09/01/2009
Pour la libération de Alexis Sinduhije, Burundi
Signer la pétition : http://www.thepetitionsite.com/246/petition-to-free-polit...
Alexis SINDUHIJE, un combat pour la paix, la justice et la démocratie
Après des études de journalisme, Alexis SINDUHIJE rentre à la radio nationale au début des années 1990. Il y exerce les fonctions de présentateur et de reporter.
Avec la libéralisation de la vie politique au Burundi, rapidement le besoin de disposer d’un journal d’information, et non un porte-parole des partis nouvellement créés, s’impose. Alexis fonde avec le soutien de son ancien professeur de journalisme « La semaine du Burundi », hebdomadaire qui rapidement se distinguera pour la rigueur journalistique de ses articles.
« La Semaine du Burundi » couvre de nombreux évènements et déjà s’engage dans une démarche délibérée d’investigations permettant de porter à la connaissance des burundais de nombreux évènements. Il dénonce les menaces de coup d’Etat contre le Président démocratiquement élu Ndadaye (1er président hutu du Burundi, assassiné lors d’un coup d’Etat en octobre 1993) ; il publie des articles sur les massacres des hutus en 1993.
Lorsque cette aventure journalistique finit, Alexis quitte la radio nationale où il refuse l’étouffement né des pratiques du Parti Unique pour travailler pour l‘agence de presse Reuters.
Remarqué par les correspondant de la BBC, il rejoint alors le studio Ijambo fondé Search for Common Ground.
ll obtient en 1998 une bourse de recherche pour l’Université d’Harvard.
Convaincu de l’importance de donner la parole à tous et notamment à ceux qui n’ont pas la possibilité de s’exprimer et de la nécessité de changer la façon d’analyser les évènements politiques, Alexis obtient le soutien de la fondation Ford pour la création d’une nouvelle radio. Elle lui octroie 150 000 dollars pour lui permettre de lancer en 2001 la Radio Publique Africaine (RPA).
Réunissant d’anciens soldats du gouvernement, des membres des anciennes milices tutsies et rebelles hutus formés « sur le tas », la RPA permet à ses équipes de journalistes de travailler en complète mixité ethnique.
Surnommée « la voix des sans voix », la RPA traite des problèmes liés à la justice et aux expropriations, dans un souci de rechercher la vérité. Ses enquêtes permettent la restitution de terres spoliées durant la guerre civile. Et les enquêtes menées sur l’assassinat du représentant de l’OMS en 2001 et sur le meurtre du dernier roi du Burundi en 1972 ont achevé de construire la solide réputation de la radio, au Burundi mais également au niveau international.
En 2004, Alexis s’est vu décerné le prix de la liberté de la presse par le CPJ, Comité de Protection des Journalistes.
Les espoirs suscités par le processus électoral de 2005 au Burundi, suite aux accords d’Arusha, se sont très vite dissipés quelques mois après l’élection du Président Nkurunziza. Corruption et exactions font toujours partie du quotidien des burundais.
Déçu des dérives du Président Nkurunziza et du parti au pouvoir, Alexis a mit un terme à ses fonctions de journaliste en décembre 2007 pour se lancer dans la vie politique. Il a fondé le MSD, Mouvement pour la Sécurité et la Démocratie au Burundi, un parti "ouvert à toutes les composantes ethniques, qui veut guérir le Burundi des maux de l'ethnisme et du régionalisme".
Le parti n’a toujours pas reçu d’agrément malgré les diverses pièces apporter en réponse aux demandes des autorités[1].
Cette année, Alexis a été désigné par le TIME comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde.
Alexis a été arrêté le 3 novembre avec 37 autres personnes du MSD pour « organisation de réunion illégale ». Il est resté en détention provisoire jusqu’au 11 novembre date à laquelle inculpé pour outrage au chef de l’état. Il a été incarcéré à la prison centrale de Mpimba. Les 37 autres personnes arrêtées avec lui ont été libérées.
Son procès a débuté le 28 novembre.
"Nous poursuivons Alexis Sinduhije pour avoir à Bujumbura, à une date indéterminée, écrit un document outrageant le chef de l'Etat, je cite: +la responsabilité dans les affaires de corruption et d'assassinats commandités par le parti CNDD-FDD (parti présidentiel) incombent à l'homme qui passe tout son temps dans des séances de prières+", a accusé le ministère public.[2]
Alexis a récusé le Président du tribunal, membre du parti présidentiel, ainsi que les deux autres juges étant donné qu’ils ne disposaient pas des diplômes requis pour juger de tels faits.
Alexis encourt une peine de prison de 6 mois à 5 ans.
Le dossier de l’accusation est vide et vraisemblablement il semblerait que le chef de l’Etat cherche à le maintenir en détention afin de l’empêcher de se présenter aux prochaines élections présidentielles en 2010.
La popularité qu’Alexis a acquise à travers son engagement en tant que journaliste et l’espoir qu’il incarne pour une majorité de burundais, font de lui un adversaire crédible face au Président Nkurunziza.
[1] Après avoir subi de nombreuses tracasseries administratives pour retarder son agrément, le ministre de l’Intérieur, a refusé d’enregistrer le MSD comme parti politique, prétextant qu’un parti ne peut pas inclure la « sécurité » parmi ses objectifs parce que la sécurité est du ressort exclusif de l’Etat. Source : HW, communiqué du 5 novembre 2008.
Le MSD a changé de nom suite à l’arrestation d’Alexis pour devenir le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie. Malgré cela, les autorités burundaises continuent à refuser de l’agréer.
[2] Dépêche AFP du 28.11.08
L’arrestation d’Alexis intervient dans un contexte de tensions croissantes au Burundi et d’atteintes aux droits civils et politiques : destitution de 22 députés en juin 2008, intimidations et arrestations fréquentes de militants de l’opposition, refus d’agréer les nouveaux partis, pressions judiciaires contre les défenseurs des droits de l’homme, limitation de la liberté des partis (une ordonnance d’octobre 2008 oblige les partis à obtenir une autorisation de réunion)[1]. Remettant en cause les accords d’Arusha de 2005 qui ont permis de restaurer la démocratie au Burundi, les dérives autoritaires dans tel un contexte alors que de nombreuses armes continuent de circuler dans le pays, inquiètent les observateurs internationaux et font craindre des risques d’aggravations des tensions ethniques[2].
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« La communauté internationale, qui s’est fortement mobilisée pour le retour de la paix dans ce pays et pour la relance des pourparlers avec le Palipehutu- FNL, doit aussi prendre la mesure des risques qui entourent la préparation des élections de 2010 et exercer les pressions en conséquence. La relance de ce dialogue permettrait en effet d’organiser dans la transparence le débat que beaucoup réclament sur l’avenir institutionnel du pays. Ce dialogue faciliterait également la mise en place, avec l’appui et la participation active des partenaires extérieurs du Burundi et des Nations unies du cadre adapté à la tenue, dans la paix, d’élections libres et démocratiques en 2010. »[3]
[1] Communiqués d’Human Rigths Watch des 17 juin et 5 novembre 2008 ; Briefing Afrique de Crisis Group, n°53 du 19 août 2008, Burundi : renouer le dialogue politique (p 11 à 16).
[2] Briefing Afrique de Crisis Group, n°53 du 19 août 2008, Burundi : renouer le dialogue politique (p 11 à 16).
[3] Extrait de Briefing Afrique de Crisis Group, n°53 du 19 août 2008, Burundi : renouer le dialogue politique, conclusion p16.
09:50 Publié dans AGIR | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Que Alexis ne décourage point...!!!!!!la vérité n'est jamais enterrée,la justice finira par triompher!!!!!Même si on les enterre les deux, elles finiront par ressusciter.
Courage à alexis SINDUHIJE
Écrit par : NDURURUTSE | 20/02/2009
la verite vient d'eclater au grand jour.cette journée du 12 restera gravé dans la mémoire des barundais qui revaient voir le burundi allait de l'avant.cette journée corresponde à la liberation de son héros .on pouvait la comparer à la date de liberation de nelson aprés 27 ans de prisons.Ne te lasser point les bons citoyens sont derrières.
felicitation
Écrit par : jean claude | 12/03/2009
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