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15/01/2013

AFRIPHOTOS - Marrons. Les esclaves fugitifs par Patrice Monteiro (Bénin)

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Marrons » est un terme emprunté à l’espagnol « cimarron », qui signifie « vivant sur les cîmes ».

Il provient d’un mot « arawak » définissant les animaux domestiques retournés à l’état sauvage, et par extension, les esclaves fugitifs. Les « Marrons » étaient une menace terrible pour le système colonial, ils étaient susceptibles de provoquer une guerre civile à tout moment. Les esclaves fugitifs étaient surveillés sans relâche et les peines infligées au moindre écart étaient particulièrement sévères, elles devaient marquer les esprits.

Les esclaves qui tentaient de s’enfuir subissaient les punitions décrites par la loi puis on leur posait un collier à longues tiges, qui avait pour fonction de s’accrocher dans les broussailles et gêner toute fuite. Dans le même esprit, ils existaient des carcans à clochettes, permettant d’entendre tous les déplacements de l’esclave.

L’esclave qui osait parler un peu trop à son maître subissait le châtiment du masque de fer. De même, pendant la récolte de la canne à sucre, on mettait des masques en fer aux esclaves assoiffés et affamés afin de les empêcher de goûter ou de manger de la canne.

Au cours de son enfance au Bénin, Fabrice Monteiro est marqué par la bande déssinée « Les Passagers du vent » de François Bourgeon. Une partie de l’aventure se déroule à Ouidah, au Bénin, village d’origine de sa famille paternelle. Il est fasciné par le réalisme des images, il reconnait les lieux déssinés, les visages lui sont familiers. C’est dans ces pages qu’il découvre ces colliers étranges portés par certains esclaves pour les empêcher de s’enfuir.
Son père lui raconte l’histoire de sa famille et la raison pour laquelle il porte un nom de famille portugais comme tant d’autres béninois. Son ancêtre s’appelait Ayedabo Adagoun Odo, il était originaire du Nigéria. Il est mis en esclavage par les portugais et envoyé au Brésil. Il est revenu au Bénin des années plus tard, affranchi sous le nom de Pedro Monteiro.
Sensible à la question de la traite négrière et du rôle joué par ce petit village de la côte béninoise, Fabrice décide d’explorer le sujet photographiquement afin de contribuer à la mémoire de l’esclavage.

A partir du CODE NOIR*, de lithographies et des rares photos originales d’esclaves, Fabrice reconstitue les plans de cinq modèles
d’entraves utilisées pour punir ou dissuader les esclaves de toute tentative de fuite. C’est à partir de ces plans que deux jeunes forgerons
béninois reproduisent les entraves mises en scène dans cette série photographique.
Afin d’obtenir un effet de clair obscur, il choisit une approche moderne du traitement de la lumière. Il conçoit une boîte noire, un studio
mobile permettant d’aller à la rencontre de ses modèles dans les ruelles de Ouidah.

* Le CODE NOIR a été élaboré par le ministre français Jean-Baptiste Colbert (1616 - 1683) et promulgué en mars 1685 par
Louis XIV.

Fabrice Monteiro
http://www.afriphoto.com/expositions_gallery.php?id=1207

 

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Qu'est ce qu'AFRIPHOTOS ?

Projet photographique d’Africultures, Afriphoto promeut depuis 2001 les photographes d’origine africaine en leur donnant un espace de visibilité et d’expression.

À travers diverses activités éditoriales (notamment la publication d'ouvrages monographiques et la production régulière d'articles, en liaison avec la base de données d'Africultures), la mise en place d'événements et projets, ainsi que par ce site Internet, notre objectif est de donner à voir une photographie actuelle ou plus ancienne, révélatrice de visions personnelles sur un continent trop souvent vu sous un seul angle.

Notre mission est ainsi double : d'une part, nous voulons contribuer de manière significative au travail de déconstruction des images négatives liées au continent africain et ancrées dans l'imaginaire occidental, d'autre part, notre travail vise à promouvoir les photographes qui, avec sensibilité et regard aiguisé, sont en mesure de nous offrir une alternative de qualité aux visions misérabilistes de l'Afrique que les médias nous ressassent à profusion. C'est dans cette même optique que nous accueillons également ici, avec enthousiasme, les travaux au long cours des photographes occidentaux dont le travail se situe ou porte vers l'Afrique.

Afriphoto agit ainsi, également, en tant qu’agence de photographes.
Nous essayons, autant que possible, de participer aux dynamiques susceptibles de donner aux photographes associés les moyens de se dégager des contraintes quotidiennes pour se consacrer plus sereinement à leurs travaux personnels.

Afin de remplir pleinement notre rôle de passeurs, de participer activement à la création d'une dynamique de réseau et et à la professionnalisation de photographes vivant parfois dans des pays et contextes très éloignés et différents les uns les autres, nous avons mis en place un forum, qui se veut un lieu d'échange ouvert pour réfléchir ensemble aux enjeux actuels de la photographie sur le continent.

Enfin, si depuis quelques années la "photographie africaine" semble avoir le vent en poupe, nombreuses sont toutefois les difficultés auxquelles certains photographes africains doivent aujourd'hui faire face sur place.
À travers nos articles, nous essayons donc d'explorer ce qui n'est pas forcément visible lorsque l'on visite les grandes expositions et biennales internationales où ces photographies sont exposées.
Les interviews, forme que nous privilégions dans la mesure où la parole des principaux intéressés est précieusement recueillie, nous permettent ainsi d'approcher ces dynamiques de manière plus large et de mieux comprendre les multiples facettes de cette photographie dont on entend de plus en plus parler aujourd'hui. Photographes reconnus, de studio, ou "free-lance" ont ainsi tour à tour la parole, en essayant de suivre le fil de l'actualité.

Pour terminer cette présentation, voici un clin d'oeil aux travaux de l’historienne de la photographie ouest-africaine, Érika Nimis, notamment à travers les propos tenus au cours de la conférence Où va la photographie africaine, donnée à la Maison Européenne de la Photographie le 7 juin 2006 :

« Comment écrire une histoire qui concilie deux photographies : l'une, produit d'exportation, répondant aux critères du marché de l'art, et l'autre, occultée, car non conforme aux discours occidentaux sur l'Afrique ? »

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