06/11/2007
Cyber @ction 230 : GUATEMALA: RETOUR DES ESCADRONS DE LA MORT
Près de onze ans après la signature des accords de paix entre le
gouvernement et la guérilla, le Guatemala continue de connaître une
violence propre à un pays en guerre. Une réalité où les droits
humains, économiques, sociaux et culturels sont constamment violés,
où le niveau de pauvreté croît de manière inquiétante, résultat du
Traité de libre commerce et de la concentration extrême du pouvoir
économique. Durant les trois dernières années du mandat présidentiel
d’Oscar Berger, on a dénombré 629 agressions contre des défenseurs
des droits humains. Un chiffre qui place le pays en seconde position,
juste après la Colombie, dans le triste palmarès des attaques contre
les militants des droits de l’Homme et les syndicalistes (1). Au
cours de la récente campagne électorale, on a dénombré pas moins de
21 homicides. Et voici que maintenant le spectre des escadrons de la
mort réapparaît avec l’assassinat d’un syndicaliste.
Le 23 septembre 2007, à 5 h 45, Marco Tulio Ramirez Portela quitte
son domicile pour se rendre à son travail. Sa petite maison est
située à l’intérieur même de la plantation Yuma, appartenant à
Bandegua, fournisseur de la multinationale Del Monte. Sous les yeux
de sa femme, Marco Tulio est froidement abattu par plusieurs hommes
masqués et lourdement armés. L’ouvrier de la banane était aussi
secrétaire des sports et de la culture du Syndicat des travailleurs
de la banane d’Izabal, au Guatemala (SITRABI(2)), qui défend les
travailleurs des plantations travaillant pour Del Monte. Son frère,
Noé Antonio Ramirez Portela est l’actuel secrétaire général du
syndicat. Il ne fait aucun doute que ce sont là les raisons de cet
assassinat.
A plusieurs reprises, Marco Tulio avait été menacé de perdre son
emploi, accusé de saboter la production et d’inciter les autres
ouvriers à cesser illégalement le travail ou se mettre en grève.
Le meurtre du syndicaliste s’inscrit dans la droite ligne d’une
escalade des violences et d’une impunité institutionnelle au Guatemala.
De plus en plus de menaces
Le 20 juillet 2007, déjà, entre 20 h et 23 h, cinq soldats en
uniforme avaient effectué une descente au siège du SITRABI et avaient
interrogé les deux militants présents pour recueillir les noms des
dirigeants, le nombre des adhérents, les heures de réunions et toute
une série d’informations de caractère privé. Le numéro
d’immatriculation de la camionnette qui avait servi à leur transport
avait pu être noté et un des protagonistes de cette affaire était
reconnaissable par la casquette qu’il arborait. Les militaires, se
réfugiant derrière leur statut particulier, avaient refusé de
décliner leur identité. Le syndicat avait vivement réagi et, au cours
d’un rendez-vous, enfin obtenu au mois de septembre, le ministre de
la Défense s’était engagé à mener une enquête interne.
Ces intimidations ne sont pas nouvelles. Le 13 octobre 1999(3), un
groupe d’hommes armés avait contraint les dirigeants du syndicat à
renoncer à leur mandat et à leur travail. Poursuivis en justice, les
hommes de main avaient été condamnés à trois ans et demi de prison,
mais les dirigeants syndicaux avaient été contraints à l’exil.
Au cours de l’année 2000, les membres du comité exécutif du SITRABI
reçurent régulièrement des menaces de mort par téléphone. Malgré les
plaintes déposées auprès du ministère public et de la section
spéciale chargée des crimes contre les journalistes et syndicalistes,
aucune suite ne fut donnée, faute de preuves.
Le 26 novembre 2006, vers 20 h 30, Cesar Humberto López, membre du
comité exécutif, au volant d’un véhicule du syndicat, fut intercepté
par des hommes armés qui le menacèrent et firent éclater le pare-
brise à coups de pierres. Aucune suite juridique ne fut donnée à
cette affaire.
Retrouver les assassins, et les commanditaires
L’assassinat de Marco Tulio rappelle le style des tristement célèbres
“escadrons de la mort” qui ont marqué l’histoire du Guatemala dans un
passé récent (cf. En savoir plus). Pourtant, il n’est pas possible
que les assassins n’aient pas été repérés, d’une manière ou d’une autre.
Les faits se sont déroulés au sein d’une propriété surveillée dont
les entrées et les sorties sont strictement contrôlées par une police
privée (4). Un laissez-passer est exigé pour toute entrée de véhicule
dans l’enceinte de l’exploitation. Et les agents de sécurité
renouvellent un contrôle à la sortie. En outre des rondes régulières
sont effectuées autour des bâtiments.
Aujourd’hui, les provocations continuent. Le 28 septembre 2007, entre
20 h et 23 h des motocyclistes masqués et armés de fusils AK47 ont
circulé entre les habitations de la plantation de Bandegua et menacé
les responsables syndicaux et leurs familles. Régulièrement, la nuit,
des véhicules pénètrent dans la propriété et font ainsi régner
l’insécurité.
Face à cette situation, qui rappelle à tous les heures les plus
sombres qu’ait connu le Guatemala, le mouvement syndical
international, et particulièrement les syndicats latino-américains,
se mobilisent pour protéger les militants du SITRABI et inciter les
autorités à intervenir pour que justice soit faite.
Les syndicats de l’industrie bananière, regroupés au sein de COLSIBA
(5), ont alerté leurs homologues et la coordination Euroban pour
qu’il relaient cette mobilisation.
(1) Selon le rapport annuel commun de l’OMCT et de la FIDH
(2) Sindicato de Trabajadores Bananeros de Izabal
(3) Appel n°213 du 4 novembre 1999 Guatemala : retour de la terreur
(4) C’est la société SERPROP, une société privée qui fournit les
vigiles pour la plantation de Bandegua.
(5) COLSIBA est la coordination latino-américaine des syndicats de la
banane
Alain Uguen Association Cyber @cteurs
COMMENT AGIR ?
Sur le site
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Par courrier électronique
C'EST FACILE : A VOUS DE SUIVRE LES 6 ETAPES SUIVANTES :
1- Copiez LE TEXTE À ENVOYER ci-dessous entre les ############
2- Ouvrez un nouveau message et collez le texte
3- Signez le : prénom, nom, adresse, ville
4- Rajouter l'objet de votre choix : non aux escadrons de la mort
5- Adressez votre message aux adresses suivantes :
mgarcia@presidencia.gob.gt
cyberacteurs@wanadoo.fr
Cliquer ici :
<mailto:cyberacteurs@wanadoo.fr;mgarcia@presidencia.gob.gt>
ou ici selon votre logiciel de messagerie
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Vérifiez que les 2 adresses apparaissent bien
6- Envoyez le message
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Par cette action, vous ferez connaître votre opinion au Président du
Guatemala et à Cyber @cteurs pour nous permettre d'évaluer l'impact
de cette action.
############
Prénom, Nom
Profession :
Adresse :
code postal Localité :
Presidente de la Republica de Guatemala
Licenciado Oscar Berger Perdomo
Casa Presidential
6a. Avenida, 4-18 zona 1
Ciudad de Guatemala
Guatemala
Señor Presidente,
Me he enterado por la asociación Pueblos Solidarios (Francia) del
asesinato del sindicalista Marco Tulio Ramírez Portela, secretario de
Cultura y Deportes del Sindicato de Trabajadores Bananeros de Izabal
(SITRABI), el 23 de septiembre del 2007, por varios hombres
enmascarados y armados, sobre la propriedad de la Compañía de
Desarrollo Bananero de Guatemala (BANDEGUA), subsidiaria de la
multinacional Del Monte Fresh, una de las más grandes productoras y
distribuidoras de frutas.
Estoy sumamente indignado(a) por este intolerable atentado a la vida
de un militante sindical pacífico, y exhorto a las autoridades de su
país a:
- organizar inmediatamente una investigación imparcial e
independiente sobre el asesinato de Marco Tulio Ramirez Portela ;
- garantizar que los responsables de este crimen, asi como las
personas que lo ordenaron, sean rapidamente identificados, arrestados
y debidamente juzgados ;
- tomar las medidas necesarias para poner fin a la impunidad que
ampara las prácticas de terror de escuadrones de la muerte contra
sindicalistas o defensores de los derechos humanos.
Atentamente,
############
Traduction de la lettre de protestation:
J'ai été informé(e) par l'association Peuples Solidaires (France) de
l'assassinat du syndicaliste Marco Tulio Ramírez Portela, secrétaire
de la culture et des sports du Syndicat des travailleurs de la banane
d'Izabal, au Guatemala (SITRABI), le 23 septembre 2007, par plusieurs
hommes masqués et armés, sur la propriété de la Société de
développement de la banane du Guatemala (BANDEGUA).
Je suis extrêmement indigné(e) par cette intolérable atteinte à la
vie d'un militant syndical pacifique, et j'exhorte les autorités de
votre pays à :
- mener immédiatement une enquête impartiale et indépendante sur
l'assassinat de Marco Tulio Ramirez Portela ;
- garantir que les responsables de ce crime, ainsi que leurs
commanditaires, soient rapidement identifiés, arrêtés et adéquatement
jugés;
– prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à l'impunité qui
protège les escadrons de la mort dans leurs pratiques de terreur
envers des syndicalistes ou des défenseurs des droits de l'Homme.
–
Vous pouvez accéder à cet Appel, le voir en version "pdf" en allant
sur notre site à l'adresse :
http://www.peuples-solidaires.org/IMG/pdf/APPEL311_PDF.pdf
Vous pouvez télécharger directement la lettre à envoyer en cliquant
sur le lien ci-dessous :
http://www.peuples-solidaires.org/IMG/rtf/LETTRES_311.rtf
Vous pouvez aussi recopier manuellement ou faire un copier/coller du
texte de la lettre situé à la fin de ce message, en l’adaptant à
votre style.
ECRIVEZ!
Par lettre : téléchargez le modèle ou recopiez-le en l’adaptant à
votre style.
Envoyez au destinataire, sans oublier d’inscrire vos coordonnées et
de signer.
Timbre : 0,85 €
Coupon partenaire : pour que le SITRABI ait un aperçu concret des
soutiens sur lesquels il peut s’appuyer, retournez-nous votre coupon !
E-mail : mgarcia@presidencia.gob.gt - Cc : sitrabi@itelgua.com
Délai de réaction : dès réception, et jusqu’au 10 décembre 2007.
POUR EN SAVOIR PLUS
Le triste souvenir des escadrons de la mort
De nombreux gouvernements latino-américains se sont livrés aux
sombres pratiques des "disparitions" et des "escadrons de la mort",
le Guatemala n’échappe pas à cette réalité. Les escadrons de la mort
guatémaltèques sont nés au milieu des années 60. Dans les années 80,
l’armée guatémaltèque accentua le massacre des dissidents politiques
et leurs supposés sympathisants à un niveau sans précédent. La
Commission interaméricaine pour les droits de l’Homme publia un
rapport le 15 octobre 1981, accusant le gouvernement guatémaltèque de
"milliers d’exécutions sommaires."
Appel en lien avec:
- Euroban (European Banana Action Network): Peuples Solidaires
participe à ce collectif d’associations et de syndicats des pays
européens qui oeuvre en faveur d’une économie durable de la banane et
de l’amélioration des conditions de vie des petits producteurs et des
travailleurs des plantations. Au sein d’Euroban, Peuples Solidaires
soutient les organisations de travailleurs et sensibilise les
consommateurs français.
- L’Union des travailleurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et
de l’hotellerie du monde entier (UITA) : www.iuf.org
22:32 Publié dans LATINA AMERICA | Lien permanent | Commentaires (0)
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