09/01/2010
Les voeux de Pierre Colin
Bonne année !
Mais au juste, quel est ce monde ? D’où vient ce vent salé, ce sable qui raconte ces milliards de deuil ? Cette vague qui danse, qui s’insurge ?
Tout n’est que course, errance, corps en fuite. A chacun sa tanière où cacher son histoire. Aujourd’hui, c’est l’épée, l’épieu. Demain la hache. Chaque arbre est une guerre. Chaque ombre est une arène. Un mot tranchant comme un silex.
Tout ce qui fait un homme rare, sa parole, sa rage d’inventer un destin vainqueur pour chaque souffle, nous appelle dans les lointains baignés d’émeute et de poussière…
Mais les mots n’ont pas d’heure, les rêves ne pourrissent pas, les symboles ne pourrissent pas, ils changent, il y a du fouillis en nous, il y a de la sève. Car nous sommes la forge et l’enclume de chaque mot.
Ce qui germe alentour, ce sont les langues du bout du monde : encore un pas, tomber, se relever. Eclore encore ! Un oiseau marche dans nos pas. Il a la majesté du vent. Il a le chant des fleuves dans nos membres. Il est cette poussière qui danse dans nos yeux. Adieu l’oubli et la honte des traîtres.
Réintégrons nos rangs, chaque mot recousu à la hâte, perle à perle, debout dans sa parole, il faut marcher dans cette glaise, il faut trouver son nom dans la chair de l’abîme, mes frères de papier, mes sœurs d’encre et de sang, devenir l’incréé, le désir du désir.
Nous sommes de toutes les routes à la fois. La mer est notre rage. C’est pourquoi nous inventons le temps, nous construisons les rêves. Nous cherchons un sourire sur les lèvres, dans un parc au printemps.
Pierre Colin
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