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26/05/2021

Movimiento de Mujeres Indigenas por el buen vivir - Stop au Terricide !

 

"Le 20 mars, nous commençons à marcher vers Buenos Aires pour que le terricide soit reconnu comme un crime, un crime contre l’humanité.

Des personnes issues de 36 peuples indigènes d’Argentine entameront ce dimanche 21 mars une marche historique visant à sensibiliser le public aux impacts du modèle de développement actuel sur l’environnement.

Une grande partie de l’humanité a réalisé que nous ne pouvons pas continuer à vivre comme nous le faisons. L’idée est donc de pouvoir constituer une grande caravane qui, le 25 mai, jour de la commémoration du premier cri d’indépendance de l’Argentine, pourra arriver en masse à Buenos Aires dans une grande marche.

Cette grande marche, qui partira du nord et du sud de l’Argentine, aura des connotations historiques car un document sera remis au gouvernement de ce pays pour exiger que le terricide ou les dommages à l’environnement soient considérés par la loi comme un crime contre l’humanité.

Ce serait un précédent très nouveau pour le monde, car jusqu’à présent, malheureusement, les entreprises et les gouvernements terricides ne paient aucun coût pour les dommages irréversibles qu’ils causent au Mapu1, au Pacha2 et aux populations. Ce serait donc la possibilité d’apporter un outil juridique qui pourrait sanctionner, condamner, juger ces entreprises, ces gouvernements.

Le terme “terricide” est un concept qui englobe les effets contre l’environnement, les dommages à la culture des nations indigènes et la détérioration de la façon de voir le monde de ces populations.

La terricide est un concept qui synthétise la cosmovision des peuples indigènes, qui ont une vision tridimensionnelle de la vie, car nous ne reconnaissons pratiquement rien de ce qui a trait à notre médecine ancestrale, à notre spiritualité. Tout ce que nous comprenons comme philosophie, comme cosmovision, n’est pas interdit, mais il n’est pas non plus reconnu.

L’un des principaux facteurs qui ont motivé la réaction des communautés autochtones est lié aux incendies de forêt qui ont eu lieu ces derniers temps. Et cela a affecté non seulement les habitants mais aussi l’écosystème de ces régions.

Environ 60000 hectares ont brûlé, entre tous les foyers d’incendie. Des centaines de familles y ont perdu leur maison et il y a encore des personnes disparues, des morts. C’est terrible.

L’arrivée de cette marche à Buenos Aires est prévue pour le 25 mai et vise à coïncider avec la date à laquelle la révolution et l’indépendance seront commémorées dans ce pays."

 

*

 

Moira Millán

Une des femmes leaders dans la lutte pour la terre et la liberté du peuple Mapuche. Elle est une des personnes importantes qui représentent le mouvement des femmes mapuches.

 

Source : http://www.kedistan.net/

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Elles sont arrivées à Buenos Aires samedi dernier.

https://www.facebook.com/movimientodemujeresindigenasporelbuenvivir

 

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HISTORIA DEL MOVIMIENTO DE MUJERES INDÍGENAS POR EL BUEN VIVIR
 
Desde el año 2013 algunas pocas hermanas empezamos a recorrer el país con la idea de gestar lo que hoy es el Movimiento de Mujeres Indígenas por el Buen Vivir. Fuimos en busca de hacer visible lo que se pretende invisibilizar: nuestras cuerpas-territorio, nuestras cosmovisiones, nuestras identidades y nuestros derechos como mujeres indígenas. Todos estos motores llevaron adelante el caminar que reunió y generó el apoyo de mujeres de 36 naciones preexistentes que cohabitan el territorio argentino. Juntas, nos organizamos en el espacio que llamamos Marcha de Mujeres Originarias por el Buen Vivir y que desde mediados del 2018 renombramos como Movimiento de Mujeres Indígenas por el Buen Vivir.
 
NOS AUTODETERMINAMOS MUJERES INDÍGENAS POR EL BUEN VIVIR
Somos un movimiento instituyente para amplificar derechos. Nos reconocemos como un movimiento de tensión en tanto reclamamos territorio y creemos que se tienen que multiplicar los movimientos de tensión.
No aceptamos tutelaje ideológico, nos enunciamos políticamente desde nuestra identidad ancestral y nuestras cosmogonías, saberes e identidades territoriales. Somos un movimiento beligerante.
Proponemos recuperar la plurinacionalidad histórica que ha sido omitida y negada por la historia oficial. Luchamos por la autodeterminación de nuestros cuerpos, de nuestros territorios y de nuestros pueblos.
Confiamos en nuestra fuerza como mujeres de la tierra. Nuestra ancestralidad nos da poder y sabiduría, nuestro amor por la vida nos llama a la lucha. El tiempo es hoy y la unidad es impostergable.
 
 

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19/11/2020

JE M’APPELLE HUMAIN de Kim O’Bomsawin (2020)

 

 

 

20/10/2020

Communiqué : « Une montagne en haute mer » Les insurgés zapatistes annoncent qu’ils traverseront l’atlantique en 2021

Article à lire dans sa totalité ici :

https://lundi.am/La-voix-zapatiste-fradin?fbclid=IwAR0iHG...

 

 

« Nous irons à la rencontre de ce qui nous rend égaux.
Que la première destination de ce voyage planétaire sera le continent européen.
Que nous naviguerons vers les terres européennes.
Que nous partirons et que nous appareillerons, depuis les terres mexicaines, au mois d’avril de l’année 2021. »

 

 

Communiqué du Comité clandestin révolutionnaire indigène
Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale

Mexique, 5 octobre 2020

Au Congrès national indigène - Conseil indigène de gouvernement,
À la Sexta nationale et internationale,
Aux réseaux de résistance et de rébellion,
Aux personnes honnêtes qui résistent dans tous les coins de la planète,

Sœurs, frères, sœurs-frères,
Compañerascompañeroscompañeroas,

Nous, peuples originaires de racine maya et zapatistes, vous saluons et vous disons que ce qui est venu à notre pensée commune, d’après ce que nous voyons, entendons et sentons.

Un. Nous voyons et entendons un monde malade dans sa vie sociale, fragmenté en millions de personnes étrangères les unes aux autres, s’efforçant d’assurer leur survie individuelle, mais unies sous l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de profits, même alors qu’il est clair que son chemin va à l’encontre de l’existence de la planète Terre.

L’aberration du système et sa stupide défense du « progrès » et de la « modernité » volent en éclat devant une réalité criminelle : les féminicides. L’assassinat de femmes n’a ni couleur ni nationalité, il est mondial. S’il est absurde et déraisonnable que quelqu’un soit persécuté, séquestré, assassiné pour sa couleur de peau, sa race, sa culture, ses croyances, on ne peut pas croire que le fait d’être femme signifie une sentence de marginalisation et de mort.

En une escalade prévisible (harcèlement, violence physique, mutilation et assassinat), cautionnée par une impunité structurelle (« elle le méritait », « elle avait des tatouages », « qu’est-ce qu’elle faisait à cet endroit à cette heure-là ?’, « habillée comme ça, il fallait s’y attendre »), les assassinats de femmes n’ont aucune logique criminelle si ce n’est celle du système. De différentes strates sociales, d’âges qui vont de la petite enfance à la vieillesse et dans des géographies éloignées les unes des autres, le genre est la seule constante. Et le système est incapable d’expliquer pourquoi cela va de pair avec son « développement » et son « progrès ». Dans l’indignante statistique des morts, plus une société est « développée », plus le nombre des victimes augmente dans cette authentique guerre de genre.

Et la « civilisation » semble dire aux peuples originaires : « La preuve de ton sous-développement, c’est ton faible taux de féminicides. Ayez vos mégaprojets, vos trains, vos centrales thermoélectriques, vos mines, vos barrages, vos centres commerciaux, vos magasins d’électroménager — avec chaîne de télé inclue —, et apprenez à consommer. Soyez comme nous. Pour payer la dette de cette aide progressiste, vos terres, vos eaux, vos cultures, vos dignités ne suffisent pas. Vous devez compléter avec la vie des femmes. »

Deux. Nous voyons et nous entendons la nature mortellement blessée, qui, dans son agonie, avertit l’humanité que le pire est encore à venir. Chaque catastrophe « naturelle » annonce la suivante et fait oublier, de façon opportune, que c’est l’action d’un système humain qui la provoque.

La mort et la destruction ne sont plus une chose lointaine, qui s’arrête aux frontières, qui respecte les douanes et les conventions internationales. La destruction dans n’importe quel coin du monde se répercute sur toute la planète.

Trois. Nous voyons et nous entendons les puissants se replier et se cacher dans les prétendus États nationaux et leurs murs. Et, dans cet impossible saut en arrière, ils font revivre des nationalismes fascistes, des chauvinismes ridicules et un charabia assourdissant. C’est là où nous apercevons les guerres à venir, celles qui s’alimentent d’histoires fausses, vides, mensongères et qui traduisent nationalités et races en suprématies qui s’imposeront par voie de mort et de destruction. Les différents pays vivent la bataille entre les contremaîtres et ceux qui aspirent à leur succéder, qui occulte le fait que le patron, le maître, le donneur d’ordre, est le même et n’a d’autre nationalité que celle de l’argent. Tandis que les organismes internationaux languissent et se convertissent en simples appellation, des pièces de musée… ou même pas.

Dans l’obscurité et la confusion qui précèdent ces guerres, nous entendons et nous voyons l’attaque, l’encerclement et la persécution de toute lueur de créativité, d’intelligence et de rationalité. Face à la pensée critique, les puissants demandent, exigent et imposent leurs fanatismes. La mort qu’ils sèment, cultivent et récoltent n’est pas seulement la mort physique ; elle inclut aussi l’extinction de l’universalité de l’humanité elle-même — l’intelligence —, ses avancées et ses succès. De nouveaux courants ésotériques, laïcs ou non, déguisés en modes intellectuelles ou en pseudosciences renaissent ou sont créés ; et on prétend soumettre les arts et les sciences à des militantismes politiques.

Quatre. La pandémie du Covid 19 a non seulement montré les vulnérabilités de l’être humain, mais aussi la cupidité et la stupidité des différents gouvernements nationaux et de leurs supposées oppositions. Des mesures du plus élémentaire bon sens ont été sous-estimées, le pari étant toujours que la pandémie allait être de courte durée. Quand la présence de la maladie s’est prolongée de plus en plus, les chiffres ont commencé à se substituer aux tragédies. La mort s’est ainsi convertie en un nombre qui se perd quotidiennement parmi les scandales et les déclarations. Une sinistre comparaison entre nationalismes ridicules. Le pourcentage de strikes et de home runs qui détermine quelle équipe de base-ball, ou quelle nation, est meilleure ou pire.

Comme il a été précisé dans l’un des textes précédents, au sein du zapatisme nous optons pour la prévention et l’application de mesures sanitaires qui, en leur temps, ont fait l’objet de consultation avec des scientifiques femmes et hommes qui nous ont orientés et nous ont offert leur aide sans hésiter. Nous, peuples zapatistes, leur en sommes reconnaissants et nous avons voulu le montrer. À six mois de la mise en œuvre de ces mesures (masques ou leur équivalent, distance entre personnes, arrêt des contacts personnels directs avec des zones urbaines, quarantaine de quinze jours pour qui a pu être en contact avec des personnes infectées, lavages fréquent à l’eau et au savon), nous déplorons le décès de trois compagnons qui ont présenté deux symptômes ou plus associés au Covid 19 et qui ont été en contact direct avec des personnes infectées.

Huit autres compañeros et une compañera, qui sont morts durant cette période, ont présenté un des symptômes. Comme nous n’avons pas la possibilité de faire des tests, nous présumons que la totalité des douze compañeras sont morts du dit coronavirus (des scientifiques nous ont recommandé de supposer que tout problème respiratoire serait dû au Covid 19). Ces douze disparitions sont de notre responsabilité. Ce n’est ni la faute de la 4T  [2] ou de l’opposition, des néolibéraux ou des néoconservateurs, des chairos ou des fifis  [3], de conspirations ou de complots. Nous pensons que nous aurions dû prendre encore plus de précautions.

À l’heure actuelle, du fait de la disparition de ces douze compañeras, nous avons amélioré dans toutes les communautés les mesures de prévention, maintenant avec le soutien d’organisations non gouvernementales et de scientifiques qui, à titre individuel ou en tant que collectif, nous orientent sur la façon d’affronter plus fermement une possible nouvelle vague. Des dizaines de milliers de masques (conçus spécialement pour éviter qu’un probable porteur ne contamine d’autres personnes, peu coûteux, réutilisables et adaptés aux circonstances) ont été distribués dans toutes les communautés. D’autres dizaines de milliers sont produits dans les ateliers de broderie et de couture des insurgé·e·s et dans les villages. L’usage massif de masques, les quarantaines de deux semaines pour qui pourrait avoir été infecté, la distance et le lavage régulier des mains et du visage à l’eau et au savon, et la limitation autant que possible des déplacements dans les villes sont les mesures recommandées y compris aux frères et sœurs des partis pour stopper l’expansion des contagions et permettre de maintenir la vie communautaire.

Le détail de ce qu’a été et est notre stratégie pourra être consulté en temps voulu. Pour le moment nous disons, avec la vie qui palpite dans nos corps, que selon notre évaluation (sur laquelle probablement nous pouvons nous tromper), le fait d’affronter la menace en tant que communauté, et non comme un problème individuel, et de faire porter notre effort principal sur la prévention nous permet de dire, en tant que peuples zapatistes : nous sommes là, nous résistons, nous vivons, nous luttons.

Et maintenant, dans le monde entier, le grand capital veut que les personnes retournent dans les rues pour assumer à nouveau leur condition de consommateurs. Parce que qui le préoccupe, ce sont les problèmes du Marché : la léthargie de la consommation de marchandises.

Il faut reprendre les rues, oui, mais pour lutter. Parce que, nous l’avons dit auparavant, la vie, la lutte pour la vie, n’est pas une question individuelle, mais collective. On voit maintenant que ce n’est pas non plus une question de nationalités, elle est mondiale.

Nous voyons et entendons bien des choses à ce sujet. Et nous y pensons beaucoup. Mais pas seulement…

Cinq. Nous entendons et voyons aussi les résistances et les rébellions qui, même réduites au silence ou oubliées, n’en sont pas moins des clefs, des pistes d’une humanité qui se refuse à suivre le système dans sa marche précipitée vers l’effondrement : le train mortel du progrès qui avance, arrogant et impeccable, vers le gouffre. Tandis que le chauffeur oublie qu’il n’est qu’un employé parmi d’autres et croit, ingénument, que c’est lui qui décide de la route à suivre, alors qu’il ne fait que suivre la prison des rails vers l’abîme.

Résistances et rébellions qui, sans oublier les pleurs dus aux disparus, s’efforcent de lutter pour ce qu’il y a de plus subversif — qui le dirait — dans ces mondes divisés entre néolibéraux et néoconservateurs : la vie.

Rébellions et résistances qui comprennent, chacune selon sa façon, son temps et sa géographie, que les solutions ne se trouvent pas dans la foi en les gouvernements nationaux, qu’elles ne se génèrent pas à l’abri des frontières et ne revêtent ni drapeaux ni langues différentes.

Résistances et rébellions qui nous apprennent à nous, femmes, hommes, femmes-hommes zapatistes, que les solutions pourraient se trouver en bas, dans les sous-sols et les recoins du monde. Et non dans les palais gouvernementaux. Et non dans les bureaux des grandes corporations.

Résistances et rébellions qui nous montrent que, si ceux d’en haut rompent les ponts et ferment les frontières, il nous reste à naviguer sur les fleuves et les mers pour nous rencontrer. Que le remède, s’il y en a un, est mondial, et qu’il a la couleur de la terre, du travail qui vit et meurt dans les rues et les quartiers, dans les mers et les cieux, dans les montagnes et dans leurs entrailles. Que, comme le maïs originaire, ses couleurs, ses tonalités et ses sons sont multiples.

Nous voyons et nous entendons tout cela, et plus. Et nous nous voyons et nous nous entendons tels que ce que nous sommes : un nombre qui ne compte pas. Parce que la vie n’importe pas, ne fait pas vendre, elle n’est pas une nouvelle, elle ne tient pas dans les statistiques, ne se compare pas dans les enquêtes, n’est pas évaluée dans les réseaux sociaux, ne provoque pas, ne représente pas un capital politique, le drapeau d’un parti, un scandale à la mode. À qui importe qu’un petit, un tout petit groupe de gens originaires, d’indigènes, vive, c’est-à-dire lutte ?

Parce qu’il s’avère que nous vivons. Que malgré les paramilitaires, les pandémies, les mégaprojets, les mensonges, les calomnies et les oublis, nous vivons. C’est-à-dire nous luttons.

Et c’est à quoi nous pensons : nous continuons à lutter. C’est-à-dire nous continuons à vivre. Et nous pensons que, durant toutes ces années, nous avons reçu l’embrassade fraternelle de personnes de notre pays et du monde entier. Et nous pensons que, si ici la vie résiste et, non sans difficultés, fleurit, c’est grâce à ces personnes qui ont affronté les distances, formalités, frontières et différences de cultures et de langues. Grâce à elles, eux, elles-eux — mais surtout à elles —, qui ont bravé et vaincu les calendriers et les géographies.

Dans les montagnes du Sud-Est mexicain, tous les mondes du monde ont trouvé, et trouvent, une écoute dans nos cœurs. Leur parole et leur action ont été l’aliment pour la résistance et la rébellion, qui ne sont autres que la continuation de celles de nos prédécesseurs.

Des personnes suivant la voie des sciences et des arts ont trouvé le moyen de nous embrasser et nous encourager, même si c’était à distance. Des journalistes, fifis ou non, qui ont relaté la misère et la mort d’avant, la dignité et la vie de toujours. Des personnes de toutes les professions et métiers qui, beaucoup pour nous, peut-être un peu pour elles-eux, ont été là, sont là.

Et nous pensons à tout cela dans notre cœur collectif, et il est venu à notre pensée qu’il est grand temps que nous, femmes, hommes, femmes-hommes zapatistes, répondions à l’écoute, la parole et la présence de ces mondes. Ceux proches et ceux lointains dans la géographie.

Six. Et nous avons décidé ceci :
Qu’il est temps à nouveau que les cœurs dansent, et que leur musique et leurs pas ne soient pas ceux de la lamentation et de la résignation.
Que diverses délégations zapatistes, hommes, femmes et femmes-hommes de la couleur de notre terre, iront parcourir le monde, chemineront ou navigueront jusqu’à des terres, des mers et des cieux éloignés, cherchant non la différence, non la supériorité, non la confrontation, et moins encore le pardon et la compassion.

Nous irons à la rencontre de ce qui nous rend égaux.

Non seulement l’humanité qui anime nos peaux différentes, nos façons distinctes, nos langues et couleurs diverses. Mais aussi, et surtout, le rêve commun que nous partageons en tant qu’espèce depuis que, dans l’Afrique qui pourrait sembler lointaine, nous nous sommes mis en marche depuis le giron de la première femme : la recherche de la liberté qui a impulsé ce premier pas… et qui est toujours en marche.

Que la première destination de ce voyage planétaire sera le continent européen.

Que nous naviguerons vers les terres européennes. Que nous partirons et que nous appareillerons depuis les terres mexicaines, au mois d’avril de l’année 2021.

Qu’après avoir parcouru différents recoins de l’Europe d’en bas et à gauche, nous arriverons à Madrid, la capitale espagnole, le 13 aout 2021 — cinq cents ans après la prétendue conquête de ce qui est aujourd’hui Mexico. Et que, tout de suite après, nous reprendrons la route.

Que nous parlerons au peuple espagnol. Non pas pour menacer, reprocher, insulter ou exiger. Non pas pour exiger qu’il nous demande pardon. Non pas pour les servir ni pour nous servir.
Nous irons dire au peuple d’Espagne deux choses simples :

Un. Qu’ils ne nous ont pas conquis. Que nous sommes toujours en résistance et en rébellion.

Deux. Qu’ils n’ont pas à demander qu’on leur pardonne quoi que ce soit. Ça suffit de jouer avec le passé lointain pour justifier, de façon démagogique et hypocrite, les crimes actuels et qui continuent : l’assassinat de lutteurs sociaux, comme le frère Samir Flores Soberanes, les génocides que cachent des mégaprojets conçus et réalisés pour contenter le puissant — celui-là même qui sévit dans tous les coins de la planète —, l’encouragement par le financement et l’impunité des paramilitaires, l’achat des consciences et des dignités pour trente deniers.

Nous, hommes, femmes, femmes-hommes zapatistes, nous NE voulons PAS revenir à ce passé, ni seuls ni encore moins en compagnie de qui veut semer la rancœur raciale et prétend alimenter son nationalisme réchauffé avec la supposée splendeur d’un empire, celui des Aztèques, qui a crû au prix du sang de leurs semblables, et qui veut nous convaincre qu’avec la chute de cet empire nous, peuples originaires de ces terres, avons été vaincus.

Ni l’État espagnol ni l’Église catholique n’ont à nous demander pardon de quoi que ce soit. Nous ne nous ferons pas l’écho des charlatans qui se valent de notre sang et ainsi cachent que leurs mains en sont tachées.

De quoi l’Espagne va-t-elle nous demander pardon ? D’avoir enfanter Cervantès ? José Espronceda ? León Felipe ? Federico García Lorca ? Manuel Vázquez Montalbán ? Miguel Hernández ? Pedro Salinas ? Antonio Machado ? Lope de Vega ? Bécquer ? Almudena Grandes ? Panchito Varona, Ana Belén, Sabina, Serrat, Ibañez, Llach, Amparanoia, Miguel Ríos, Paco de Lucía, Victor Manuel, Aute toujours ? Buñuel, Almodóvar et Agrado, Saura, Fernán Gómez, Fernando León, Bardem ? Dalí, Miró, Goya, Picasso, Le Greco et Velázquez ? Une des meilleures parts de la pensée critique mondiale, sous le sceau du Ⓐ libertaire ? L’exil ? Le frère maya Gonzalo Guerrero ?

De quoi va nous demander pardon l’Église catholique ? De la venue de Bartolomé de las Casas ? De don Samuel Ruiz García ? D’Arturo Lona ? De Sergio Méndez Arceo ? De la sœur Chapis ? Des présences des prêtres, sœurs religieuses et séculaires qui ont cheminé au côté des peuples originaires sans les diriger ni les supplanter ? De ceux qui risquent leur liberté et leur vie pour défendre les droits humains ?

En l’année 2021 il y aura vingt ans de la Marche de la couleur de la terre, celle que nous avons réalisée avec les peuples frères du Congrès national indigène pour exiger une place dans cette nation qui maintenant est en train de s’effondrer.

Vingt ans après nous naviguerons et marcherons pour dire à la planète que, dans le monde que nous sentons dans notre cœur collectif, il y a de la place pour toutes, tous, tou·te·s. Purement et simplement parce que ce monde n’est possible que si toutes, tous, tou·te·s, nous luttons pour le construire.

Les délégations zapatistes seront conformées en majorité de femmes. Non seulement parce qu’elles veulent ainsi rendre l’embrassade qu’elles ont reçue dans les rencontres internationales précédentes. Mais aussi, et surtout, pour que nous, hommes zapatistes, manifestions clairement que nous sommes ce que nous sommes, et que nous ne sommes pas ce que nous ne sommes pas, grâce à elles, à cause d’elles et avec elles.

Nous invitons le CNI-CIG à former une délégation pour nous accompagner et qu’ainsi notre parole soit plus riche pour l’autre qui lutte au loin. Nous invitons en particulier une délégation des peuples qui portent haut le nom, l’image et le sang du frère Samir Flores Soberanes, pour que leur douleur, leur rage, leur lutte et leur résistance parvienne plus loin.

Nous invitons ceux qui ont pour vocation, engagement et horizon les arts et les sciences à accompagner, à distance, nos navigations et notre marche. Et qu’ainsi ils nous aident à diffuser ce qu’en ceux-ci, les sciences et les arts, contient la possibilité non seulement de la survie de l’humanité, mais aussi celle d’un monde nouveau.

En résumé : nous partons pour l’Europe au mois d’avril de l’année 2021. La date et l’heure ? Nous ne le savons pas… encore.

Compañerascompañeroscompañeroas,
Sœurs, frères et sœurs-frères,

Ceci est notre détermination :

Face aux trains puissants, nos canots.

Face aux centrales thermoélectriques, les petites lumières que nous, femmes zapatistes, avons données à garder aux femmes qui luttent dans le monde entier.

Face aux murs et frontières, notre navigation collective.

Face au grand capital, une parcelle de maïs en commun.

Face à la destruction de la planète, une montagne naviguant au point du jour.

Nous sommes zapatistes et porteur·se·s du virus de la résistance et de la rébellion. En tant que tels, nous irons dans les cinq continents.

C’est tout… pour l’instant.

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain.
Au nom des femmes, des hommes et des autres zapatistes.
Sous-commandant insurgé Moisés
Mexique, octobre 2020.

P-S : Oui, c’est la sixième partie et, comme le voyage, elle continuera en sens inverse. C’est-à-dire que la suivra la cinquième partie, puis la quatrième, ensuite la troisième, elle continuera avec la deuxième et finira avec la première.

Traduit de l’espagnol (Mexique) par Joani Hocquenghem

Texte d’origine : Enlace Zapatista

 

 

30/08/2020

1914-1918 - Des Amérindiens dans les tranchées

 

Je l'ai découvert dans le superbe et terrible livre que je viens de terminer, "Le chemin des âmes" de Joseph Boyden dans lequel il est mentionné.

"Le soldat amérindien le plus médaillé durant la Première Guerre mondiale a été le caporal Francis Pegahmagabow. Né le 9 mars 1891 et décédé le 5 août 1952, il a reçu trois fois la Médaille militaire et a été blessé sérieusement deux fois au combat. Membre d’un commando d’attaque des tranchées et tireur d’élite, celui que ses camarades appellent « Peggy », reste le soldat amérindien le plus décoré de l'histoire militaire canadienne."

Il est ensuite devenu un des premiers à lutter pour les droits des peuples autochtones.

"S’il est si difficile de retrouver la trace des combattants amérindiens du conflit de 14-18, c’est notamment parce lors de leur engagement, ils le faisaient sous un nom d’emprunt, à consonance francophone ou anglophone, héritage des écoles blanches obligatoires. Il n’était pas de bon ton en effet, dans le Canada de l’époque, de mettre en avant la part que prenaient ces populations à la Première Guerre mondiale. "

Assez bon pour mourir, mais pas assez sous leur propres noms....!!!

 

"Fins tireurs, éclaireurs exceptionnels, leurs qualités de chasseurs résistants et rusés trouvèrent à s’employer tout naturellement au combat. Pour ceux qui revinrent à la vie civile, la reconnaissance de la patrie s’était arrêtée en 1918. De retour chez eux, plusieurs ont constaté que leurs terres avaient été attribuées à d’anciens combattants blancs…"................

 

Lire le document en entier :

https://webdoc.rfi.fr/amerindiens-grande-guerre-1914-1918...

 

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Tranchée allemande abandonnée - Bataille du bois Delville - Picardie - septembre 1916

 

 

[…] Quelqu’un que j’connais pas avec
une rivière un moulin
avec une femme comme toi
qui chérit aussi bien
Demain j’vas l’tuer pour rien […]

Richard Desjardins, auteur-compositeur québécois dans sa chanson Vimy, 2017

 

 

 

 

 

13/08/2020

INVASION

INVASION

 

En cette époque de « réconciliation », les territoires autochtones ne cessent d’être saisis de force. Le nouveau film INVASION porte sur la résistance du campement Unist’ot’en, du point d’accès Gidimt'en et de l’ensemble de la nation Wet’suwet’en contre la violence coloniale du gouvernement canadien et des grandes entreprises.

La version complète du film sera accessible en 2020.

Le campement Unist’ot’en joue une rôle phare dans la résistance depuis près de dix ans. Il représente un espace de guérison pour les personnes autochtones comme pour les colonisatrice-teur-s, ainsi qu’un exemple concret de décolonisation. L’injonction temporaire de TC Energy (anciennement TransCanada)/Coastal GasLink a été dévastatrice. Face à la violence, aux dommages environnementaux et au mépris des droits humains qui en ont découlé, la lutte est loin d’être terminée.

 

Février 2020.....

En savoir plus en temps réel : http://unistoten.camp/

 

 

 

 

08/05/2019

Le chant de la forêt de Renée Nader Messora et João Salaviza (2019)

 

 

 

Ce soir, dans la forêt qui encercle ce village au nord du Brésil, le calme règne.
Ihjãc, un jeune indigène de la tribu Krahô marche dans l’obscurité, il entend le chant de son père disparu qui l’appelle. Il est temps pour lui d’organiser la fête funéraire qui doit libérer son esprit et mettre fin au deuil. Habité par le pouvoir de communiquer avec les morts, Ihjãc refuse son devenir chaman. Tentant d’échapper à son destin, il s’enfuit vers la ville et se confronte alors à une autre réalité : celle d’un indigène dans le Brésil d’aujourd’hui.

Casting : Henrique Ihjãc Krahô, Raene Kôtô Krahô
Et les habitants du village de Pedra Branca - Territoire Indigène de Krahô

Date de sortie : Le 8 mai 2019 au cinéma

 

 

09/01/2019

Le réseau des centres de savoirs amazoniens et des cultures ancestrales en Guyane

 

La Guyane française est un département d’outre-mer en Amérique du Sud peu connu et peu valorisé, pourtant très riche culturellement et naturellement. Ses peuples autochtones font face à une véritable crise de sens, déchirés entre leurs traditions ancestrales et l’évolution d’une société qui tente de les assimiler malgré leurs différences et réticences. Leur culture, leurs structures traditionnelles, leurs liens à la terre sont extrêmement menacés. Dans ce contexte, la Jeunesse Autochtone de Guyane cherche à reconstruire et affirmer son identité culturelle, à travers la ré-appropriation des savoirs de leurs ancêtres.

En partenariat avec les peuples guyanais, et avec la JAG, Nature Rights initie la création d’un réseau de centres de savoirs ancestraux amazoniens en s’appuyant sur les initiatives et projets autochtones réparties sur l’ensemble du territoire guyanais. L’objectif est de soutenir et accompagner des projets en herbe ayant pour objet « d’assurer la reconstitution, l’accessibilité et la transmission des savoirs et savoir-faire des Peuples Autochtone de Guyane, d’Amazonie et du monde ».

En Guyane française existent de nombreuses initiatives visant à promouvoir la biodiversité et les savoirs traditionnels guyanais, mais elles ne reçoivent que peu d’aide financière ou d’accompagnement dans la gestion. De ce fait, l’ESF entend co-construire avec les porteurs de projet une stratégie globale d’accompagnement et de mise en réseau des dynamiques locales afin partager des outils, des méthodes et des contenus. L’objectif est de soutenir des initiatives participant à la reconstitution du patrimoine culturel Amérindien d’une part, et d’autre part au renforcement de la capacité de résilience des communautés par les échanges culturels et l’ouverture sur le monde.

De nombreux projets sont actuellement en cours d’étude : à Trois Sauts, à Awala Yalimapo, en terre Wayana et à Saint-Laurent du Maroni. L’objectif est d’essaimer le concept sur tout le territoire guyanais en soutenant les communautés dans le développement de petits centres dans les villages.

Le modèle comporte un volet physique et un volet numérique. Il s’appuie d’une part sur des initiatives physiques locales afin de soutenir la transmission des savoirs, savoirs-faires traditionnels et l’entreprenariat local qui valorise les ressources culturelles ainsi que la biodiversité guyanaise. D’autre part, l’initiative s’appuie sur une interface qui va permettre la collecte et le partage d’informations concernant les de ressources relatives aux peuples autochtones. Le réseau sera aussi utilisé pour valoriser et diffuser les expériences locales et les savoirs-faires traditionnels.

Cette initiative est inspirée de Yorenka Atame, l’école des savoirs de la forêt développé par la communauté Ashaninka au Brésil. Ce centre recense, produit et diffuse des pratiques durables de gestion des ressources naturelles, fondées sur les savoirs traditionnels autochtones. Une visite des porteurs de projets autochtones guyanais à Yorenka Atame est en cours d’organisation en juillet 2018, pour leur permettre de mieux s’approprier le projet et de l’adapter aux circonstances locales. Voir Bio Benki Piyako Voir Rencontre Benki / JAG

A terme, le projet vise à valoriser l’identité et les savoirs autochtone en dehors du territoire guyanais afin d’ouvrer en faveur de leur reconnaissance par l’Etat français et participer à la souveraineté sur leur territoire et sur leurs modes de vies. Il s’agira par ailleurs de promouvoir des alternatives de développement valorisant les ressources culturelles et naturelles de la région, tel que le soutien aux productions locales artisanales, afin de participer à l’autonomie  des communautés et ainsi promouvoir un développement respectueux de la nature et de l’homme en Guyane.

 

Source : http://www.naturerights.com/blog/?p=1897

 

 

 

27/10/2018

Laissez-nous faire d'Oren Ginzburg

Regardez ce petit dessin animé satirique d'Oren Ginzburg, auquel l'acteur britannique David Mitchell prête sa voix (sous-titrée en français) pour raconter comment les peuples indigènes sont détruits au nom du 'développement :

https://www.survivalinternational.fr/videos/laisseznousfa...

 

 

 

 

11/09/2018

Brésil - Sans savane, pas de vie

 

La pétition en ligne ici : 

https://agir.actionaid.fr/cerrado/?segment=0&utm_sour...

Les peuples autochtones et les communautés rurales qui vivent depuis des millénaires dans la savane du Cerrado réclament la protection de leur territoire.

 

Leur survie est menacée par l'expansion illimitée de l'agro-industrie pour la production d'eucalyptus, de soja et de bétail : plus de la moitié de la savane a déjà été dévastée.

 

Soutenons les gardien∙ne∙s de l’eau et de la biodiversité du Cerrado, qui demandent à leurs député∙e∙s d'accorder à leur territoire le statut de patrimoine national.

 

83 peuples autochtones

vivent dans le Cerrado, ainsi que des communautés fondées dès le XVIème siècle par d'ancien·ne·s esclaves (Quilombos) et d’autres communautés traditionnelles vivant de l’agriculture familiale, de la pêche et d’autres activités qui contribuent à entretenir un écosystème unique au monde.

LES DEGATS DE L'AGRO-INDUSTRIE

La savane du Cerrado occupe le quart du territoire brésilien, dans la zone centrale du Brésil, et s'étend sur 11 Etats. Ce « biome » est considéré comme le « berceau de l'eau du continent » car il alimente les plus grands bassins d'eau d'Amérique du Sud.

La principale menace à la survie du Cerrado est l'expansion illimitée de l'agro-industrie pour la production d'eucalyptus, de soja et de bétail. Entre 1988 et 2008, la production de soja dans le Cerrado est ainsi passée de 418 400 à 5,7 millions de tonnes. Elle a dépassé les 10 millions de tonnes en 2015. Et rien n’indique que les autorités brésiliennes ont l’intention de mettre fin à cette folie destructrice.

Ainsi une dépêche AFP du 9 juillet 2018 vantait des « terres disponibles et bon marché » avec « des conditions excellentes pour l'ouverture de champs immenses et l'exploitation agricole mécanisée et irriguée. »

9 500 km²

environ de savane ont été dévastés en 2015, soit une superficie plus grande que la Corse, entraînant la perte de plus de la moitié de la forêt indigène. C'est deux fois plus rapide que la déforestation de la forêt amazonienne.

LA RESISTANCE S'ORGANISE

Les peuples autochtones et les communautés rurales qui vivent dans le Cerrado ont développé une connaissance approfondie de la savane et de ses 12 000 espèces végétales, aux nombreuses vertus médicinales et nutritionnelles.

Leur mode de vie et leurs méthodes de culture, de pêche ou de cueillette contribuent à la préservation d'un écosystème unique au monde.

Aujourd'hui, les habitantes et les habitants de la savane s'unissent pour défendre leur souveraineté alimentaire.

« Nous faisons appel à la solidarité internationale parce que beaucoup d'argent provenant des Etats-Unis, d'Allemagne, de Suède ou des Pays-Bas est investi dans la déforestation du Cerrado et l'expulsion des habitant·e·s. »

« PAS DE CERRADO, PAS D'EAU, PAS DE VIE »

C’est le slogan que plus de 50 organisations brésiliennes ont choisi pour défendre le Cerrado contre la déforestation, la pollution et l'assèchement qu'entraîne l'expansion de l'agro-industrie.

Elles veulent pousser le parlement brésilien à conférer au Cerrado le statut de patrimoine national, qui protège déjà l'Amazonie, le Pantanal et la forêt atlantique depuis 1989.

20%

des réserves en eau de la planète se trouvent au Brésil. Pourtant les pénuries se sont multipliées ces dernières années dans le pays, où l’irrigation représente désormais 72 % de la consommation d’eau...

UNE ETAPE DECISIVE A FRANCHIR

Un projet de loi visant à conférer au Cerrado le statut de patrimoine national a été présenté au Congrès brésilien en 2010 et approuvé par le Sénat en 2013. Depuis lors, la Chambre des député∙e∙s n’a pas examiné ni adopté ce projet de loi. Or la Chambre des député∙e∙s va être renouvelée lors des prochaines élections d’octobre 2018.

Les gardien∙ne∙s du Cerrado veulent profiter de cette nouvelle donne pour pousser les député∙e∙s brésilien∙ne∙s à faire de la protection du Cerrado une priorité de leur mandat.

Ces communautés ont lancé des appels à la solidarité internationale, et leur pétition a déjà recueilli plus de 250 000 signatures au Brésil et dans les Amériques...

 

En signant cette pétition, vous demandez à la prochaine Chambre des député∙e∙s brésilienne de conférer au Cerrado le statut de patrimoine national.

Vos signatures lui seront remises par les représentant·e·s des communautés du Cerrado.

 

 

 

 

25/07/2018

Vient de paraître : Masayestewa. Un fermier hopi de Marie Cayol

 

2otqv.pngDernière pièce d'une tétralogie
sur les Natifs du Sud-Ouest de l’Amérique septentrionale…



chez Cardère éditeur dans la collection
"ART HISTOIRE ET PATRIMOINE"


Préface Jo Pacini
couverture et illustrations Pierre Cayol
152 pages, format 16,5 x 24
prix public 18€ port compris

Le climat aride a toujours été une contrainte forte en Arizona. Enclavé dans le territoire navajo, le peuple hopi a su adapter la culture du maïs – sa nourriture de base – pour survivre. De cette exigence pédoclimatique est née toute la philosophie hopi.
À travers le quotidien de Masayestewa, ses paroles de sagesse et les expériences que Marie et Pierre Cayol partagent à ses côtés au cours des séjours nombreux depuis 1981, Marie nous guide dans l’univers hopi qui forme un monde à part et perdure depuis plus de mille ans. Le travail d’agriculteur de Masayestewa, réglé sur le cycle des saisons, est inséparable de sa fonction de chef spirituel qui organise des rituels au cours desquels interviennent les Katsinas – danseurs masqués représentant les esprits de la nature – pour demander la pluie.
Ce livre témoigne de l’attachement des Hopis à vivre, se perpétuer et prospérer à l’endroit où ils se trouvent dans une relation forte, intime, pure, brute, à leur environnement, et dans le respect des traditions et des autres cultures. Il clôt une tétralogie concernant les quatre populations les plus connues des Natifs du sud-ouest de l’Amérique septentrionale :
Apaches – Le Peuple de la Femme peinte en Blanc a paru en 2006 aux Éditions le Rocher (coll. Nuage rouge)
Navajo Mountain – La Tête de la Terre-mère – Naatsis’ààn est publié en 2010 chez Cardère éditeur
Chez les Pueblos du Nouveau-Mexique est sorti en 2015 chez OD Éditions (coll. Indiens de tous pays).

 

Lire les premières pages, commander : 

https://cardere.fr/art-histoire-patrimoine/149-masayestew...

 

 

 

25/05/2018

Martin Gusinde - L’esprit des hommes de la Terre de Feu, Selk’nam, Yamana, Kawésqar

 

 

 

Dans cette vidéo, Xavier Barral nous raconte l'histoire de ce projet : de la découverte des images de Martin Gusinde en Terre de Feu jusqu'à la réalisation avec Christine Barthe du livre et de l'exposition "L'esprit des hommes de la Terre de Feu, Selk'nam, Yamana, Kawésqar" (Éditions Xavier Barral, 2015).

À travers quatre voyages en Terre de Feu entre 1918 et 1924, le photographe et missionnaire allemand Martin Gusinde est l’un des rares occidentaux à vivre parmi les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar et à être introduit au rite initiatique du Hain. Les 1200 clichés qu’il rapporte constituent un témoignage unique sur ces peuples aujourd’hui disparus.

 

Disparus c'est à dire massacrés....


À partir de 1880 les estancieros ou propriétaires terriens, en grande partie d'origine britannique, commencèrent la colonisation du territoire selknam. Leurs territoires qui auparavant étaient un espace libre pour ces chasseurs nomades, furent parsemés de clôtures. Beaucoup de Selknams brisèrent les clôtures et chassèrent, pour se nourrir, les ovins importés, qu'ils appelèrent les «guanacos blancs». Ce fut le prétexte pour la mise en route d'un génocide oublié et volontairement ignoré. Les habitants ancestraux de la Terre de Feu furent dès lors chassés comme des bêtes et exterminés, enfants et bébés inclus. Les riches estancieros reçurent l'appui de troupes régulières de l'armée argentine et de tueurs à gage. Les valeureux indigènes de l'île essayèrent bien de se défendre. Mais leurs arcs et leurs flèches étaient dérisoires face à des fusils. Quelques-uns survécurent dans des missions salésiennes. Peu après, des épidémies dues aux maladies contractées auprès des blancs achevèrent la sinistre besogne... Au fil des décennies, les quelques survivants disparurent. L'une des dernières Ona, appelée Ángela Loij, mourut en 1974. Le dernier représentant du peuple Selknam est décédé en 1999.


 Voir aussi :

http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2016/03/12/femm...

 

 

 

30/04/2018

Nous sommes l'humanité, un documentaire pour et avec les Jarawas d'Alexandre Dereims (2018)

 

pour en savoir plus à propos des Jarawas et agir :

https://www.survivalinternational.fr/peuples/jarawa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10/03/2018

El gran dragon, un documentaire de Gildas Nivet et Tristan Guerlotté (2012)

 

 

 

 

25/02/2017

Quatre banques françaises contre les Sioux du Dakota, expulsés par Trump

 

 

par Olivier Petitjean

Ce 22 février, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation du principal campement des Sioux et de leurs alliés qui s’opposaient encore à la construction de l’oléoduc Dakota Access, aux États-Unis. Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs arrestations et des incidents ont émaillé l’évacuation. Selon le compte-rendu du Guardian, deux mineurs auraient été victimes de brûlures graves suite à une explosion inexpliquée dans un tipi du camp.

L’oléoduc Dakota Access doit amener, sur plusieurs centaines de kilomètres, le pétrole de schiste extrait dans le Dakota du Nord vers l’Est des États-Unis. Une portion de cette infrastructure doit traverser, à proximité de la rivière Missouri, des terres ancestrales des Sioux, menaçant leurs sources d’eau potable. Après des mois de manifestations et d’occupation des terrains, l’administration Obama avait finalement bloqué le chantier et demander l’étude d’un tracé alternatif. Dès son arrivée à la Maison blanche, Donald Trump a cassé cette décision et ordonné la reprise rapide des travaux. Le nouveau président possède des actions dans Energy Transfer Partners (ETP), l’entreprise qui construit l’oléoduc, et compte parmi ses plus proches alliés un magnat du pétrole de schiste (lire notre article).

Les banques françaises débloquent des fonds supplémentaires

La lutte se poursuit sur le terrain juridique, les Sioux ont déposé un recours contre le décret de Donald Trump. Une autre bataille importante se déroule autour du financement du projet par plusieurs banques, invitées par les opposants à rompre leurs liens avec Energy Transfer Partners. Les pétitions ont reçu plus de 700 000 signatures. Plusieurs banques européennes sont concernées, dont les françaises BNP Paribas, Société générale, Natixis et le Crédit agricole.

« La banque néerlandaise ABN Amro a annoncé le 2 février qu’elle arrêterait toute relation avec Energy Transfer Equity, la principale entreprise derrière le projet, et la banque suédoise Nordea a carrément exclu les trois principales entreprises du projet, souligne Lucie Pinson, de l’association Les Amis de la Terre. Malheureusement, jusqu’à présent, les banques françaises n’ont pris aucun engagement similaire. Natixis et Crédit Agricole ont même récemment refinancé ETP. » Les grandes banques françaises avaient répondu à ces interpellations en indiquant qu’elles attendaient les résultats d’une expertise sur le projet et la consultation des populations concernées pour se prononcer.

En attendant, les affaires continuent. Selon les données collectées par les Amis de la Terre et l’organisation spécialisée Banktrack, Natixis et le Crédit agricole ont débloqué en janvier, au moment de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, plusieurs dizaines de millions de dollars au profit d’Energy Transfer Partners (72 millions pour Natixis et 35 millions pour le Crédit agricole). Aux côtés de BNP Paribas, elles auraient également participé à un prêt pour la même entreprise de 2,2 milliards de dollars au début du mois de février.

Olivier Petitjean

Lire aussi : Les grandes banques françaises derrière le projet d’oléoduc combattu par les Sioux

 

 

11/01/2017

Sur la piste du mythe du chef Seattle

 

Par Olivier Le Naire avec Philippe Coste (aux Etats-Unis), publié le
source : L'Express
La seuls photo connue du chef Seattle. Sa légende commence en 1887, quand le Seattle Sunday Star publie une première transcription de ses propos.

La seuls photo connue du chef Seattle. Sa légende commence en 1887, quand le Seattle Sunday Star publie une première transcription de ses propos.

DR

Tout beau, tout faux: l'Express part sur la trace de quelques cas exemplaires de mystification. Fin du bal avec le discours de ce chef amérindien, en 1854, chantant ses terres et sa civilisation. Un texte devenu culte pour les Américains... jusqu'à ce que l'on découvre que la parole du vieux sage avait été tronquée, déformée, récupérée.

D'abord se laisser bercer par ce texte comme on écouterait couler une rivière, s'abandonner à sa beauté, sa poésie, sa pureté. Puis frémir lorsqu'il s'agite, gronde et se révolte. Respecter ses silences aussi. Nous sommes en 1854, sur les territoires encore sauvages du Nord-Ouest américain. A Washington, Franklin Pierce, 14e président des Etats-Unis, a confié à son chargé des Affaires indiennes la délicate mission de négocier l'achat de 2,5 millions d'acres (plus de 1 million d'hectares!) de leurs terres ancestrales aux peuples indiens Duwamish et Suquamish. Ecoutons, dans une de ses multiples traductions françaises, la longue réponse orale du chef Seattle - il a depuis donné son nom à la capitale de l'aéronautique américaine- à cette proposition. 

"Peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre? Etrange idée pour nous! Si nous ne sommes pas propriétaires de la fraîcheur de l'air, ni du miroitement de l'eau, comment pouvez-vous nous l'acheter? Le moindre recoin de cette terre est sacré pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisante, chaque grève sablonneuse, chaque écharpe de brume dans le bois noir, chaque clairière, le bourdonnement des insectes, tout cela est sacré dans la mémoire et la vie de mon peuple. La sève qui coule dans les arbres porte les souvenirs de l'homme rouge. Les morts des hommes blancs, lorsqu'ils se promènent au milieu des étoiles, oublient leur terre natale. Nos morts n'oublient jamais la beauté de cette terre, car elle est la mère de l'homme rouge; nous faisons partie de cette terre comme elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos soeurs, le cerf, le cheval, le grand aigle sont nos frères; les crêtes des montagnes, les sucs des prairies, le corps chaud du poney, et l'homme lui-même, tous appartiennent à la même famille." On imagine volontiers la stupeur du gouverneur Stevens, le représentant de Washington, en entendant cette adresse qu'il est chargé de transmettre au président des Etats-Unis. Surtout quand, durant tout ce discours long d'une demi-heure, le grand Seattle garde une main posée sur la tête de son interlocuteur, connu pour sa petite taille. 

 

Seattle poursuit : "L'eau étincelante des ruisseaux et des fleuves n'est pas de l'eau seulement; elle est le sang de nos ancêtres. [...] Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos pensées. Pour lui, un lopin de terre en vaut un autre, car il est l'étranger qui vient de nuit piller la terre selon ses besoins.  

Le sol n'est pas son frère, mais son ennemi, et quand il l'a conquis, il poursuit sa route. Il laisse derrière lui les tombes de ses pères et ne s'en soucie pas. [...] Apprenez à vos enfants ce que nous apprenons à nos enfants, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. Lorsque les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes. Nous le savons : la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Nous le savons: toutes choses sont liées comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses sont liées." 

 

Ces paroles sont devenues quasi sacrées aux Etats-Unis, où la repentance pour les exactions commises contre les "natives" a commencé à prendre sa véritable ampleur voilà une cinquantaine d'années. A l'entrée des réserves, dans les musées et les parcs, le discours de Seattle est affiché partout. Le livre pour adolescents Brother Eagle, Sister Sky, reprenant le "discours du chef Seattle", agrémenté de dessins de l'illustratrice Susan Jeffers, s'est vendu à plusieurs millions exemplaires dans le monde. Et chaque année, à la Journée de la Terre, il est lu religieusement dans des centaines de villes. Al Gore, dans son livre Sauver la planète Terre, publié en 1992, a repris de longs passages de ce fameux discours. Même George W. Bush y fait régulièrement allusion. 

Incohérences et anachronismes

Las, ce texte digne d'un Abraham Lincoln ou d'un Martin Luther King défendant la cause des Indiens d'Amérique est un faux. Ou plutôt une copie du discours original de Seattle, mais une copie déformée, triturée, arrangée au fil de l'Histoire et des intérêts de ceux qui voulaient s'accaparer non seulement sa mémoire, mais aussi ses mots. Car cette version moderne du texte, qui a tant de succès encore aujourd'hui, a été rédigée en... 1971, par un certain Ted Perry - scénariste texan à qui la commission de radio et de télévision baptiste du Sud avait commandé un film sur l'environnement. Lorsque ledit film est diffusé quelques mois plus tard sur la chaîne ABC, les producteurs se gardent bien de préciser que ces paroles attribuées à Seattle ne sont qu'une très libre adaptation du discours d'origine. Et c'est ainsi que, bouleversés par ce discours, des milliers de téléspectateurs réclament le texte de Perry, qui va alors se répandre comme une traînée de poudre. 

Seuls quelques connaisseurs ou érudits- en particulier parmi les Indiens de la réserve des Duwamish- relèvent à l'époque les incohérences ou anachronismes de ce vrai-faux discours. Il faudra attendre le tout début des années 1990 pour qu'un ethnologue allemand, Rudolf Kaiser, dévoile la vérité.  

SOLENNEL Poster récent reprenant des éléments du discours de Seattle, dont le fameux "la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre".

SOLENNEL Poster récent reprenant des éléments du discours de Seattle, dont le fameux "la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre".   DR

Comment Seattle aurait-il pu, en effet, regretter la "vue des collines en pleine fleur ternie par des fils qui parlent", quand, relève Kaiser, le télégraphe ne devait faire son apparition sur ces terres que plusieurs années plus tard? Comment le vieux chef aurait-il pu voir "un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l'homme blanc qui les avait abattus d'un train qui passait", quand il est aujourd'hui prouvé qu'il n'y avait, à cette époque et en ce lieu, pas plus de bisons sur la prairie (ils paissaient à 1 000 kilomètres de là!) que de "cheval de fer fumant", cette ligne ayant été construite bien plus tard? 

Un texte reconstitué de mémoire

Alors, un imposteur, Perry? Pas vraiment. Ou alors imposteur malgré lui, car le malentendu qui subsiste encore aujourd'hui est dû à une cascade assez extraordinaire de circonstances et de louvoiements avec la vérité qui montrent comment se construisent les mythes. 

Ted Perry, faussaire malgré lui.

Ted Perry, faussaire malgré lui.    DR

Le début de l'imposture remonte au 29 octobre 1887, lorsque, trente-trois ans après les faits, le Seattle Sunday Star publie, sous la signature du Dr Henry Smith, la première transcription écrite des propos. Smith, qui était présent à l'entrevue d'origine entre le chef indien et le gouverneur Stevens, donne une version pour le moins personnelle de ce texte, qu'il reconstitue de mémoire, et dans un style emphatique à consonance très catholique qui n'a, d'après les spécialistes, pas grand-chose à voir avec la façon dont Seattle devait s'exprimer. Par-delà les questions de langage ou les flous de la mémoire, David Buerge, un des grands spécialistes de l'histoire du Nord-Ouest américain, explique aujourd'hui à L'Express: "Cette transcription de Smith s'inscrit dans un contexte particulier. Il la publie au moment où une certaine classe moyenne commence à débarquer à Seattle et supplante les pionniers. Voilà pourquoi il tend à faire, volontairement ou non, un parallèle entre le sort de ces pionniers et celui des Indiens." 

Durant près d'un siècle, de multiples versions de ce texte vont circuler. Le fameux discours est, par exemple, souvent cité par les journaux américains lors de la crise économique et sociale des années 1930. Mais, cette fois, pour rappeler que ceux qui détiennent le pouvoir ou l'argent doivent se montrer justes avec leur peuple. Seattle, défenseur des opprimés! Jusqu'au jour où, en 1969, un professeur de littérature de l'université du Texas - William Arrowsmith- restitue ce discours dans une adaptation plus moderne, le publie, et... le lit en public lors du premier Jour de la Terre, en avril 1970.  

PIEDESTAL Statue du chef, érigée à Seattle en 1912.

PIEDESTAL Statue du chef, érigée à Seattle en 1912.       DR

C'est le moment où la vague écologiste et hippie déferle sur une Amérique qui, en pleine guerre du Vietnam, doute de ses valeurs comme de son modèle, synonyme, aux yeux de beaucoup, de gaspillage, de pollution, de domination. Parmi les auditeurs d'Arrowsmith, le scénariste Ted Perry, qui prépare justement un film écologiste. Il s'empare donc du personnage et du discours de Seattle pour réaliser une oeuvre de semi-fiction, avec le succès que l'on sait. 

La puissance d'un mythe se mesure sans doute au fait que, même lorsque l'on sait qu'il ne s'appuie pas sur une base réelle, on désire encore y croire. C'est le cas de ce discours fameux, qui continue à être une référence même si, dans la foulée des révélations de l'Allemand Rudolf Kaiser, le New York Times a publié, en 1992, un article expliquant la vérité. Dans une lettre à Kaiser, Perry a confessé qu'"il avait été horrifié" de voir son adaptation confondue avec le véritable discours du chef Seattle, et le mythe devenir plus fort que la réalité. Il va même plus loin : "Pourquoi sommes-nous si disposés à accepter un texte de la sorte lorsqu'il est attribué à un chef indien? Parce que nous voulons placer les premiers habitants de ce continent sur un piédestal pour esquiver la responsabilité de nos actes."L'autre explication est aussi, peut-être, que Perry a trop bien travaillé. Et son texte, fidèle à l'esprit sinon à la lettre des propos du vieux chef, résonne si juste aux oreilles d'un monde à la dérive que l'on en a besoin aujourd'hui. Mais quand David Buerge parle, à propos de Seattle, du "plus grand prophète manufacturé" de notre époque, il pourrait aussi rappeler les cas de Jésus ou Mahomet. Leurs paroles, elles aussi, ont été si déformées qu'ils ne les reconnaîtraient sans doute pas aujourd'hui. 

 

 

 

09/01/2017

Équateur. Des défenseurs des droits des peuples autochtones en danger après l’arrestation de leur chef

 

Publié le 04.01.2017.  Source : Amnesty International

Le 21 décembre, des agents de la police nationale sont entrés de force dans les locaux de la Fédération interprovinciale des centres shuars et achuars, dans la province de Morona Santiago, et ont arrêté le chef de cette organisation, Agustín Wachapá.

Son arrestation s’ajoute à une série d’actes de violence, de harcèlement et de pression subis par des membres de la communauté indigène shuar aux mains des autorités de l’État en raison de leur opposition à un projet de mine de cuivre à Morona Santiago.

Parallèlement à l’arrestation d’Agustín Wachapá, le ministère de l’Intérieur a déposé plainte le 20 décembre contre l’organisation équatorienne Action écologique, qu’il accuse de violences après la publication sur ses réseaux sociaux d’informations évoquant l’impact environnemental que pourraient avoir les activités minières dans cette région et les atteintes aux droits humains que le projet risquerait d’entraîner.

Face à cette procédure administrative, Action écologique risque d’être fermée avant la fin de l’année 2016.

« Les autorités équatoriennes sont tenues de protéger le peuple shuar des attaques qui le visent, et elles ne doivent pas imposer d’états d’urgence ni arrêter des dirigeants autochtones. Ces actes d’intimidation ne font qu’accroître les tensions et menacer les vies d’encore plus de personnes », a déclaré María José Veramendi, chercheuse d’Amnesty International chargée de l’Amérique du Sud.

Amnesty International appelle les autorités de l’Équateur à respecter scrupuleusement les garanties d’une procédure régulière dans le cas d’Agustín Wachapá et à mettre fin à l’état d’urgence et aux actes de harcèlement dans la province de Morona Santiago. L’organisation demande en outre au ministère de l’Intérieur d’abandonner sa demande de dissolution et de fermeture d’Action écologique, de garantir les droits de la défense tout au long de la procédure administrative et d’appliquer les recommandations figurant dans la résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies relative à la protection des défenseurs des droits humains, qu’il s’agisse d’individus, de groupes ou d’institutions, qui interviennent dans le domaine économique, social ou culturel.

 

 

30/12/2016

Aaron Huey - la vraie histoire des prisonniers de guerre indigènes des Etats-Unis

L'effort d'Aaron Huey pour photographier la pauvreté en Amérique l'a conduit dans la réserve indienne de Pine Ridge, où la lutte du peuple indigène Lakota — ignorée malgré la situation effroyable — l'a forcé à ré-orienter son travail. Dix ans plus tard, ses photos obsédantes s'entremêlent avec une leçon d'histoire choquante (la vraie histoire) dans cette allocution à TEDxDU.

 

 

 

 

 

 

02/12/2016

Standing Rock contre le pipeline du Nord du Dakota

 

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(Oceti Sakowin Camp - crédit photo : Sacred Land Film Project )

 

 

En savoir plus, soutenir :  http://standwithstandingrock.net/

 

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17/11/2016

Stévia: une douceur au goût amer

 

 
 

La stévia est présentée comme la dernière grande nouveauté en matière d’édulcorants. De plus en plus de produits « naturels » contenant de la stévia arrivent dans les rayons des grandes surfaces. En 2015, un rapport de Public Eye dévoilait pourtant la face cachée de ce marché très lucratif : les peuples guaranis du Paraguay et du Brésil, qui ont découvert les vertus édulcorantes de cette plante, ne bénéficient pas des retombées économiques de leur savoir ancestral. Mais aujourd’hui, la situation pourrait changer : certaines entreprises se montrent ouvertes aux discussions – et les Guaranis se mobilisent.

 
 

A qui profite la stévia?

A bon entendeur, RTS 1, 08.09.2015 : entretien avec Géraldine Viret, responsable communication de Public Eye (anciennement Déclaration de Berne)

Sur son site internet en Allemagne, Coca-Cola n’hésite pas à vanter les vertus de « la “Latina” la plus douce du monde ». Par cette comparaison douteuse, le géant d’Atlanta fait référence à la stévia, une plante originaire d’Amérique du Sud dont les extraits servent en partie d’édulcorant à la nouvelle déclinaison « Life » du célèbre soda. Soulignons la nuance : contrairement à ce que les commerciaux allemands laissent entendre, ce n’est pas la plante elle-même qui est utilisée, mais bien le glycoside de stéviol, une molécule extraite industriellement par une série de procédés chimiques complexes.

La marque états-unienne n’est de loin pas la seule à utiliser le pouvoir édulcorant de la stévia jusqu’à 300 fois supérieur à celui du sucre. Le glycoside de stéviol, qui présente aussi l’avantage de ne causer ni diabète ni caries, intéresse de plus en plus l’industrie agroalimentaire, notamment en raison de son coût de production attractif.

Un cas flagrant de biopiraterie

Boissons, chocolats, bonbons, de nouveaux produits dérivés du glycoside de stéviol ne cessent d’apparaître sur le marché. Pour 2015, son chiffre d’affaires – en forte croissance – est déjà estimé entre huit et onze milliards de francs. Une plante « miracle » au pouvoir naturellement sucrant utilisées par les Guaranis depuis des siècles qui conquiert le marché comme une alternative saine au sucre. Cela ressemble à s’y méprendre à un conte de fées moderne ! Mais qu’en est-il vraiment ? Le rapport « Stévia, une douceur au goût amer (PDF, 4.9 MB) » publié en novembre 2015 par Public Eye (anciennement Déclaration de Berne) dénonce la face cachée du boom des édulcorants dérivés de la stévia.

 
 
Les Guaranis face aux multinationales
La stévia est à la base d'un commerce très lucratif pour les multinationales agroalimentaires. Cette plante est de plus en plus utilisée dans l'industrie comme alternative saine au sucre. Les Guaranis, qui ont découvert ses vertus édulcorantes et l'utilisent depuis des siècles, ne profitent pas des retombées économiques de ce juteux commerce. Mais aujourd'hui, ils se mobilisent et revendiquent leurs droits.
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Des multinationales s’enrichissent aux dépens des Guaranis

La commercialisation du glycoside de stéviol est un cas classique de biopiraterie: une appropriation illégitime de ressources génétiques et du savoir traditionnel dont elles découlent. La Convention de l’ONU sur la diversité biologique, en vigueur depuis 1993, devrait précisément permettre d’empêcher ce genre d’abus, puisqu’elle prévoit que les populations autochtones doivent donner leur consentement à l’utilisation commerciale de «leurs» ressources («consentement préalable en connaissance de cause»). Elles doivent aussi bénéficier du partage équitable des avantages découlant de l’exploitation de ces ressources («accès et partage des avantages»). Concrètement, cela signifie que, si quelqu’un souhaite exploiter à des fins commerciales la stévia, alors les Guaranis et les Etats du Brésil et du Paraguay devraient avoir le choix d’y consentir ou non et, le cas échéant, ils devraient recevoir une partie des bénéfices engendrés.

Mais la réalité est tout autre. Et ce notamment car la Convention sur la diversité biologique et l’accord régissant sa mise en œuvre, le Protocole de Nagoya, ne sont pas suffisamment appliqués par certains pays et que d’autres – dont les Etats-Unis – ne les ont pas encore ratifiés. Ainsi, l’industrie agroalimentaire continue de s’enrichir impunément grâce à des ressources «dérobées». Actuellement, les petites exploitations qui cultivent de la stévia doivent se contenter d’un rôle de fournisseurs, pendant que quelques multinationales luttent à grand renfort de brevets pour obtenir leur part de ce juteux marché. A la fin de 2014, plus de 1000 demandes de brevets avaient déjà été déposées en lien avec la stévia, dont 450 portant spécifiquement sur les glycosides de stéviol. Parmi ces derniers, 46% ont été déposés par huit entreprises seulement. Au premier rang figurent les multinationales Cargill et Coca-Cola.

Recours à la biologie de synthèse

Le Paraguay et le Brésil jouent un rôle très modeste dans la vente de plantes de stévia aux entreprises qui en extraient les glycosides. En 2011, 80% de l’ensemble de la stévia destiné à une utilisation commerciale provenait de Chine. Le Paraguay n’en a produit que 5% et le Brésil 3%. Le plus souvent, la stévia est cultivée par de petits exploitants qui pratiquent la polyculture. Cette plante offre un vaste potentiel, car, en dépit du travail considérable qu’elle demande, son rendement est très intéressant. Les glycosides de stéviol de synthèse arriveront bientôt sur le marché et, s’ils parviennent à s’imposer, les pays qui cultivent la stévia n’auront plus que les yeux pour pleurer, et tous les bénéfices reviendront à de grandes entreprises de pays du Nord. Il est grand temps d'agir !

 
 
© Clerici / Public Eye
 
 

Depuis la publication du rapport, la situation évolue

Depuis la publication du rapport « Stévia, une douceur au goût amer (PDF, 4.9 MB) », en novembre 2015, Public Eye a engagé des discussions avec les principaux producteurs et utilisateurs d’édulcorants dérivés de la stévia. Un an plus tard, notre démarche commence à porter ses fruits : plusieurs sociétés approchées sont désormais prêtes à entamer des négociations en vue d’un partage juste et équitable des bénéfices avec les Guaranis. Et de leur côté, les Guaranis ont commencé à s'organiser.

Les Guaranis se mobilisent

Evénement exceptionnel : plus d’une centaine de représentants des communautés guaranies se sont rassemblés au Paraguay, début août 2016, pour demander un partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des vertus de « leur » stévia. Cela ne s’était plus vu depuis plusieurs années. Les Guaranis – Pai Tavytera du Paraguay et Kaiowa du Brésil – entretiennent de nombreux liens familiaux, mais séparés par la frontière, ils n’ont pas pour habitude de mener des actions politiques conjointes.

 
 

 

 
 

Les Guaranis sont déterminés à faire valoir leurs droits en tant que détenteurs du savoir traditionnel associé à la stévia. Ils accueillent favorablement la proposition de négocier un accord de partage des bénéfices avec les entreprises. Une forme de réalisme bien sûr : les Guaranis ne sont plus en position d’empêcher les géants de l’agroalimentaire d’utiliser la stévia et leurs savoirs. Ils entendent donc obtenir au moins une compensation. C’est l’accès à la terre qui est au centre de toutes leurs préoccupations. Leur espoir est que les retombées d’un éventuel accord pourraient leur permettre de récupérer une partie de leurs terres ancestrales et de reconstituer le territoire de la stévia.

En clôture de la réunion, une déclaration commune est adoptée pour demander « le respect de [leur] territoire, de [leur] vision du monde, de [leur] culture et de [leur] souveraineté » et, plus spécifiquement, pour exiger un partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation de leurs savoirs associés à la stévia. « Nous dénonçons les entreprises multinationales qui tirent profit de notre savoir et de notre biodiversité en utilisant et en commercialisant la « ka’a he’ê » (Stevia rebaudiana), sans que nous, les véritables propriétaires, les Pai Tavytera et les Kaiowa ayons été consultés. »

 
 

Des entreprises prêtes à dialoguer

Les entreprises sont-elles prêtes à négocier un accord de partage des bénéfices ? Pour le savoir, Public Eye a pris contact avec les principaux producteurs et utilisateurs d’édulcorants dérivés de la stévia, notamment au sujet d’un éventuel partage des bénéfices avec les Guaranis. Les premiers résultats sont encourageants : bien que quelques-unes des sociétés approchées se soient refusées à tout commentaire, plusieurs autres sont désormais prêtes à entamer des négociations en vue d’un partage juste et équitable des bénéfices avec les Guaranis.

Face à nos sollicitations, certaines entreprises, comme  Unilever ou Ricola n’ont tout simplement pas répondu. D’autres, comme Coca Cola ou PepsiCo ont répondu... qu’elles ne répondraient pas. Mais nous avons aussi reçu de nombreuses réponses positives, de Suisse notamment.

  • L’entreprise Evolva – qui travaille en partenariat avec Cargill pour produire des glycosides de stéviol à partir de la biologie de synthèse – est disposée à « engager des discussions avec les Guaranis en vue d’un partage des bénéfices, dans l’esprit de la Convention sur la diversité biologique ».
  • Nestlé (Suisse) a indiqué « pleinement soutenir  le principe du partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques, comme le prévoit la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, et évalue actuellement la possibilité de s’engager davantage dans cette question ».
  • Migros a également indiqué qu’elle soutenait le principe de partage des bénéfices avec les peuples indigènes et les pays d’origine. L’entreprise a déclaré qu’elle était prête à discuter du cas spécifique des glycosides de stéviol directement avec ses fournisseurs.
  • Toujours en Suisse, Goba (sodas), a exprimé la volonté de coopérer pour mettre en œuvre l’idée du partage des bénéfices avec les Guaranis.
  • Dans le même esprit, Stella Bernrain (chocolats) exprime son soutien au partage des bénéfices et sa volonté de travailler avec des fournisseurs qui partagent leurs bénéfices avec les Guaranis.

Le rapport de suivi (PDF, 2.1 MB) publié en novembre 2016 présente les principaux développements de ce dossier depuis notre première publication en 2015 : les résultats de nos discussions avec les entreprises, les revendications des Guaranis et l’évolution du cadre légal au cours de l’année écoulée.

 
 

Notre revendication: une solution équitable contre la biopiraterie

Les entreprises qui produisent ou utilisent les glycosides de stéviol s’évertuent actuellement à en éliminer l’arrière-goût amer. Mais c’est surtout contre une autre forme d’amertume qu’elle devrait concentrer leurs efforts en mettant un terme à leurs agissements qui privent les Guaranis des indemnisations auxquelles ils auraient droit pour l’utilisation de leur savoir ancestral.

  • Les multinationales comme Cargill ou Coca-Cola, qui produisent ou utilisent des glycosides de stéviol, doivent immédiatement entamer des négociations avec les Guaranis pour déterminer comment partager les avantages et les bénéfices qu’ils retirent de l’utilisation de la stévia.
  • Les glycosides de stéviol synthétisés ne doivent pas être produits ni vendus tant qu’aucune étude n’a démontré leur impact socioéconomique.
  • Les multinationales doivent mettre un terme à leurs campagnes de désinformation sur leurs produits édulcorés aux glycosides de stéviol et cesser de les présenter comme «naturels» ou «issus du savoir traditionnel des Guaranis».
 
 

Maintenir la pression

Au niveau international, des discussions sont encore en cours avec quelques-uns des principaux producteurs et utilisateurs des glycosides de stéviol. Notre objectif est de trouver un premier groupe d’entreprises conscientes de leur responsabilité et prêtes à entamer des négociations avec les Guaranis en vue d’un accord pionnier pour le partage des bénéfices découlant de la commercialisation de la stévia.

Le géant de l’agro-alimentaire Coca-Cola a su surfer sur la vague a lancé en lançant la version « Life » de sa boisson phare, édulcorée aux glycosides de stéviol. En partenariat avec SumOfUs, nous lui demandons de montrer à nouveau la tendance, en acceptant de négocier un accord de partage juste et équitables des bénéfices avec les Guaranis.

Aidez-nous à convaincre Coca-Cola de s’assoir à la table des négociations – signez la pétition ! ici :

https://www.publiceye.ch/fr/themes-et-contexte/agricultur...

 

 

 

 

Les grandes banques françaises derrière le projet d’oléoduc combattu par les Sioux

 

par Olivier Petitjean

Depuis plusieurs mois, les Sioux de la réserve de Standing Rock, dans le Dakota du Sud, s’opposent à un projet d’oléoduc qui menace des sites culturels ancestraux et leurs sources d’eau. Cette infrastructure, qui vise à faciliter l’exploitation du pétrole de schiste de la région, a bénéficié du financement de plusieurs grandes banques internationales, dont BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et Natixis. Celles-ci se trouvent aujourd’hui ciblées par les militants écologistes.

Depuis plusieurs mois, des centaines de Sioux du Dakota du Sud s’opposent à un projet d’oléoduc qui menace à la fois leurs sources d’eau potable et des sites ancestraux. Leur lutte contre le Dakota Access Pipeline a réussi à attirer l’attention du monde entier. Fin octobre, les opposants ont été sévèrement réprimés par les forces de l’ordre, qui ont procédé à plus d’une centaine d’arrestations. Derrière ce projet d’oléoduc, il y a certes les intérêts pétroliers américains, galvanisés par l’élection de Donald Trump à la présidence, mais aussi des intérêts financiers internationaux, dont ceux des grandes banques françaises.

Le Dakota Access Pipeline, d’une longueur de 1800 kilomètres, doit servir à transporter le pétrole de schiste extrait dans le Dakota du Nord vers l’Est et le Sud des États-Unis et, au-delà, vers le reste du monde. Les Sioux de la réserve de Standing Rock s’opposent au passage de cet oléoduc sur leurs terres ancestrales, au bord de la rivière Missouri (lire le témoignage de Winona LaDuke que nous avions publié à ce sujet). Ils ont obtenu le soutien de nombreuses autres tribus des États-Unis et bien au-delà, ainsi que des militants de la justice climatique. Face à un gouvernement local totalement acquis au projet et à une administration Obama divisée [1], l’une de leurs principales cibles sont les grandes banques internationales qui financent le projet et les entreprises qui le portent.

Plus d’un milliard de dollars des banques françaises

Selon les chiffres compilés par l’ONG Food and Water Watch, les banques françaises sont engagées à plusieurs niveaux dans le projet du Dakota Access Pipeline, pour des sommes dépassant le milliard de dollars. Crédit agricole, Natixis et Société générale figurent parmi les banques qui ont accordé un prêt de 2,5 milliards de dollars spécifiquement dédié au financement de la construction de l’oléoduc.
BNP Paribas, Crédit agricole et Natixis financent en outre les deux firmes qui portent le projets, Energy Transfer Partners et Energy Transfer Equity. Total de l’exposition financière des banques françaises : près de 450 millions de dollars pour BNP Paribas, près de 350 millions pour le Crédit agricole, 180 millions pour Natixis et 120 millions pour la Société générale.

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Une coalition d’organisations écologistes comme Greenpeace ou les Amis de la terre a adressé une lettre officielle à l’association des « Principes de l’Équateur » - un groupement de banques vantant leur responsabilité sociale et environnementale - pour s’étonner que leurs membres soient engagés dans un projet aussi problématique pour l’environnement et pour les droits des indigènes, en contradiction totale avec leurs engagements. Toutes les grandes banques françaises adhèrent officiellement aux Principes de l’Équateur. Seules deux des principales banques impliquées dans le projet, Citigroup et la norvégienne DNB, ont officiellement réagi à ces critiques, la première en assurant qu’elle incitait Energy Transfer Partners à dialoguer avec les Sioux, la seconde en annonçant qu’elle allait reconsidérer ses financements [2].

Les banques sont aujourd’hui sous pression des ONG environnementalistes qui mènent campagne pour les inciter à se désinvestir du charbon, la plus polluante des sources d’énergie fossiles. À l’occasion de la 22e Conférence climat à Marrakech, Crédit agricole, Société générale et BNP Paribas ont à nouveau fait des annonces sur leur retrait du charbon et leurs engagements pour le climat. Ce mouvement ne concerne pas du tout le pétrole et le gaz, même lorsqu’il s’agit de projets particulièrement problématiques ou polluants.

« Nous avons souffert sous tous les présidents américains »

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis n’est pas des plus réjouissantes pour les Sioux de Standing Rock et les autres opposants à l’oléoduc. Le nouveau président a en effet des liens financiers étroits avec Energy Transfer Partners et Phillips 66, deux compagnies derrière le projet, qui l’ont soutenu dans sa campagne. Et son nouveau Secrétaire à l’Énergie pourrait bien être Harold Hamm, le patron de la firme pétrolière Continental Resources, très implantée dans le gisement de pétrole de schiste de Bakken et donc hautement intéressé à son exportation. Les revendications des Sioux risquent de ne plus être entendues du tout à Washington.

« Je sais qu’il y en a qui sont inquiets à cause du nouveau président, a réagi l’une des militantes de Standing Rock, mais je vous rappelle que nous avons souffert sous tous les présidents américains depuis l’établissement même de l’Amérique... Nous devons continuer à résister et à défendre notre droit à la vie. »

Dans de telles conditions, la pression sur les banques n’en devient que plus nécessaire.

Olivier Petitjean

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Photo : Joe Brusky CC

[1Les agences fédérales ayant déjà accordé les autorisations nécessaires, l’administration Obama avait demandé aux promoteurs de suspendre le projet le temps de reconsidérer leur décision et d’étudier des routes alternatives.

[2Voir le dossier sur le Dakota Access Pipeline de l’ONG spécialisée BankTrack.

 

Source : Observatoire des multinationales