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03/09/2013

Les petites centrales nucléaires immergées...



Avec son projet de petites centrales sous-marines, l'entreprise française DCNS veut se lancer sur le marché du nucléaire transportable. Mais les problèmes environnementaux liés au nucléaire restent entiers et la compétitivité économique du modèle fait débat.

Des petites centrales nucléaires transportables. C’est une des solutions énergétiques proposées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA) pour les pays nouvellement industrialisés. Ce marché intéresse l’industrie nucléaire, tournée vers une croissance de la demande d’électricité prévue à 90% hors de l’OCDE. En France, l’entreprise DCNS est sur les rangs avec son projet de centrale immergée Flexblue. L’armateur, connu pour ses sous-marins nucléaires, se diversifie depuis quelques années dans l’énergie. L’argument de la centrale transportable est simple : livrer clé en main de l’énergie nucléaire à des pays qui n’en ont pas les moyens techniques et financiers. Selon DCNS, Flexblue permettrait de se passer d’infrastructures et de personnel formé sur place. Les centrales seraient fabriquées dans les chantiers navals de l’industriel, puis livrées par bateau. Le service après vente est également assuré : les unités mobiles seraient rechargées en combustibles, entretenues et finalement démantelées par l’entreprise.

D’une puissance cinq à dix fois inférieure aux centrales actuelles, ces petites chaudières nucléaires cibleraient aussi les marchés trop petits pour absorber le millier de MWe produits par les gros réacteurs. Selon DCNS, une unité Flexblue, reliée à la côte par des câbles, permettrait d’alimenter quelques centaines de milliers de personnes.

« C’est facile d’envoyer un homme grenouille »

L’atout ultime de ces centrales immergées serait la sûreté. Arrimées au fond marin à une centaine de mètres de la surface, elles bénéficieraient d’un « système de sûreté passif », explique Damien Bonnet, responsable de la communication sur le nucléaire civil à DCNS. La circulation de l’eau de mer garantirait un refroidissement permanent du réacteur nucléaire. Et DCNS de préciser que la dispersion radioactive en milieu marin serait moins dommageable à la population.

La perspective de voir des petits réacteurs nucléaires dispersés à la surface du globe ne fait évidemment pas l’unanimité. Roland Desbordes, physicien et président de la Criirad, rappelle que « ces réacteurs posent les mêmes problèmes environnementaux que la filière nucléaire actuelle. » Flexblue fonctionnerait en effet à l’uranium enrichi, donc les dangers liés à la gestion des déchets et à l’approvisionnement dans les mines d’uranium restent entiers. Quant à la sûreté, Roland Desbordes estime que l’immersion rend les réacteurs plus vulnérables aux attaques terroristes : « C’est facile d’envoyer un homme grenouille ; rappelez-vous du Rainbow Warrior ». Autres problèmes écologiques : le réchauffement de l’eau autour des centrales et la difficulté d’intervenir sous l’eau en cas de fuites radioactives.

Coup de frein suite à Fukushima

Mais existe-t-il un marché pour Flexblue ? DCNS défend la compétitivité des coûts de son projet pour les pays du Sud. Sans donner de chiffres, l’industriel insiste sur ce nucléaire low cost, grâce à des centrales standardisées, produites en série sur ses chantiers. L’investissement serait également progressif, puisqu’un acheteur pourrait commencer par s’équiper d’un réacteur, puis deux, trois... Selon Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et auteur de l’Atlas mondial du nucléaire, « Flexblue est intéressant pour alimenter des régions isolées, avec un accès à la mer. Là où le coût de transport de l’électricité est très élevé. » Roland Desbordes est dubitatif : « Si le marché était rentable, il y aurait des candidats. Car tous les éléments techniques sont sur la table, donc la réalisation ne devrait pas poser de problème. Or, aujourd’hui, ça ne semble pas se bousculer au portillon. »  Chez DCNS, on reconnaît que les équipes planchent toujours. Un consortium entre DCNS, Areva, le CEA et EDF travaille justement sur les conditions de la compétitivité économique du projet.

La catastrophe de Fukushima a aussi donné un coup de frein à l’industrie nucléaire. « Depuis janvier 2011, date de présentation de Flexblue, l’ensemble de l’industrie nucléaire mondiale a vu ses programmes et calendriers opérationnels impactés par le drame de Fukushima », reconnaît Damien Bonnet. Dans les faits, la construction du prototype n'est pas décidée et s’il voit le jour, le projet devra aussi recevoir l’aval des autorités de sûreté nucléaire.

Magali Reinert
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09:30 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

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