15/02/2012
Vient de paraître : Anthologie bilingue "Apartar lo blanco de la luz, Séparer le blanc de la lumière"
33 poètes Équatoriens contemporains du XXIème siècle », de Ramiro Oviedo et Augusto Rodriguez. Traduit de l’espagnol (Équateur) par Rémy Durand, Anne-Marie Durand Kennett et Gabrielle Lécrivain.
242 pages.
Editions du Secrétariat national du Migrant, avec la collaboration de l’Ambassade d’Equateur en France et le Ministère équatorien des affaires étrangères, novembre 2011.
Cette anthologie réunit des poètes nés après 1970, et offre au lecteur la découverte de la nouvelle poésie équatorienne
« L’outil et le ressort de cette poésie est le Moi, un Moi qui se permet l’arrogance de s’écrire, après être passée par les espaces de la stupeur er de l’étonnement ; c’est considérable dans ce monde où le pouvoir subversif du langage se limite au discours moutonnier et à la subordination idéologique. Cette poésie en conséquence ne simplifie en rien les choses, elle les complique de fait car elle se lance (…) dans la recherche verbale, en rupture avec la servilité d’une parole estampillée de slogans et d’innocence. Et nous savons bien qu’en poésie cela ne se pardonne pas » (Ramiro Oviedo, Prologue page 21)
Extrait :
Le baiser des déments
IV
Aujourd’hui je prie pour le sang de mon sang, la chair de ma chair, qui repose dans le mausolée familial jusqu’au jour du jugement dernier. Dans l’attente de la visite d’un ange perdu qui galope dans mon crâne et tente de déchiffrer les mystères de ma vie, avant qu’il ne soit tard. Il m’importe de découvrir la lumière des choses simples, que mon père aussi a aimées avant la récolte et le déluge; découvrir son héritage phosphorescent en ce jour chaud d’hiver, quand il pleut et quand la ville ressemble à une construction faite pas des enfants tristes qui tentent de décapiter les toits des endroits où quelquefois je fus heureux. De mes mains je tente de sculpter mon père, de le faire revenir du long voyage où le bonheur est toujours une lumière qui traverse les miroirs et nous réjouit avec son coït d’étoiles. Quelque part dans ces rues mon père m’attend: les bras ouverts, son chaud sourire, un battement de cheval bleu, ses doigts tristes, prêts à me caresser; il m’attendra avec deux coupes à vin servies pour boire notre sang et rappeler l’origine de la forêt intérieure. L’étreinte sera longue comme un envol d’oiseaux en direction du sud, et la légende de nos peaux la seule garantie pour ne pas devenir fous dans ce désert.
Augusto Rodriguez, page 174
Traduit par Rémy Durand
Rémy Durand / Association Gangotena
Mail : contact@remydurand.com
Site internet : http://www.remydurand.com/
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