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19/01/2009

Le riz Nerica - un autre piège pour les petits producteurs Africains

Les variétés de riz Nerica, obtenues par un crosiement entre des riz africain et asiatique, sont actuellement qualifiées de « plantes miracles » susceptibles d’apporter à l’Afrique une révolution verte du riz annoncée depuis bien longtemps. Une puissante coalition de gouvernements, d’instituts de recherche, de semenciers privés et de bailleurs de fonds ont engagé une grande initiative pour diffuser les semences de Nerica dans l’ensemble des rizières du continent. Tous affirment que le Nerica peut développer les rendements et assurer l’autosuffisance de l’Afrique en matière de production rizicole.Cependant, hors des murs des laboratoires, le Nerica ne s’avère pas à la hauteur de la publicité tapageuse qui en est faite. Depuis que les premières variétés de Nerica ont été introduites en 1996, les expériences ont été mitigées chez les agriculteurs, qui signalent un certain nombre de problèmes. Le plus grave problème lié au Nerica est peut-être que sa promotion s’intègre dans un mouvement plus large d’expansion de l’agrobusiness en Afrique, qui menace de faire disparaître les fondements même de la souveraineté alimentaire de l’Afrique: les petits producteurs et leurs systèmes locaux d’utilisation durable de semences.

L’histoire du riz en Afrique est longue et variée. Les agriculteurs africains ont probablement domestiqué cette céréale en même temps que les agriculteurs asiatiques, il y a 3000 ans. Les paysans africains ont développé l’espèce Oryza glaberrima tandis que les paysans asiatiques ont développé Oryza sativa. Cependant, il y a environ 500 ans, Oryza sativa a été introduit en Afrique, et les paysans l’ont depuis adapté à leurs systèmes de riziculture, et ont développé de nombreuses variétés locales de l’espèce asiatique, faisant de l’Afrique un important centre secondaire de sa diversité.
Bien que le riz soit rapidement devenu la plus importante culture vivrière dans une bonne partie de l’Asie, la production de riz en Afrique sub-saharienne est longtemps restée cantonnée à certaines régions du continent. Même dans ces régions, la géographie du riz a été fragmentaire. En Afrique de l’Ouest, par exemple, alors que le riz est depuis longtemps l’une des principales cultures vivrières des populations vivant en Sierra Leone, en Gambie et en Guinée, il n’était qu’une culture vivrière secondaire au Bénin et au Nigéria il y a encore quelques décennies. À l’intérieur même des pays, l’importance du riz est très variable. En Côte d’Ivoire, le riz est depuis toujours un aliment de base chez les Bété de Gagnoa, mais ce n’est pas du tout le cas pour les Ivoiriens de Bonoua ou de Ferkéssédougou.

Aujourd’hui, pourtant, le riz est devenu l’une des plus importantes cultures vivrières de l’Afrique. Depuis l’époque coloniale, les gouvernements ont adopté des politiques favorisant le riz comme aliment de base pour les populations urbaines en pleine expansion. La production de riz sur le continent a augmenté, mais pas suffisamment pour suivre le rythme de la hausse de la consommation. Alors que la production rizicole en Afrique subsaharienne a connu une croissance annuelle de 3,23 % entre 1961 et 2005, la croissance annuelle de la consommation de riz a été de 4,52 % durant cette même période. Selon le Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO), [1] le niveau d’autosuffisance en riz en Afrique subsaharienne a connu une baisse, passant de 112 % en 1961 à 61 % en 2006; ce qui veut dire qu’aujourd’hui le continent s’approvisionne sur le marché international du riz pour satisfaire environ 39 % de ses besoins de consommation en riz.2 Le coût de ces importations s’élève à presque 2 milliards de dollars par an.

Pour en savoir bien plus : http://www.grain.org/briefings/?id=216

 

 

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