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05/05/2012

Et en Grèce ?

Campagnes http://greekcrisisnow.blogspot.fr/

 

 
Jusqu'à présent, et depuis bien des années, les élections n'ont jamais abouti à une quelconque redéfinition dans les principales options politiques en Europe. C'est pour dire et dans quelle mesure, ces « alternances » n'ont modifié que les accessoires ludiques d'une voiture, équipée toujours du même moteur ayant la conduite à droite, roulant en plus toujours à contre sens, sauf que ce contre sens s'est imposé comme étant le seul possible.
 
Mais le temps de la ludothèque se termine. Le nouveau monde est déjà là, et dans ses options, on croit encore pouvoir insérer « nos » grands moments électoraux. Pas si évident. Néanmoins, votons.

 
 
 
Ici en Grèce centrale, les politiciens de l'ancien monde ont repris du poil de la bête. Les habitants sortent beaucoup, les kiosques électoraux deviennent des attractions vivantes dans l'autovalidation et la tautologie de l'illusion démocratique et des liens au niveau local.
 
Néanmoins, on est en mesure d'espérer ou de se lamenter : « Nous sommes déjà morts, je suis paysan cultivant le coton et les tomates, je travaille par habitude seulement, rien que le prix du gasoil nous achève, mon fils, infirmier, travaille à l'hôpital public sur une île, à 700 euros par mois désormais de salaire, c'est la dèche aussi, il paye 350 euros de loyer, il pense démissionner et venir vivre ici, mais à quoi bon tout cela, dans quel monde vivons-nous enfin ? »
 
" Nous sommes déjà morts, je suis paysan cultivant le coton et les tomates..."
Les perspectives manquent, les élus locaux depuis la reforme de 2010 sont de... moins locaux et agissent aussi dans la plus grande discrétion, imposant aux population de décisions sans aucune consultation préalable. Comme je l'écrivais en commentaire sur un billet précédent de ce blog, y compris au niveau local, le processus décisionnel devient de plus en plus... catastrophique. Ici en Thessalie (Grèce centrale), et je viens d'apprendre par exemple, que le maire (PASOK) de la ville de Trikala, menace ouvertement les habitants d'une petite localité, un village de 1300 habitants, de représailles économiques implicites, car ces habitants, s'opposent à un projet d'usine "biogaz" (à partir de déchets), pour la construction de laquelle, le maire et le Président de Région (Nouvelle Démocratie) ont déjà signé tous les contrats et accords possibles et inimaginables, sans en informer les habitants des lieux.
 
Ces derniers se sont réunis en assemblés populaires, et ensuite, ils se sont présentés devant le maire pour s'exprimer. Et bien, le maire a tout simplement expliqué et avec véhémence, que « toute autre représentativité [que la sienne] comme les assemblées populaires sont illégitimes et illégales ». Je précise que la reforme imposée après le Mémorandum I, a obligé à l'unification forcée des communes. Ainsi, un département comme celui-ci (Trikala) et pour une population d'environ 130.000 habitants, « on a conservé » en tout, quatre hyper municipalités. Je note également qu'un projet analogue dans le Péloponnèse dans la région de Tripoli, rencontre la même opposition chez les habitants, également dépourvus de municipalités à la taille des communes et des localités. C'est aussi cela le Mémorandum...
 
Dans la rue piétonne de Trikala, il y avait du monde. Les tenants du kiosque de l'Union Nationale, interviewés, se montrent déterminés : « Nous sommes tous des anciens officiers à la retraite. Nous ne sommes pas d'extrême droite, mais nous sommes patriotes et si nous avons décidé de former un parti politique, c'est par amour à la partie et par inquiétude. Nous voulons reformer notre démocratie, pour plus de démocratie et pas pour son contraire. Moi, j'ai servi dans les unités de parachutistes, en tant que militaire, j'accueillais tous les enfants du peuple, de gauche ou de droite, peu importe. Nous voulons un pays libre, digne et prospère. Les médias nous boycottent et toute notre campagne, nous la finançons nous mêmes. Ma fille, elle a 25 ans, elle est candidate de notre mouvement, c'est le plus jeune candidat de ces élections je crois dans toute la Grèce. Il faut réagir, ne regardez pas trop autour de vous, tout ce monde, toutes ces cafeterias remplies en ce centre-ville, c'est de l'apparence, il y a ici aussi de gens qui ont faim, je fais aussi partie d'un comité local qui organise la distribution de nourriture, sauf qu'ici c'est une petite société, tout le monde se connait, on fait dans le local, donc pour les soupes populaire, nous restons un peu discrets, les gens ont honte. »
 
Les urnes, la honte et les apparences. À deux pas de là, des politiciens issus de la variante locale du Papadémisme laissent croire à certains qu'ils vont pouvoir leur trouver du travail. Les gens n'ont peut-être pas compris que l'ancien clientélisme ne sera plus en série et le nouveau ne sera plus à leur portée. Pauvres gens, responsables (?) et encore votants. Mon ami S., instituteur ici, dégouté de tous, n'ira pas voter : « J'en ai assez, les gens me fatiguent, les politiciens me tuent. Leur soupe indigeste dégouline de leur cervelle, tous ces gens n'avaient qu'à réfléchir aussi avant. J'ai juste envie qu'on me laisse tranquille ».
 
" Nous sommes tous des anciens officiers à la retraite..." - Trikala 4 mai 2012
 
 

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