Il y a va et vient entre ce vide alentour et le besoin de sentir, de se sentir à défaut de pouvoir combler le vide.
« on regarde un ciel vide
on se mouille en-dedans »
Le vide alentour reflète sans aucun doute cette peur du vide intérieur, comme si le vide extérieur menaçait d’absorber l’auteur.
Tout se joue entre ombres et absence.
« entre le moût du jour
et la chair qui plisse
l’absence
(…)
et de ces ombres
des petites plaies rouges
qui remuent dans la nuit »
La matière est absorbée, dissoute.
« le bruit de l’eau dans nos gourdes d’ombre »
Et même le temps disparaît.
« temps à ôter encore
à ce qu’il reste »
Il y a ces tentatives d’arrimer le corps.
« avec ou sans
les jours où l’on est bien
où bouches et bouches
se mangent
gravitent autour des peaux »
On s’accroche aux corps pour ne pas sombrer dans le vide, mais les corps-bouées rappellent encore qu’on ne peut échapper à ce vide. Alors,
« on trace de petits traits
qui tirent
et qui dégorgent
petits traits inouïs
petits traits des absents »
En fin de compte, il n’y a qu’absence, ombre et silence.
« il n’y a que ça
et personne ne dit rien »
La poésie devient alors comme le seul révélateur, la seule issue possible.
« on creuse une matière nouvelle
on noircit les phalanges
en deçà
aucune rue ne s’élève »
Cela permet une certaine forme d’acceptation.
« on reste ce mirage
qui recule sans cesse »
Le vide qui nous pousse finalement dans le vide, le vide autour, le vide devant, le vide derrière.
« on s’en souvient à peine
de la brise d’hiver
(…)
les têtes qui dépassent
à peine
secouent les rideaux
d’ombre »
L’ombre et le silence pour habiller le vide… Reste tout de même comme une lueur, on croit encore à l’après.
« le silence rôde
on a du mal à savoir
ce qui viendra après »
Il s’agirait de passer par l’acceptation, alors que :
« l’ombre roule
à mesure
dans la poussière du jour
il n’y a rien à sauver
il n’y a plus de distance »
Peut-être n’y a t-il simplement qu’un plein présent, avec le vide alentour.
Cathy Garcia
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