Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/12/2008

Derniers nomades ou déchets ?

NOMADISME.jpg

ÇA SE PASSE EN FRANCE... Ironie volontaire, provocation, message subliminal adressé aux nomades? Faut-il rester indifférent ou commenter cette image, détruire cette pancarte insolite, ou envoyer la photo au Canard Enchainé? Les mots "voyage"  et "accueil"  associés à " déchetterie"  ont en tout cas  interpellé l'équipe de Randomona, association de Voyage à Visage Humain. Nous n´aurions jamais imaginé  qu´un urbaniste zélé - ou une municipalité insouciante - puisse associer de façon aussi provocante l´image humaniste que nous devons cultiver des derniers peuples nomades de la planète au lieu de dépôt de nos rebuts...

      Depuis une dizaine d'années Randomona organise des voyages dans les dernières contrées du monde ou vivent des peuples nomades en totale harmonie avec leur environnement. Ces derniers ont tout conservé des valeurs humaines que les peuples sédentaires ont soigneusement détruites au cours des siècles, malgré les préconisations de Rousseau et les idées des lumières... Aujourd'hui nous pouvons considérer que les nomades sont les dépositaires légitimes de nos derniers sens humains perdus dans la tourmente de la modernité.

      Leur pauvreté économique est souvent compensée par leur adaptabilité aux aléas climatiques et environnementaux, ainsi qu´aux changements imposés par l´introduction dans leurs propres milieux de vie de contraintes auxquelles ils savent encore et toujours répondre pour survivre: rétrécissement de leurs aires de pâturage, fermeture des frontières sur leurs territoires traditionnels de transhumance et d´échanges commerciaux, tentatives de sédentarisation forcée. Le régime communiste de la Mongolie des années 1940, pourtant le moins enclin à la tolérance, avait même fini par admettre que seul le nomadisme pourrait garantir le maintien en bonne santé d´un cheptel dont seuls les nomades connaissaient les exigences. Ce régime dictatorial avait fini par abandonner en partie ses tentatives de sédentarisation...

      Alors comment expliquer que, consciemment ou inconsciemment, comme le suggère le libellé de cette association de pancartes, une municipalité d´un pays prétendument tolérant et accueillant puisse se laisser aller a l´idée du rejet de celles et ceux qui, par leur mobilité, leur culture de l´échange et de l´accueil, leur extraordinaire capacité d´adaptation mériteraient plutôt d´être honorées? Jean-Jacques et les autres brillants inspirateurs des privcipes d'égalité et fraternité auraient de quoi méditer sur cette cause. Leurs réflexions rejondraient les idées émises ces temps-ci sur le concept d'intégration si cher  aux politiques d'aujourd'hui. 

      Déjà la locution "gens du voyage"  constituait un euphémisme que nous avons toujours jugé mal à propos.

Appelons un chat un chat: les nomades peuvent être fiers d'exister encore... Si l'ironie, comme l'aveuglement, n'ont pas de limite, craignons l'avènement prochain d'une autre méprise qui mentionnerait sur la pancarte du bas la direction d'un lieu de "recyclage" : trier pour mieux soumettre, un concept plus qu'inquiétant à l'heure de la mondialisation. Le contraire du rapprochement entre les peuples auquel nous croyons. Faisons notre le mot de de Jacques Legrand: " Le nomadisme n’est pas une anomalie, c’est l’un des modes par lesquels l’homme a colonisé et colonise la planète..." 

Jean-Marc Percier

Président de Randomona

http://www.randomona.com/new/spip/

 

Les commentaires sont fermés.