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23/12/2012

Gaz de schiste : 30 polluants dangereux dans l'air à proximité des puits

Source : http://www.ddmagazine.com/201212202564/Actualites-du-deve...

 

Dans la controverse sur les gaz de schiste qui oppose les défenseurs de l'environnement et les industriels, l'accent est souvent porté sur les conséquences de la fracturation hydraulique sur les nappes phréatiques, sur les fuites de gaz ou sur la consommation d'eau, et moins sur la pollution de l'air à la surface. Une étude publiée dans la revue scientifique Human and Ecological Risk Assesment montre qu'une cinquantaine de gaz faisant partie des hydrocarbures non méthaniques (non-methane hydrocarbons ou NMHCs) sont détectés dans l'air à proximité des forages gaziers dans le comté de Garfield au Colorado. Les industriels la réfutent.
[En photo : opposants à la fractuartion hydraulique à New York - Source CC Credo]

Parmi les gaz mis en évidence par l'étude, 30 sont documentés pour avoir des effets sur le cerveau, le système nerveux, ou le système endocrinien et certains ont été détectés à des concentrations suffisantes, selon les auteurs (1), pour affecter le développement des enfants pendant la grossesse. Les concentrations les plus élevées ont été mesurées après le forage de nouveaux puits ont mais n'augmentent pas par la suite.

Convictions, doutes et réfutations

Les auteurs précisent que cette étude est unique en son genre (2), mais que du fait du peu de moyens dont ont disposé les chercheurs, de l'absence de collaboration de l'industrie, et de l'accès limité aux zones d'extraction, le lien entre les concentrations de NMHCs et la fracturation hydraulique ne peut pas être complètement établi.

Bon gaz, mauvais gaz

Les gaz de schiste cristallisent les oppositions d'un monde en transition. Le gaz naturel est bon en ce qu'il nous sert à chauffer nos maisons. Il est mauvais quand il s'échappe des puits de fracturation hydraulique, de l'Océan Arctique ou du permafrost sibérien qui fondent, car il réchauffe encore la planète. Son exploitation est moins nocive que celle du charbon qu'il remplace avantageusement. Voilà une façon de penser.

En voici une autre : les maisons nouvelles n'ont pas besoin d'être chauffées, les anciennes, une fois rénovées, demanderont 3 fois moins d'énergie ; le gaz ne remplace pas le charbon, il déplace son exploitation un peu plus tard dans le siècle, ou ailleurs sur la planète. Et par son effet sur les prix de l'énergie en l'absence de comptabilité de ses impacts sur l'environnement, il rend en apparence non-rentable les autres sources d'énergies basées sur la seule intelligence humaine, sources d'énergies éternelles, offertes à tous, à faibles impacts sur l'environnement et la santé, et bientôt gratuites qu'on appelle "renouvelables".

Les investissements faits au nom du premier mode de pensée, le sont au détriment du deuxième, et au prix de dégâts futurs aux coûts incommensurables, et en tout état de cause irréparables.

Néanmoins comme l'étude a été faite dans une région très peu peuplée, avec peu de routes et peu d'activités, l'attention des chercheurs se porte en premier lieu sur les forages gaziers. Les gaz pourraient être émis par les puits eux-mêmes ou par les équipements industriels nécessaires à la production.

Des représentants de l'industrie mettent en doute les qualifications des scientifiques et la qualité de la publication scientifique (ibid). L'étude a pourtant fait l'objet d'une revue par les pairs et les auteurs voient dans les attaques à leur réputation, une intimidation à l'intention des jeunes chercheurs intéressés par le sujet (ibid).

Quoiqu'il en soit, l'étude suggère que d'autres études soient réalisées et ce d'autant plus que les champs de fracturation hydraulique se rapprochent de zones densément peuplées. En Europe, dont la densité de population est 5 fois plus élevée qu'aux Etats-Unis, la question serait encore plus pertinente.

Deux autres études

Deux autres études ont été réalisées sur des sujets voisins :

une étude d'impact sur la santé (Health Impact Assessment) de la fracturation hydraulique par l'Ecole de santé publique de l'Université du Colorado, commencée mais pas terminée après que son budget a été supprimé. Un brouillon des conclusions indique que la production de gaz dans le comté de Garfield est le premier contributeur de benzène dans l'air. Le benzène est cancérogène.

une étude du NOAA publiée en février dernier par la revue Geophysical Research révèle que les forages gaziers et pétroliers relâchent dans l'atmosphère plus de méthane et de benzène que ce l'on croyait.

Notes
1) Les auteurs considèrent que les doses limites autorisées fixées par le gouvernement sont très largement surestimées.
2) First Study of Its Kind Detects 44 Hazardous Air Pollutants at Gas Drilling Sites (Source : Inside Climate news)

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