Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/04/2012

Greek Crisis : nouvelles du jour

Source : http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/04/temps-de-bruxel...

 
Voile déchirée - Mer Égée mai 2010

Retour à la capitale, Pâques c'est fini. La circulation était même très fluide dans le sens des retours, sous un temps maussade, voilà que toute la Grèce est sur la tempête. Pas de résurrection en vue non plus. « Nous avons un vrai temps de Bruxelles, ciel bas et froid », c'était la blague du jour ce mercredi matin à la radio. Autrement sinon, et sur ces mêmes ondes radiophoniques, on fait semblant de s'occuper des prochaines élections. À la télévision c'est encore plus grotesque. Sur une aire d'autoroute hier déjà, achetant un double café grec deux euros, je n'ai pas pu échapper à l'écran géant de la télévision en pleine... action : « Nous ne répèterons pas les erreurs graves du PASOK, nous sommes une formation politique responsable, et notre pays, il a besoin de nous, car nous gouvernerons guidés par le sens de la responsabilité... », c'était Antonis Samaras, chef de la droite (Nouvelle Démocratie). Une seule personne parmi les automobilistes de passage, un homme voyageant apparemment seul, a vaguement suivi les propos de Samaras, et encore. Indifférence.

 
Ces élections, à défaut de nous trouver une solution, (retrouver une part de notre souveraineté et de notre dignité pour ainsi faire défaut... tranquillement), eh bien, ces élections, dessinent, et aux dires de tout le monde ici, la « diagonale du vide politique », surtout du côté des politiciens Mémorandistes. Au PASOK par exemple, ils ont parait-il du mal, à trouver même des candidats, pour compléter les listes des candidats. Par conséquent, y figurent des presque inconnus parfois, ou sinon des « seconds couteux ». Sauf que la familiarocratie et le népotisme demeurent, comme à Trikala, ville Thessalienne et chef lieu du département homonyme. Pour la circonscription de cette sympathique région de la Grèce centrale, outre le nouveau Christos Gatselis dont le slogan est « Je suis quelqu'un parmi vous - nouveau début », on retrouve sur les listes du PASOK local, un certain Giorgios Oikonomou, fils de l'ancien député et ministre PASOK Christos Oikonomou, et en même temps époux de la fille de Soula Merenditi. Cette dernière, député du PASOK également, a décidé à se retirer de la vie politique, au profit de son gendre « pour ainsi rendre possible le renouvellement de la vie politique et faire place aux jeunes ». Nous devons ainsi avouer notre théorisation anthropologique dépassée par cette originalité dans l'usage du « prix de la fiancée politique », qui serait donc, un siège au « Parlement ». Soula Merenditi trouve cette pratique, parfaitement conforme aux « bonnes usages », Mémorandum ou pas. Elle avait fait campagne d'ailleurs lors des législatives de 2009, par le slogan : « Votez Soula pour obtenir un petit poste » ; et elle a été élue, car les citoyens du département lui accordèrent alors leur confiance, en bons... démocrates et pourquoi pas, progressistes. Mais depuis, le café chic au centre ville de Trikala a fait faillite, et sur la place, on y vend des beignets, à proximité du stand monté par les Indignés locaux. Leur message est clair : « Grecs réveillez-vous, les chômeurs sont plus d'un million », « Aux urnes, il faut dire Non, aux partis du Mémorandum ».
 
Grecs réveillez-vous... Indignés - Ville de Trikala 16 avril 2012
 
Plus au sud, à Corinthe, Stavros Dimas, député de la circonscription, et Ministre des Affaires Etrangères sous le gouvernement du banquier Papadémos, depuis le 11 novembre 2011, ne sera pas candidat, laissant la « place » à son fils, Christos Dimas. Stavros Dimas, actuel vice-président au parti de la Nouvelle Démocratie (droite), n'a pourtant rien d'un notable politique de sous-préfecture. Juriste de formation, il a travaillé pour la société «Sullivan & Cromwell» à Wall Street, puis, pour la Banque Mondiale, avant de devenir plusieurs fois ministre dans les années 1980, et finalement membre de la Commission Européenne entre 2004 et 2009. Donc, selon une certaine idée assez répandue par la propagande ambiante en Grèce et ailleurs, des « cosmopolites » comme Stavros Dimas, si bien à l'aise au sein de la « gouvernance » supranationale, seraient ainsi porteurs d'une autre éthique, basée sur « l'efficacité avérée », plutôt que sur le népotisme, et pourtant. Sachant que le PASOK de Soula Merenditi et la Nouvelle Démocratie de Stavros Dimas sont les deux principales formations pressenties par les « modernistes et épurateurs » Troïkans pour le pouvoir après les élections, alors, nous comprenons mieux le sens de la... modernité. Certes au même moment, Akis Tsochatzopoulos, ancien ministre de la Défense (PASOK), mêlé à plusieurs scandales où il était question de malversations, est en prison depuis quatre jours, événement rare, aussi bien commenté dans la presse allemande et pour cause : une partie de l'argent corrupteur dont le ministre Akis fut le destinataire, était versé par des entreprises allemandes.
 
Christos Gatselis - candidat PASOK - Trikala avril 2012
 
Les rédacteurs du site francophone paradisfj.info (« Paradis fiscaux et judiciaires »), précisent de leur côté, que « la semaine dernière, l’ancien ministre de la Défense et ancien vice-Premier ministre Akis Tsochatzopoulos (soixante-douze ans), l’un des fondateurs du Pasok en 1974 et proche de l’ancien Premier ministre socialiste Costas Simitis, a été incarcéré. L’arrestation est la conséquence de deux années d’enquête sur des transactions immobilières réalisées ou parrainées par des sociétés offshore contrôlées par l’homme politique et basées à Chypre (Torcaso), au Liberia (Nobilis) et aux Etats-Unis (Blue Bell). L’affaire avait éclaté fin mai 2010, quand deux journaux grecs, « Kathimerini » et « Proto Thema », dévoilaient qu’une société écran d’Akis Tsochatzopoulos avait acquis pour 1 million d’euros un luxueux appartement dans le centre d’Athènes. Le nom du haut dirigeant du Pasok est sorti depuis dans deux grosses affaires de corruption liées à des achats de matériels militaires (Siemens, Ferrostaal). Les magistrats accusent Akis Tsochatzopoulos d’avoir perçu depuis 1997, 8 millions d’euros de pots-de-vin d’anciens employés de Ferrostaal. La police fiscale estime que l’accusé a déposé des millions d’euros dans différentes banques européennes, dont 16,2 millions de francs suisses placés dans la Confédération helvétique. Trois de ses proches ont également été arrêtés dont son cousin, également ancien ministre, Nikolaos Zigras. Sa femme et sa fille pourraient aussi être inquiétées. Le Pasok s’est empressé d’expulser son ancien responsable ».
 
Entre-temps, à la Nouvelle Démocratie, on réhabilite certains hommes politiques « maison », mêlés pour leur part, au scandale du Monastère de Vatopédi, faisant d'eux, des candidats aux législatives du 6 mai, c'est la dernière prouesse de Samaras, le « ré-fondateur ».
 
Reste la rue. Les Grecs affirment que cette incarcération de Akis, c'est de la poudre aux yeux, surtout par ce temps électoral. « Sommes-nous encore... capables de voter en faveur de ces deux partis, oui ou non ? », telle est la question, que les gens se posent tous les jours, à Athènes, comme ailleurs. À ce propos, D., mon ami dentiste (en train de déposer le bilan de son cabinet), émet des doutes : « Je ne sais pas. Les gens sont en colère certes, mais si ils restent assez immobiles, c'est sous le couvercle que ébullition continue. Elle le fera sauter un jour c'est certain. Seulement, les deux ex-grand partis (PASOK et Nouvelle Démocratie), peuvent être insuffisamment affaiblis après ces élections. Dans ce cas, nous verrons se former un deuxième gouvernement de coalition sous le banquier. Que dire dans pareil cas, que faut-il penser des électeurs ? Eh bien... tout simplement que les gens, si ils votent encore ainsi, ils n'ont que ce qu'ils méritent, hélas. Mais je vois que les choses bougent. Moi, et pour la première fois je voterai pour la gauche, mais il y en a d'autres qui adoptent un comportement électoral, disons étrange pour aller vite. Tel un ami, je le connais depuis des années, il était mollement de droite jusque là, il accepte d'y figurer sur les listes électorales de « l'Aube Dorée » (extrême droite). Je lui ai dit : es-tu idiot ou quoi, deviens-tu fasciste maintenant ? Il a répondu par la négative, évidemment, visiblement gêné pourtant, il a prétendu « vouloir punir le système » des partis népotistes. Je ne sais pas ce que les élections vont finalement donner ; je ne suis pas très confiant. Au même moment, nombreux sont ceux qui se débranchent des médias et des informations. Ce n'est pas une réaction politique à première vue, mais un acte de survie psychologique, car les gens, n'en peuvent plus de ce choc permanent, c'est trop violent. Cette auto-exclusion de la sphère publique, est vécue par ces individus comme relevant de autodéfense, comme un dernier acte instinctif, il s'agit de leur dernier recours comme ils disent, avant de sombre dans la folie. Le peu de patients que je vois au cabinet en ce moment, me disent la même chose depuis un mois presque... Mais ils iront voter je pense ».
 
Vendeur de Beignets - ville de Trikala - 16 avril 2012
D'autres, redoutent encore le trucage des résultats. Georges M., athénien, a averti tous ses amis par mail : « Comment voulez vous faire confiance à un gouvernement qui a déjà violé la Constitution à six reprises depuis le premier Mémorandum ? Des agents au ministère de l'Intérieur que je connais, m'ont dit que rien cette année n'a été préparé comme les autres années électorales, y compris, l'impression et l'actualisation des listes électorales par bureau de vote. Est-ce encore... de la réalité virtuelle, ces élections ? »
 
Pour l'instant, nous ne pouvons plus qu'espérer le chaos, c'est à dire, un résultat rendant le pays ingouvernable par les forces du Mémorandum déjà, puis nous verrons. « Votez pour nous, sinon le pays sera ingouvernable et connaitra des péripéties pouvant le conduire en dehors de la construction européenne », tel est le tout dernier argument des ténors du PASOK et de la Nouvelle Démocratie, jouant la partition de l'opéra comique dont le livret est écrit par la Troïka. Dans le métro hier matin et à propos du chaos justement, une dame s'est exprimé ainsi : « Je préfère le chaos à l'humiliation. Qu'on meure enfin, mais la tête haute. Puis, qui sait, le chaos, tant redouté par eux, va peut-être nous conduire vers la sortie de la crise, certes, pas tout de suite, dans dix, ou vingt ans, mais nous aurons gagné l'avenir. Nous le devons à nos enfants et non pas aux banques... ». Certains ont applaudi, c'était spontané, la dame même, elle a été surprise.
 
José Manuel Barroso n'a pas l'air rassuré non plus. Depuis Bruxelles, ou devant le Parlement Européen, le président de la Commission a rappelé la logique implacable du Mémorandum, « Le processus de transformation et d'ajustement de la Grèce sera long; il n'en reste pas moins que la mise en œuvre de ces mesures constituera le point de départ de son redressement. Il faut faire comprendre au grand public le programme et la finalité des changements majeurs qui interviendront dans les mois à venir si l'on veut le convaincre que les sacrifices et les efforts consentis aujourd'hui produiront des résultats concrets demain » (Commission Européenne – Communiqué, 18 avril 2012 – 183 final).
 
L'Union Patronale de l'Industrie Hôtelièregrecque, a déjà... ajusté, sans tarder le matin même (18/04). Elle a dénoncée et unilatéralement, les conventions collectives régissant la branche. Désormais, tous les salariés (restants) doivent « négocier » des accords « personnalisés » avec leurs patrons, au cas par cas. C'est aussi (et surtout) cela, le sens du Mémorandum.
 
Le directeur de la Banque centrale européenne, cet ancien de Goldman Sachs, Mario Draghi, dans un long entretien qu'il a accordé au Wall Street Journal vendredi 24 février 2012, affirmait que « le modèle social européen est mort ». Sauf pour les enfants de Soula et de Stavros.
 

Les commentaires sont fermés.