14/05/2008
Soutenons le peuple irlandais pour le rejet du traité de Lisbonne
Attac France
Montreuil, le 13 mai 2008
*
Une autre Europe est possible !
Faisons entendre nos voix en Irlande !
Chers Amis de toute l'Union européenne,
*
Le 13 décembre dernier, les chefs d'État ou de gouvernement de l'Union
européenne ont signé le traité de Lisbonne, qui devrait entrer en vigueur
le 1er janvier 2009. Ce traité fixe les bases du fonctionnement de l'Union
dans les années à venir, et dictera ses orientations politiques. Le traité
de Lisbonne intègre tous les aspects essentiels du Traité constitutionnel,
rejeté en France et aux Pays-Bas par référendum en 2005, il conserve et
renforce le caractère néolibéral de l'UE. Les intérêts des peuples européens
ne sont pas pris en compte, ou seulement à la marge. À l'échelon de l'Union,
la démocratie reste très en retrait par rapport à celle de ses États
membres. Les aspirations populaires vers une Europe soucieuse du progrès
social, pacifique, démocratique et écologique sont ignorées.
Les dirigeants européens sont déterminés à réaliser ce véritable coup
d'État, et ont par conséquent privé leurs peuples de toute possibilité de
s'exprimer. Les gouvernements désinforment sciemment leurs citoyens et les
excluent du processus de décision démocratique. Seule l'Irlande est tenue
par sa constitution d'organiser un référendum, qui se déroulera le 12 juin.
Parce que nous ne pouvons voter nous-mêmes, demandons ensemble au peuple
irlandais de voter "non", à la fois dans son propre intérêt et en notre nom.
Nous considérons cela comme une expression de solidarité avec les citoyens
de la République irlandaise, sur qui pèse une lourde responsabilité : ils
sont les seuls, parmi tous les Européens, à pouvoir exercer leurs droits
démocratiques. À travers eux, vous avez la possibilité de vous exprimer sur
ce vol de démocratie, par la seule voie qui reste : en demandant au peuple
irlandais de rejeter le traité de Lisbonne. Merci pour cela d'aller sur le
site web paneuropéen :
http://www.irish-friends-vote-NO-for-me.org
Tout comme les médias et les dirigeants français et néerlandais en 2005, les
forces du "oui" en Irlande essaient de convaincre les citoyens que, s'ils
rejettent le traité, ils seront les démolisseurs de l'Europe et ses "moutons
noirs". Cependant, si les citoyens irlandais reçoivent un message fort de
solidarité venu de toute l'Union, ils pourront résister au chantage leur
laissant croire que le "non" va à la fois contre leurs propres intérêts et
ceux des populations européennes.
Nous disons "oui" à l'Europe, mais nous exigeons un nouvel élan : pour une
Europe pacifique, sociale, écologique et démocratique.
Nous disons "non" à la militarisation de l'Union, à ses fondements
néolibéraux et à l'affaiblissement des droits sociaux et démocratiques.
Une Union européenne travaillant dans l'intérêt des peuples n'est possible
que si tous les citoyens de l'UE peuvent se prononcer eux-mêmes sur un
traité fondant notre avenir commun.
Notez bien que notre initiative est soutenue par la CAEUC – la campagne
irlandaise contre la Constitution de l'UE, une coalition réunissant des
mouvements irlandais pacifistes, écologistes, progressistes et pour un
développement alternatif (seize organisations en tout). Eux aussi vous
demandent d'ajouter votre voix aux forces du "non".
Merci de signer notre pétition :
http://www.irish-friends-vote-NO-for-me.org
Merci de faire suivre ce courrier à vos amis, à votre famille, à vos
collègues de travail, à vos relations dans tous les pays membres de l'UE.
15:34 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
EUROPE ET TURQUIE
- Le « Non » au Traité constitutionnelle est encore dans toutes les mémoires. Mais est-ce pour autant l’ « Europe » qui a été ainsi rejetée ? Non, tout le monde en convient ! L’a été une certaine vision, compréhension, conception de l’Europe. Le fameux « sens des mots », trop souvent source d’incompréhension, de confusion …
Et au sein des causes de ce rejet figurent en bonne place la Turquie !
- Alors, ce pays, européen ou pas ?
- Remarquons que répondre par la positive, reviendrait à admettre que l’Iran et l’Irak ont une frontière commune avec le vieux continent... Tout de même estomaquant…
- Décortiquons, autant que faire ce peux en quelques lignes obligatoirement réductrices. Certains mettront en avant le fait que la Turquie est laïque, et que son alphabet est le latin ! Pourquoi donc ne pas l’accepter ?
- Notons d’abord que cette position indique que les frontières (ou leurs absences) ne sont pas que géographiques, elles peuvent également être culturelles.
-Commençons par les géographiques.
La formule de Gaule est connue : l’Europe s’étend de l’Oural à l’atlantique et s’arrête au Bosphore. Cohérent. Mais, en rapport avec notre question, il y a un « hic »… La Turquie se jette sur des deux rives du Bosphore, et les puissances victorieuses du premier conflit mondial qui ont redessinée, avec un trait de plume parfois malheureux, les frontières ont validé cet existant. Aussi, de quel côté faire pencher la balance ? Et si l’ont prenait tout simplement comme unité de mesure le km2 ? Où en trouvent-on le plus ? En Europe ou en Asie ?
Evident, non…
- Frontières culturelles.
Comme « nous », n’est-elle pas laïque, et si l’écriture est un des éléments constituant la culture d’un peuple, comment ne pas mettre en avant son alphabet, latin comme celui que « nous » utilisons ? Effectivement…
Mais tout cela n’est que greffon au devenir incertain… Un risque réel de rejet par la souche existe…
- Osons aborder à présent un sujet tabou, un sujet qui fâche, l’origine chrétienne de l’Europe, de ses valeurs, de sa culture ! Pourtant, est-ce plus choquant que de souligner le poids de l’Islam dans la culture des pays arabes ?
- A la façon d’une plaque photographique classique qui renvoi une image inversée, la laïcité turque est l’inverse de la notre (occultons le fait que la laïcité française n’est pas la laïcité anglaise etc.…) : L’histoire européenne du XX siècle ne manque pas d’exemples -pensons à l’Espagne de Franco- ou un pouvoir « fort » utilise la puissance de l’armée pour imposer une idéologie religieuse au mépris de la laïcité, alors qu’en Turquie, à partir des années 20, le pouvoir a utilisé la force de l’armée pour imposer la laïcité, au mépris de l’idéologie religieuse dominante… D’ailleurs le mot « laïque » est inconnu du vocabulaire arabe et le terme turc utilisé est emprunté au vocabulaire occidental… Car au delà du mot, le concept même véhiculé par « laïcité » est extérieur à l’Islam radical où le rejet de la foi (islamique) ne peut conduire l’ « apostat » qu’à la mort physique ordonnée par un corps social qui en agissant ainsi se purifie… En français cela s’appelle un meurtre, un assassinat, tout comme le sont tout également les « crimes d’honneur », coutumiers en Turquie…
- Revenons en France. La sérénité et le recul que donne l’écoulement du temps, permet de dire que, paradoxalement, et au-delà des déchirements consécutifs à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et à l’opposition des « culs bénis » et des « bouffeurs de curés », la laïcité est aussi fille de la célèbre parole christique « Rendez les choses de César à César et les choses de Dieu à Dieu »… Dans la même veine, pourquoi les « Droits de l’homme » peinent-ils tant à s’imposer et à prospérer en pays musulmans ? Car ils ont été conceptualisés sur le terreau fertile des valeurs chrétiennes, de l’humanisme chrétien, pour devenir l’expression d’un christianisme déchristianisé, d’une foi chrétienne désacralisée, laïcisée…
- Ouvrons une parenthèse. Ne confondons pas tolérance et laïcité.
Nous parlions à l’instant de « bouffeurs de curé », terme né à une époque ou le paysage religieux français métropolitain était majoritairement occupé par le catholicisme. Aujourd’hui existe toujours des « Talibans de la laïcité » qui prônent l’athéisme comme Vérité révélée et rêvent de marginaliser les citoyens qui ont pour défaut d’être croyants et de le dire !
Espagne mauresque : L’arrivée des arabes en Espagne au VIII° siècle mit fin à la persécution dont les juifs étaient victimes de la part des Wisigoths qui avaient abandonnés l’arianisme pour le catholicisme. Et pendant de nombreux siècles sous domination musulmane, l’Espagne a été une terre de paix et de tolérance pour les trois religions monothéistes ! Comme quoi, Islam n’est pas toujours synonyme de fanatisme et d’intolérance…
- Fermons la parenthèse.
- Quand-à l’alphabet latin, il est entré en Turquie à la même époque que la laïcité et lui aussi au forceps, l’Empire ottoman utilisant l’alphabet arabe, c'est-à-dire il y a moins d’un siècle. Alors que « chez nous », déjà avant les premiers écrits en « français » du XV° siècle, les lettrés qu’étaient les clercs, écrivaient évidement et depuis « toujours » en latin !
- Aussi, tant pour des raisons géographiques que culturelles, il me semble difficile de prétende que la Turquie puisse avoir vocation à intégrer l’Europe ou la communauté européenne, notions qui sont différentes (La Suisse appartient à la première mais pas à la seconde). Et, pour prétendre le contraire, que l’on ne mette pas en avant un quelconque partenariat économique ! L’Europe peut commercer si elle le souhaite avec l’Afrique du sud sans pour autant que ce pays entre dans l’Europe ! Identique pour la Turquie !
- Prétendrais-je que ce rejet affirmé, que cette position est vérité, réalité objective ? Non...
- Pour prendre conscience de la relativité des certitudes, également des certitudes géographiques, transportons-nous au temps de Rome.
- Si l’Empire romain prétendait à l’universalité, dans les faits, des frontières se sont imposées :
Au nord, l’Ecosse (le mur d’Hadrien).
A l’ouest, évidement l’atlantique.
Au nord/est le Rhin et le Danube.
Au sud l’Afrique noire (les pays de Maghreb étaient partie intégrante de l’Empire -neutralisons Carthage-)
Au sud/est le Tigre et l’Euphrate.
Cela pour souligner que si la géographie peut dire ce qu’est l’Europe, cette définition ne vaut que pour « aujourd’hui » (au sens de l’Histoire).
Si nous demandions à nos contemporains européens où se trouve le centre géographique de l’Europe, qui citerait la capitale de l’Italie ? Personne !
Mais l’Empire s’est construit autour de la Méditerranée avec en son centre cette ville, Rome, elle même située sur cette péninsule, cet appendice pénétrant ce « centre du monde » qu’était la « Grande mer », comme on l’appelait alors.
Toujours à cette époque, le civilisé, était logiquement de type méditerranéen, c'est-à-dire pas très grand, brun et basané. Et le barbare, lui était grand, blond et à la peau très blanche…
Relativité des concepts, disions-nous…
Et parmi ces barbares, il est des tribus germaniques qui allaient nous devenirs « chers » à nous français, celles des Francs…
- Le rapport avec notre sujet ? Dans le monde romain, la région nommée de nos jours Turquie ne posait pas de problème : elle appartenait à l’Empire, tant pour des raisons géographiques que culturelles ! Et elle n’était même pas en zone frontière ! Et le latin, comme ailleurs, y était aussi la langue officielle, administrative !
Mais cela était il y a « deux milles ans »…
- Certitudes, avez-vous un socle digne de ce nom ?
- Pour conclure, maniant le paradoxe, clin d’œil à Edmond Wells et à son Encyclopédie du savoir absolu relatif, je dirais que la Turquie ne fait pas partie de l’Europe et qu’il s’agit là d’une position objective élaborée au sein d’un concept qui lui, ne l’est pas…
Cette affirmation découle d’une prise de conscience selon laquelle il n’y a pas une vision du monde mais plusieurs, indissociables de grilles de lecture, parfois inconscientes, qui sont autant de filtres. Et la pseudo objectivité de la de la stricte géographie s’efface devant le poids de la géopolitique qui elle-même s’efface devant celui de la géoculture, autant de réalités subjectives dans leurs valeurs.
COLPIN Didier
Écrit par : COLPIN Didier | 15/06/2008
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