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08/11/2014

Laurent Bouisset lit son poème "Fredaine bosniaque" en direct sur Radio Galère (sur une musique d'Interzone)

 
Photographie (de Mostar) de Nicolas Guyot

 
 
Texte + voix : Laurent Bouisset (poème extrait du recueil à venir "Explorer l'attente", déjà publié dans le numéro 155 de la revue de poésie contemporaine Verso)
Musique : "Evasion" d'Interzone (Serge Teyssot-Gay + Khaled AlJaramani), "Waiting for Spring", 2013
 
 

Fredaine bosniaque
 
Mostar - RestoranŠadrvan - bouteille de vin blanc entamée - rouquins blancs noirs plusieurs chats vont - en quête d’une tête de poisson vont - ils sont en vie - plus que tout je le sais qu’ils sont en vie - la frénésie de leurs bedaines clapote sous mes talons - ronde d’enfants farceurs autour - je ne voudrais au menu que cela - que la simplicité de leur chemin - le vent dans le tilleul me dit que je suis libre - je sais qu’il ment mais reste à l’écouter des heures - pour le plaisir - le son de sa voix m’est un tel parfum - si tout est étranger l’étranger n’existe pas - le vin est dans la truite - la truite est dans le vin - la feuille voyage - le vin vole haut - je les suis loin - hors de mon verre empli et de la tige - vers le suicide de mon je-cage - ce que j’étais venu chercher ici ? je ne sais plus - les roues du train l’ont effondré - ce que découvre ici dans l’air ? ne suis pas sûr - cela bruit fort et bat pour l’heure à l’est du langage - une truite a jailli pour moi du fleuve - mes mots l’attendent - à comploter cette fredaine - dont la lumière est le vin doux - et le vin doux est la lumière - je suis assis là solitaire - bord de la Neretva et de ma solitude - j’invente un monde - j’essaie du moins - cela m’éparpille m’envenime - me mine parfois - est-il sur terre un seul sentier qui ne cahote ? - aujourd’hui je vais prendre le temps - je vais prendre le temps d’apercevoir - l’amour entre autre - surtout l’amour - là-haut perdu ne l’entendez-vous pas ? des émeraudes à ses seins s’ennuient - son long corps à mes pieds descend - porté par la fumée du haut de la colline - à mes pieds disparaît - je le sais que rejoindre la feuille et l’oublier est le plus sûr moyen de le trouver parfois - peu importe qu’elle m’ait balancé - cette conne - espérant que mes reins se brisent - mon sperme s’échoue - vaguelette morte sur la rive tiède - ne plus penser - ne plus parler - faire comme si le fantôme de mes mille putains disparues - d’un pet d’un coup - s’était amuï - couler comme le vin lent - le vin que j’aime - le vin de Celan endormi - à sa santé j’attaque ma truite - et vous salue amis au loin - heureux peut-être - heureux j’espère - ah si le monde pouvait n’être qu’un festin sans barbelés - que tous ensemble nous tournions - à l’ombre d’un mot qui n’existe pas - ah si tous ensemble nous tournions - jusqu’à n’être plus qu’un seul poète - plus qu’un seul vers - sans la moindre défense - sans résistance aucune - vers truite et fou dans les flots libéré - présents tellement qu’oublieux du procès de notre présence - et mugissant de joie - oui le vent me le dit qu’un jour ou l’autre nous mugirons de joie - il pleuvra vert - nous serons nus - le souvenir de la guerre aura quitté la chair et l’eau - sans compter nous aimerons - ce sera l’heure - nous verrons clair
 
Laurent Bouisset - Mostar, Bosnie Herzégovine, le 30 octobre 2008

 

à écouter ici : http://fuegodelfuego.blogspot.fr/2014/03/laurent-bouisset...

 

 

 

 

18:58 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)

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