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03/04/2013

ACHAT DES TERRES DU TIERS MONDE : NÉO-COLONIALISME ? NON, GÉNOCIDE

 

Postée le 02/04/2013 à 19h38

Achat des terres du tiers monde : néo-colonialisme ? Non, génocide

 

Déjà avant la crise financière de 2008, mais surtout depuis, des investisseurs de tous poils se tournent vers d'autres possibilités de faire de l'argent.

Une des possibilités réside aujourd'hui, pour ces fonds d'investisseurs ("Fonds de Pensions"), dans l'acquisition et l'exploitation forcenée de terres cultivables situées dans le Tiers Monde.

Dans ces pays pauvres, il existe quantités de terres cultivées depuis toujours par des petits paysans. C'est le cas en Amérique du Sud, en Afrique, mais aussi ailleurs, en Asie par exemple.

Les choses se passent toujours plus ou moins de la même façon : sous le prétexte de proposer à ces pays pauvres de "rentabiliser leurs terres", des hommes d'affaires (travaillant pour ces États ou ces fonds d'investissements tel OLIVIER COMBASTET) achètent des quantités impressionnantes de terres. Parfois ces terres appartiennent déjà à l'État (c'est le cas en Éthiopie par exemple), parfois ces terres appartiennent à des propriétaires heureux de toucher un capital.

Mais, dans tous les cas, la réalité et les conséquences sont les mêmes : les paysans qui travaillaient la terre n'ont d'autre solution que d'abandonner leur métier. Ils se retrouvent condamnés à mourir de faim et à croupir dans les bidons-villes.

D'une certaine manière, ces petits paysans sont condamnés à mort car ils se retrouvent privés de leur source de subsistance. Qu'il s'agisse de cultivateurs ou d'éleveurs.

Souvent, ces petits paysans tentent de se rebeller. On connait bien le mouvement des paysans sans terre du Brésil (MST), privés de leurs terres par la Dictature de leur pays au nom d'une "Révolution Verte".

Ajoutons, pour être complet, que certains États (Chine, Émirats du Golfe, Arabie Saoudite, Japon) font de même, conscients de leurs énormes besoins alimentaires.

Aujourd'hui, c'est contre des accords secrets signés entre des dirigeants corrompus et des grands groupes (MONSANTO par exemple) ou des États que s'élèvent des paysans chassés d'une terre qu'ils exploitaient avec respect depuis des lustres.

Quand des mouvements de révolte se manifestent, les exploitants peuvent compter sur les forces militaires des États corrompus pour faire régner l'ordre !

Mais une firme comme MONSANTO n'a pas hésité, au Paraguay, à pulvériser directement des pesticides toxiques sur des groupes de "rebelles" pour les faire plier ! Lire ICI.

Il n'est donc pas exagéré de dire que cette façon de faire s'apparente plus à une forme de génocide qu'à du néo-colonialisme.

Un autre élément vient d'ailleurs confirmer ce jugement. Il concerne la manière d'exploiter les terres.

Dans tous les cas, ces immensités de bonne terre achetées à peu de frais font l'objet d'une exploitation "maximaliste" ne respectant en rien l'avenir de la terre. C'est uniquement la course au profit immédiat qui mobilise les exploitants.

Ils utilisent donc d'énormes engins qui labourent profondément la terre.

Ensuite ils vaporisent sur ces terres des pesticides qui y détruisent toutes formes de vie (ROUNDUP par exemple).

Cela permet de planter des organismes "OGM résistants à ces pesticides", du soja ou du maïs. Ces plants, les seuls à profiter de la terre, poussent à grande vitesse. Des rendements extra-ordinaires sont obtenus les premières années. On utilise ensuite force engrais car la terre s'appauvrit, perd ses qualités naturelles.

Mais il est certain que, au bout de quelques années, ces fonds de pensions abandonneront ces terres, les revendront. Ceux qui les rachèteront se retrouveront propriétaires de terres "dénaturées" et sans possibilités rentables durant des décennies.

C'est dans ce sens que je dis que cette politique d'achat et d'exploitation est génocidaire.

Oui, on peut dire que, après avoir volontairement ruiné des centaines de milliers d'Américains en les endettant jusqu'au cou, les financiers d'aujourd'hui (et certains États cupides) surexploitent des terres, ruinent et condamnent à mort des millions de petits paysans des pays les plus pauvres.

Un vrai génocide. Un de plus.

 

Un article de Michel Philips, publié par mediapart.fr

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