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05/02/2011

La mort est plus futée qu'une souris

Un long poème à deux voix et quatre mains de Alain Simon & Anna Jouy que je vous présente ici, de façon absolument subjective, au travers de citations tirées de l'ouvrage.

 

J’ai pour mission le vent des plaines

Et des orages

Alain

 

Ce sera de la pure étrangeté comme avant que des clowns aient osé appeler ça du réel

et qu’ils n’osent pas exposer un sexe de femme

tranquillement dans une assiette de volupté

(…)

Tu viendras lécher mon sel sur ma poitrine

une simple distraction dans cette forêt pleine de sens

et pleine de fantôme aux sources qui ricanent

(…)

j’aurais pu enfoncer tous les doigts  de ma main dans ta fente

pour aller chercher ce qu’ils ont appelé Dieu

(…)

ce sera le chiendent du bonheur

et un désir de mort étalé dans les linges

Alain

 

Dieu, cet étrange, jettera sur les murs des seaux de pigments, des lavures de couleurs, un rinceau de ses larmes d’acanthe. Il secouera les plâtres, les crépis jusqu’à redevenir Lascaux suppliant l’éternité.

Anna

 

Te souviens-tu de ce bris de coupelle quand l’or pète à la gueule des alchimistes ? Et d’avoir chiffonné de l’amour comme des papiers de santal pour un peu de saveur boisé, volé entre les fesses ?

Anna

 

 

comme ceux qui n’ont pas supporté d'avoir toujours sucé la vigne par le fruit

à la recherche d’une vérité obscène

Alain

 

Aujourd’hui je sais les fouets, les brassages, les tamis

 

je sais les feux

 

les amalgames intimes des douleurs et des saveurs, je prends mon temps devant l’enfer

 

je passe nez ailleurs devant les vitrines des gâteaux

Anna

 

 

Ah ! Paradoxe ! Qu’il faille tant de chair pour dire un sentiment !

 

J’échangerai peut-être ce frisson de vieille humaine pour une lame de caillou fouettant la mer

 Anna

 

 

Tu en verras sortir des pluies de tubercules, des chapelets de mots rudes d’invectives de ceux qui font des boucles aux lèvres et des tatouages sur la langue

 

(…)

Tu diras, comme toi seul peux le dire

 

De ta bouche profonde, qui se tient en anguille dans la souche des fesses

 

Tu diras et ça fera sillon

Anna

 

j’en ai marre des fanfares et de l’hélicon

J’ai déjà fait presque tout du frivole dont te luxer

te couronner de cris tes cheveux dans ma bouche

te mâcher comme une gomme qui finit par avoir un goût d’olive

il est temps de se rendre au moulin

la pierre d’angle te réclame

 Alain

 

J’ai mes écailles d’ourse suspendues dans le Nord –

 

et la luisance des rivières fait un collier de dents dans la peau de l’amour

Anna

 

Je trace sur le globe d’anciens parallèles, tandis que tu fuses dans les heures nouvelles

Anna

 

 

Quand la terre était pure, oui, j’étais le rut d’une source nouvelle

à chaque jouissance naissaient des renoncules

ce jour que je suis vieille, seules les mousses pondent encore des mouches

Anna

 

 

Il suffit d’un instant sur la roue des supplices pour croire à son parfait étirements

 

Mais la jointure fait craquer les biscottes et tout finit en miettes

 

C’est un maigre dimanche passé sur le balcon.

Anna

 

L’aube n’a rien à voir avec le poème

Et je mourrais au soir

Tu ne pourras pas ouvrir ma main pour libérer ta touffe

gitane fourragère

tu souffriras de la couper sous mon regard moqueur

Alain

 

Oui, pour le mal que ça fait, le ciel est bleu

Anna

 

 

 

 

Ce livre a été réalisé pour l'exposition de pastels d'Alain Simon qui a eu lieu à la Bibliothèque de Fribourg, Suisse, en 2009, publié par Le Pas de la Colombe. Contact : koarvez@yahoo.fr

Alain Simon : http://alainsimon.net

Anna Jouy : http://annajouy.over-blog.fr

 

12:32 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

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