, d’accroitre leur légèreté, leur robustesse, leur puissance de destruction, etc. L’armée renforce aussi les alliages des avions, des tanks, les vêtements des soldats.

Les armes chimiques désormais interdites par un traité international sont en passe d’être remplacées par les diffuseurs de nanotoxiques. C’est de la chimie sauf qu’ils ont changé le mot... C’est d’une hypocrisie totale ! D’autant que ces armes, tels que les brouillards nano-chimiques, sont infiniment plus redoutables que les armes chimiques « conventionnelles ». Elles sont déjà expérimentées en laboratoire mais il est très difficile de savoir si l’on en est au stade de la production massive. L’opacité est complète sur les stocks. Les spécialistes militaires que j’ai interrogés sont eux-mêmes très inquiets, notamment sur les usages que des terroristes pourront en faire. Les nanos mettent à la portée de n’importe quel groupe des armes redoutables avec des possibilités de contamination inouïes. Le contenu d’une cuillère à café peut suffire à empoisonner des millions de gens d’un coup.

Que retirez-vous de cette enquête ?

Au début, de la sidération. Puis la certitude que nous devons tous agir pour stopper cette folie. Nous allons laisser à nos enfants ce que l’on peut imaginer de pire. Je n’ai jamais vu un tel abandon devant des produits aussi documentés sur le plan toxicologique. Ce que l’on connaissait dans les années 90 en toxicologie des nanoparticules non produites intentionnellement – les nanoparticules de diesel ou des fumées industrielles par exemple – aurait dû entrainer l’interdiction de la mise sur le marché de nanos non testées. On ne l’a pas fait. Les producteurs affirment que si la substance classique équivalente (non nano) est autorisée, il n’y a pas de raison de refaire des tests. Or, la dimension nano change tout. Nous sommes revenus à la préhistoire de la prévention. Jamais on aurait pu imaginer un tel retour en arrière.

La politique d’évaluation est paralysée face aux nouvelles particules qui continuent d’arriver chaque semaine sur le marché. On voit à quel point les lobbyistes industriels sont capables de neutraliser l’action politique. Ils continuent à dire qu’il n’y a aucune certitude que ce qui se passe en laboratoire se passera dans la réalité. Or, la réalité est plus redoutable : il y a une accumulation d’expositions, de synergies entre les produits, d’effets des petites doses à moyen et long terme. Les gouvernements n’ont tiré aucune leçon des scandales sanitaires précédents, ils n’ont fait qu’apprendre à mieux fuir leur responsabilité au nom de la mondialisation et de la performance.

Comment agir pour que la santé publique ne soit plus une variable d’ajustement ?

Ce qui a été possible pour d’autres substances l’est aussi pour les nanos. Il serait stupide de partir perdant. Parmi les armes à notre disposition, il y a le choix de ce que nous consommons. Si une petite partie seulement des consommateurs refuse des produits contenant des nanos, vous verrez tous les industriels reculer. Il suffit de 5 à 10 % de consommateurs qui évitent des produits pour réduire assez la marge sur laquelle les grands groupes réalisent leurs profits. Au point de rendre les nanos moins rentables que d’autres investissements. Le pouvoir du consommateur est énorme.

Et puisqu’il s’agit d’une compétition internationale, il faut une convention internationale. Nous l’avons obtenue sur le mercure en 2013 grâce à la mobilisation des ONG : environ 150 pays ont signé la convention de Minamata interdisant tous les usages du mercure d’ici 2020. Ce rapport de force sur une substance aussi utilisée était inimaginable il y a quelques années. On peut obtenir une convention sur les nanos et interdire les plus dangereuses. Il faut agir vite. Comme l’a dit récemment le directeur de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), « dans dix ans il sera trop tard ». Réveillons-nous ! Plus je prends conscience de l’énormité du problème, plus je vois la nécessité de refuser ces nanos en bloc. C’est ce que préconise d’ailleurs l’association Pièces et Main d’œuvre, qui rappelle que les nanos sont un marché imposé par des géants économiques au mépris de la démocratie et du vivant.

Propos recueillis par Sophie Chapelle

 

À lire :
- Roger Lenglet, Nanotoxiques, Éditions Actes Sud, 2014. Pour le commander dans la librairie la plus proche de chez vous, rendez-vous sur lalibrairie.com

— 
Photo de une : laboratoire stérile du Centre pour les nanotechnologies à Londres / CC UCL Mathematical and Physical Sciences. Photo de spirales de nanofibres de dioxyde de titane : CC / Kunal Mukherjee

[1Roger Lenglet, philosophe et journaliste d’investigation, est l’auteur de nombreux livres d’enquête sur la santé, l’environnement, la corruption et le lobbying. Il est notamment auteur avec Marie Grosman de Menaces sur nos neurones. Alzheimer, Parkinson... et ceux qui en profitent (lire l’entretien réalisé par Basta !). Il est membre de la Société française d’histoire de la médecine.

[2L’amiante était surtout placée dans des matériaux de construction et de protection anti-incendie, certains textiles, des joints de fours, les freins des véhicules et des systèmes de chauffage.

[3La production intentionnelle relève de l’ingénierie industrielle.

 

 

 

19/05/2014

France: Mise en garde contre les nanomatériaux par l'agence française de sécurité sanitaire

Des nanotubes de carbone, utilisés comme additifs ou revêtements dans l'industrie, peuvent entraîner le développement anormal d'embryons, causer des cancers ou bien des maladies respiratoires.

Les effets des nanomatériaux sur l'homme restent largement méconnus, faute d'étude, relève un rapport de l'ANSES. Les effets à long terme des nanotechnologies, en pleine expansion, devraient être étudiés et leur usage réglementé. 


Sommes-nous en train de jouer ave le feu? L'Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses) met en garde, ce jeudi, contre les dangers potentiels mais encore largement inexplorés des nanomatériaux. L'agence réclame, dans un nouveau rapport, une réglementation européenne plus stricte à leur égard. 


Les nanomatériaux sont des matériaux naturels ou manufacturés constitués de particules dont la taille se situe entre 1 et 100 nanomètres, soit 1 à 100 milliardièmes de mètre. Cette taille intermédiaire entre la taille des atomes et celle des matériaux classiques leur confère des propriétés physiques, chimiques et biologiques particulières. 


Un domaine de recherche scientifique et technique en pleine expansion 


« Les nanomatériaux représentent un domaine de la recherche scientifique et technique en pleine expansion » en raison de ces propriétés et de leurs applications industrielles, explique dans son rapport l'Anses. 


« L'utilisation des nanomatériaux est en plein essor et désormais, ils entrent dans la composition de nombreux produits de la vie courante disponibles sur le marché: cosmétiques, textiles, aliments, peintures, etc », indique l'agence. 


Absence d'études épidémiologiques 


Mais les effets de ces nanomatériaux sur l'homme restent encore largement méconnus, faute d'étude. « Il n'existe pas à l'heure actuelle de données » sur la toxicité directe de ces produits sur l'homme « en raison de l'absence d'études épidémiologiques », relève l'Agence. 


Plusieurs éléments plaident pour la prudence vis-à-vis de ces nouveaux matériaux. En premier lieu, la petitesse de leurs particules leur permet de franchir les barrières physiologiques, comme la peau ou les muqueuses qui constituent les protections naturelles du corps. Ensuite, des tests in vitro et in vivo sur l'animal indiquent une toxicité pour certains d'entre eux. 


En particulier, des nanotubes de carbone, utilisés comme additifs ou revêtements dans l'industrie, peuvent entraîner le développement anormal d'embryons, causer des cancers ou bien des maladies respiratoires, souligne le rapport. 


Ces mêmes nanotubes de carbone peuvent aussi avoir des effets toxiques sur l'environnement avec par exemple un effet antimicrobien lorsqu'ils sont dispersés dans le sol. 


Des études plus approfondies sur ces nanotubes de carbone et sur leurs effets à long terme seraient donc nécessaires, souligne l'Agence. 


De manière générale, l'Anses « recommande la mise en œuvre de projets pluridisciplinaires permettant de développer les connaissances sur les caractéristiques des nanomatériaux et de leurs dangers, tout au long du cycle de vie des produits ». 


« Renforcer la traçabilité »et de mieux contrôler l'exposition de la population aux nanomatériaux 


En attendant, l'Agence recommande la prudence et « appelle, dès à présent, à un encadrement réglementaire renforcé des nanomatériaux manufacturés au niveau européen, afin de mieux caractériser chaque substance et ses usages, en prenant en compte l'ensemble du cycle de vie des produits ». 


La règlementation européenne en matière de classification et d'étiquetage (CLP) et celle sur les produits chimiques (REACh) devrait s'appliquer au nanomatériaux afin d'en « renforcer la traçabilité » et de mieux contrôler l'exposition de la population, estime l'Anses. 


Selon un premier recensement officiel pour ce type de matériaux, publié en novembre, 282.000 tonnes de nanomatériaux ont été produites en France en 2012 et 222.000 tonnes ont été importées. 


Notes : 



Commentaire : Il faut bien prendre conscience qu'effectivement, l'action des nanoparticules se fait sentir jusqu'au niveau de notre ADN et qu'il peut être difficile de s'en prémunir. 



L'entrée des nanoparticules dans l'organisme par le tractus intestinal 


« La consommation des produits issus des nanotechnologies favorise l'entrée dans le corps des nanoparticules par voie intestinale. 


L'épithélium intestinal diffère des autres du fait de sa fonction primaire d'absorption des substances exogènes. Il est depuis longtemps connu que des particules peuvent passer à travers la barrière épithéliale de la lumière intestinale. 


Concernant les nanomatériaux, différents travaux ont été réalisés afin de faciliter l'absorption des médicaments. Une étude a montré l'importance de deux facteurs dans la pénétration des nanoparticules :leur taille et leur charge électrique. 


Ces nanoparticules peuvent donc franchir la barrière du mucus et une fois cette barrière franchie, les nanoparticules peuvent pénétrer dans les vaisseaux lymphatiques et les capillaires. Une étude de Jani et Al montre qu'en utilisant les nanotubes de carbone (diamètre moyen 1,4 nm, marqués à l'iode 125, 

administrés par gavage chez la souris), dès trois heures, on retrouve un marquage aux niveaux pulmonaire, rénal et osseux

Ceci revêt une importance particulière dans le cadre des effets potentiels des nanoparticules sur la santé. C'est le cas des pâtes dentifrices contenant des nanoparticules, déjà vendues sur le marché, qui sont utilisées par la population en général et certaines de ces nanoparticules peuvent être avalées. 


En plus, les produits alimentaires contenant des nanoparticules comme des huiles actives anticholestérol permettent aux nanos de se retrouver dans l'organisme via l'alimentation. »

 

Source : nature alerte

 

10/02/2014

"La stratégie secrète de Google apparaît…"

INTERVIEW - Laurent Alexandre, expert en technologies du futur, analyse le nouveau rôle de Google dans nos vies et dans nos sociétés.

Google Paru dans leJDD
 

Selon Laurent Alexandre, Google est le premier embryon d'intelligence artificielle au monde. (Reuters)

Laurent Alexandre est une personnalité atypique dont l'expertise est écoutée. Chirurgien urologue de formation, diplômé de l'ENA, HEC et Sciences-Po, cofondateur de Doctissimo.fr, il préside désormais la société de séquençage de génome DNA Vision. Ce "cerveau" s'intéresse "aux bouleversements qu'entraîneront pour l'humanité les progrès de la science, de la technomédecine et des biotechnologies". Il y a consacré un essai remarqué intitulé La Mort de la mort dans lequel il affirme que "l'homme qui vivra 1.000 ans est déjà né".

Google est le premier embryon d'intelligence artificielle au monde, selon vous. Pourquoi?
L'objectif des dirigeants de Google est de transformer leur moteur de recherche en intelligence artificielle. Progressivement ils s'en rapprochent. En fait, personne ne l'a vu venir, ni les utilisateurs quotidiens du moteur de recherche, ni ses concurrents. Il a fallu du temps pour que la stratégie des dirigeants de Google soit comprise. Je suis bluffé par la vitesse à laquelle cette société contrôle les industries clés du XXIe siècle.

Expliquez-vous…
Regardez la vague de rachats de start-up et de sociétés auxquels Google procède! En deux ans, cette entreprise a réussi à préempter trois marchés clés. Celui de la lutte contre la mort : elle a créé Calico, une filiale qui a cet objectif fou d'augmenter l'espérance de vie de vingt ans d'ici à 2035. Elle a investi dans le séquençage ADN avec sa filiale 23andMe, mais aussi dans un projet de lentilles intelligentes pour les diabétiques, qui mesurent en temps réel votre glycémie. Parallèlement et en moins d'un an, Google a racheté les huit principales sociétés de robotique. Dont Boston Dynamics, qui crée le chien robot "BigDog" pour l'armée américaine, ou Nest, leader mondial de la domotique et des objets intelligents… Pendant ce temps, sa Google Car, un mélange incroyable de robotique et d'intelligence artificielle, roule seule sur des milliers de kilomètres sur les routes de Californie sans accident. Si en l'an 2000 vous évoquiez l'idée d'une voiture robot autonome, tout le monde riait! En 2025, elle sera démocratisée. Enfin, depuis quelques années, Google débauche les plus grands noms de l'intelligence artificielle. Comme Ray Kurzweil, le "pape" du transhumanisme, qui vient d'être nommé ingénieur en chef du moteur de recherche.

«Google maîtrise toutes les technologies qui sous-tendent le transhumanisme»

Quel est le lien entre l'idéologie "transhumaniste" et Google?
Cette idéologie est née dans les années 1950. Elle considère légitime d'utiliser tous les moyens technologiques et scientifiques pour augmenter les capacités de l'homme – son corps, son cerveau, son ADN – et pour faire reculer la mort. À l'époque, c'était de la science-fiction ; aujourd'hui cela devient concret. Google soutient cette idéologie et maîtrise toutes les technologies qui la sous-tendent : la robotique, l'informatique, les moteurs de recherche et l'intelligence artificielle, les nanobiotechnologies, le séquençage ADN dont le coût a été divisé par 3 millions en dix ans…

Quel est le but de cette croissance tentaculaire?
Une société qui maîtrise l'intelligence artificielle – et Google est la plus avancée sur ce terrain –peut potentiellement entrer dans n'importe quel domaine. Elle le fait d'ailleurs : elle est même présente dans les VTC qui concurrencent les taxis avec Uber, une filiale de Google Ventures! En réalité, Google est beaucoup plus qu'une société informatique. Les principaux acteurs de la robotique viennent de le comprendre ; mais trop tard, Google a déjà racheté les meilleurs d'entre eux à bon prix. Cette stratégie est bluffante… Google a été la première à comprendre la puissance de la révolution des technologies NBIC, cette convergence de quatre vagues (nanotechnologies, bio-ingénierie, informatique et cognitique) qui va construire le XXIe siècle et donner une puissance extraordinaire à la lutte contre la mort. Car ces technologies NBIC constituent en réalité une seule et immense industrie, qui contrôlera toutes les autres.

Aucun concurrent de taille pour ébranler ce géant?
Si les rumeurs assurant qu'Apple débauche les principaux spécialistes de la santé électronique se vérifient, si le projet de montre iWatch consiste bien en un instrument de mesure en continu des variables de santé… alors Apple pourrait peut-être le concurrencer sur l'ensemble des NBIC. Mais il en est encore très, très, très loin.

Qui contrôle Google aujourd'hui?
Personne, en dehors de ses actionnaires. Or il me semble indispensable d'encadrer l'intelligence artificielle au niveau mondial, de poser des garde-fous. Les États-Unis y réfléchissent sérieusement. L'Asie aussi. En Europe? On est largué, on regarde le train passer… Google est une société magnifique. Pourtant, si elle devient leader en matière de lutte contre la mort, d'intelligence artificielle, de robotique, de domotique, de voitures intelligentes, il faudra vraiment réfléchir à la démanteler! Elle pourrait devenir plus puissante que les États.

Le tableau est effrayant… N'est-ce pas trop tard?
Il n'est jamais trop tard. Mais la croissance très rapide des technologies NBIC rend possible ce qui relevait jadis de la science-fiction. La bataille entre le microprocesseur et le neurone a commencé, et l'intelligence artificielle arrive à grands pas. Selon la loi de Moore, la puissance informatique double très rapidement. Le nombre d'opérations réalisées par les plus gros ordinateurs est multiplié par 1.000 tous les dix ans et donc par 1.000.000 en vingt ans. En 1950, un ordinateur effectuait 1.000 opérations par seconde. Aujourd'hui, on atteint 33 millions de milliards d'opérations par seconde. Ce sera 1.000 milliards de milliards en 2029! Autour de 2040 émergeront des machines dotées de la capacité du cerveau humain. Et d'ici à la fin du siècle, elles nous dépasseront en intelligence, ce qui poussera l'homme à vouloir "s'augmenter" par tous les moyens. Imaginez si de tels robots, plus forts que nous, ayant accès à l'intelligence artificielle et à l'impression 3D, connectés et contrôlant Internet, existaient… Leur pouvoir de manipulation serait quasi illimité. Quand "BigDog" aura un fusil d'assaut M16 dans les mains, il vaudra mieux ne pas se promener en forêt !

 

Source :

http://www.lejdd.fr/Economie/Entreprises/Laurent-Alexandr...

 

 

17/08/2013

Ray Kurzweil, courbe exponentielle du progrès technologique et transhumanisme

Dans son livre “Humanité 2.0 : la bible du changement”, Ray Kurzweil, l'un des leaders des “singularitariens”, explique : “La Singularité est une période future où le rythme des changements technologiques sera si rapide et son impact si profond que la vie humaine sera transformée de manière irréversible.” Ray Kurzweil est un scientifique réputé, inventeur de systèmes de reconnaissance vocale et ancien conseiller de l'armée US. Il croit à un futur où nous verrons notre vie s'allonger toujours plus, jusqu'à devenir quasiment immortels. A ses côtés, Google. La firme a un rêve : passer du gentil moteur de recherche et des Google Glass à un “ami cybernétique”, qui vous accompagnerait partout pour vous donner accès à “toute la connaissance du monde”. Un robot intelligent, qui devinerait ce dont vous avez besoin, avant même que vous n'y ayez pensé. Et pourquoi pas faire mieux, et implanter Google directement en nous, pour “améliorer nos performances”... C'est pour arriver à cet objectif que Google a recruté Ray Kurzweil, en tant que directeur de l'ingénierie.

La Singularité, selon Ray Kurzweil, devrait être une réalité d'ici 2029 à peu près, quand l'intelligence artificielle égalera celle de l'Homme. Puis, en 2045, l'être humain pourra fusionner son cerveau avec une intelligence artificielle, et augmenter ses capacités intellectuelles jusqu'à un milliard de fois.

 

Pour en savoir plus : http://www.cnetfrance.fr/news/transhumanisme-en-route-ver...

 

 

Note de moi-même : on peut se poser des question à propos de la courbe exponentielle de l'éthique...

01/06/2013

La singularité technologique : en route vers le transhumain....

La singularité technologique est un concept qui voit dans certaines avancées scientifiques la prévision d’une croissance explosive de la connaissance humaine. Ses aspects révolutionnaires ne se trouvent pas tant au niveau épistémologique que dans les conséquences politiques et sociales d’un tel essor du savoir.

Cet article est le premier volet de trois articles qui tentent de cerner le concept de singularité technologique et ses possibles impacts sur notre société.

La singularité technologique : en route vers le transhumain

L’humain est mort, vive le transhumain ! Des mots qui claquent et rayent nos consciences forgées par des siècles d’une lente et douloureuse dialectique qui n’a eu de cesse de faire et défaire l’humain. Et voilà que quelques extravagants viennent bousculer une construction séculaire ! Les esprits politisés de nos vieux pays tentent cahin-caha d’ignorer ces visions annonciatrices de chaos, et continuent de penser la polis munis de poussiéreuses idées – antiques concepts qui nous ont certes menés à un précaire équilibre social. Pourtant, ces énergumènes terrés devant leurs ordinateurs, que l’on qualifie avec dédain de techno-béats, cyberutopistes, geeks apolitiques, qui ne nourrissent leurs rêves que d’une science-fiction doucereuse, pensent le monde et construisent l’avenir.
Quelle est alors cette menace contre l’humain qui grandit dans la pensée scientifique ? Quelle est cette singularité qui prédit la fin d’un monde ? La singularité n’est point une menace mais une révolution qui fait de la croissance explosive de la connaissance la voie vers le dépassement de l’humain. Une nouvelle ère se dresse devant nous, et la science modèlera l’avenir. Alors risquons-nous à la technomancie !

Singulière singularité

Cet étrange terme singularité correspond à l’avènement d’une courbe exponentielle de l’évolution de la connaissance. La civilisation humaine connaîtra grâce à une découverte scientifique une croissance telle que tous les fondements de notre société ne pourront plus être pensés avec leurs valeurs actuelles. Nombreux sont ceux qui estiment que la singularité technologique sera l’intelligence artificielle. Ce concept trouve ses sources dans la pensée cybernétique du début du XXe siècle, et se trouve être attribué au mathématicien John von Neumann. Il estima dans les années 1950 que l’accélération du progrès humain entraînerait une singularité dans l’histoire humaine.
La singularité technologique fait référence à la singularité gravitationnelle, zone de l’espace-temps où les quantités permettant de calculer le champ gravitationnel deviennent infinies et les connaissances scientifiques actuelles ne peuvent plus s’appliquer. La singularité technologique annoncerait un évènement à nul autre pareil dont l’historicité fausserait toutes les analyses des sciences humaines et sociales. Ce « trou noir » de l’histoire a été popularisé par Vernor Vinge, notamment dans un article de 1993 qui fut largement diffusé, The Coming Technological Singularity : How to Survive in the Post-Human Era. Il voit le début de cette ère dans l’apparition d’une intelligence surhumaine ; elle peut se manifester tantôt dans le développement d’ordinateurs intelligents, notamment à travers une architecture en réseau, tantôt dans l’accroissement de l’intelligence humaine par les avancées de la biologie.

C’est pour quand ?

Les prévisions varient entre 2020 et 2050. Ray Kurzweil, informaticien, futurologue et transhumaniste, estime dans son livre The singularity is near que la singularité apparaîtrait en 2045, tandis que Vernor Vinge prédit, dans son article précédemment cité, une date aux alentours de 2030. Face à une courbe exponentielle de la croissance du savoir, toute la question serait de trouver le nombre e de la fonction exponentielle de l’évolution humaine.

A cette fin, la loi de Moore est intéressante. Gordon E. Moore, chimiste et cofondateur de la société Intel, a expliqué de manière empirique que le nombre de transistors sur les microprocesseurs double tous les deux ans environ. Cela entraîne une croissance exponentielle de la capacité de calcul des ordinateurs. Ray Kurzweil estime néanmoins une possible stagnation de cette loi avec l’atteinte des limites des microprocesseurs actuels en 2019. Elles seraient toutefois rapidement dépassées par de nouvelles technologies comme l’ordinateur quantique, qui catalysera sans aucun doute la recherche informatique. Il envisage la généralisation de la loi de Moore dans sa théorie the law of accelerating returns à d’autres domaines scientifiques liés à cette capacité de calcul. Cette croissance exponentielle continuerait jusqu’à atteindre la singularité, soit une intelligence surhumaine pour Kurzweil. Il estime que le progrès qui aura lieu au cours du XXIe siècle correspondra à l’équivalent de 20 000 ans d’évolution humaine. L’ingénieur Robert Zubrin juge que la singularité technologique nous conduirait à une civilisation de Type I sur l’échelle de Kardashev, qui mesure l’évolution des civilisations sur une base technologique en fonction de la quantité d’énergie pouvant être utilisée. Nikolaï Kardashev estimait qu’une civilisation de Type I aurait le pouvoir d’utiliser l’équivalent de toute l’énergie disponible sur sa planète, de toute son étoile pour le Type II et de toute sa galaxie pour le Type III. Selon Guillermo A. Lemarchand, l’énergie en question pour une civilisation de Type I correspond à une valeur entre 1016 et 1017 watts.

Une telle idée d’accélération du progrès alarme l’esprit qui tente de la cerner, mais de quelle façon notre société envisagera sa propre croissance technologique ? A suivre…

 

http://www.transhumaniste.com/transhumanisme/singularite-...

03/05/2013

TRANSHUMANISME : UN MONDE SANS HUMAINS

28/04/2013

Les nanoparticules (entre autre) dans les "friandises" pour enfants...

On les trouve notamment dans les M&M’s, les chewing-gums, Mentos sans oublier les glaces et les guimauves, parfum dioxyde de titane. Un régal !

Il y a trois sources de production des nanoparticules :

  • Naturelles : les volcans (en activité bien sûr), les réactions de photosynthèse, les poussières du désert…
  • Par combustion : gaz d’échappement entre autres.
  • Industrielles : là c’est un vrai festival car on les utilise dans les

- Cosmétiques où elles sont censées améliorer la tenue des rouges à lèvres, accentuer les arômes, fluidifier les crèmes solaires, durcir les dentifrices…..

- Textiles : amélioration de la résistance à l’eau, au feu, à l’abrasion…

- Médecine : dépistage précoce d’une maladie ou d’une infection…

- Alimentation : exaltent le goût, l’odeur, la couleur des aliments, élargissent la conservation.

Bref, la panacée universelle (ou presque) pour les industriels

Si bien que la Commission européenne, a pu chiffrer le marché des nanotechnologies, à 700 milliards d’euros en 2008 et prévoit 2 000 milliards de dollars en 2015.

Les industriels et la commission européenne, c’est une chose. Mais la santé en est une autre et les autorités sanitaires s’inquiètent de cette invasion des nanoparticules dans nos produits de consommation courante

D’autant qu’il existe un certain nombre d’études qui montrent que les nanoparticules peuvent être un risque pour la santé de l’homme et l’environnement.

Qu’est ce qui les rend inquiétantes ?

D’abord leur petite taille : de 1 à 100 nanomètres (nm) – qui facilite leur circulation à l’intérieur du corps et leur impact sur le sang, le foie, les poumons, le cœur, le cerveau sans oublier le fœtus,

Ensuite leur réactivité extrême à l’environnement du fait même de leur structure moléculaire.

Ces deux caractéristiques les rendent particulièrement aptes à entraîner des effets que nous n’avons pas encore évaluées sur nos équilibres physiologiques et biologiques, mais que nous pouvons deviner à la lumière de l’expérience vécue aves les phtalates et les parabènes…..

Or, leur propriétés multiples qui les rendent si intéressantes pour fournir des nutriments et des vitamines,exalter les arômes, conserver, épaissir, colorer…ont conduit l’industrie agro-alimentaire à multiplier leur usage aussi bien pour purifier l’eau que pour servir d’antiagglomérant, gélifiant, de protecteur d’UV dans les emballages, chasseurs de microbes et détecteurs de contamination. La liste n’étant pas exhaustive.

Grist Twilight Greenaway journaliste fait remarquer avec justesse qu’en la matière la tactique est la même que pour les OGM : » premièrement, les diffuser dans les produits alimentaires en masse ; et évaluer les risques ensuite (ou jamais). »

C’est l’Université d’Arizona qui a tiré la première la sonnette d’alarme en 2012 avec son étude sur les « Nanoparticules de dioxyde de titane dans les aliments et les produits de soins personnels ». Elle dénonçait leur utilisation courante dans « les confiseries préférées des enfants : m&m’s, chewing-gums, mentos sans oublier les glaces et les guimauves » où elles se trouvent en grande abondance. Désignées par tio2, ou nano-tio2 elles rendent les bonbons plus attractifs (couleur et saveur).

Inacceptable lorsqu’on sait qu’en 2007 le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait classé le dioxyde de titane, dans sa forme nanoparticulaire, comme cancérigène possible.

Une autre étude du CEA parue en 2011 enfonçait le clou en démontrant que les nanoparticules de dioxyde de titane employées à forte dose, peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique, et atteindre le cerveau. Pour quels effets ?

De son côté, l’Université de Lausanne affirmait toujours en 2011 : « Avec le dioxyde de titane, on se retrouve dans la même situation qu’avec l’amiante il y a 40 ans.

L’amiante et le nano-TiO2 sont vraiment similaires et ont la même puissance

Nos données suggèrent que le nano-TiO2 devrait être utilisé avec une plus grande prudence qu’il ne l’est actuellement.

De meilleures précautions doivent être prises pour limiter son ingestion, dans l’industrie comme dans la vie quotidienne.

Nous disposons maintenant de données scientifiques de bonne qualité et désormais, c’est une question politique.

Il y a déjà des commissions dans plusieurs pays qui réfléchissent à des mesures. »

Réfléchir c’est bien, mais comme nous l’avons martelé à plusieurs reprises, le principe de précaution, inscrit dans notre Constitution, c’est mieux.

Vous avez dit traçabilité ? On peut rêver…

C’est le règlement Reach qui sert de Bible à la Commission européenne pour gérer les risques liés aux nanomatériaux. En 2010 le Comité scientifique européen des risques sanitaires émergents recommandait une concentration de 0,15 %. A compter du début de l’année un règlement oblige, en France, les industriels à déclarer leur recours aux nanoparticules à l‘Agence nationale de sécurité sanitaire. Mais cela ne convainc personne car le secret industriel et commercial donne la possibilité aux industriels de ne pas dévoiler la composition de leur produit !

D’où notre pessimisme quant à une véritable « traçabilité » dans l’état des dispositions actuelles.

Mais rassurez-vous, on continue à « évaluer » à « réfléchir » (du côté de l’Anses et de celui de l’INERIS, par exemple) pendant que nos enfants se gavent de sucreries aux nanoparticules.

Là encore, faudra-t-il attendre une cataclysme à la Médiator pour, enfin, prendre les dispositions nécessaires à protéger nos enfants…et même leurs parents?

Olivier TOMA– PRIMUM-NON-NOCERE

 

18/03/2013

Ignorer les alertes scientifiques et les signes avant-coureurs a de lourdes conséquences

drain_redonDrain suite à un cancer dû à des perturbateurs endocriniens
© C. Magdelaine / notre-planete.info

Les nouvelles technologies ont parfois eu des effets extrêmement nocifs, toutefois les signes avant-coureurs ont bien souvent été étouffés ou ignorés. Le second volume des "Signaux précoces et leçons tardives" de l'Agence Européenne de l'Environnement (AEE) examine des cas spécifiques pour lesquels les signaux d'alarmes ont été ignorés, provoquant dans certain cas la mort, la maladie et la destruction de l'environnement.

Le premier volume des Signaux précoces et leçons tardives, (Late Lessons from Early Warnings), publié en 2001, était un rapport novateur détaillant l'histoire des technologies ayant par la suite été jugées dangereuses. Ce nouveau volume de 750 pages comprend 20 nouvelles études de cas, et a également de profondes implications pour la politique, la science et la société.

Parmi ces études de cas se retrouvent les analyses de l'empoisonnement au mercure industriel, les problèmes de fertilité causés par les pesticides, les perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques, et les produits pharmaceutiques modifiant les écosystèmes. Le rapport examine également les signes avant-coureurs provenant des technologies utilisées à l'heure actuelle, parmi lesquelles les téléphones portables, les organismes génétiquement modifiés et les nanotechnologies.

Les études de cas historiques montrent que les avertissements ont été ignorés ou écartés jusqu'à ce que les dommages pour la santé et l'environnement ne deviennent inéluctables. Dans certains cas, les entreprises ont privilégié les profits à court terme au détriment de la sécurité du public, en cachant ou en ignorant l'existence de risques potentiels. Dans d'autres cas, les scientifiques ont minimisé les risques, parfois sous la pression de groupes d'intérêts. Ces leçons pourraient nous aider à éviter des conséquences néfastes provoquées par les nouvelles technologies.

Le monde a évolué depuis la publication du premier volume des Signaux précoces. Les technologies sont désormais approuvées plus vite que par le passé, et sont souvent adoptées rapidement dans le monde entier. Cela signifie, selon le rapport, une possibilité de propagation rapide et accrue des risques, dépassant la capacité de la société à comprendre, reconnaître et réagir à temps pour éviter les conséquences néfastes.

Le rapport recommande une plus large utilisation du « principe de précaution » afin de réduire les risques potentiels des technologies et produits chimiques novateurs insuffisamment testés. Il affirme que l'incertitude scientifique ne justifie en aucun cas l'inaction lorsqu'il existe des preuves plausibles de dommages potentiellement graves.

Privilégier le principe de précaution est presque toujours bénéfique comme en témoigne l'analyse de 88 cas de prétendues « fausses alertes » : seules 4 n'étaient effectivement pas justifiées selon les auteurs du rapport.

Quelques exemples d'alertes ignorées

Le plomb dans l'essence

Citons par exemple le cas du plomb dans l'essence qui a perduré jusqu'en 2005 en Europe alors que les scientifiques avaient lancé l'alerte 80 ans plus tôt, alors qu'il existait déjà des additifs de substitution et que les effets neurotoxiques du plomb étaient connus depuis l'Antiquité !

Le tabagisme

Le rapport évoque également la manipulation et la désinformation incessantes de l'industrie du tabac qui cherche à tout prix à instaurer le doute dans un prétendu débat sur la toxicité d'un produit complètement inutile, coûteux et désastreux pour la santé. Une stratégie malheureusement gagnante qui inspire bien d'autres industriels peu scrupuleux.

Les pesticides

Un autre exemple significatif est celui des perturbateurs endocriniens qui ont envahi notre quotidien. L'un des premiers est un pesticide, le Dibromochloropropane (DBCP, vendu sous la marque Nemagon), introduit dans l'agriculture américaine en 1955 et utilisé pour lutter contre les nématodes (vers ronds) qui endommagent les cultures d'ananas, de bananes et autres fruits tropicaux. En 1961, des expériences de laboratoire ont montré que le DBCP était dangereux pour les organes reproducteurs mâles, il a pourtant été approuvé et utilisé comme fumigant. En 1977, l'alerte est devenue réalité puisque de nombreux cultivateurs américains étaient devenus stériles, il a alors été interdit dans ce pays. Il n'empêche, ce produit a alors été exporté dans de nombreux autres pays du monde devenant un véritable succès commercial. Depuis les années 90, des centaines de milliers d'ouvriers agricoles souffrent de troubles de la reproduction à cause du DBCP...

Le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique en cours a fait l'objet d'une première alerte scientifique datant de 1897 ! Plus d'un siècle plus tard, il est maintenant une réalité incontestable. Là aussi, la désinformation et la manipulation orchestrés par des intérêts économiques à court terme continuent de semer le trouble sur un phénomène planétaire aux conséquences incalculables. Les gouvernements peinent à s'entendre et la fenêtre temporelle qui nous permettait de réduire les gaz à effet de serre est en passe d'expirer. Faute d'avoir fait preuve de courage et d'intelligence collective, l'adaptation sera, désormais, le maître mot des prochaines décennies.

Les téléphones portables

En 2011, l'Organisation Mondiale de la Santé, via le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classait les champs de radiofréquences électromagnétiques utilisés pour les téléphones portables comme présentant des risques cancérigènes pour l'Homme. Neuf ans plus tôt, le CIRC évaluait de la même manière les champs magnétiques provenant des lignes électriques. Malgré les biais méthodologiques et les difficultés à mettre en évidence un lien entre tumeurs du cerveau et téléphones mobiles, le doute subsiste, mais celui-ci est plutôt exploité par les fabricants de téléphones portables et les médias pour minimiser les risques au lieu d'inciter le public à prendre des précautions d'usage. Lorsque la réalité aura rejoint l'alerte, il sera trop tard.

De nombreuses autres alertes sont étudiées dans ce rapport comme : la mortalité massive des abeilles, l'accident nucléaire de Fukushima, 25 ans après celui de Tchernobyl, les OGM et l'agroécologie, les nanotechnologies...

Recommandations principales du rapport

D'après le rapport, la science devrait prendre en compte la complexité des systèmes environnementaux et biologiques, surtout lorsque de multiples causes peuvent être à l'origine de nombreux effets différents. Il est de plus en plus difficile d'isoler un seul agent et de prouver sa dangerosité au-delà de tout doute possible. Une approche plus holistique, englobant de nombreuses disciplines différentes permettrait également d'améliorer la compréhension et la prévention des dangers potentiels.

Les décideurs politiques devraient réagir aux signaux avant-coureurs plus rapidement, indique le rapport, en particulier dans le cas des technologies émergentes utilisées à grande échelles. Il propose que ceux étant à l'origine de futurs préjudices payent pour les dommages causés.

Toujours selon le rapport, l'évaluation des risques peut également être améliorée en adoptant l'incertitude de façon plus généralisée et en reconnaissant ce qui n'est pas connu. Par exemple, « aucune preuve de danger » a souvent été interprétée à tort comme signifiant « n'étant pas dangereux », alors même que des recherches pertinentes n'étaient pas disponibles.

De nouvelles formes de gouvernance impliquant les citoyens dans les choix effectués en matière d'innovation et d'analyses des risques pourraient également être bénéfiques, affirme le rapport. Cela aiderait à réduire les expositions aux risques et encouragerait des innovations ayant des avantages sociétaux plus importants. Une plus grande interaction entre les entreprises, les gouvernements et les citoyens pourraient favoriser des innovations plus solides et variées avec un coût moindre pour la santé et l'environnement.

Aujourd'hui, plus que jamais, la stimulation insensée d'une société de surconsommation sans aucun avenir implique la mise sur le marché incessante de nouveaux produits alimentaires transformés et de biens de consommation inutiles et dangereux. Le seul objectif : faire du business. Malheureusement, cela à un coût pour la santé humaine et les écosystèmes comme en témoignent les scandales sanitaires, alimentaires et la pollution généralisée de l'environnement.
Les donneurs d'alertes sont ignorés, étouffés, traînés en justice, ridiculisés avec la bénédiction d'un grand nombre de décideurs et médias. Mais ne nous y trompons pas : l'intérêt de quelques uns vaut bien le sacrifice de nombreux consommateurs candides, ne l'oublions jamais dans nos actes d'achats.

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 Christophe Magdelaine / notre-planete.info - Tous droits réservés

09/03/2013

Les nanoparticules d'argent, une menace pour les écosystèmes ?

Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
 

Les nanoparticules d’argent sont souvent employées comme antibactérien dans de nombreux produits de consommation. Elles peuvent ensuite se retrouver dans l’environnement, par exemple par l’intermédiaire des biosolides issus du traitement des eaux usées. Selon des chercheurs de la Duke University, ces rejets de nanoparticules ont le potentiel pour endommager les écosystèmes.

La nanotechnologie est déjà au cœur de notre vie, puisque des nanoparticules entrent dans la composition de nombreux produits de notre quotidien. Les crèmes solaires contiennent ainsi de nanograins de dioxyde de titane, tandis que de nombreux dentifrices, jouets pour enfants et désinfectants intègrent des nanoparticules d’argent. Ces dernières peuvent également entrer dans la composition des textiles des vêtements en raison de leurs propriétés antibactériennes.

Or, ces nanoparticules d’argent se retrouvent souvent dans l’environnement par l’intermédiaire des eaux usées. En effet, on sait que des matières organiques riches en substances nutritives sont produites à partir du traitement de ces eaux usées dans les stations d’épuration. On obtient alors des biosolides, c’est-à-dire des résidus qui peuvent être utilisés comme engrais. Or, personne n’avait étudié jusqu’à présent l’impact de ces nanoparticules sur les écosystèmes.

Les mésocosmes, modèles réduits d’écosystèmes

Cette situation vient de changer grâce à des chercheurs du Center for the Environmental Implications of Nanotechnology (CEINT) de la Duke University (États-Unis). Ils ont dernièrement publié un article consacré à cette question dans Plos One

 Les expériences ont duré 50 jours et ont confirmé qu'il fallait se méfier des nanoparticules d'argent dans l’environnement. © Duke University

Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont d’abord constitué desmésocosmes, c'est-à-dire une sorte d’Écotron. Il s’agit de dispositifs expérimentaux utilisés en écologie pour simuler des écosystèmes de façon simplifiée et étudier leurs réactions à diverses contraintes, en mesurant par exemple des flux de matière et d’énergie.

Dans ces mésocosmes, on a introduit des nanoparticules d’argent à des concentrations pouvant être observées au sein d’environnements fertilisés par des biosolides. Plusieurs mésocosmes témoins n’ont quant à eux rien reçu. Les tests ont duré 50 jours.

Nanoparticules d’argent et réduction de la biomasse

Les chercheurs ont ensuite analysé l'ensemble des mésocosmes pour découvrir que dans le cas de ceux enrichis en nanoparticules, une plante herbacée commune (Microstegium vimineum) a affiché une biomasse inférieure de 32 % par rapport à la situation mesurée chez les cas témoins. La biomasse totale des microbes a quant à elle diminué de 35 %. Deux enzymes utilisées par les microbes pour se défendre des agressions externes et pour réguler certains de leurs processus internes ont pour leur part vu leur activité se réduire de respectivement 52 % et 27 %.

Clairement, on ne peut écarter l’idée que des risques pèsent sur les écosystèmes contenant des nanoparticules d’argent. Des études supplémentaires sont requises. Les chercheurs envisagent donc de continuer à utiliser des mésocosmes, mais pour déceler des effets à plus long terme. Des études similaires avec des nanoparticules de dioxyde de titane sont aussi prévues.

27/02/2013

L'HOMME, "UNE ÉTAPE INTERMÉDIAIRE"........?

 

L'homme, "une étape intermédiaire" que la technologie pourrait améliorer

 

Les transhumanistes pensent que l'homme peut maîtriser sa propre évolution via les innovations technologiques. Une fiction pas si éloignée de la réalité.

En 1984, le premier Terminator répare son bras bionique endommagé par un tir de fusil à pompe et remplace L'homme qui valait trois milliards au panthéon de l'homme-machine. Fiction ? De moins en moins ! Grâce à la science, la race humaine a un début de mainmise sur une obsolescence programmée, la sienne. C'est en tout cas la promesse des transhumanistes.

Comme leur nom l'indique, ils estiment que l'homme peut dépasser sa condition, n'étant pas obligé de la subir. Selon eux, la science actuelle permet non seulement de réparer un dommage, mais de modifier carrément l'évolution naturelle. En d'autres termes de faire de l'homme, diminué ou non, un homme plus fort qu'à l'origine : un homme augmenté.

Et les exemples de réalisation se multiplient. Ainsi, cet homme bionique exposé au Science Museum de Londres et réalisé avec des prothèses et des organes de synthèse. Ou encore ce scientifique britannique spécialiste de la cybernétique, Kevin Warwick, autoproclamé "premier cyborg de l'histoire de l'humanité", qui s'est implanté lui-même des puces électroniques pour pouvoir communiquer avec des ordinateurs et des machines en utilisant son système nerveux.

 

REGARDEZ Kevin Warwick, l'homme-cyborg (vidéo en anglais)

 

Récemment a été mis au point un tatouage électronique capteur de l'activité cardiaque et autres données médicales et qui permet un suivi médical à distance. Les prothèses et les yeux bioniques sont devenus tellement performants que ce serait dommage de les laisser aux seuls handicapés, semblent penser certains industriels. Un coeur artificiel pourrait à terme supprimer les greffons naturels. Une version complètement autonome, quoique temporaire, a déjà été transplantée avec succès.

Le CNRS prend donc la thématique au sérieux et a organisé un premier colloque en décembre sur le sujet. Car, au sein de la communauté scientifique, le débat fait rage sur les enjeux éthiques d'une telle transformation. Pour Hervé Chneiweiss, neurologue, directeur de recherche au CNRS et auteur de L'homme réparé (Plon), l'idéologie transhumaniste est "typique de la tendance au toujours plus" et son argumentaire "est vicié à la base".

Selon lui, les transhumanistes se comportent "comme si tous les ingrédients pour la recette étaient à notre disposition". L'histoire de la biologie devrait pourtant, à son avis, les inciter à plus de modestie. Et de rappeler qu'il y a une quinzaine d'années, l'avènement de l'ADN était porteur de nombreuses promesses que les scientifiques ont été contraints de revoir à la baisse : "Vu les progrès que l'on a faits depuis, on se rend compte que notre ignorance reste monstrueuse", explique le neurologue, pour qui l'on ferait mieux "de soigner les malades plutôt que de doper les bien-portants".

Pannes, piratages et mises à jour...

D'autant que l'hybridation de l'homme avec la machine, même partielle, conduit inexorablement à une dépendance mutuelle. "Prenez un pacemaker. Une personne ne vit pas si le pacemaker ne fonctionne pas", rappelle Édouard Kleinpeter, ingénieur de recherche à l'Institut des sciences de la communication au CNRS. Problème, l'homme augmenté par la machine risque de... tomber en panne !

Pire, un spécialiste de l'informatique qui a réussi à pirater un pacemaker à distance a désormais un droit de vie ou de mort sur l'individu. Et l'homme prétendument augmenté ne serait en fait qu'assujetti à l'industrie des biotechnologies. "Pour rester compétitifs, nous serons dépendants des mises à jour, donc, des fabricants de ces dispositifs...", souligne Édouard Kleinpeter.

L'association française transhumaniste Technoprog! en convient. Elle ne veut pas "aller dans tous les sens, sans aucune précaution", mais considère "ces possibilités sans tabou". "L'humain est le résultat d'une évolution longue de millions d'années", explique Marc Roux, son président. "Le premier bâton, le feu, le développement de l'agriculture et de l'élevage ont été des facteurs d'accélération du processus d'évolution qui n'a donc aucune raison de se terminer." La seule limite possible est par conséquent "celle que les humains voudront bien se donner".

Poser des limites, soit, mais où ? "Où commence la réparation et où s'arrête l'augmentation ?" s'interroge Édouard Kleinpeter. Les lames qui prolongent les jambes de Pistorius ont bel et bien fait de lui un des hommes les plus rapides du monde. Le transhumanisme "procède d'une conception fonctionnelle de l'être humain", déplore le chercheur, et fait "comme si l'homme n'était que la somme de ces capacités". En un mot, comme s'il n'était... qu'une machine.

 

Un article de Rodolphe Baron, publié par lepoint.fr

14/02/2013

Les (nano)particules alimentaires

Les nanoparticules sont des éléments qui se mesurent en nanomètres, unités un milliard de fois plus petit qu'un mètre : bienvenue dans le monde de l’infiniment petit ! Pour vous faire une idée plus concrète, disons que 1000 objets nanométriques tiennent dans l'épaisseur d'un cheveu. Ou qu’il y a le même rapport de taille entre une nanoparticule et un globule rouge qu’entre un ballon de foot et un stade. Ces molécules ultra-minuscules sont présentes à l’état naturel (les virus sont les plus petits nano-objets naturels), mais on peut aussi les « retravailler » de façon artificielle, parce que leur mini-taille leur confère des propriétés incroyables.

À l’échelle de l'atome, les propriétés des matériaux classiques sont bouleversées : le cuivre devient élastique, les métaux isolants et le carbone plus dur que l'acier ! Une vraie "révolution nanotechnologique", qui intéresse vachement l’industrie. Selon la National Science Fondation, les produits issus des nanotechnologies génèreront d’ici 2015 un marché de mille milliards de dollars : de l’infiniment petit… à l’infiniment grand ! Les états comme les industriels investissent donc dans ce secteur promis à une croissance extraordinaire. Mais déjà, et plutôt discrètement, les nanoparticules ont fait leur entrée dans les produits de consommation courante, voire mêmeuh dans notre assiette…

Des nanos à la louche

Combien et quels produits contiennent des nanoparticules ? Impossible à dire, parce que jusqu’à maintenant les fabricants n’étaient pas obligés de le déclarer. L’Agence Française de Sécurité Sanitaire (AFSSET) estime pourtant que plus de 600 produits de consommation courante sont concernés, sans étiquetage particulier. Le principal domaine concerné est celui de la santé et des sports (textiles, accessoires de sport, cosmétiques, soins, crème solaire), suivi de l’électronique et de l’informatique, puis les revêtements de surface (enduits, peintures) et enfin l’alimentation.

Dans le domaine alimentaire, les nanotechnologies sont utilisées dans des matériaux au contact des aliments : emballages, conditionnement, surfaces de découpe, parois de frigos… Sous forme de « nanocouches » qui protègent de l’humidité et prolongent la conservation, ou de « nanopuces » intégrées pour surveiller l’évolution microbiologique des produits, ou encore de « nanoparticules » à effet antibactérien.

Les nanoparticules qui modifient la couleur, l’odeur, le goût, ou la texture des aliments seraient encore de la science-fiction en Europe -ce qui n’est déjà plus le cas aux Etats-Unis. Selon le Ministère de l’Agriculture, « les applications commerciales des nanotechnologies dans l’aliment restent marginales. Aucune demande d’autorisation, obligatoire avant toute mise sur le marché d’un nouvel aliment, n’a été recensée au niveau européen » (1). Meuh, pas très logique cette réponse : s’il en existe, même peu, pourquoi aucune autorisation n’a été demandée ? Ainsi, poursuit le Ministère, « des produits à l’échelle nanométrique sont utilisés depuis de nombreuses années en Europe et en France dans les aliments courants », comme « la silice, additif antiagglomérant » utilisé dans le sel, le sucre et le chocolat en poudre pour éviter la formation de grumeaux. Puisque cela dure depuis longtemps, aucune raison de s’inquiéter des effets sur notre santé…

Zut, j’ai avalé un nano !

Changement de ton avec l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des aliments qui « en appelle à la prudence », reconnaissant que « les connaissances sur la toxicité des nanoparticules manufacturées sont lacunaires. De nombreuses questions restent à résoudre avant de pouvoir évaluer les risques et les bénéfices […] Il n'existe pas de méthode permettant de mesurer et de suivre le devenir de nanoparticules manufacturées dans des matrices complexes (environnement, aliments, organisme, etc.) Considérant ces incertitudes, l'Agence, de même que d'autres instances internationales, a conclu à l'impossibilité d'évaluer l'exposition du consommateur et les risques sanitaires liés à l'ingestion de nanoparticules » (2). Dommage pour les consommateurs !

Du fait de leur minuscule taille, il semblerait en effet que ces particules puissent traverser les barrières biologiques naturelles de protection et circuler dans tout l’organisme : peau, tissus, cerveau, alvéoles pulmonaires…et échappent aux moyens de détection habituels. On ne sait pas grand chose non plus des risques d’accumulation, de transfert dans l’environnement, ou de leur biodégradabilité. Pour ajouter à la complexité de la situation, les propriétés et la toxicité des particules varient selon leur taille, leur morphologie et leur composition chimique. Donc, même si l’on décidait de tester tous les nanomatériaux actuels (ce qui prendrait près de 50 ans !), il serait quasiment impossible d’en tirer des conclusions générales…

Rien na(no) déclarer ?

Du côté de l’Union Européenne, il n’existe pas de régulation spécifique. Mais la France vient de prendre des dispositions : depuis le 1er janvier 2013, « l’ensemble des fabricants, distributeurs ou importateurs doit déclarer les usages de substances à l’état nanoparticulaire, ainsi que les quantités annuelles produites, importées et distribuées sur le territoire français » (3). Cela doit permettre d'identifier les produits commercialisés contenant des nanoparticules, d’assurer une traçabilité et d’informer le public. Le gouvernement a d’ailleurs également promis "un étiquetage systématique des ingrédients nanoparticulaires" dès 2014.

Une petite vacherie quand même : pour qu'un produit soit soumis à la déclaration obligatoire, il doit contenir au moins 50 % de nanoparticules –ce qui exclura donc de nombreux produits-, et mesurer entre 1 et 100 nanomètres, alors que les Etats-Unis ont fixé la limite à 1000 nm : les mailles du filet ne seraient-elles pas trop larges pour attraper ces si petites choses ? Et puis, les fabricants n’ont toujours pas l’obligation de mener des tests de toxicité… Un premier pas vers la transparence, on ne va quand mêmeuh pas bouder. Mais la vigilance reste de mise : la route risque d’être longue avant que les consommateurs ne soient correctement informés. Un peu plus de prudence, beaucoup de fonds pour les études sur les risques (4), et bien plus de régulation: voici la fameuhse recette de la confiance !

(1) Site internet Ministère de l'Agriculture

(2) Site internet Agence Nationale de Sécurité Sanitaire

(3) Site internet Ministère de l'Ecologie

(4) Site internet Ministère de l'Economie et des Finances /dossier-documentaire-nanotechnologies : « Au niveau mondial, en 2005, si 10 milliards de dollars ont été consacrés à la recherche et au développement dans le domaine des nanosciences et des nanotechnologies, seulement 40 millions de dollars l'ont été à des fins de recherche sur les effets secondaires éventuels. En d’autres termes, 0,4% seulement des dépenses au niveau mondial ont été consacrées à la recherche sur les risques ».

 

03/02/2013

Rêve.............ou cauchemar ?

 

Transhumanisme, on y est.... des bienfaits, certes envisageables, mais avec tout le pire qu'on peut imaginer... tous les fantasmes les plus malsains de l'Homme concentrés : l'avènement du surHomme, et qui dit surHomme, dit... son contraire pour une masse d'individus, welcome dans le meilleur des mondes...

mais comme toujours, ça part d'un bon sentiment, ça chatouille notre bonne conscience, un peu comme les ogm qui allaient éradiquer la faim et la famine... la bonne blague...

 

 

02/01/2013

LA FRANCE OBLIGE LES INDUSTRIELS À DÉCLARER LES NANOPARTICULES DANS LEURS PRODUITS

C'est une première en Europe. Une amorce de régulation qui laisse encore à désirer, mais qui vient, tardivement, combler un vide alarmant. A compter du 1er janvier, les fabricants et distributeurs de produits contenant des nanoparticules devront les déclarer à l'Agence nationale de sécurité sanitaire afin d'assurer un minimum de traçabilité, d'informations au public et un recensement des produits mis sur le marché.

Alors que les nanotechnologies se répandent depuis des années dans des champs aussi variés que la médecine, l'électronique, l'énergie ou l'alimentation, cette initiative de la France ne manque pas d'inspirer d'autres pays européens, comme le Danemark – qui pourrait adopter une déclaration obligatoire dès 2014 –, la Belgique, les Pays-Bas, ou encore l'Italie, qui réfléchit à une déclaration basée sur le volontariat.

Si les Etats européens se mettent à agir chacun de leur côté, c'est que l'UE n'a pas élaboré, jusqu'ici, de régulation spécifique pour encadrer ces nanomatériaux aux propriétés nouvelles – et ce, malgré un grand flou autour des risques potentiels qu'ils font courir sur la santé et l'environnement.

En 2009 déjà, le Parlement européen demandait à la Commission de "réviser toute la législation en la matière d'ici à deux ans afin de garantir la sécurité de toutes les applications de nanomatériaux". Il estimait notamment que "la notion d'approche 'sûre, responsable et intégrée' prônée par l'Union européenne est compromise par l'absence d'informations sur les nanomatériaux qui sont déjà sur le marché".

Lire le zoom : Nanoparticules : l'ingrédient qui est discrètement entré dans nos assiettes"

SECRET INDUSTRIEL ET MANQUE DE SENSIBILISATION

S'il devenait urgent, ce premier pas de la France en laisse déjà certains sur leur faim. Comme Rose Frayssinet, du réseau écologiste Les Amis de la Terre, qui doute que, même s'il en aura désormais la possibilité, "le consommateur, bien peu sensibilisé aux nanoparticules, prenne l'initiative de rechercher s'il y en a dans sa barre chocolatée". Le gouvernement a toutefois promis "un étiquetage systématique des ingrédients nanoparticulaires" dès 2014. Une plus grande transparence donc, mais qui ne signifie pas forcément un plus grand contrôle des produits "nano" avant qu'ils ne soient mis sur le marché.

Autre point qui focalise les critiques : les seuils retenus pour qu'un produit soit soumis à la déclaration obligatoire. Il doit contenir au moins 50 % de nanoparticules – quand le Comité scientifique européen des risques sanitaires émergents recommandait une concentration de 0,15 %. Et ces nanoparticules doivent mesurer entre 1 et 100 nanomètres (nm). Aux Etats-Unis, la limite retenue par la Food and Drug Administration est de 1 000 nm, selon VeilleNanos.

Enfin, relève Rose Frayssinet, "les industriels peuvent se cacher derrière la clause de confidentialité. Donc c'est pipeau." Le secret industriel et commercial peut en effet être brandi et dispenser un producteur de déclarer la composition de son produit, ce qui rend l'obligation toute relative. Surtout si l'on considère par ailleurs le montant de la sanction en cas de non respect de la loi : 3 000 euros, avec une astreinte journalière de 300 euros. Et si l'on considère, enfin, la difficulté à contrôler les déclarations des industriels – face à une avalanche de produits divers et variés, et à des nanoparticules difficiles à détecter.

LA "PARALYSIE" FACE À UNE NANO-RÉGLEMENTATION

Dans l'industrie alimentaire, les nanomatériaux sont principalement soumis, au niveau européen, au règlement "Novel Food" : les nouveaux aliments doivent recevoir une autorisation avant d'être mis sur le marché. Toutefois, comme le relève le ministère, jusqu'ici, "aucune demande d'autorisation (...) n'a été recensée au niveau européen".

Ils sont aussi soumis, sans disposition spécifique, au règlement européen sur les substances chimiques,"Reach", en vigueur depuis 2007. Mais, selon VeilleNanos, "en réalité, les nanomatériaux sont mis sur le marché (...) sans enregistrement préalable ni suivi, en contradiction avec le principe directeur de Reach : 'Pas de données, pas de mise sur le marché'". D'une part, parce qu'il ne s'applique pas en dessous d'une production d'une tonne par an, rarement atteinte chez les "nanos". D'autre part, parce qu'il n'oblige pas à différencier le nanomatériau de son cousin existant à l'échelle macroscopique, depuis bien plus longtemps en général (par exemple, le nanoargent de l'argent). Et ce, quand bien même leurs propriétés sont différentes.

En octobre, la Commission européenne a pourtant répété que Reach était "le meilleur cadre possible pour la gestion des risques liés aux nanomatériaux", tout en concédant le besoin "d'exigences plus spécifiques", auquel elle entend répondre en modifiant des annexes "après 2013". Le Conseil européen de l'industrie chimique a applaudi cette approche. Plusieurs associations, les Verts européens et la société civile un peu moins. Le Bureau européen des unions de consommateurs, par exemple, a déploré qu'"une nouvelle fois, consommateurs et environnement aient perdu face aux objectifs d'innovation et de croissance économique".

Lire : Les nanomatériaux vont-ils échapper au filet sanitaire européen ?

En décembre, ce sont plusieurs Etats membres, dont la France, qui ont exprimé à la Commission qu'ils ne se satisfaisaient pas d'une modification annexe de Reach pour encadrer les nanomatériaux. Les voix n'en finissent plus de se joindre pour pousser l'Europe à davantage de régulation des nanotechnologies.

En juillet, ce sont des scientifiques qui, dans un article de Nature intitulé "Enough is enough" (c'en est assez), dénonçaient le flot de commandes d'études scientifiques qui, au lieu de déboucher sur l'action de l'UE, ne faisait que l'enfoncer dans la "paralysie".

Angela Bolis

Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/12/31/la-franc...