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30/05/2014

Il était une fois un pays, l’Espagne qui, grâce au dieu marché néolibéral, devint “l’Espanistan”

plus que jamais d'actualité...ça continue...

16 novembre 2013
Par

espanistan2 espanistan4Courte vidéo satirique en langue espagnole, avec sous-titrage en français, qui retrace avec beaucoup d’à-propos, les fondements politiques de la faillite bancaire et immobilière espagnole. Document proposé pour CHAIRECOOP par Alejandro Muchada. « Màs que una casa ». Architecte et membre de la chaire.espanistan7

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  1.  Il était une fois un pays, l’ESPAGNE qui, grâce au dieu marché néolibéral, devint “l’ESPANISTAN“…

 

     2.« ESPANA EN VENTA ». Film documentaire en langue espagnole de Jordi Evola & Ramon Lara. (Novembre 2013 ) proposé pour CHAIRECOOP par Alejandro Muchada. « Màs que una casa ». Architecte et membre de la chaire.

  • En 2013, la communauté d’agglomération de Madrid vend la totalité d’un ensemble locatif social public (« vivienda de protecciónofficial ») dénommé « Ensanche de Vallegas », soit 3000 logements sociaux. Cette vente intervient au bénéfice de deux fonds de pension américains, pour un montant de 201 millions d’€.

espana1espana3Les fonds de pension et organismes bancaires désormais propriétaires de cet ensemble immobilier sont Blackstone et Goldman Sachs. En conséquence, les locataires en place ont perdu leur statut de locataire social et le patrimoine immobilier public financé par l’impôt, relève désormais du marché libre.

Cette vente immobilière qui a été décidée par la communauté urbaine de Madrid sans aucune concertation auprès des populations concernées, intervient au moment même où s’achève la période de versement des aides au logement. Ce qui place les locataires concernés dans une situation de totale incertitude.

Ainsi que l’on peut en prendre connaissance dans un extrait de la profession de foi de Goldman Sachs : «We stress creativity and imagination in everything we do. While recognizing that the old way may still be the best way, we constantly strive to find a better solution to a client’s problems. We pride ourselves on having pioneered many of the practices and techniques that have become standard in the industry.”[1] espana4

Le marché financier est en effet à même de se renouveler en permanence, dans sa recherche d’invention illimitée de nouveaux “produits”, qui sauront générer pour son propre compte, les plus grands profits.

espana2En réalité, il s’agit de remettre en perspective sur un temps long, ce processus de privatisation du logement social public en cours en Espagne.  Cette démarche de marchandisation de biens publics n’est pas un phénomène isolé. Elle intervient à l’inverse, comme une lame de fond et ce, du nord au sud du continent européen. Portée par le courant de pensée néo-libéral, Margareth Thatcher initie le processus en Grande Bretagne dès le début des années, 1980 avec le « Right to Buy » (2 millions de logements sociaux publics vendus entre 1979 et 1999)[2]. Thatcher imprime ainsi sa vision du monde de la ” ownership society” (société de propriétaires).

Aux Pays-Bas, sur la seule année 2000, ce sont 20.000 logements sociaux publics propriété des sociétés publiques de logements (« woning corporaties »), qui sont vendus sur le marché immobilier.

En 2001 en Italie, le gouvernement Berlusconi crée un consortium bancaire international – la SCIP [3]- ayant en charge la vente de 100.000 logements publics, propriété des entreprises de prévoyance publiques (« Ente previdenziali ») pour un montant évalué à plus de 4 milliards d’€.

espana8En 2004, la municipalité social-démocrate de Berlin vend d’un coup 70.000 logements sociaux publics propriété de la société communale “GSW”, au fonds de pension américain CERBERUS, pour un montant de 2 milliards d’€. La ville de Berlin efface ainsi du même coup sa dette publique estimée à 1,6 milliards d’€…espana7 

Cette tendance générale à l’œuvre en Europe, où toute aide publique est considérée comme une entrave avérée à la sacro-sainte règle de la “concurrence libre et non faussée“,  peut au fond être traduite de la manière suivante : le logement social peut rapporter gros. A une condition toutefois, s’en débarrasser…

Yann Maury. Chairecoop. Décembre 2013.

Pour des analyses complémentaires, consulter infra le chapitre CHAIRECOOP. ESPAGNE. ”Surproduction immobilière et crise du logement en ESPAGNE “.


[1] « Nous insistons sur la créativité et l’imagination dans tout ce que nous faisons. Tout en reconnaissant que la manière traditionnelle peut-être encore être la meilleure, nous nous efforçons constamment de trouver une meilleure solution aux problèmes du client. Nous nous glorifions d’avoir initié de nombreuses pratiques et techniques qui sont devenues la norme dans l’industrie ».

[2] Cf. Yann Maury. 2006. « Le logement social dans quatre métropoles européennes. (Londres, Rome, Barcelone, Berlin) ». Les cahiers du CPVS. N° 66.

[3] Societa di cartolarizzazione degli immobili publici.

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