16/03/2021
Le silence des carpes de Jérôme Bonnetto
éditions Inculte, 6 janvier 2021
300 pages, 18,90 €.
Jérôme Bonnetto nous livre ici un remarquable roman, aussi drôle que fin et touchant. Remarquable sur le plan littéraire et savoureux pour le lecteur qu’il entraine avec virtuosité dans l’aventure de son narrateur : Paul Solveig, informaticien, qui pour échapper à la pente dépressive qui le guette, joue son destin au dé après avoir trouvé une photo qu’un pseudo plombier tchèque a laissé tomber dans sa cuisine. Apprenant par ce dernier, qu’il s’agit d’une photo de sa mère disparue pendant le régime communiste, Paul Solveig s’organise expressément pour partir sans date de retour vers une Moravie dont il ignore tout. Certes sous le prétexte de rechercher des traces de la mère et de son photographe, dont la touche artistique le trouble beaucoup, mais aussi et surtout pour fuir la réalité d’une séparation avec Pauline, qui est sur le point de le quitter après 10 ans de vie commune. Fuir avant même d’en avoir la certitude.
« La chose me tentait bien. Ma vie parisienne ressemblait à ces vieilles vestes tellement usées qu’on n’ose même pas les donner aux bonnes œuvres. Pauline me torturait, le boulot me vidait. L’horizon me manquait. Je ne pouvais rester sans réagir et regarder ma vie se déliter, mais la Moravie tout de même… Qu’allais-je faire là-bas ? »
On retrouve dans Le silence des carpes, l’art de l’auteur pour peindre avec douceur et finesse ses personnages. Déjà à l’œuvre dans La certitude des pierres, ce talent se confirme ici dans une pleine maturité tout comme cette capacité à immerger le lecteur dans un lieu original hors des sentiers trop battus : dans La certitude des pierres, un petit village perdu de montagne, dans Le silence des carpes, une petite ville au cœur de la Moravie au nom aussi improbable que Blednice, sans doute un détournement de la bien réelle Lednice.
Le silence des carpes est construit en deux parties qui se font écho : la première, bien plus courte, commence en prologue, elle ponctue l’ensemble comme un mystérieux ricochet. Les prénoms des protagonistes y évoquent un pays de l’Europe centrale. Il y est question d‘une pêche impossible, de carpes d’amour et d’un étang énigmatique, donc la magie va céder à l’inquiétant quand il apparait que certains qui s’en approchent de trop près disparaissent.
De même sous la surface plutôt légère et pleine d’humour du roman, portée par le récit du narrateur et sa capacité à l’autodérision féroce et hilarante, on devine peu à peu une profondeur bien plus sombre, en lien avec l’Histoire de l’ancien bloc communiste et son régime totalitaire.
Le lien entre les deux parties qui alternent se dévoile peu à peu, par petites touches très subtiles.
Le silence des carpes est, au-delà d’une enquête qui semble vouée à l’échec, de toute évidence un hommage au pays d’accueil de l’auteur qui vit à Prague ; une ode aux doux paysages de Moravie et à la culture artistique tchèque et en particulier son cinéma, via la cinéphile et insaisissable Míla qui va aider Paul Solveig dans ses recherches. On peut y voir très certainement un clin d’œil aussi à l’artiste sculpteur monumental Aleš Veselý décédé en 2015, avec Veselý, l’artiste, sculpteur lui aussi d’œuvres monumentales, qui reçoit Paul Solveig avec un profond et authentique sens de l’amitié et de l’hospitalité, lui ouvrant ainsi les portes d’un pays qui a lui-même quitté depuis longtemps.
Le silence des carpes est une belle œuvre humaine, d’une écriture vive et cocasse dont on ne peut que se délecter, mais empreinte cependant aussi de délicatesse, de poésie et d’une pointe de mystère. Ce deuxième roman est aussi la confirmation d’un talent qui se déploie, vivement le troisième !
Cathy Garcia Canalès
Jérôme Bonnetto est né à Nice en 1977, il vit désormais à Prague où il enseigne le français. Après La certitude des pierres, Le silence des carpes est son deuxième roman publié chez inculte.
Voir ma note sur La certitude des pierres :
http://delitdepoesie.hautetfort.com/archive/2020/02/17/la...
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04/03/2021
The Divine Earthling dans ARTEIDOLIA
s w i f t s & s l o w s
a quarterly of crisscrossings
Collaborations in All Forms
Number Ten
March 2021
The Blackbook, Chapter 1 by Kelvin Corcoran & David Rees
Mulberry Bushes Looking for a Cherry by M A Shaheed & John Greiner
Letters by Diana Magallon, Jeff Crouch & Jonathan Minton
Wonder Bread by Jude Wilson & Sandy Kinnee
Sprayed Trunk, Dry Your Face by Stacey Allam & John M Bennett
Pandemic Prophet by Amy Bassin & Mark Blickley
Painted Word by James Green & Monsieur Jamin
The Divine Earthling by Walter Ruhlmann & Cathy Garcia-Canalès
Fluid Possibilities by Howie Good & Robert Streicher
Trashpo: Ojects of Ejecta by Daniel Barbiero & Jeff Bagato
Cut: An Exquisite Corpse Story by Pinky-Z Wu
Dismember the Night Thread Slams by Dianne Bowen & Kofi Fosu Forson
Dialogues 3 by Una Lee, Daniel Barbiero & Chris H Lynn
Tomorrow is Forever by Cecelia Chapman, Jeff Crouch & Raphael Gonzalez
Gnawa Abstractions by John Voigt, Renée Rosen & Josh Rosen
une publication anglophone avec mon tableau La Grande Cornue,
sur un poème de Walter Ruhlmann : The Divine Earthling
http://www.arteidolia.com/swifts-slows-march-2021-issue-t...
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