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03/04/2007

HUMEUR DE JACQUES LIVCHINE et ce que j'en dis


Tout me fatigue

La rue !

Parce que lors des présentations de la FAIAR, les professionnels invités jugent avec le premier critère évident :

La rue c’est dans la rue ! or Magali joue dans un immeuble, Constance dans un bar à putes Julie dans un parking rééinventé Estelle dans un square

Alors le Thomas Hahn de Cassandre, comme Pierre Guillois de Bussang

disent : c’est où la rue ? C’est ça votre théâtre de rue de l’avenir ?

Notre rue primitive est elle perversifiée ?

Notre manifeste doit donner une réponse, donner une réponse sur ce sujet. On a fait divers essais, Luc Perrot est gentil de trouver ça pas mal. Extraits

"Pour nous voir il n’y a pas besoin de vigiles ni de pousser la porte. Nous sommes pour tous les yeux et toutes les oreilles. Nous parlons à la fois aux analphabètes et aux bardés de diplômes. La seule célébrité sur laquelle nous nous appuyons se trouve sous nos pieds. La rue. C’est notre scène, notre arène, notre ring. Nous sommes à la rue parce que nous le voulons"

Premiers balbutiements. ça passe ou ça passe pas ? Pour moi, ça passe pas .

De toute façon on n’a pas su dire pour qui il était ce manifeste ?

A placarder dans les festivals ? A publier dans la presse ?

Pour nous définir nous mêmes ?

On s’est réunis à 4.

On a cherché nos obsessions, nos maladies, nos ressemblances ; jouer pour tout le monde, jouer gratuit, jouer hors des temples dévolus aux arts.

Quand Copeau quitte Paris, il nomme son ennemi, le théâtre commercial, lui il veut le théâtre d’Art. C’est l’appel du vieux colombier, c’est musclé, c’est vigoureux.

Mais moi si je me mets à dire ce que je pense vraiment, c’est l’apocalypse. Alors si j’avais le droit je dirais :

Le théâtre en France va mal. Et pourtant la France, nous dit -on est exemplaire, et enviée du monde entier pour sa vie culturelle.

L’ennui : l’ennui habite nos salles de théâtre. Un public d’abonnés cultivés, endormi ou hypnotisé, applaudit des oeuvres ternes, inodores, aseptisées.

Le théâtre est devenu totalement mortifère, déserté par les jeunes en dehors des élèves emmenés de force par leurs professeurs, le théâtre est devenu mou, domestique, aligné.

Une véritable cour de marquis, de barons, de comtes et de comtesses gravite autour du Ministère de la culture pour s’emparer des postes régulièrement mis à disposition. On se pousse des coudes pour faire partie des "short listes" de pré -selectionnés. C’est toujours le plus médiocre qui l’emporte.

Ceux qui osent dénoncer ce système sont jetés aux oubliettes, marginalisés, blacklistés, évincés.

L’avenir n’appartient -il qu’aux mausolées ?

Naît alors depuis une vingtaine d’années en dehors de ce système bureaucratique, un théâtre de résistance, un vrai théâtre engagé, poétique, social, qui se joue hors de tous ces lieux officiels et subventionnés. , Ce théâtre se joue "hors théâtre" un peu partout, dans des espaces publics, pour des publics neufs, émerveillés. C ’est du vrai théâtre de la vie, le vrai théâtre, impertinent, jeune vivant, bousculeur, et surtout vivant.

Il n’est pas compassé, empesé, amidonné, il est foisonnant, généreux débraillé, batailleur, brailleur.

D’un côté la vie, de l’autre la mort.

Il est temps que le ministère de la culture, à l’aune d’un changement de régime, arrête d’embaumer la culture morte, et s’occupe de la culture vivante.

Ce théâtre vivant, est reconnu par le Monde entier. Ce n’est pas la Comédie Française, que les pays étrangers s’arrachent, mais le théâtre de rue français.

Ces nouvelles formes de théâtre investissent toutes sortes de lieux, rues, friches , forêts, campagnes, cours d’immeubles, villes, villages, parfois même les théâtres.

C’est de l’Art en marche, plasticiens, musiciens, danseurs, se joignent à cette cohorte d’artistes inventifs.

Evidemment ces nouvelles oeuvres ne se calquent pas sur les critères de qualité habituelles. Adieu l’excellence culturelle, adieu la consommation classique de culture, adieu l’entre soi, adieu la consanguinité.

C’est une vraie révolution.

L’art vivant pousse partout en dehors des lieux qui lui sont dévolus. C’est un vrai mouvement qui avance inexorablement, poussé par le vent de l’histoire.

1000 compagnies, 350 festivals.

Des expériences inédites totalement ignorées par les médias. Des squatts, des lieux de fabrique, des rassemblements, un courant se dessine.

La précarité y est de mise. L’accès à l’intermittence devient de plus en plus sévère. Sans arrêt, de nouvelles règles de sécurité tentent d’enrayer le mouvement.

L’Etat ne pense qu’à renforcer ses établissements nationaux, en plein déclin et fermés à 85% de la population.

Le débat présidentiel n’aborde jamais les enjeux culturels, alors que 60 % des français pensent que la culture est un bon moyen de lutte contre les inégalités scolaires et pour le désenclavement de la société rurale.

Nous sommes des plantes sauvages, nous poussons là où il ne faut pas, ils veulent nous mettre en pot.

I faut revendiquer le droit à l’émeute, l’émeute artistique.

Le problème ce n’est pas l’ISF, ou l’impôt sur le revenu, le problème, c’est que notre art est aussi indispensable à l’homme que la chlorophylle à la nature, le problème c’est que nous avons beaucoup plus besoin de désordre, que d’ordre.

Voilà pourquoi nos candidats ne devraient pas avoir les yeux rivés sur le sondages, mais sur les urgentes et cruciales questions culturelles.

Il faut déconstruire le système culturel actuel, le reconstruire autrement,inverser les valeurs et les priorités.



 Source : http://www.horschamp.org/article.php3?id_article=2009



 



En tant qu'ex-intermittente du spectacle, théâtreuse de rue pendant plus de dix ans, je dis ATTENTION, ce qui s'est passé et se passe dans les théâtres et autres lieux culturels officieux, a également gangréné le théâtre de rue... Le problème étant pricipalement la nature humaine, le problème c'est vous, c'est moi. La course à la reconnaissance, au gain, au mieux vivre, au bonheur, à l'amour... Le terrain de l'égo est très fertile chez les artistes de tous poils et aussi de plumes, il y pousse certes de très belles créations mais le fumier nécéssaire pue parfois atrocement. Je rêve du jour où la désignation "artiste" n'existera plus, on dira des hommes, des femmes, des enfants... L'humain est créateur par essence, l'art est partout, pousse dans les failles de la pensée convenue, dans les interstices entre les panneaux publicitaires, les artistes conventionnés ou pas ne sont que la face visible d'un iceberg bien plus vaste... mais vous savez ce que c'est, avec le réchauffement de la planète et le ramollissement des cervelles... la glace fond...



Cathy Garcia



 



 



 



 


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