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28/10/2008

Déclaration poétique du 5 avril 2008 à Bruxelles de reconnaissance des génocides amérindiens


Déclaration écrite et dite en place de nos amis américains de tout le continent, du Grand Nord au Grand Sud, qui pour de multiples raisons ne peuvent encore prendre la parole comme nous le faisons aujourd’hui. Car le Tabou que représente pour eux toutes et tous, citoyennes et citoyens des Amériques, la question dite autochtone, des premières nations, des natives ou des amérindiens est encore comme feu qui brûle en plein hiver, cœur froid qui ne peut voir ou ressentir encore, car il faut avancer, il faut brûler, conquérir tous les territoires sans trop de questions se poser, et oui, sans se poser, courir loin loin et vite vite toujours et encore plus loin et plus vite… vers l’ouest, à l’opposé d’où surgit le soleil…

Nous,
belges, français, anglais, espagnols, portugais, italiens... et donc Européens.
Nous, arrière, arrière, arrière petits-enfants de Tous ceux qui d’ici ont vu partir ou dû partir ou décidé de quitter ce vieux continent pour conquérir un Nouveau Continent pourtant aussi ancien que le nôtre.

Nous,
reconnaissons qu’au nom de l’asile, de la conquête, de l’avidité, de la possession, de l’espoir et parfois même au nom de nos dieux,
Nous,
avons perpétré l’Innommable et qu’ici en ces lignes
Nous,
Déclarons comme Inacceptable, comme un regret trop tard arrivé : systématiquement nous, là-bas, encore européens puis américains, canadiens, mexicains, brésiliens, colombiens, argentins et autres centre et sud-américains, avons arraché à d’autres hommes leurs terres et leurs rêves, les terres et les rêves de leurs aïeux, leurs richesses, leur mémoire…
Nous,
les avons d’abord considérés comme sans terre, puis « sans âme » (comme nos femmes jadis), puis avons pillé, épuisé, territoire et humains, et sommes rentrés en Guerre contre des frères, les avons tués, massivement et ensuite expulsés…
Nous,
les avons acculés à l’occupation de maigres zones-territoires où nous nous efforçons de les maintenir aujourd’hui encore. Si nous les en sortons, c’est pour leur demander de renoncer à eux-mêmes, à oublier qui ils sont, d’où ils viennent et où les portent leurs rêves, pour qu’ils ne se rendent ailleurs que dans l’Invisible : les acculturer, changer leurs noms, les baptiser de nos religions, les violer dans ce qu’ils ont de plus intime, au plus profond d’eux-mêmes, au plus profond de nous.
Les Réserves n’hébergent les Casinos, zones hors taxes, que pour mieux les soûler – ivresse de l’Or qui a perdu toute vraie valeur de l’Esprit !
Ces Camps de la Mort Lente nous appellent à dénommer cette série d’actes qui dure depuis plus de 500 ans par son nom : l'un des Génocides les plus longs, durables et massifs de l’histoire connue de l’Humanité, celui des populations dites Indiennes des Amériques !

Nous,
petits-petits, minuscules enfants de ces hommes et de ces femmes qui pourtant rêvaient d’avenirs meilleurs, de mondes nouveaux, d’utopies… et qui ont commis ces actes…
Nous,
demandons PARDON.
À travers toi, Charles Coocoo, nous demandons humblement et insuffisamment PARDON.
Nous,
te confions, Charles, à toi, maître de cérémonies, Matotoson Iriniu, à toi et à tes ancêtres, cette Déclaration, signée par toutes les personnes de bonne volonté réunies ici ce soir, dont la liste est reprise ci-après… toutes personnes réunies autour de la Poésie, de la Musique, de l’Art et de la recherche de sens…

Cette Déclaration est un acte de Reconnaissance et de Repentance. Sa limite est le retard avec lequel elle est venue. Ses horizons sont sa sincérité et les gens qui la portent.
Cette Déclaration est aussi une Affirmation : l’être humain peut s’épanouir, continuer à découvrir et élargir ses territoires sans piller, tuer, massacrer, annihiler.
Cette Déclaration se veut enfin une Promesse : dorénavant, ensemble, construisons des formes nouvelles de coexistence des âmes, des pensées, des cœurs, des actions et des aspirations…
La Parole est pour nous tous la possibilité d’un pouvoir de Transformation de nos limites en réalisations de la Vie et donc du Sublime.
Un poète de chez nous, français, disait que s’il existait une montagne qui reliait la Terre au Ciel, cette Montagne était invisible à notre Vision ordinaire mais que pourtant, la Base de cet Invisible devait bien se trouver quelque part, et être Visible ! forcément…

À toi, poète, chamane, humain,
Nous,
confions cette Déclaration.
Elle voyagera après ce soir, rejoindra d’autres Ambassades que celle que symboliquement nous constituons ce soir.
Que de cette petite base visible, ton peuple et tous les peuples frères qui de tout temps, depuis l’expansion de l’homo sapiens, ont vécu de telles abominations, depuis l’invisible, fassent nourriture bien réelle pour les Fêtes, Danses et Créations que nous sommes appelés à vivre ensemble !

Fait à Bruxelles, le 5 avril 2008
A l’Espace Senghor, lors du Maelström FiEstival #2

Copie originale et signée remise à Charles Coocoo-Matotoson Iriniu. Copies étant faites pour être diffusées dans les jours, semaines, mois, années qui viennent… La déclaration peut être lue et signée également sur www.fiestival.org - Suivent : noms, prénoms, nationalité et lieu de résidence des personnes signataires

SIGNEZ EN LIGNE LA DÉCLARATION ici

http://fiestival.org/index.php?page=la-declaration

 

Commentaires

Franchement ridicule.

Écrit par : Aliscan | 28/10/2008

Je précise un peu ma pensée. Est-ce vraiment rendre service à ces peuples (qui visiblement n'ont rien demandé) de signer en leur nom un texte d'une telle mièvrerie ?
( et d'ailleurs tout à fait discutable sur le fond... c'est l'historien de formation qui parle :).
J'espère que ma position vous semble maintenant un peu moins abrupte. Très bonne journée à vous !

Écrit par : Aliscan | 29/10/2008

j'ai répondu sur votre site

Écrit par : Cathy | 29/10/2008

Réponse à Aliscan : Ces peuples n'avaient rien demandé non plus quand on leur a volé leurs terres et saccagé leur univers. Il est grand temps d'avoir au moins l'honnêteté de reconnaître l'horreur absolue qu'a été l'éradication de la civilisation amérindienne.

Réponse à Cathy : Merci Cathy de relayer ce magnifique texte, puisse-t'-il montrer qu'il n'y a qu'une terre et qu'elle se prête à tous sans suprématie . C'est avec un peu d'humain plus un peu d'humain qu'on arrivera peut-être un jour à l'Humanité.

Écrit par : Ile | 01/11/2008

Merci pour vos cris de colère et de conscience
Quand au "Franchement ridicule" d’Aliscan, je me dispense de le commenter.
Sait-il seulement que les larmes des nations et des hommes sont des cicatrices identitaires que chacun de nous porte au profond de lui-même. Qu’elles sont un feu qui ne meurt pas quand elles sont diffamées, niées ou ignorées par les acteurs. Les Arméniens, les Indiens et d’autres peuples chaque jour portent leurs douleurs, chacun de leur enfant marche, vit et meurt, un oursin dans sa mémoire. L’auto-justification n’est pas une justification.
Aliscan sait-il que chaque homme porte des larmes millénaires et que si certains nient le devoir de contrition pour des faits auxquels ils n’ont pas directement participé, il y a un devoir de reconnaissance des fautes commises. L’histoire se doit de tout dire, de tout révéler et cela même pour des peuples disparus. Je me réserve le droit de pleurer sur les Civilisations que les cannibalismes hégémoniques ont sorti du livre des vivants.
Les hommes ne peuvent pas cohabiter sans acceptation par l’acceptation intégrale de l’Autre avec sa culture et ses douleurs. La soumission n’est pas l’acceptation.

Écrit par : jms | 02/11/2008

Erratum dernière phrase du commentaire précédent lire :
Les hommes ne peuvent pas cohabiter sans acceptation intégrale de l’Autre avec sa culture et ses douleurs. La soumission n’est pas l’acceptation.

Écrit par : jms | 02/11/2008

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