Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/11/2006

L'ouest des HLM sans ailes

de Ludovic Kaspar


Ce recueil est composé des textes que j’ai pu écrire en septembre 2006. Il se décline en différents thèmes ne vous en déplaise.
Je remercie Éric Dejaeger pour sa lecture attentive.
L.K

Extrait :

Mémoire sauvée de Brautigan

Poussière de lecture 
 
Deux heures dans les étoiles, la Grande Ourse médite sur l’écran plat à l’horizon du souvenir. Le papier d’un livre imprimé en 1994 est déjà jaune en 2005. Déjà. Les couleurs ont des temps d’arrêt…celui-là est le jaune. Tournent les pages, tourne le temps peintre. Le temps peintre. Il m’a fallu onze ans pour apprendre à me servir de Brautigan. Le temps que ses phrases noires soient sur fond jaune. Cette nuit je me rappelle dans la fumée grise des cigarettes ce que peut devenir : 
 
Une carabine 22 long rifle… d’où sort une petite balle au ralenti de phrases légères et d’autant que je m’en souvienne, douces. Elle provient du canon des années à la dure – Dépression. La cible est au présent vingt ans plus tard. L’espace d’une génération. Cette petite balle sur les rayons des librairies. Discrète, secrète dans son parcours. 
 
Une balle de carabine tirée par un gosse pour dégommer des pommes. Elle révolutionna comme un boomerang autour d'un lac où pêchait une Amérique de petites gens timbrés. Balades sépia près d’un lac aux moustaches d'herbes et à l'Ouest du chapeau mis en ciel, un canapé sur la rive. Deux gros balourds affalés dessus devant l’écran du lac comme masse média, original. Ça l'a marqué le gosse devenu homme et sombre son ombre, son crépuscule d’homme sans âge marchant seul avec ses phrases porteuses, son petit vent témoin d'époque en mutation.
 
De nos jours les timbrés des années Eldoradodo dorment là là là... la panse capitalisée Budweiser, cerveaux en chips trop remâchés devant le lac des télés. Bétail. Cow-Bush. Liront-ils Mémoire sauvées du vent ? Sauveront-ils ce qu’il reste à sauver ? Ce livre, des mots, sont-ils destinés à sauver quoique ce soit ? Du vent. Le vent est il à sauver ? Je me garderai de toute réponse osant à peine poser des questions, risquer mon corps à la rencontre du vent. Je garde ces mémoires au fond de moi sans trop savoir qu’en faire. Comme on ne se défait pas de l’image d’une femme  aimée. Le vent d’une femme qu’on a aimé souffle parfois dans une rue et cela passe.
 
Petite balle vingt ans après atteint sa cible, têtue, comme les secondes amoncelées forment une vie… pour rencontrer la tempe de l’homme morcelé.
 
No pets sur la pelouse. On s’en fait du cinéma avec le tien, Richard Brautigan. Pendant que la Grande Ourse surplombe le monde où tu existes encore par milliers de pages à lire comme constellations à lire.

 

Le décapsuleur
 
 
Alors la capsule s’était barrée
Pliée par le vieux décapsuleur
 
Orgueil de ses mains
L’une serrant la bouteille
Comme s’il se paluchait
L’autre se prenant pour une déesse
 
C’était la vingtième victime
Qu’elles désarmaient, la paire
Sans trembler d’un index
Sans même en pointer un vers quoique ce fut
Calmement, avec une assurance infinie
En pros.
 
Le décapsuleur s’installa dans sa voiture
 
En partance pour les trous de l’Os en Gelée
 
Le sens unique
Sur l’autoroute déracinait
Ses mémoires par six mètres
Par dessous le goudron
 
Épanché sur son volant, décapoté, le vieux
Chuintant comme un vent virulent
Il intima — regard de braise éteinte —
À l’aube approchante :
 
De ‘suivre la ligne jaune’, ‘conduire droit’
Et ‘la boucler vite fait, vite’
 
Il y eut brutalement un désert impeccable
 
De mémoire de décapsuleur
On avait rarement vu telle solitude
Chez un décapsuleur
 
En bordure d’autoroute
Warnings poussés au noir
 
Dans les tranchées 
Cet asile de lune
 
On retrouva notre décapsuleur
En buée sur les vitres de sa  voiture
 
Un clochard de pissotière lui dessina
Une bite en traviole sur la tronche
— Il avait des dents d’aluminium —
 
Puis ajouta une paire de couilles barbues
Ça sniffait l’éthylisme
 
La buée se reforma
Quand la cloche souffla
Son drôle d’haleine sur les carreaux
Ce type avait du coeur
 
Assez pour transformer
Le décapsuleur en homme-capsule

Abruti sur son capot
 
Il se passa alors de commentaires
Sur la planète entière…
Pour couper court aux ragots :
 
Un homme décapsulé capsule !
 
— Il ressemble eau pour eau
Á une bouteille de Budweiser
Posée sur le capot d’une décapotable
Au loin les lumières de L’Os en Gelée
Clignotent à grand peine, il manque d’électricité
Sur cette aire de repos s’élevant
Le cri nu d’un gitan à la nuit —
 
Il allume un feu, le vieux
S’installe à genoux au beau milieu des flammes
Décrète qu’elles sont des femmes
Les plus Belles d’entre toutes
Celles qu’il aura aimées

ET se transformE en pluie
UNE averse de tous les diables.

 

© rollerpen 2006

 

Pour commander, adressez-vous à l'auteur : ludov78280(chez)yahoo.fr

12:50 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

merci cathy ! si vous aimez de la shit écrite vou serez servis. 7,5 € 60 pages de word shit où j'ai placé des parcelles de ce que j'ai à offrir. Avec ce recueil je vous offre un autre recueil plus petit paru aux éditions tapuscrits collection bandonéon : Mes fleurs de chiens.

Putain 100 000 caractères pou un seul homme !

allez je blague ne lisez jamais de la shit sivous devez la payer. Ludo

Écrit par : Ludo | 10/11/2006

Les commentaires sont fermés.