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17/04/2008

Pour une société basée sur l’entraide, la coopération volontaire et la libération du désir par Bob Black

-Que sont « l’anarchisme » et « l’anarchie », qui sont les « anarchistes » ?
L’anarchisme est une idée à propos de la meilleure manière de vivre. L’anarchie est un mode de vie. L’anarchisme c’est penser que le gouvernement (l’Etat) est inutile et nuisible. L’anarchie, c’est la société sans gouvernement. Les anarchistes sont des gens qui croient en l’Anarchisme et espèrent vivre en anarchie ainsi que tout nos ancêtres l’ont fait un jour. Les personnes qui croient au gouvernement (comme les libéraux, les conservateurs, les socialistes et les fascistes) sont appelés « étatistes ».
L’anarchisme pourrait paraître négatif – mais c’est uniquement le cas contre quelque chose de précis. Les anarchistes ont en effet beaucoup d’idées positives à propos de la société sans état. Mais contrairement aux Marxistes, libéraux et conservateurs, ils ne présentent pas de plan pré-établi.

-Les anarchistes ne sont ils pas des poseurs de bombes ?

Non. Du moins pas si on les compare au gouvernement Etats-unien qui largue plus de bombe chaque jour en Irak que les anarchistes ne l’ont fait pendant les 150 années durant lesquelles ils ont été un mouvement politique. Pourquoi n’entend on jamais parler de « président terroriste » ? Quelle différence entre les bombes jetées horizontalement par les anarchistes et celles larguées verticalement par le gouvernement états-unien ?
Les anarchistes militent depuis de nombreuses années, dans beaucoup de pays, contre des gouvernements aussi bien démocratiques qu’autoritaires. Parfois, souvent dans des conditions de répression très sévères, les anarchistes ont posé des bombes. Il s’agit de situations exceptionnelles. Le cliché de « l’anarchiste poseur de bombe » a été créé de toute pièces par des journalistes et politiciens de la fin du XIXe siècle, ils n’en démordent pas aujourd’hui, alors qu’il ne s’agissait, même à l’époque, que de vulgaires exagérations.

-Est ce qu’il y a déjà eu une société anarchiste qui ait fonctionné ?

Oui, plusieurs milliers d’entre elles. Durant leurs premier million d’année, les êtres humains étaient des chasseurs-cueilleurs vivant en petits groupes égalitaires, sans hiérarchie ou autorité. Les sociétés anarchistes ont du être des réussites, sinon nous ne serions pas là. L’Etat n’a que quelques milliers d’années, c’est le temps qu’il lui aura fallu pour détruire les dernières sociétés anarchistes comme les aborigènes, les « Pygmées » ou les « San » (Bushmen).
Mais nous ne pouvons pas revenir à ce mode de vie. Presque tous les anarchistes le reconnaîtraient. Cela reste malgré tout très intéressant, même pour les anarchistes, d’étudier ces groupes, et peut être de récupérer des idées sur le fonctionnement de sociétés complètement volontaires, extrêmement individualistes et pourtant coopérative. Pour ne prendre qu’un exemple, les penseurs anarchistes et ces tribus ont souvent des méthodes très efficaces de résolution des conflits basée sur la médiation et l’arbitrage facultatif. Leurs méthodes fonctionnent mieux que notre système légal parce que la famille, les amis et les voisins des personnes en désaccord les encouragent à se réconcilier, les aident par de sympathiques et confiantes discussions à trouver une solution raisonnable au problème. Entres les années 70 et 80, de supposés experts ont essayé de transposer ces méthodes dans le système légal Etats-unien. Ces essais ont naturellement échoué et disparu, ils ne fonctionnent que dans une société libre.

Les anarchistes sont naïfs : ils pensent que la nature humaine est essentiellement bonne.

Pas vraiment. Il est vrai que les anarchistes rejettent les idées de dépravation innée et de péché originel. Ce sont des idées religieuses auxquelles plus personne ne croit. Mais les anarchistes ne pensent généralement pas non plus que la nature humaine soit bonne. Ils prennent les gens comme ils sont. Les êtres humains ne sont pas « essentiellement » quoique ce soit. Nous, qui vivons sous le capitalisme et son allié, l’Etat, ne sommes que des gens qui n’avons jamais eu la chance d’être ce que nous pourrions être.
Les anarchistes font cependant moralement appel au meilleur des gens, aussi souvent qu’ils soulignent l’intérêt personnel. L’anarchisme ne prêche pas le sacrifice, mais les anarchistes se sont bien des fois battus et ont péri pour ce en quoi ils croient. Ils croient que la propagation de leurs idées signifiera une meilleure vie pour presque tous.

Comment peut on faire confiance aux gens pour ne pas s’agresser sans l’Etat pour empêcher la criminalité ?

Si vous ne pouvez faire confiance aux gens ordinaires pour ne pas s’agresser les uns les autres, comment pouvez faire confiance à l’Etat de ne pas nous agresser tous ? Les hommes qui se retrouvent au pouvoir sont ils si généreux, si prévenants, si supérieurs à ceux qu’ils dirigent ? Moins vous serez confiant envers vos voisins, plus vous aurez de raison de devenir un anarchistes. Sous l’anarchie, le pouvoir est réduit et distribué. Tous le monde en a, mais personne n’en a beaucoup. Sous l’Etat, le pouvoir est concentré, la plupart des gens n’en ont pas du tout. Contre quelle forme de pouvoir aimeriez vous vous rebeller ?

Mais, soyons réalistes, qu’arriverait il s’il n’y avait pas de police ?

Comme l’observe l’anarchiste Allen Thornton, « Les policiers ne s’occupent pas de la protection, ils sont dans le business de la vengeance ». Oubliez Batman faisant des rondes et interrompant les criminels en pleine action. Les patrouilles de police n’empêchent pas les crimes d’être commis et ne capturent pas les criminels. Lorsque les policiers ont patrouillé secrètement et sélectivement dans les banlieues de Kansas city, le taux de criminalité est resté le même. D’autres recherches aussi intéressantes ont prouvé que les investigations, la police scientifique etc. n’avaient aucun effet sur le taux de criminalité. Mais lorsque les voisins s’organisent et surveillent leurs maisons chassant les criminels supposés, ceux ci essaient une autre banlieue surveillée uniquement par la police. Les criminels savent qu’il y a peu de danger ici.

Mais l’Etat moderne est profondément impliqué dans la régulation de la vie de tous les jours. Presque toutes les activités ont une liaison avec l’Etat.

C’est vrai. Mais quand vous y pensez, la vie de tous les jours est presque entièrement anarchiste. Personne ne rencontre jamais de policier, a moins qu’il ne vous dresse une contravention. Les arrangements et la compréhension prévalent presque partout. Comme l’écrivait l’anarchiste Rudolph Rocker : « le fait est que même sous le pire despotisme les relations entre la plupart des gens sont régies par l’arrangement libre et la coopération solidaire, sans lesquelles aucune vie sociale n’est possible ».
La vie familiale, acheter et vendre, l’amitié, la dévotion, le sexe et les loisirs sont anarchistes. Même sur leur lieu de travail, que la plupart des anarchistes considèrent comme aussi coercitive que l’Etat, les travailleurs coopèrent, indépendamment des patrons, pour réduire le travail et pour l’accomplir. Certaines personnes prétendent que l’anarchie ne fonctionne pas, mais c’est presque la seule chose qui fonctionne ! L’Etat repose, difficilement, sur des fondations anarchistes, et l’économie en fait de même.

Et la Culture?

L’anarchisme a toujours attiré de généreux et créatifs esprits qui ont su enrichir notre culture. On considère comme poètes anarchistes Percy Bysshe Shelley, William Blake, Arthur Rimbaud et Lawrence Ferlinghetti. Les plus connus des écrivains anarchistes sont Henry David Thoreau et, au 20eme siècle, l’anarchiste catholique Dorothy Day, Paul Goodman, et Alex Comfort (auteur de : la joie du sexe). Les enseignants anarchistes renommés comprennent : le linguiste Noam Chomsky, l’historien Howard Zinn, et les anthropologues A.R. Radcliffe-Brown et Pierre Clastres. En termes de littérature, les célébrités sont trop nombreuses pour être énumérées, mais on compte Léon Tolstoï, Oscar Wilde, et Mary Shelley (auteur de Frankenstein). Gustav Courbet, Georges Seurat, Camille Pissarro, and Jackson Pollock sont autant de peintres anarchistes. On trouve aussi beaucoup de musiciens : John Cage, John Lennon, le groupe CRASS, etc.

En supposant que vous ayez raison, que l’anarchie soit un meilleur mode de vie que celui que nous avons aujourd’hui, comment pourrions nous passer outre l’Etat s’il est aussi puissant et opprimant que vous le prétendez ?

Les Anarchistes ont toujours pensé à cette question. Ils n’existe pas de réponse facile. En Espagne, il y avait un million d’anarchistes en 1936 quand les militaires ont lancé leur coup d’Etat, ils ont combattu les fascistes en même temps qu’ils aidaient les ouvriers à prendre le contrôle des usines et les paysans à organiser des collectivités dans les campagnes. D’autres anarchistes ont fait de même en Ukraine, entre 1918 et 1920, où ils devaient combattre de concert les Tsaristes et les communistes. Mais ce n’est pas ainsi que nous détruirons le système mondial au 21eme siècle.
Prenons les révolutions qui ont débarrassé l’Europe de l’Est du communisme. Il y a eu beaucoup de violence et de morts, plus dans certains pays que dans d’autres. Mais ce qui a abattu les politiciens, les bureaucrates, les généraux- le même ennemi que le notre- fut le refus de travailler ou de faire quoique ce soit pour un système pourri, de la majorité de la population. Qu’auraient pu faire les commissaires du peuples à Moscou ou Varsovie ? Se lâcher eux-même des bombes H ? Exterminer les ouvriers qui les nourrissaient ?
La majorité des anarchistes croient fermement que ce qu’ils appellent la « grève générale » aurait un grand rôle à jouer dans l’effritement de l’Etat. Ce serait un refus collectif du travail.

Si vous êtes contre toute forme de gouvernement, vous devez être contre la démocratie ?

Si démocratie signifie que les gens contrôlent leurs propres vie, alors tous les anarchistes seraient, comme les appelait l’anarchiste Benjamin Tucker, « unterrified Jeffersonian democrats » : ils seraient les seuls vrais démocrates. Mais ce n’est pas ça, la démocratie. Dans la vie réelle, une partie des gens (en amerique, c’est toujours une minorité) élit une poignée de politiciens qui contrôlent nos vies en votant des lois et en utilisant des bureaucrates non-élus et la police pour se renforcer, que la majorité le veuille ou non.
Comme le philosophe Français JJ Rousseau (qui n’était pas anarchiste) l’écrivit un jour, en démocratie, les gens ne sont libre qu’au moment du vote, le reste du temps ils sont esclaves du gouvernement. Les politiques en place et les bureaucrates sont souvent sous l’influence d’énormes transactions et généralement de groupes de pression. Tous le monde sait ça. Mais certains restent silencieux car ils en tirent bénéfice. Beaucoup d’autres sont silencieux parce qu’ils savent qu’il n’y a rien de bon dans la protestation et qu’ils seraient appelés « extrémistes » ou pire, « anarchistes ! » s’ils parlaient des choses comme elles sont.

Mais si vous n’élisez pas d’officiels pour prendre les décisions, qui les prend? Vous ne me ferez pas croire que chacun ferait ce qu’il lui plait sans droit de regard des autres ?

Les anarchistes ont beaucoup d’idées à propos de la prise de décisions dans une société vraiment volontaire et coopérative. La plupart croient qu’une telle société devrait se baser sur des communautés suffisamment petites pour que les gens se connaissent, ou au moins partagent familles, amitié, opinions et intérêts avec tous les autres.
Et comme ce sont des communautés locales, les gens partageraient aussi une connaissance de leur groupe et de leur environnement. Ils savent qu’ils devront vivre avec les conséquences de leurs décisions. Contrairement aux politiciens ou bureaucrates qui décident pour les autres.
Les anarchistes croient que les décisions devraient toujours être prises au plus bas niveau possible. Tout choix, que les individus peuvent faire pour eux mêmes, sans interférer avec le choix de qui que ce soit d’autre, doit leur appartenir. Toute décision prise en petit groupe (famille, congrégations religieuse, collègues…) est la leur et ne devrait pas interférer avec celle des autres. Les décisions à l’impact important, si tous le monde est concerné par elles, donneraient lieu à une assemblée de la communauté.
Cette assemblée n’est cependant pas un pouvoir législatif. Personne n’est élu. Tous peuvent en faire partie. Les gens parlent pour eux même. Mais comme ils parlent de problèmes particuliers, les gens sont conscients que pour eux, gagner n’est pas « la seule chose qui compte ».
Ils veulent que tous gagnent. Ils apprécient l’amitié de leurs voisins. Ils commencent par essayer de réduire les incompréhensions et clarifier les problèmes. C’est souvent suffisant pour tomber d’accord. Sinon, ils cherchent un compromis, qui, en général, fonctionne. Si ce n’est pas le cas, l’assemblée reporterait le problème afin que toute la communauté puisse y réfléchir, si ce n’est pas quelque chose qui requiert une décision immédiate. Si cela échouait encore, la communauté chercherait comment la majorité et la minorité pourraient temporairement se séparer, chaque groupe vivant selon son choix.
Si les deux groupes étaient irréconciliables, la minorité aurait deux choix. Ils pourraient s’aligner sur la majorité car l’harmonie de la communauté serait plus importante que ce problème. Peut être la majorité peut elle être conciliante avec la minorité sur une autre décision. Si toutes ces méthodes échouent également, et si le problème est si important pour la minorité, elle peut alors former sa propre communauté, comme l’ont fait plusieurs états Etats-uniens (Connecticut, Rhode Island, Vermont, Kentucky, Maine, Utah, West Virginia, etc.).
Si leur sécession n’est pas un argument envers l’étatisme, alors c’est un argument contre l’anarchie. Ce n’est pas un échec pour l’anarchie car la nouvelle communauté recréerait sa propre anarchie. L’anarchie n’est pas un système parfait, il est juste meilleur que les autres.

Mais nous ne pouvons satisfaire tous nos besoins ou nos envies au niveau local.

Peut être pas tous, mais il existe des preuves archéologiques de commerce sur des longues distances, plusieurs milliers de kilomètres, à travers l’Europe préhistorique et anarchiste. Les sociétés anarchistes primitives étudiées par les anthropologues durant le 20eme siècle, comme les San chasseurs cueilleurs, ont montré ce genre de commerces, mais de façon individuelle. La pratique de l’anarchie n’a jamais dépendu de la capacité à se suffire à soi même. Mais beaucoup d’anarchistes récents ont soutenu que les communautés et régions devraient l’être le plus possible afin de ne pas dépendre de lointaines et impersonnels tractations.
Même avec notre technologie récente, qui a souvent été créée pour élargir les marchés et détruire l’autosuffisance, à un niveau local, l’autosuffisance est bien plus possible que ce que les gouvernements et compagnies ne le voudraient.

On peut citer « le chaos » comme une définition de l’anarchie. N’est ce pas ce que serait justement l’anarchie ?

Pierre-Joseph Proudhon, qui fut le premier à se définir lui même comme anarchiste, a écrit que « la liberté est la mère et non la fille de l’ordre. » L’ordre anarchiste est supérieur à celui de l’Etat/de la force, car ce n’est pas un système de lois coercitives, c’est simplement expliquer comment des communautés de gens qui se connaissent peuvent vivre ensemble. Cet ordre est basé sur le consentement et le sens communs.

Quand a été formulé la philosophie de l’anarchisme ?

Certains anarchistes pensent que les idées anarchistes ont été exprimées par Diogène, le cynique en Grèce antique, par Lao Tseu en chine et par certain mystiques médiévaux ou encore durant la guerre civile anglaise du 17eme siècle. Mais l’anarchisme moderne commence avec « justice politique » de William Godwin, publié en Angleterre en 1793. Il fut ensuite ravivé en France avec Pierre-Joseph Proudhon autour de 1840 (qu’est ce que la propriété ?) qui a inspiré un mouvement anarchiste chez les ouvriers Français. Max Stirner mets en lumière l’individualisme, valeur basique de l’anarchisme, à travers « l’Ego » et « Le sien ». Un Etats-unien, Josiah Warren, est arrivé indépendamment aux mêmes conclusions au même moment et a ainsi influencé un mouvement sur une très grande échelle pour créer des communautés utopistes. Les idées anarchistes ont ensuite été développées par le brillant Michael Bakounine, révolutionnaire Russe, ainsi que par l’enseignant Russe Peter Kropotkine. Les anarchistes espèrent que leurs idées continuent de se développer dans un monde en plein changement.

Toutes ces histoires de révolution ressemblent beaucoup au communisme dont plus personne ne veux.

Les anarchistes et les Marxistes sont ennemis depuis les années 1860. Certes ils ont parfois coopéré face à des ennemis communs comme les tsaristes durant la révolution Russe ou les fascistes Espagnols pendant la guerre civile d’Espagne, mais les communistes ont toujours trahis les anarchistes. De Marx à Staline, les marxistes ont toujours dénoncé l’anarchisme.
Certains anarchistes, disciples de Kropotkine, s’appellent eux mêmes « communistes »- pas Communistes. Mais ils opposent un communisme libre venant de tous, fait d’un partage volontaire des terres, de travail dans des communautés locales où les gens se connaissent au Communisme imposé par la force par l’Etat, nationalisant les terres et les unités de production, reniant toute autonomie locale et réduisant les ouvriers à être employés de l’Etat. Comment ces deux systèmes pourraient ils être plus différent ?
Les anarchistes se sont félicités et ont en fait participé à la chute du Communisme Européen. Certains anarchiste étrangers ont aidé les dissidents du bloc de l’Est – alors que le gouvernement US ne le faisait pas- durant de nombreuses années. Les anarchistes sont maintenant actifs dans tous les anciens pays communistes.
La chute du communisme a sans aucun doute discrédité la plupart de la gauche états-unienne, mais pas les anarchistes, dont beaucoup ne se considèrent pas de gauche d’ailleurs. Les anarchistes ont existé bien avant le marxisme et nous sommes toujours là.

Les anarchistes ne revendiquent-ils pas le recours à la violence ?

Les anarchistes sont loin d’être aussi violent que les démocrates, les républicains, les libéraux ou les conservateurs. Ces gens là ne semblent pas violents uniquement parce qu’ils se servent de l’Etat pour faire le sale boulot – pour être violent pour eux. Mais la violence reste la violence. Porter un uniforme ou agiter un drapeau ne change rien. L’Etat est violent par définition. Sans usage de violence à l’encontre de tous nos ancêtres, il n’y aurait aucun Etat aujourd’hui. Certains anarchistes recommandent le recours à la violence, mais l’Etat lui y a recours tous les jours.
Certains anarchistes, dans la mouvance de Tolstoï, sont pacifistes et non violents par principe. Un petit nombre d’anarchistes croient en une offensive armée contre l’Etat. La plupart des anarchistes croient en l’autodéfense et accepteraient un certain niveau de violence dans un contexte révolutionnaire.
Le problème n’est pas vraiment violence contre non-violence. Le problème c’est l’action directe. Les anarchistes croient que les gens, tous les gens, devraient tenir leur destin dans leurs mains, individuellement ou collectivement, que ce soit légal ou non et que cela implique l’usage de la force ou non.

Quelle est exactement la structure sociale d’une société anarchiste ?

La plupart des anarchistes n’en sont pas « exactement » surs. Le monde sera un endroit extrêmement différent quand les gouvernement auront été abolis. Les anarchistes ne font généralement pas de « mode d’emploi » mais ils proposent quelques principes destinés à nous guider. Ils disent que l’entraide mutuelle- coopération plutôt que compétition- est la base de la vie sociale.
Ils sont des individus dans le sens où ils pensent que la société existe pour le bien des individus, pas l’inverse. Ils encouragent la décentralisation, ce qui signifie que les fondations des communautés seraient faites au niveau local, des communautés « face à face ». Elles pourraient ensuite se fédérer- à travers des relations d’entraide- mais seulement pour coordonner des activités qui ne peuvent être exécutées au niveau local. La décentralisation anarchiste inverse la hiérarchie existante. De nos jours, plus le gouvernement est situé à un haut niveau, plus il en tire du pouvoir. Sous l’anarchie les hauts niveaux ne sont absolument pas des gouvernements. Ils n’ont aucun pouvoir coercitif, et plus on monte, moins on leur délègue de responsabilités.
Les anarchistes sont cependant conscient du risque que ces fédérations ne deviennent bureaucratiques et étatiques. Nous sommes des utopistes mais nous sommes aussi réalistes. Nous devrons surveiller de près ces fédérations. Comme l’écrit Thomas Jefferson, « l’éternelle vigilance est le prix de la liberté »

Un dernier mot ?

Winston Churchill, un politicien alcoolique et criminel de guerre anglais a écrit un jour que « la démocratie est le pire des systèmes de gouvernements, excepté tous les autres. » L’anarchie est le pire système social, excepté tous les autres. Toutes les civilisations (à société étatique) se sont effondrées et ont été remplacée par des sociétés anarchistes. L’étatisme social est naturellement instable. Tôt ou tard, nos sociétés s’effondreront aussi. Il n’est pas trop tôt pour réfléchir à ce qui pourrait les remplacer. Les anarchistes y pensent depuis 200 ans. Nous avons un départ. Nous vous invitons à explorer nos idées et de nous rejoindre pour essayer de construire un monde meilleur.

Bob Black

Texte publié en anglais par Anarchy, traduit par Flugute.

Mis en ligne par Flugute, le Samedi 8 Décembre 2007, 22:52 dans la rubrique "Pour comprendre".
ça mérite réflexion non ?

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