31/10/2006
Etude d’une pollution génétique en Lot et Garonne
Lot et Garonne (47)Grézet-Cavagnan
Quand la contamination OGM est confirmée
ANALYSE ET EVALUATION DES CONSEQUENCES SUR L’ENVIRONNEMENT AGRICOLE DE LA MISE EN CULTURE DE MAIS OGM
Par Christian Crouzet
Par Christian Crouzet
En 2005, un agriculteur de Grézet-Cavagnan (47) a cultivé 7 ha de maïs transgénique dans le plus grand secret jusqu’à la récolte.
Pour la campagne 2006 il avait annoncé son intention d’implanter 100 ha de maïs OGM .
Alerté par un agriculteur voisin (M. André Lecomte), le Comité Vigilance OGM 47 informe l’ensemble des habitants de la commune concernée par courrier, en janvier 2006.
Le 16 Mars 2006, a été organisée à la Salle des fêtes de Grézet-Cavagnan une réunion publique animée par Guy Kastler, de la Commission OGM de la Confédération Paysanne.
Un débat a opposé promoteurs des OGM (AGPM, BIOGEMMA) aux partisans d’un environnement agricole protégé (paysans, apiculteurs, et consommateurs).
Au cours de cet échange, les paysans ont proposé aux pro-OGM d’implanter des parcelles de maïs traditionnel et d’installer des ruches à proximité des OGM pour évaluer l’impact de ceux-ci sur les cultures voisines. Les pro-OGM ont refusé la proposition, les paysans et apiculteurs ont néanmoins décidé de mener l’expérience.
Pour la campagne 2006 il avait annoncé son intention d’implanter 100 ha de maïs OGM .
Alerté par un agriculteur voisin (M. André Lecomte), le Comité Vigilance OGM 47 informe l’ensemble des habitants de la commune concernée par courrier, en janvier 2006.
Le 16 Mars 2006, a été organisée à la Salle des fêtes de Grézet-Cavagnan une réunion publique animée par Guy Kastler, de la Commission OGM de la Confédération Paysanne.
Un débat a opposé promoteurs des OGM (AGPM, BIOGEMMA) aux partisans d’un environnement agricole protégé (paysans, apiculteurs, et consommateurs).
Au cours de cet échange, les paysans ont proposé aux pro-OGM d’implanter des parcelles de maïs traditionnel et d’installer des ruches à proximité des OGM pour évaluer l’impact de ceux-ci sur les cultures voisines. Les pro-OGM ont refusé la proposition, les paysans et apiculteurs ont néanmoins décidé de mener l’expérience.
Trois parcelles ont été mises à disposition par des agriculteurs de Grézet-Cavagnan pour semer des maïs population.
Sous l’égide du Collectif « Aquitaine Avenir sans OGM » un dossier technique a été élaboré par la structure agricole Civam Agrobio 47, à laquelle sont associés solidairement : Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM 47, profession apicole, et Réseau Semences Paysannes.
En accord avec les autres partenaires , le Civam Agrobio 47 a mandaté Philippe Catinaud, artisan semencier et ingénieur agronome, pour le suivi de l’opération.
Sous l’égide du Collectif « Aquitaine Avenir sans OGM » un dossier technique a été élaboré par la structure agricole Civam Agrobio 47, à laquelle sont associés solidairement : Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM 47, profession apicole, et Réseau Semences Paysannes.
En accord avec les autres partenaires , le Civam Agrobio 47 a mandaté Philippe Catinaud, artisan semencier et ingénieur agronome, pour le suivi de l’opération.
A l’image de la diversité des maïs mis en culture dans le département du Lot-et-Garonne, c’est un mélange de maïs (population) qui a été semé le 04 Mai 2006 .
Au moment de la floraison (du 6 au 16 Juillet 06) les maïs paysans au même stade que le maïs OGM ont été identifiés. Par la suite, des prélèvements ont été effectués pour analyses. Toutes les opérations décisives : semis, marquage, prélèvements, ont été effectuées sous les contrôle d’un huissier (Maître Granier, de Marmande 47200).
La même procédure a prévalu pour l’implantation des ruches. Cette opération a été mise en place et suivie par M. Maurice Coudoin, apiculteur, qui a déposé 9 ruches réparties sur 3 sites distants de 400, 1200 et 1500 mètres du champ OGM (du 8 au 17 juillet). Le dépôt et le retrait des scellés ont été effectués devant huissier. L’ensemble des échantillons prélevés : pollen sur ruches et maïs sur parcelles, ont été mis sous sachets scellés et envoyés au laboratoire d’analyses.
Au moment de la floraison (du 6 au 16 Juillet 06) les maïs paysans au même stade que le maïs OGM ont été identifiés. Par la suite, des prélèvements ont été effectués pour analyses. Toutes les opérations décisives : semis, marquage, prélèvements, ont été effectuées sous les contrôle d’un huissier (Maître Granier, de Marmande 47200).
La même procédure a prévalu pour l’implantation des ruches. Cette opération a été mise en place et suivie par M. Maurice Coudoin, apiculteur, qui a déposé 9 ruches réparties sur 3 sites distants de 400, 1200 et 1500 mètres du champ OGM (du 8 au 17 juillet). Le dépôt et le retrait des scellés ont été effectués devant huissier. L’ensemble des échantillons prélevés : pollen sur ruches et maïs sur parcelles, ont été mis sous sachets scellés et envoyés au laboratoire d’analyses.
Voici donc les premiers résultats :
Rappelons d’abord que ces expériences se sont déroulées en conditions réelles de culture agricole. Elles ont abouti à des résultats très disparates mais suffisamment concluants.
Rappelons d’abord que ces expériences se sont déroulées en conditions réelles de culture agricole. Elles ont abouti à des résultats très disparates mais suffisamment concluants.
Tous les échantillons de maïs analysés démontrent que l’ensemble des 3 parcelles étudiées est contaminé avec présence certifiée d’OGM.
Pour deux d’entre elles, l’une contiguë à la parcelle 0GM (soit à 25 mètres de la source OGM) le taux de contamination est de 0,3% d’ADN, l’autre située à 80 mètres (soit 105 mètres de la source OGM) à 0,1% d’ADN.
Tous les échantillons de pollen de maïs analysés font aussi apparaître des contaminations .
On a relevé des taux de contamination autour de 40% pour le rucher à 400 mètres, et entre 40 et 50% concernant le rucher situé à 1200 mètres
Dans le cadre de cette expérience menée par les paysans, il apparaît clairement que l’environnement agricole, à proximité de la parcelle OGM, est directement atteint par la présence d’OGM, et ceci dès la première année d’étude de la coexistence.
On assiste donc au démarrage d’une contamination qui est bien présente sur toutes les parcelles de maïs étudiées dans un rayon de 300 mètres.
La forte présence d’OGM dans le pollen de maïs (jusqu’à 50% dans la ruche à 1200 mètres) suscite de nombreuses interrogations quant au niveau de contamination des parcelles situées au-delà des 300 mètres et qui n’ont pas fait l’objet d’étude .
Les résultats contredisent sans équivoque les arguments de l’AGPM et des producteurs de maïs OGM qui soutenaient que le risque de croisement était maîtrisé, voire quasiment nul. Ces résultats mettent en évidence que les inquiétudes pour l’avenir des filières de qualité restent fondées, et notamment pour la production de maïs doux cultivé dans les environs.
En l’état actuel, ce sont des semences de maïs population de 3 parcelles qui sont désormais impropres à la multiplication. Ces ressources génétiques sont donc indisponibles pour l’agriculture. Les variétés de maïs hybrides seules disponibles sur le marché sont souvent impropres aux cultures traditionnelles et biologiques car elles sont trop exigeantes en engrais et irrigation. Les maïs populations sont la seule alternative possible en dehors des terres très riches et très arrosées, mais doivent être multipliés là où ils sont cultivés pour pouvoir s’adapter au terroir et climat local. Un maïs contaminé à très faible taux peut voir cette contamination augmenter très vite au fur et à mesure des multiplications jusqu’à atteindre un seuil à deux chiffres comme cela s’est vu en Espagne. Ces variétés paysannes sont donc amenées à disparaître définitivement en cas d’extension des cultures OGM, entraînant avec elles la condamnation de la biodiversité disponible pour l’agriculteur.
En matière d’apiculture, les OGM disséminés dans l’environnement agricole constituent un nouveau risque majeur à la fois économique pour une filière aujourd’hui exsangue, et pour la biodiversité, d’ores et déjà très menacée.
Au-delà de cette atteinte inadmissible à l’intégrité de la biodiversité, on peut mesurer le préjudice agricole potentiel que fait peser ce type de production d’OGM.
Qu’en serait-il du débouché économique d’une culture labellisée bio ou fermière, d’un maïs doux, ou d’un maïs semence présent dans le périmètre des 300 mètres étudiés ?
La présence de pollens pollués à 1200 mètres incite à la plus grande prudence, et nous amène à réclamer l’application du principe de précaution tel que défini dans la constitution française et dans les recommandations de la Communauté Européenne (voir annexe).
Pour conclure :
Jusqu’à ce jour, nous étions dans un environnement agricole exempt de pollution génétique. Avec cette expérience, nous mettons en évidence le démarrage d’un processus de contamination de notre espace agricole. Rappelons que l’Espagne a démarré des cultures commerciales OGM dès 1998. Aujourd’hui, les conséquences sont catastrophiques pour des filières de qualité qui voient leurs productions déclassées.
Les niveaux de contamination du maïs peuvent atteindre 34%, (taux relevé sur un maïs local en bio dans la région de Huesca , voir annexe).
Le juge du Tribunal Administratif de Pau en a tiré les conclusions nécessaires ( le 7 juillet 06) en ordonnant la destruction des essais de maïs OGM au motif qu’ils sont « de nature à porter gravement atteinte aux intérêts des agriculteurs dont les exploitations et les ruches sont situées à proximité » .
Nous engageons fermement les parlementaires qui doivent prochainement se prononcer sur le sujet à tirer les conclusions les plus sages en décidant un moratoire sur toute culture OGM en milieu ouvert.
Qu’en serait-il du débouché économique d’une culture labellisée bio ou fermière, d’un maïs doux, ou d’un maïs semence présent dans le périmètre des 300 mètres étudiés ?
La présence de pollens pollués à 1200 mètres incite à la plus grande prudence, et nous amène à réclamer l’application du principe de précaution tel que défini dans la constitution française et dans les recommandations de la Communauté Européenne (voir annexe).
Pour conclure :
Jusqu’à ce jour, nous étions dans un environnement agricole exempt de pollution génétique. Avec cette expérience, nous mettons en évidence le démarrage d’un processus de contamination de notre espace agricole. Rappelons que l’Espagne a démarré des cultures commerciales OGM dès 1998. Aujourd’hui, les conséquences sont catastrophiques pour des filières de qualité qui voient leurs productions déclassées.
Les niveaux de contamination du maïs peuvent atteindre 34%, (taux relevé sur un maïs local en bio dans la région de Huesca , voir annexe).
Le juge du Tribunal Administratif de Pau en a tiré les conclusions nécessaires ( le 7 juillet 06) en ordonnant la destruction des essais de maïs OGM au motif qu’ils sont « de nature à porter gravement atteinte aux intérêts des agriculteurs dont les exploitations et les ruches sont situées à proximité » .
Nous engageons fermement les parlementaires qui doivent prochainement se prononcer sur le sujet à tirer les conclusions les plus sages en décidant un moratoire sur toute culture OGM en milieu ouvert.
Tout comme nos homologues espagnols touchés par la contamination, nous (Civam AgroBio 47, Confédération Paysanne, Comité Vigilance OGM, Syndicat des Apiculteurs, et Réseau Semences Paysannes membres du collectif Aquitaine Avenir sans OGM) confirmons que la coexistence des cultures OGM avec les autres cultures est impossible.
Des cultures commerciales de maïs OGM Bt ont été implantées sans aucune transparence, dans le vide juridique le plus complet , sans information des autres agriculteurs et au mépris des craintes exprimées par de nombreux acteurs des filières agricoles et agro-alimentaires , alors qu’aucune demande du marché n’existe réellement.
L’Etat est responsable devant les citoyens du manque de protection des systèmes agricoles antérieurs et des préjudices matériels et moraux qui en découleront et pour lesquels des recours indemnitaires ont été engagés par plusieurs organisations de filières ou syndicales.
L’Etat est responsable devant les citoyens du manque de protection des systèmes agricoles antérieurs et des préjudices matériels et moraux qui en découleront et pour lesquels des recours indemnitaires ont été engagés par plusieurs organisations de filières ou syndicales.
Nous disons NON :
- aux essais en milieu ouvert,
- à la coexistence non-OGM et OGM.
- A l’asphyxie des agricultures paysannes.
- A la standardisation des semences et aux droits de propriété intellectuelle sur le vivant.
- Au contrôle de la science par les intérêts économiques.
-
Nous disons OUI :
- à la biodiversité naturelle et cultivée.
- Au maintien d’une agriculture paysanne aux semences riches des savoir-faire paysans.
- A l’adoption d’un moratoire sur toute culture d’OGM en milieu ouvert permettant un véritable débat.
- A la recherche publique sur des objectifs partagés avec les paysans.
- aux essais en milieu ouvert,
- à la coexistence non-OGM et OGM.
- A l’asphyxie des agricultures paysannes.
- A la standardisation des semences et aux droits de propriété intellectuelle sur le vivant.
- Au contrôle de la science par les intérêts économiques.
-
Nous disons OUI :
- à la biodiversité naturelle et cultivée.
- Au maintien d’une agriculture paysanne aux semences riches des savoir-faire paysans.
- A l’adoption d’un moratoire sur toute culture d’OGM en milieu ouvert permettant un véritable débat.
- A la recherche publique sur des objectifs partagés avec les paysans.
Remerciements :
Le collectif Aquitaine Avenir sans OGM remercie l’ensemble des personnes engagées dans cette expérience et plus particulièrement les paysans de Grézet-Cavagnan qui ont choisi de garder l’anonymat et sans qui cette expérience n’aurait pu être menée.
Collectif Aquitaine Avenir Sans OGM :
Accueil paysan 24 ; Aquitaine Alternatives ; Association du Causse de l’Isle : Comités Attac ; Bergerac Développement Durable ; Fédération Bio d’Aquitaine ; Bioservice ; Comité de vigilance OGM 47 ; Confédération Paysanne d’Aquitaine ; Collectif Aquitain des Faucheurs Volontaires ; Greenpeace ; Horizon Vert ; I.D.E.A.L ; L.C.R. ; PCF ; Les amis de la Terre des Landes et Dordogne ; fédération Sepanso ; Parc Naturel Régional Périgord Limousin ; Périgord sans OGM ; PS ; PSE Parti des Socialistes Européens ; Les verts
Accueil paysan 24 ; Aquitaine Alternatives ; Association du Causse de l’Isle : Comités Attac ; Bergerac Développement Durable ; Fédération Bio d’Aquitaine ; Bioservice ; Comité de vigilance OGM 47 ; Confédération Paysanne d’Aquitaine ; Collectif Aquitain des Faucheurs Volontaires ; Greenpeace ; Horizon Vert ; I.D.E.A.L ; L.C.R. ; PCF ; Les amis de la Terre des Landes et Dordogne ; fédération Sepanso ; Parc Naturel Régional Périgord Limousin ; Périgord sans OGM ; PS ; PSE Parti des Socialistes Européens ; Les verts
Le CIVAM Bio 47, présidé par Claude Favre, a mis à disposition son animatrice Anne Grenier pour la constitution des dossiers concernant l’étude, le traitement des résultats et la fourniture de semences à travers le réseau Bio d’Aquitaine.
ANNEXES (envoyez-moi un mail, si vous les voulez)
1. Protocole expérimental Maïs
2. Protocole expérimental Ruchers
3. Commentaires sur les maïs OGM autorisés par la Communauté Européenne
4. Contaminations OGM en Espagne : un précédent en Europe
5. Les réserves de la Commission européenne concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM)
6. Résultats des analyses
7. Localisation des essais : cartes
18:21 Publié dans QUAND LA BÊTISE A LE POUVOIR | Lien permanent | Commentaires (0)
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