08/05/2014
Fugitive lu par Laurence Biava pour la Cause Littéraire
Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes, mélange de diverses techniques et de collages. Elle obtient un premier Prix de poésie à 18 ans. Ses premiers recueils sont publiés en 2001. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Elle crée en 2003 la revue de poésie vive Nouveaux délits. Son travail est présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net. Fin 2009, elle fonde l’association du nom éponyme Nouveaux délits. Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo :
Après Claques et boxons et Les mots allumettes, Cathy Garcia revient en ce mois de mars 2014 avec un recueil court de poésie prosaïque très intéressant qui fait à la fois la part belle aux souvenirs des tragédies antiques, aux flottements des corps en souffrance, à la beauté des matériaux. Il y a aussi de belles envolées sur les aurores, la lumière de la lune, d’où jaillissent fulgurances, contemplation, rédemption.
« Une tragédie antique ensevelie dans le jardin des masques… L’oiseleuse pleure dans les fumées de myrrhe. Un corps de femme à lapider, encore et encore… Juste un saccage de coquelicots. Conjuration du vide… La meute aime le rut… ».
Chaque fragment hybride est court et complété par une illustration personnelle de l’auteur.
« Je marche… je dois marcher… Je cours et je danse… ». Cette ode à la fragilité de la vie se déroule avec douceur sous nos yeux, et cette sensation est renforcée par la grande qualité de plume de Cathy Garcia. On y voit, on y sent, on imagine la vie d’un individu égaré en pleine nature. On lit et on regarde se dérouler, en petites en grandes attentes, la vie d’un personnage, qu’on imagine être une femme, croqué au trait noir. Les instants heureux ou douloureux de la vie sont là, esquissés en quelques traits et liés les uns aux autres, par les ressacs des histoires d’amour, de séparation ou de transition. On entend des cris sourds parfois et se dessine (et se devine) alors une couleur particulière, différente à chaque page, à chaque murmure souffrant. Et l’air, la lumière, le souffle reviennent vite pour combler les manques, les trahisons, les inépuisables toxicités. Animée de tourments intérieurs et d’observations éclairées sur la mémoire et la fuite, l’histoire de chaque scène se déploie sous nos yeux, on la regarde et on l’aide à son déroulé en touchant du doigt les mots qui sursautent et s’empilent, parsemés. Les mots qu’on aimerait remettre dans la main du personnage, pour ne pas la voir s’enfuir et souffrir. On devine des coupures entre les phrases, qui renforcent la narration de cette histoire, ode poétique au temps, à l’errance, à l’exil.
Ces fragments d’une femme naufragée renforcent les émotions que l’on ressent, en résonance, à l’écoute et au visionnage de cette vie, notre vie, qui passe entre douceurs et tristesses. C’est vrai ! Comme le dit l’auteur, « notre bonheur est bossu ».
« Je marche et glisse dans la nuit, je compte les spectres. Un spectre, deux spectres, trois spectres… Quatre spectres… Les violoncelles saluent la vanité des cérémonies… Tout brûle, irrattrapable capharnaüm ».
Laurence Biava
18:35 Publié dans CG 2014 - FUGITIVE (Cardère) | Lien permanent | Commentaires (0)
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