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1ère Mad Pride Paris 2014. Plus de 500 personnes ont défilé dans Paris le samedi 14 juin 2014 pour clamer le droit à la dignité, au respect et à la citoyenneté des personnes en souffrance psychique.
Merci à Tom & Ji Aile
Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté
Ce film nous invite au voyage en nous immergeant dans le quotidien de Charlie, un ancien danseur et guerrier aborigène, perdu entre deux cultures, qui décide de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens. Rolf de Heer questionne une nouvelle fois la culture aborigène et met en lumière les difficultés de ces communautés à pouvoir elles-mêmes protéger leur terre et leur avenir. Entre force tranquille et dignité poétique, l’acteur australien David Gulpilil livre avec humour et profondeur une prestation magnifique.
L'homophobie est un mal qui ronge les sociétés contemporaines. Les débats et débordements qui se poursuivent depuis l'adoption de la loi sur le mariage pour tous en sont un exemple de premier plan. Or, elle empêche les rapports libres et égaux entre tous les individus, qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels.
Pour réagir à cet état de fait, Eric Guéret et Philippe Besson réunissent dans ce documentaire des paroles d'hommes et de femmes qui ont subi des actes homophobes violents. Sauvagement agressés par des anonymes, rejetés par leur famille, harcelés au travail, chacun revient sur ce qu'il a vécu.
Le Lot en Action, par Bluboux, mis en ligne le 18 décembre 2014
Ce qui relève encore de la science fiction dans bon nombre de nos têtes est bel et bien devenu réalité : les robots remplacent les êtres humains dans les chaines de production, les magasins, les restaurants, les rédactions des journaux... Pour vous en convaincre, voici quelques exemples concrets avec de multiples liens et sources pour en savoir davantage. Et qu’on ne s’y trompe pas, l’automatisation permise par le numérique ne touche pas que les emplois les moins qualifiés. Des algorithmes de trading remplacent parfois avantageusement des traders. Des journalistes sportifs et financiers commencent à être remplacés par des intelligences artificielles aux Etats-Unis, capables d’analyser et de présenter des résultats (un algorithme a même été nommé au conseil d’administration d’un fonds de pension (6)). C’est aussi le cas pour les pilotes et chauffeurs, puisque vont débarquer les véhicules qui se dirigent tous seuls. Et on pourrait multiplier les exemples. C'est donc bien une nouvelle crise sociale qui se profile à l'horizon. D'ailleur Bill Gates himself le déclare : « La substitution logicielle, qu'elle concerne les chauffeurs, les serveurs ou les infirmières, progresse. Sur la durée, la technologie va réduire la demande en emplois, particulièrement au bas de l'échelle des compétences. »
Quelqu'un peut-il leur expliquer qu'ils peuvent continuer à rechercher frénétiquement la compétitivité et le profit, il y a néanmoins des équations qui sont incontournables : sans emploi, plus de salaire, plus de consommation, et l’économie s’écroule... Il faudra très vite des robots policiers, comme ceux mis en service par Microsoft sur son campus, pour que la terreur puisse maintenir le désordre établi...
Foxconn envisage de remplacer 1 million de salariés par des robots
Foxconn, le sous-traitant tristement célèbre d’Apple et d’autres compagnies high-tech, qui emploie près 1 300 000 salariés en Chine (conditions de travail proche de l'esclavage) a déjà mis en place 10 000 robots sur les chaines de production de l'iPhone 6 d'Apple. Terry Gou, le PDG du groupe, communique à tout va sur le fait que ses « Foxbots » (robots) déjà déployés dans les usines, peuvent construire 30 000 smartphone par robot et par an. Rappelons qu'il y a trois ans, Terry Gou promettait (1) à ses actionnaires d'atteindre le chiffre de 1 million de Foxbots dès 2014. Si l'objectif annoncé est encore loin d'être atteint, la technologie est maintenant au point puisque ces machines sont autonomes, animées par un système d’exploitation intelligent développé par Google et de nombreuses entreprises annoncent leur volonté de suivre l'exemple de Foxconn, à l'instar de Canon (2). Et l'on comprend très aisément la logique de cette pensée, puisque les robots travaillent 24 heures sur 24, ne revendiquent aucune augmentation de salaire, ne se suicident pas...
Nestlé recrute 1.000 robots français pour devenir vendeurs
Le site de BFM Business (3) annonce que Nestlé va utiliser 1 000 robots pour vendre des machines à café dans ses magasins au Japon. Dès le début de l'année, des robots Pepper déambuleront dans les grandes surfaces et boutiques japonaises. La filiale japonaise du groupe suisse a décidé d'embaucher 1.000 humanoïdes conçus par le français Aldebaran pour vendre ses machines et capsule à café. « Ce n’est la première fois qu'autant de robots seront utilisés dans des commerces » assure la direction du groupe Nestlé, qui espère d'ailleurs que d'autres pays suivront son modèle. A Tokyo, plusieurs Pepper officient depuis quelques mois dans 70 boutiques de téléphones mobiles SoftBank. Un déploiement qui ne fait que commencer puisque le géant des télécommunications a pris une participation de 78,5 % dans le français Aldebaran. Ensemble, ils ont créé Pepper, un robot humanoïde haut d'1,20 m qui pèse 28 kgs. Un visage, des yeux expressifs, un tablette tactile en guise de ventre, et des roulettes à la place des pieds, il a été conçu à la base pour tenir compagnie aux personnes âgés. De robot de compagnie, le petit frère de Nao va donc se transformer en vendeur. "Les robots Pepper pourront conseiller les clients sur les différents articles proposés en fonction de leurs besoins et goûts", prédit Kohzoh Takaoka, PDG de Nestlé Japon.
Un restaurant avec des humanoïdes en cuisine en en salle
Un restaurant futuriste a ouvert la semaine dernière à Kunshan, dans l’est de la Chine : il fait travailler des androïdes aux fourneaux, tandis que des robots sur roulettes apportent aux clients les raviolis et les légumes frits qu'ils ont commandés. Deux robots accueillent la clientèle dès l'entrée avec quelques chaleureuses formules de politesse, et quatre androïdes de petite taille apportent ensuite à chaque table les plats, soupes et bols de riz, posés sur des plateaux. Côté cuisine, deux imposants robots au torse bleu et dotés de grosses ampoules rouges clignotantes en guise d'yeux : l'un est en charge des fritures, tandis qu'un autre se consacre à la confection des raviolis et autres bouchées fourrées. Ayant intégré un certain nombre de recettes, ils sont approvisionnés en ingrédients par une poignée d'employés humains... lesquels s'occupent également de préparer les plats plus sophistiqués.
La société américaine Momentum Machines (4) a mis au point une machine capable de préparer 360 hamburgers à l'heure, soit un burger toute les 10 secondes. Inutile de vous préciser que de nombreuses chaînes de restauration rapide attendent avec impatience la commercialisation de cette machine...
Le géant amricain Amazon installe 15 000 robots Kiva supplémentaires dans plusieurs de ses entrepôts
Amazon vient d’annoncer le déploiement de 15 000 robots mobiles Kiva dans 10 de ses centres, qui vont se charger d’aller chercher les produits directement dans les étagères et les apporter aux employés chargés de la préparation des colis. En France, bientôt, les 1.500 employés à temps plein du centre de Tracy (qui s’étend sur plus de 100 000 m²) seront assistés par 3.000 robots, glissant rapidement au sol et sachant se repérer instantanément. Les centres stockent en moyenne 20 millions de produits dont 3,5 millions de références sont uniques. Cela va du livre au jeu vidéo, en passant par les jouets, les bouteilles de vin, les casques audio, etc. L'objectif est un gain de 20% de productivité... Combien de licenciement dans les 5 prochaines années ?
Microsoft s'équipe de robots sentinelles
La nouvelle s’est vite répandue en novembre dernier : pour la surveillance sur son campus californien, l’entreprise Microsoft a fait l’acquisition de sentinelles robotisées K5 de Knightscope (5). Ces robots d’un mètre cinquante de haut pour cent trente-six kilos vont scanner en permanence le campus californien de Microsoft en déambulant dans les allées et les espaces extérieurs. Ces machines autonomes sont fabriquées à Mountain View par la société Knightscope. Un véritable bijou technologique. Bardés de capteurs (GPS, micro, caméras, détecteurs d’odeurs, système d’imagerie thermique), ces agents de sécurité mobiles sont capables de scanner plus de 300 plaques minéralogiques à la minute. Son système de reconnaissance de caractères permet de comparer les images des caractères numériques avec une base de données ou hot-list. Ils possèdent également des caméras infrarouge pour filmer dans des zones à faible luminosité.
Tentez de lui barrer la route et il se stoppera net devant vous. Essayez de le retenir et il fera retentir son alarme et enverra instantanément une alerte de niveau faible à un centre de télésurveillance. Brusquez-le et là, le K5 se mettra en colère et sortira l’artillerie lourde : une sirène casse-tympans pour faire fuir le vandale. Simultanément, le télé-opérateur pourra observer en vue immersive ce qui se passe autour du K5 et selon les cas, parler à travers les haut-parleurs du robot. Il suffit juste d’une connexion Wifi.
Knightscope a pour ambition de réduire la criminalité de moitié et déclare ne pas vouloir (pour l'instant...) équiper ses robots d’armes à feu.
Notes
(1) Lire à ce sujet l'article paru dans Le Point, le 8 juillet 2014 : http://bit.ly/1lQG7mk
traduit de l’anglais par Jean Esch, images de Shaun Tan
Gallimard, 23 octobre 2014
496 pages, 35 €.
Quel superbe ouvrage, se dit-on aussitôt que l’on a cette « bible » entre les mains, bible par son format et son épaisseur mais aussi par la sensation que l’on tient entre les mains un livre sacré. La beauté des œuvres qui l’illustrent y est pour beaucoup. L’artiste Shaun Tan s’est pour cela inspiré des sculptures de pierre des Inuits et de statuettes en terre de l’art précolombien.
Tout art traditionnel sachant insuffler pouvoir et magie à des matériaux à la fois brut comme la pierre et la terre, et comme le sont les innombrables contes, ici recueillis par les frères Grimm et donc puisés au terreau de l’imaginaire européen, taillés dans le roc de l’imaginaire collectif universel et polis au cours des siècles de mains en mains et de bouche en bouche. Ici on en retrouve cinquante, des plus célèbres aux plus méconnus, dont Philippe Pullman s’est emparé pour les faire passer par sa propre langue, l’Anglais donc, puis retranscrits pour nous en Français par Jean Esch, qui a conservé au plus près les couleurs et le ton particuliers de l’auteur.
Des notes à la fin de chaque conte, apportent un éclairage érudit et approfondi à chacun, c’est donc un ouvrage qui n‘a pas de limite d’âge, les enfants aimeront écouter ces histoires intemporelles qui ne vieillissent pas mais refleurissent comme un arbre immortel pour offrir des fruits toujours aussi savoureux à chaque nouvelle génération, et les adultes les redécouvriront avec joie, encore qu’un bon nombre d’entre elles soient tellement peu connues, qu’ils feront eux aussi certainement de nouvelles rencontres. Tous ne pourront qu’apprécier la qualité d’écriture et de l’ouvrage dans son ensemble.
Dans l’introduction l’auteur retrace le contexte historique de la collecte des Frères Grimm et donne un aperçu de sa propre démarche : « À l’instar du jazz, raconter des histoires est un art de l’improvisation, comme l’écriture. » et de son rapport tout particulier et personnel avec le conte de fée : « Quand je travaille, je suis extrêmement superstitieux. Ma superstition concerne la voix à travers laquelle naît l’histoire. Je suis en effet persuadé que chaque récit est accompagné par son propre lutin, dont nous incarnons la voix quand nous racontons cette histoire, et que nous la narrerons avec davantage de succès si nous traitons ce lutin avec respect et courtoisie. »
De même, en postface, l’artiste Shaun Tan s’exprime sur la façon dont sont nées les œuvres qui illustrent les contes et donnent à l’ensemble cette aura mystérieuse et vraiment très singulière.
Couds l’ourlet et tire le fil
Frappe sur le clou en plein dans le mille….
Cathy Garcia
Philip Pullman est né en 1946, à Norwich, en Angleterre. Son père, pilote de chasse de la R.A.F., est tué en février 1954, au large du Kenya. La mère et ses deux jeunes fils, installés en Rhodésie du Sud, reviennent en Angleterre. Les deux frères sont élevés par les grands-parents maternels dans le Norfolk, tandis que leur mère travaille à Londres. Les garçons grandissent dans une atmosphère religieuse et paisible. Le grand-père, pasteur anglican, passe ses soirées à leur raconter des récits de la Bible. C'est en découvrant à l'école la «Ballade du Vieux Mari» de Coleridge, que Philip Pullman commence à être attiré par l'écriture. Mais une vie de voyages prend le relais : sa mère s'est remariée avec un pilote de la R.A.F. et elle emmène les deux jeunes garçons avec elle en Australie. Philip, âgé de neuf ans, découvre les magazines illustrés –«Batman» et «Spiderman»– et les émissions radiophoniques, qui stimulent son imagination : le soir, il improvise la suite de ces aventures à l'intention de son frère. À l'âge de dix ans, il retourne en Grande-Bretagne, au pays de Galles, et emménage avec toute la famille, agrandie de deux autres enfants. Il passe son temps à lire, à écrire des poèmes, à peindre et à jouer de la guitare. À treize ans, il rencontre un professeur qui le soutient dans son désir de devenir écrivain et lui permet d'obtenir une bourse pour préparer l'examen d'entrée à Exeter College, à Oxford, en 1965. Déçu par le niveau de l'enseignement, il envisage de suivre un autre cursus l'année suivante, en sciences politiques, philosophie et psychologie, mais sa requête est refusée. Il passe l'examen final avec la mention passable. Lors de sa dernière année à l'université, à travers la lecture du roman de Mikhaïl Boulgakov, «Le Maître et Marguerite», Philip Pullman découvre le genre du réalisme fantastique. Il commence à écrire un premier roman mais, appelé en Ouganda pour s'occuper de sa mère malade, il ne le termine pas. Après divers métiers, dont celui d'apprenti bibliothécaire, il mène à bien un nouveau projet de roman, un «thriller métaphysique», qu'il publie et pour lequel il obtient un prix. Il suit ensuite une formation pour devenir instituteur pour des élèves de neuf à treize ans, à Oxford. C'est en préparant des représentations théâtrales pour son établissement qu'il se met à écrire lui-même des pièces qui seront la première ébauche de ses romans pour enfants. Ses premières histoires policières fantastiques, qu'il écrit à raison de trois pages par jour, lui permettent bientôt de prendre un emploi à mi-temps à Oxford. Il devient formateur pour de jeunes professeurs en animant un atelier de conteur qui insiste particulièrement sur la mythologie grecque. Les romans s'enchaînent. Dès 1985, il commence une série policière dont l'héroïne, Sally Lockhart, doit beaucoup au célèbre Sherlock Holmes, et dont l'action se situe dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle. Mais c'est avec la trilogie «À la croisée des mondes», qu'il a mis sept ans à écrire, que Philip Pullman connaît son plus grand succès.
Auteur et dessinateur de bandes dessinées pour la jeunesse, Shaun Tan, né en 1974, grandit à Perth, en Australie. Déjà sur les bancs de l'école, il se distingue par sa taille, plus petite que la moyenne mais surtout par un sacré crayon. Diplômé en arts et littérature anglaise, il débute sa carrière en travaillant en freelance pour illustrer des livres d'images. Puis il dessine pour des magazines de science-fiction et d'horreur destinés aux adolescents. Au bout de quelques années, son travail est récompensé par de nombreux prix dont The Picture Book of the Year Award. En 2001, il reçoit le prix du meilleur artiste aux World Fantasy Awards de Montréal. Cela lui ouvre les portes des Studios Pixar («Toy Story», «Nemo», «Cars», etc.) et des studios Blue Sky («L'Âge de glace») pour lesquels il participe à plusieurs réalisations en tant que concepteur graphique. Au même moment, il commence à publier ses bandes dessinées : «The Arrival», «The List Thing», «The Rabbits» ou encore «Memorial». Ses dessins oniriques conquièrent ses lecteurs. Ayant plus d'une corde à son arc, Shaun Tan peint également de vrais tableaux d'où il puise l'inspiration de la réalité, une rue, un homme et sa canette de bière, une marée noire... Par ailleurs, il peint également une fresque géante pour une bibliothèque ou illustre des pochettes de CD. Shaun Tan a illustré plus d'une vingtaine de titres, jouant de toutes les techniques, crayon, encre, peinture, etc. Shaun Tan a aussi collaboré à un film d'animation et à des adaptations théâtrales et musicales de ses œuvres. En 2011 il est récompensé à Bologne par le jury du prix Astrid Lindgren (le prix le plus important de la littérature jeunesse) qui le proclame lauréat de l'année.
Un immense merci à tous ceux qui se mobilisent pour le projet, qui sont derrière nous, nous encouragent et nous témoignent à quel point ils pensent que ce film est nécessaire. Nous sommes bouleversés, émerveillés et profondément renforcés par toute cette énergie positive.
Le 27 mai, nous avons lancé cette campagne parce que nous avions besoin de démarrer le tournage et compléter ce que nous espérions des partenaires cinéma et télévision. Et parce qu'il nous paraissait indispensable que ce film soit porté par un mouvement. Trois jours plus tard, l'objectif était atteint.
Nous mesurons à quel point le sujet que nous essayons de porter (le changement de la société, l'écologie…) trouve un écho fort, dans un temps où nous voyons des crises toujours plus profondes secouer notre démocratie, notre économie, nos écosystèmes. Pour nous, cette mobilisation est une preuve supplémentaire qu'il faut proposer un nouvel horizon et vite. C'est aussi une grande responsabilité pour nous.
Nous recevons beaucoup de questions à propos de la suite du financement, à savoir s’il est possible de continuer à donner. Nous y avons bien réfléchi et, oui, nous vous proposons de poursuivre votre soutien à ce projet s'il a du sens pour vous.
Nous avons déjà atteint notre objectif, donc tout ce qui peut se produire maintenant est une sorte de bonus. Nous comprenons que faire partie de ce projet, même en donnant quelques euros, est très fort pour beaucoup d'entre vous. Et cela l'est énormément pour nous ! Plus la part du budget sera "citoyenne", plus nous serons libres et plus nous enverront un message extraordinaire à tous ceux qui verrons ce film. Et si le film était en majorité financé par des hommes et des femmes, des entrepreneurs, par une partie de ceux qui sont en train, ou qui veulent, construire ce nouveau monde ? Ce serait extraordinaire...
Parallèlement, nous allons créer une vaste plateforme sur le Web nous permettant de recenser et de relier un maximum de projets et de communautés qui changent le monde un peu partout sur la planète. Nous allons également construire et agréger des outils aidant tous ceux qui auront vu le film à se mettre en action dès le lendemain. Nous sommes déjà un mouvement, une vague et cette vague peut participer à changer le monde.
Cyril & Mélanie
Beaucoup de choses ont été essayées pour résoudre les crises écologiques et économiques. Et elles n'ont pas vraiment marché. Selon Muhammad Yunnus, prix Nobel de la Paix, le moteur le plus puissant de l'être humain est son désir, et son imagination. Pour lui, il faut aujourd'hui faire des films, raconter des histoires qui nous donnent envie de construire un autre monde. C'est ce qu'ont décidé de faire Cyril Dion et Mélanie Laurent en mettant bout à bout les solutions que nous connaissons dans tous les domaines pour montrer à quoi notre société pourrait ressembler demain...
Pendant 7 ans, Cyril a dirigé Colibris, une ONG qu’il a participé à fonder avec Pierre Rabhi et quelques amis. A force de chercher comment faire bouger la société, une évidence s’impose à lui : si nous voulons donner envie au plus grand nombre de construire un monde meilleur, il faut lui donner un visage. Montrer à quoi il pourrait ressembler et créer l’envie d’y habiter.
Annoncer les catastrophes, empiler les désastres écologiques et économiques ne suffit pas à déclencher un sursaut. Nous avons besoin d’imaginer le futur, de le rêver, pour le mettre en œuvre. Et rien n’est plus puissant que le cinéma pour y parvenir. Fin 2010, après la sortie du film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » auquel il a collaboré, il commence à écrire ce qui deviendra « DEMAIN ».
Depuis plusieurs années, Mélanie est engagée auprès d’ONG comme La Fondation Danielle Mitterrand ou Greenpeace avec qui elle s’est beaucoup impliquée contre la surpêche. En 2011, elle rencontre Cyril et participe en 2012 à la campagne « Tous candidats » de Colibris.
Entre temps, elle réalise son premier long-métrage « Les Adoptés ». Quelques mois plus tard, elle est la narratrice du documentaire « The End of the Line » dénonçant l’épuisement des ressources océaniques. En 2012 et 2013, elle mène le volet français de la campagne européenne Fish fight, qui a mobilisé plus de 860 000 personnes pour demander -et obtenir- une nouvelle loi européenne interdisant les rejets de poissons en mer et la surpêche.
A l’été 2012, Cyril propose à Mélanie de réaliser le film avec lui. Elle accepte sans hésiter. « DEMAIN » est sur les rails.
Alors que l’humanité est menacée par l’effondrement des écosystèmes, Cyril, Mélanie, Alexandre et Laurent, tous trentenaires, partent à travers le monde en quête d’une solution capable de sauver leurs enfants et, à travers eux, la nouvelle génération. A partir des expériences les plus abouties dans tous les domaines (agriculture, énergie, habitat, économie, éducation, démocratie...), ils vont tenter de reconstituer le puzzle qui permettra de construire une autre histoire de l’avenir.
Selon Mohammed Yunnus, prix Nobel de la Paix, seule l’élaboration de cette nouvelle vision du futur, à partir des solutions du présent, sera assez puissante pour entraîner un grand nombre d’habitants de la planète dans la construction d’une société nouvelle ; à l’instar de ce que le rêve « du progrès » a suscité au XXe siècle.
Pour y parvenir, les protagonistes vont se rendre dans 9 pays : la France et l'île de la Réunion, le Danemark, la Finlande, l'Inde, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse, la Suède et l'Islande et vivre quelques aventures...
Ce film est à destination du grand public, en France, en Europe et dans le monde. Il sera élaboré en version française et anglaise. Il reprend des exemples que les plus engagés dans ces questions connaissent souvent, mais que la plupart des gens doivent encore découvrir !
Surtout, sa grande originalité sera de les mettre bout à bout, comme un système, pour montrer qu'elles forment déjà un modèle de société cohérent.
INTRODUCTION
Mélanie, Cyril, Alexandre et Laurent découvrent plusieurs études internationales dont une publiée dans la revue Nature, et une co-financée par l'un des laboratoires de la Nasa, annonçant un effondrement probable de notre civilisation dans les 40 années à venir. Ils ont tous des enfants et ne peuvent se résoudre à rester sans rien faire. Rapidement, ils comprennent que les démarches déjà entreprises pour mobiliser populations et gouvernants ne suffiront pas.
Après avoir fait le point avec des experts sur les principaux problèmes à résoudre, ils décident de partir en quête des meilleures solutions expérimentées aux quatre coins de la planète, qui nous permettraient d’encaisser les chocs à venir et de construire des sociétés humaines capables de perdurer. A partir de ces exemples, mis bout à bout, ils espèrent construire un récit suffisamment puissant pour inspirer un maximum de personnes à travers le monde.
ACTE 1 : SE NOURRIR
Dans l'acte 1, l'équipe découvre qu’il est possible de produire plus de nourriture, sans engrais ni pesticides, avec peu de mécanisation et en réparant la nature plutôt qu’en la détruisant. Nous voyons comment nos villes peuvent réintégrer l’agriculture et nos campagnes se repeupler.
Nous visitons des lieux qui montrent que cela peut se faire à très grande échelle.
Des experts internationaux nous confirment que nous pouvons nourrir la France, l’Occident et les pays en développement sans pétrole et en créant de nombreux emplois grâce à l’agroécologie.
Des mains d'enfants commencent à dessiner cette nouvelle agriculture.
Mais un obstacle de taille empêche la mise en œuvre de cette vision : l’industrie pétrochimique qui tient le secteur agro-alimentaire. Pour faire muter l’agriculture, il faut opérer une vaste transition énergétique.
Nous repartons sur la route.
ACTE 2 : LA TRANSITION ENERGÉTIQUE
Dans l'acte 2, le petit groupe découvre comment des villes et des pays s’organisent pour se passer totalement de pétrole mais également d’énergies fossiles et fissiles (nucléaire).
Nous voyons à quoi ressemble le futur de l’énergie : des millions de bâtiments qui constituent autant de petites centrales de production solaire, une exploitation intelligente de toutes les ressources renouvelables (eau, air, bois, déchets…), l’énergie stockée et redistribuée par des réseaux intelligents, sur le modèle de la diffusion de l’information sur le Web, de massives économies d’énergie. Nous mesurons que cette révolution va transformer nos habitats, nos villes, nos transports. Nous évoluons dans les endroits où cette transformation a déjà eu lieu. Nous vivons pour quelques instants dans notre vie future.
Là encore, des experts nous tracent un scénario solide, qui nous permettrait de généraliser cette révolution d’ici 2050.
Le dessin se complète... Mais, à nouveau, une épreuve se dresse devant ce futur radieux : la transition énergétique coûte cher et les Etats, les villes n’ont plus d’argent, minées par les dettes et les politiques d’austérité.
Il nous faut repartir sur la route pour trouver une solution.
ACTE 3 : MONNAIES LIBRES ET ECONOMIES LOCALES VIVANTES
Dans cette troisième partie Alexandre, Laurent, Mélanie et Cyril constatent qu’il est possible de créer des monnaies (complémentaires aux monnaies classiques) destinées à financer les mutations dont nous avons besoin (bio, énergies renouvelables, isolation, écoles, faim dans le monde, etc.). D’ailleurs, des villes, des pays, des entreprises le font déjà et ça marche !
Parallèlement, nous comprenons que l’économie mondialisée telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne peut perdurer. Elle détruit la nature, épuise les ressources et renforce les inégalités entre quelques hyper riches et un nombre toujours plus grand de « pauvres ». L'équipe rencontre un réseau de 35 000 entrepreneurs américains pionniers des économies locales vivantes en réseau. Ceux-ci leur démontrent que l’ancrage territorial, l’indépendance des entreprises et la construction de réseaux est l’avenir de l’économie.
Cette vision est complétée par les pratiques de l’économie circulaire : créer des chaînes de production sans déchets où le recyclage des matières est quasiment infini et où les déchets des uns deviennent les ressources des autres.
Des mains d’enfants poussent les mains d’adultes et complètent le dessin.
Pourtant, même si cette vision enthousiasme les quatre compagnons, il reste un problème majeur : notre avidité. Malgré les crises et les difficultés, la solidarité, la coopération ne sont toujours pas la norme. Chacun tâche d’amasser pour lui-même, sans se soucier de partager ou de se modérer. Si nous voulons changer l’économie, nous avons besoin de nous transformer de l’intérieur.
Il leur faut repartir pour trouver comment éduquer les enfants à de telles valeurs dès le plus jeune âge.
ACTE 4 : EDUQUER
Dans la quatrième partie, nous nous immergeons dans des écoles qui apprennent aux enfants, dès la maternelle et la primaire, à coopérer, à résoudre pacifiquement leurs conflits, à vivre harmonieusement avec eux-mêmes, les autres et la nature, à réapprendre des savoir-faire indispensables. A trouver quelle est leur bonne porte d’entrée pour apprendre et, surtout, comment exprimer leurs talents, exercer leurs passions.
Nous réalisons que les comportements de domination territoriale, financière, physique, sexuelle, intellectuelle, les attitudes de prédation, le consumérisme effréné, le manque d’empathie que nous pouvons avoir pour les autres ou pour la nature sont directement liés à notre éducation et aux expériences que nous vivons dans les premières années de nos vies.
Nous découvrons que des pays entiers se sont engouffrés dans l’accompagnement des enfants pour qu’une nouvelle génération émerge et résolve nombre de problèmes que nous connaissons. Et que cela peut être mis en place partout !
Des mains d’enfants, directement issues des lieux que nous venons de quitter complètent le dessin.
Nous sommes remplis d’espoir, mais une question centrale reste en suspens. Si toutes ces initiatives formidables existent et fonctionnent, comment se fait-il qu’elles ne soient pas mises en place par nos gouvernements ? Un problème de taille est face à nous : nos démocraties ne fonctionnent peut-être pas si bien…
Encore un fois, le petit groupe reprend la route pour lever ce dernier obstacle.
ACTE 5 : POWER TO THE PEOPLE
Dans cette dernière partie, nous prenons conscience que dans le système démocratique actuel, contrairement aux idées reçues, nous avons très peu de pouvoir. Si les responsables politiques décident de ne pas agir, nous ne pouvons rien faire, ou presque. Nous découvrons alors que des mécanismes de démocratie direct présents dans certains pays, sont en mesure de renverser la vapeur et permettent aux citoyens de proposer des lois ou de s’y opposer, d’écrire ou de modifier la constitution.
En travaillant main dans la main avec des élus ils parviennent à d’extraordinaires réalisations.
Ne reste plus qu’à nous mobiliser et à être suffisamment nombreux pour représenter une masse critique…
Nous finissons par une série d’images nous montrant que ce que nous avons vu existe partout sur la planète.
Guidés par la voix off, nous découvrons en à peine quelques minutes, des dizaines d’autres initiatives extraordinaires, donnant une ampleur considérable aux quelques unes montrées dans le film : un autre monde est en marche. Dans ce bouquet final les visages, les sourires se mêlent pour constituer le dessin terminé.
Il apparaît en plein écran, en surimpression avec un paysage réel.
Mon bonheur, c'est la voie de la vie quotidienne L'antre dans les rochers et les lierres brumeux… Sauvages émotions et liberté sans frein je fainéante avec mes amis les nuages ! La route que je sais ne mène pas au monde dans l'oubli des pensées, à quoi me raccrocher ? La nuit, je m'assieds seul sur mon divan de pierre la lune ronde s'élève sur Montfroid
Cet ouvrage aborde un aspect plutôt méconnu de la psychanalyse, parce que plus récent aussi, et d’ailleurs en prenant l’exemple familial de Freud lui-même en dernière partie, l’auteur nous fait comprendre pourquoi justement la psychanalyse a d’abord été fermée à cette approche.
Il s’agit donc de l’aspect transgénérationnel (connu en psychologie sous le terme de psychogénéalogie) et de ce qu’on appelle les fantômes familiaux ou comment nos ancêtres continuent à agir en nous, à nous hanter même littéralement, et parfois sur de très nombreuses générations.
« Cette notion a été introduite dans la psychanalyse à la fin des années 1970 par un personnage tout autant poète que psychanalyste, Nicolas Abraham, et par sa compagne, Maria Török. Ces “fantômes” se signalent principalement par la répétition de symptômes, de comportements aberrants, de schémas relationnels stériles provoquant pour certains des difficultés de vie de toutes sortes et des affections psychiques assez graves ».
Comment des non-dits, des problématiques non résolues ou des souffrances non-exprimées par des arrière arrière arrière, voire plus lointains encore, grands-parents ou même oncles et tantes, ressurgissent dans des problèmes parfois très lourds, et souvent dès l’enfance parmi leurs descendants.
De prendre en considération l’aspect transgénérationnel dans la vie d’une famille et en explorant sa généalogie, son histoire et surtout ses secrets, ses silences, leur donnant ainsi la possibilité d’être formulés, permet des guérisons et résolutions de problèmes parfois assez spectaculaires, comme on pourra le voir au cours des très nombreux exemples présentés dans ce livre.
« Le fantôme transgénérationnel est donc une structure psychique émotionnelle résultant d’un traumatisme. Il semble qu’elle soit “expulsée” par l’ancêtre qui n’a pas pu la métaboliser, la dépasser, la transcender. Certains auteurs parlent de “patate chaude”, je préfère évoquer l’image d’une “grenade dégoupillée” : elle peut être transmise de génération en génération sans faire de dégâts visibles jusqu’à ce qu’elle éclate sous la forme de phénomènes pathologiques incompréhensibles ».
On comprendra d’autant plus la nécessité de briser les silences et d’exprimer le plus possible les choses, et surtout les plus douloureuses, afin de ne pas devenir à notre tour un fantôme pour les générations suivantes. Il n’en est pas fait mention dans cet ouvrage, mais on ne peut s’empêcher de regarder ainsi sous un autre angle le culte aux ancêtres des peuples traditionnels, dans lequel il y a sans aucun doute bien plus que de simples rituels archaïques et superstitieux.
Cet ouvrage a donc pour objectif de faire connaître les résultats extrêmement positifs de la psychogénéalogie appliquée en psychanalyse, comme par exemple la déculpabilisation d’un individu qui peut se sentir seul face à des problématiques incompréhensibles, en le réinsérant dans une globalité familiale où chaque membre a pu avoir une part de responsabilité, même très éloignée dans le temps. La psychogénéalogie ouvre des pistes que beaucoup ignorent encore. Le danger serait de perdre de vue totalement le libre arbitre de chacun, de même que les traumas individuels du présent, et de considérer ces fantômes familiaux comme une fatalité à laquelle on ne pourrait jamais échapper, voire les seuls responsables de tous nos problèmes.
« Il est donc important de pouvoir s’occuper des deux sortes de traumas : nos “traumas” personnels et ceux de nos ancêtres que nous portons en nous. Car sans cela, on s’aperçoit alors que ce qui résiste en nous est en fait ce qui ne nous appartient pas : tâche quasi impossible de guérir l’autre en soi sans même savoir qu’il s’agit d’un autre ! (…) Il s’agit alors de tenir compte tout autant d’un inconscient familial que d’un inconscient individuel : si les deux se superposent parfois ou se croisent, il importe tout de même de ne pas les confondre, sous peine de tomber dans des impasses thérapeutiques ».
On peut voir par contre que le fait d’accepter de prendre en compte des liens psychiques et émotionnels qui unissent les membres d’une même famille sur plusieurs générations, sachant de plus que chaque enfant porte en lui deux branches familiales différentes, peut apporter un immense soulagement et ouvrir des voies d’évolution extrêmement positives.
En dernière partie, l’auteur présente les vies mouvementées et dramatiques de Van Gogh, Rimbaud et Freud, donc sous cet angle transgénérationnel, et c’est particulièrement édifiant.
Si on voit l’histoire familiale comme un fleuve, rarement tranquille d’ailleurs, on comprendra qu’en travaillant à la compréhension profonde de son parcours, quel que soit l’endroit d’où l’on travaille, pour améliorer la fluidité du courant, cela agira sur l’ensemble et tout particulièrement en aval.
Cathy Garcia
Bruno Clavier est psychanalyste et psychologue clinicien. Il assure dans l’association du Jardin d’idées, créée par Didier Dumas et Danièle Flaumenbaum, une formation à la psychanalyse transgénérationnelle.
Une pétition apporte son soutien au grand écrivain italien Erri De Luca, opposant notoire au projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Motif : la société franco-italienne Lyon Turin Ferroviaire a annoncé une action en justice contre lui à la suite d’un entretien publié le 1er septembre sur le site de l’Huffington Post.
Signe d’une volonté d’en passer par les tribunaux contre les opposants au grand projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin, le maître d’ouvrage franco-italien, Lyon Turin Ferroviaire (LTF), a annoncé aux médias italiens qu’il envisageait une action pénale contre le grand écrivain napolitain Erri De Luca, lequel n’a jamais fait mystère de son soutien au mouvement No-TAV (treno a alta velocità).
Les propos recueillis dans un entretien publié le 1er septembre par l’Huffington Post (lire ici), sont à l’origine de l’action en justice, a déclaré LTF. La menace d’un procès a suscité une pétition de soutien d’écrivains, d’éditeurs et de journalistes, intitulée : « NON à la ligne à grande vitesse Lyon-Turin : soutien à l’écrivain Erri De Luca » (voir ici).
Les signataires de la pétition de soutien à Erri De Luca
« Nous sommes dans un contexte de criminalisation du mouvement d’opposition, alors que nous disons qu’il y a des sociétés liées à la mafia qui ont travaillé sur le chantier du Lyon-Turin, que son directeur général a été condamné en première instance, ainsi que son directeur des travaux. Lyon Turin ferroviaire ne respecte pas la loi ! », explique un militant de la Coordination des opposants au Lyon-Turin (voir notre enquête publiée ici)
Voici le texte de soutien à Erri De Luca :
Parce que l’écrivain Erri De Luca a réagi quand les autorités ont qualifié de « terroristes » les populations qui se battent depuis des années contre le projet franco-italien de la Lgv Lyon-Turin de plus de 30 milliards d’euros qui nécessite le percement d’un tunnel de 57 Km qui provoquera de manière irréversible le tarissement des sources (équivalent à 250 millions de mètres cubes d’eau par an), alors que la ligne ferroviaire existante est exploitée à 17% de ses capacités.
Parce que l’écrivain Erri De Luca a dit « Je suis convaincu que la Ligne à Grande Vitesse Lyon-Turin est un projet inutile… Il ne s’agit pas d’une décision politique, mais d’une décision prise par les banques et par ceux qui veulent réaliser des profits aux dépens de la vie et de la santé d’une entière vallée. La politique a simplement et servilement donné son aval… Maintenant toute la vallée est militarisée, l’armée occupe les chantiers et les habitants doivent présenter leurs cartes d’identité s’ils veulent aller travailler dans leurs vignes ».
Parce que l’écrivain Erri De Luca a répondu lors d’une interview à l’Huffington Post « Quand il s’agit de la défense de sa propre vie et de ses enfants, n’importe quelle forme de lutte est admise », la LTF, société en charge du projet, a annoncé aux médias qu’elle envisageait une action pénale contre l’écrivain.
Parce que nous partageons les déclarations de l’écrivain Erri De Luca, nous lui exprimons notre soutien inconditionnel et nous réaffirmons avec force l’inutilité, l’aberration, la dangerosité du projet de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin.
Qu’arrive-t-il à un homme quand il soumet sa vie et son destin tout entier au pouvoir d’un nombre ? C’est ce que fait Stopia, alias Pikachu pour les intimes, antihéros de ce roman amoral qui est avant tout une impitoyable satyre d’une ex-URSS décadente et libérale, qui n’a cependant pas lâché les bonnes vieilles méthodes de l’époque KGB.
« Je me demande bien Tchoubaïka, pourquoi on traite la bourgeoisie libérale de libérale. Elle est porteuse d’une idéologie totalitaire extrême. Si on l’y regarde de près, tout son libéralisme se réduit à la permission donnée aux travailleurs de s’enculer à volonté pendant leurs heures de repos » et Tchoubaïka répondait : « Excusez-moi Zouzia, mais c’est un grand pas en avant si on compare avec le régime qui percevait même cette activité comme sa prérogative ».
Ainsi, après quelques tâtonnements, c’est au numéro 34 que Stopia va confier la totalité de sa vie, de ses choix, décisions et orientations, privés ou professionnels, et le 43 deviendra donc par conséquent l’anti-nombre, le nombre d’entre tous dont il faudra le plus se méfier.
Cette apparente folie obsessionnelle numérologique, qui fait tout le régal et l’originalité de ce roman, conduira cependant Stopia au sommet. « Or, les autres devenaient des bêtes sauvages à cause de leur aspiration à agir rationnellement, alors qu’il était un homme sensé du fait de son obéissance à une règle irrationnelle que tout le monde ignorait. C’était la plus réelle des magies et elle était plus forte que toutes les constructions de l’intellect ».
Devenu un des banquiers les plus influents du pays, défiant les lois de la concurrence et du marché, protégé, c’est-à-dire aussi surveillé par un agent des services secrets qui avait fait éliminer auparavant ses premiers protecteurs, des Tchétchènes, Stopia s’en remet toujours plus à son nombre fétiche et développe une hantise de plus en plus forte pour son opposé. Angoisse cristallisée par l’approche de son 43è anniversaire et comme l’illustre à merveille le proverbe qui dit que plus un singe monte haut, plus il montre son cul, Stopia apprendra à ses dépens qu’aucun nombre, ni aucun système dogmatique et donc totalement rigide, ne protègeront jamais un homme contre les tortueux revers du destin et que les tirages du yi-king du maître spirituel d’un club de thé, doté de la plus grande collection de porno bouddhiste de Moscou, ne lui seront d’aucune utilité, Stopia ne saisissant pas le message premier et essentiel du yi-king, qui signifie Le Livre des changements.
Amoral et d’une froide lucidité, Les nombres est aussi un roman succulent, comique, cynique et absurde à souhait.
Cathy Garcia
Né en 1962 à Moscou, Viktor Pelevine suit un séminaire littéraire à l’université Gorki après une formation d’ingénieur en électromécanique à l’Institut de génie énergétique de Moscou. De ce jour, il écrit. D’abord dans la presse, puis son premier roman en 1992. Puis, entre autres, L’Ermite et Sixdoigts et La Mitrailleuse d’argile. Il a reçu de nombreux prix littéraires et fut élu en 2009 intellectuel le plus influent de la Russie à l’issue d’une grande enquête menée par Open Space.ru. Lue par plus de 3 millions de Russes, traduite dans 33 pays, son œuvre est particulièrement appréciée au Japon, en Chine et en Angleterre. Après Les Nombres en 2014, deux autres brefs romans (Opération Burning Bush et Les codes anti-aériens d’Al-Efesbi) paraîtront en 2015 chez Alma.
Cette note a paru sur le Cause Littéraire :http://www.lacauselitteraire.fr
Jean Luc Danneyrolles, agriculteur de Provence et Carlos Pons, réalisateur Espagnol, organisent un voyage vers Grenade à la rencontre du mouvement social alternatif, entre agro-écologie et changement de paradigme. Ils engagent un cameraman et partent lors des grands froids de février 2012, avec pour tout moyen d'échange et seule richesse : des semences paysannes. Le témoignage d'un mouvement qui prend de l'ampleur........Un autre monde est possible, ici et maintenant. __________________ Données sur le voyage : 21 jours de voyage 35 projets visités plus de 200 personnes rencontrées 9 parcs naturels traversés (carte ici : g.co/maps/8mvgt) __________________ Objectif du projet Le film repose sur une démarche expérimentale : utiliser le langage audiovisuel pour transmettre des sensations et des concepts. Le sujet concerne une histoire du changement, des cycles humains replacés dans les cycles constants de la nature. Un nouveau monde est en germination sur notre terre et dans l'inconscient collectif des peuples, il émerge déjà fortement dans beaucoup de cœurs et en de nombreux lieux. Les semences échangées lors de notre voyage sont utilisées comme le fil conducteur de nos rencontres. Nous établissons à travers elles un lien entre les quelques projets alternatifs que nous avons visités, et l'ensemble des projets qui germent et se multiplient autour de la Méditerranée occidentale, et partout à travers le monde. Dans ce voyage collectif, de nombreuses expériences personnelles ou collectives permettront d'aborder des sujets entrecroisés autour de l'agroécologie, la permaculture, la décroissance, la coopération, l'autonomisation personnelle et populaire, etc. Plus globalement nous souhaitons témoigner de ce mouvement de pensée actuel dirigé vers le changement de paradigme post-capitaliste. L'idée est de chérir l'espoir que le monde va finalement évoluer au-delà de l'égoïsme, du matérialisme, de la corruption et la concurrence, de surmonter des siècles d'oppression, pour aller vers quelque chose de nouveau, où la reconnexion profonde avec la nature et un radical changement dans notre traitement vers elle et tous les êtres vivants peuvent être la clé.
On avait faite un appel à financement coopératif ! fr.ulule.com/mosaic/ ------------------------------ A propos de l´auteur : Je suis Carlos Pons, d'origine espagnole, installé en France depuis mars 2011 en Provence. Ma rencontre avec Jean-Luc date de cette époque. J'ai participé auparavant à 15 documentaires, la plupart du temps comme ingénieur du son. J'ai également réalisé un documentaire en 2006 sur la vie à Cuba. J'ai aussi produit 10 albums de musique et j'ai travaillé dans le domaine de la postproduction audiovisuelle à Londres. Je suis également membre co-fondateur de 3 associations : Mosaic Project - mosaicproject.net Colectivo Miradas - colectivomiradas.org Association Moviments - moviments.org.es Je participe aussi a : Alliance pour la souveraineté alimentaire des peuples liee a la Via Campesina alianzasoberanialimentaria.org/ viacampesina.org/fr/
Participants au projet : Réalisation / écriture / son : Carlos Pons Semences / Poèmes : Jean-Luc Danneyrolles
Images : Samuel Domingo Montage : Manu de la Reina Production : Virginia Cabello, Benoit Bianciotto Bande originale : Marta Gomez; Felah Mengus; Autres Traduction / relecture : Benoit Bianciotto Co-Production: Patrice Scanu Semences / Poèmes : Jean Luc Danneyrolles
Intervenants : Mas Franch, Ecollavors, Esporus, Semillas Madre Tierra, Ecocolonia Calafou, Didac S.Costa, 15M, Miquel Vallmitjana, Enric Duran, Cooperativa Integral Catalana, Esther Vivas, Derecho de Rebelión, AureaSocial, Gustavo Duch, Revista Soberania Alimentaria, Yaiza, Can Masdeu, Guillem Tendero, La Garbiana, Roy Littlesun, Universidad del corazón único, Josep Pamíes, Dolça Revolucio, Ecoxarxa Lleida, Permacultura Montsant, Mariano Bueno, Ecollaures, Llavors d´aci, Red sostenible y creativa, Ojo de agua, La Cúpula, Felah Mengus, Temazcali Efimero, La Tribu, BioAlacant, Vicent Bordera, Patricia Dopazo, Plataforma por la soberania alimentaria País Valencià, Perifèries, Mercatremol, Proyecto Rúcula, Jardines de Acuario, Red de Permacultura del Sureste, Los Albaricoqueros, Rincon del Segura, Nuevos Recolectores, Sunseed, Agrodilar, Hortigas, Ecovalle, 15M Granada, La comida en nuestras manos.
Vous pouvez voir l'agenda des presentations ICI: lavoixduvent.org
PAR AN, 500 000 PERSONNES SONT TUÉES PAR ARME À FEU
On estime qu'environ 500 000 personnes sont tuées chaque année par arme à feu. Elles trouvent la mort sur les champs de bataille ou sont victimes de la répression de l'État ou des bandes criminelles.
5 MILLIONS DE PERSONNES SONT MORTES À CAUSES DE CONFLITS ARMÉS
Par ailleurs, plusieurs millions d'autres personnes dans le monde meurent de ne pas pouvoir accéder aux soins médicaux, à l'eau ou à la nourriture parce qu'elles sont piégées dans des conflits alimentés par la circulation non réglementée des armes. En République démocratique du Congo, par exemple, on estime que plus de cinq millions de personnes sont mortes de causes indirectes liées au conflit armé depuis 1998.
L’ARME À FEU, SOURCE DE NOMBREUSES VIOLATIONS
Et pour chaque personne tuée du fait des conflits et de la violence armée, nous devons considérer que beaucoup d'autres sont blessées, torturées, maltraitées, soumises à une disparition forcée, prises en otage ou privées autrement de leurs droits humains sous la menace d'une arme à feu.
SYRIE, IRAK, LIBYE… UN COMMERCE IRRÉGULÉ DES ARMES À FEU
Ce problème est colossal et il persiste, comme on le voit actuellement en Syrie, en Irak, en Libye et au Soudan du Sud. Dans de nombreux endroits du monde, le commerce irresponsable des armes peut détruire tôt ou tard tous les aspects de la vie et des moyens de subsistance des gens.
QUAND LES ENFANTS SONT FORCÉS D'AVOIR UNE ARME
On constate aussi des conséquences disproportionnées sur les enfants, les jeunes et les réfugiés. Dans certains pays, des mineurs sont recrutés dans les forces et les groupes armés et contraints de participer aux combats.
LES PREMIÈRES VICTIMES : LES FEMMES, LES ENFANTS ET LES REFUGIÉS
Les femmes sont particulièrement touchées, de manière souvent invisible et peu médiatisée.
En Guinée, par exemple, nous avons eu l'exemple d'une femme qui avait été violée par un soldat tandis qu'un autre lui pointait son arme sur la tempe. Dans certaines situations, ce type de violence peut être généralisé.
A PROPOS DE NOTRE CAMPAGNE
Le 2 avril 2013, après 20 ans de travail de pression et de campagne mené avec détermination par Amnesty International et les ONG partenaires, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté par un vote décisif le projet de Traité sur le commerce des armes (TCA). Aujourd'hui, ce traité est sur le point de devenir un texte de droit international, ce qui pourrait changer la vie de millions de personnes. Il entrera en vigueur dans 60 jours.
Cet article se base sur l’expertise et l’interview de Brian Wood, spécialiste des questions d'armement à Amnesty International.
Le Genepi, une association d’étudiants qui se définit comme « passe-murailles » , travaille au « décloisonnement des institutions carcérales par la circulation des savoirs entre les personnes incarcérées ». Chaque semaine, 1200 bénévoles entrent en prison, et 700 d’entre eux se sont réunis samedi 6 décembre dans les locaux de l’Ecole polytechnique, à Palaiseau (Essonne), pour leur 38e journée prison.
L’association a été créé en 1976 par Lionel Stoléru, ministre de Valéry Giscard-d’Estaing, qui vient tous les ans, avec Christiane Taubira, la ministre de la justice, parler devant les jeunes venus des quatre coins de France, avant une dense journée d’échanges avec une cinquantaine d’intervenants. Les génépistes ont, après une nuit blanche, des valises sous les yeux et un sac de couchage pour la prochaine nuit, mais pétillent d'enthousiasme.
L’association, à l’origine, sentait bon son patronage ; de gentils jeunes gens bien élevés qui allaient rencontrer les pauvres détenus. Les temps ont radicalement changé, le Genepi n’a plus rien d’une association de boy-scouts, il a mûri, réfléchi et a une approche infiniment plus politique. Témoin le remarquable discours de sa présidente, Mathilde Robert, 23 ans, en cinquième année de droit pénal et qui entend devenir avocate. Discours radical, adulte, sans concessions.
« Bonjour à toutes et tous,
Je tiens en premier lieu à adresser de sincères remerciements à l’ensemble de l’équipe des permanents, salariés et administrateurs du Genepi, sans les efforts de qui cette journée n’aurait pas pu voir le jour. Parmi eux, le travail d’Aurélie Dutour et d’Olivier Striffler est particulièrement remarquable.
Madame la Ministre, merci d’avoir cette année encore répondu positivement à notre invitation. M. l’Ingénieur général, merci de nous accueillir cette année encore à l’École Polytechnique. Je tiens également à remercier nos membres d’honneurs présents aujourd’hui. M. Stoleru, merci pour votre soutien indéfectible depuis 1976, il nous est précieux. Messieurs Lazarus [Antoine Lazarus, président de l’OIP, l’observatoire international des prisons] et Mouesca, [Gabi Mouesca, ancien président de l’OIP et militant basque] merci pour votre présence engagée à nos côtés : elle nous inspire.
La Journée prison-justice, c’est aussi la cinquantaine d’intervenants qui ont accepté de se joindre à nous pour cette journée d’échanges et de réflexion. Merci à eux de venir partager avec nous leurs connaissances et leurs expériences des questions carcérales. Je vous remercie enfin, vous, les quelques 700 Génépistes qui vous êtes déplacés de toute la France pour nous rejoindre aujourd’hui. Une forme de pèlerinage répété chaque année depuis 1981, et dont la magie l’excitation se renouvellent toujours.
Que reste-t-il du Genepi ?
L’association a fêté cette année ses 38 ans. Elle a, depuis sa création, profondément évolué, et certains, de l’extérieur, nous disent qu’ils ont du mal à la reconnaître. Alors, par delà les années, que reste-t-il du Genepi ?
Les militants du Genepi sont mus par une idée commune : on ne peut laisser enfermer des concitoyens trop loin du reste de la société. C’est pourquoi depuis 1976, ils franchissent les portes des institutions carcérales pour y faire entrer un regard critique. Un regard que beaucoup préfèrent pourtant détourner de ces lieux terribles. Une démarche inédite, donc, qui a immédiatement conféré un caractère politique à notre action.
Celui-ci s’est rapidement exprimé par la critique publique, énoncée en 1981, après cinq ans d’existence de l’association, à l’occasion de l’adoption de la loi dite « Sécurité et Liberté », de l’hypocrisie des politiques publiques de réinsertion. C’était en la matière le début d’une longue histoire. En 2011, le Genepi a changé d’objet social, abandonnant alors la « collaboration à l’effort public en faveur de la réinsertion ». Cette reconfiguration des buts assignés à l’association et de sa philosophie n'est pas un mouvement d’humeur, c’est au contraire le fruit d’une longue réflexion et d’une prise de conscience du milieu spécifique dans lequel nous évoluons : la prison.
De la prison à l’usine
Au fil des années, le vocable de « réinsertion » est devenu de plus en plus problématique, car à nos yeux de plus en plus vidé de son sens. D’une notion englobant pour nous l’ensemble des aspects de la vie en société, on ne retrouve plus dans les politiques publiques qu’une obsession pour le travail, le logement. On oublie l’humain, le citoyen, pour ne plus qu’entr’apercevoir l’agent économique. De la prison à l’usine, en somme.
La réinsertion apparaît également aujourd’hui comme profondément normalisatrice : le dispositif pénitentiaire cherche à faire intégrer, bon gré mal gré, les référentiels sociaux et moraux de la société aux personnes qu’il a sous sa garde. Un processus de formatage infantilisant, et non une démarche d’émancipation de la personne. L’ambition pénitentiaire est donc, en sus de la punition, la fabrique de corps « dociles et utiles », selon l’expression de Michel Foucault. En 2011, le Genepi a estimé que ce n’était pas un mouvement auquel il souhaitait participer. Nous écrivions alors « Le Genepi ne peut se considérer comme collaborateur d’un effort public dont il désapprouve les orientations fondamentales ».
M. Jean-Marie Delarue, alors Contrôleur général des lieux de privation de liberté, définissait la réinsertion comme le fait de mener une vie responsable, c’est-à-dire celle qui consiste à décider soi-même des orientations qu’on entend donner à son existence, et des modalités pour y parvenir. C’est une perspective dans laquelle nous nous reconnaissons, et c’est dans ce sens que souhaitons inscrire nos actions. Le nouvel objet social de l’association, nous l’avons nommé « décloisonnement des institutions carcérales ». Derrière ce terme, il y a la volonté de redonner aux personnes privées de liberté leur pleine place dans la vie collective. Alors que leur parole est déconsidérée, et leurs avis dédaignés, le Genepi réaffirme l’importance du dialogue constant de la collectivité avec ceux qui la rejoindront bientôt ou même un peu plus tard.
L’idée ridicule d’un Genepiste missionnaire
Nous avons constaté que les personnes détenues ont déjà souvent bien plus appris de la vie, et de la société dans laquelle nous vivons que nous en savons nous-mêmes. Dès lors, l’idée d’un Genepiste missionnaire apportant le savoir aux âmes déshéritées semble bien ridicule. Il est regrettable que certains continuent pourtant à nous inscrire dans cette perspective dépassée. Les ateliers du Genepi menés en détention sont des lieux de circulation du savoir, formation mutuelle et réciproque de l’ensemble des participants.
Cette prise de conscience, elle explique le dernier mouvement de transformation du Genepi, à savoir l’abandon, lors de l’AG dernière, de l’appellation du « Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées », pour ne plus conserver que celle de « Genepi ». Ce vocable d’ « enseignement aux personnes incarcérées » ne nous semblait en effet ne plus correspondre à l’horizontalité que nous souhaitons dans les rapports établis en détention.
Alors, à ceux qui nous ont déclaré que le Genepi se « fourvoyait », qu’il « tournait le dos à sa grandeur », nous répondons que ces évolutions sont au contraire un témoin de bonne santé intellectuelle et de vigueur politique de l’association, et que nous nous en réjouissons. Ce renouvellement récent du Genepi est le signe d’une réflexion permanente sur nos buts et les moyens d’y parvenir. La continuité du Genepi se trouve dans le refus répété depuis 1976 du désintérêt collectif pour la chose carcérale. La société regarde avec une défiance mêlée de dégoût ces parias passés par la prison. Et pourtant, comme le rappelait la dernière campagne de l’Observatoire international des prisons : « Ils sont nous ».
Bac +5 et Fleury-Merogis +5
Beaucoup saluent la jeunesse des militants de notre association. Ils sont moins nombreux à s’attendrir de la jeunesse des personnes incarcérées. 45% d’entre elles ont moins de 30 ans, et 75 % moins de 40. D’un côté et de l’autre des barreaux, il s’agit pourtant d’une même génération, du même avenir en promesse. Et nous refusons d’être perçus comme deux faces de la jeunesse que l’on opposerait, l’une bonne élève, sage, policée et citoyenne, et l’autre méprisante de la loi, antisociale. Une telle opposition, qui se baserait sur le mérite respectif de celui qui achève son bac +5 et de celui qui entame son Fleury-Merogis +5, procède d’une vision parcellaire de la réalité, d’un aveuglement coupable.
Coupable, il faut l’être, car à tours de bras et sans complexe, la France incarcère les éléments les plus vulnérables de sa population. Tout le monde peut aller en prison, ou enfin presque. A une délinquance souvent déjà dictée par les conditions socio-économiques, il faut en effet rajouter une gestion différentielle de la délinquance selon la catégorie sociale des personnes qui se mettent en difficulté avec la loi. « L’amende est bourgeoise et petite-bourgeoise, l’emprisonnement avec sursis est populaire, l’emprisonnement ferme est sous-prolétarien », constate Loic Waquant dans les Prisons de la misère. Le résultat de ces deux biais cumulés, c’est la surreprésentation des franges laborieuses de la population au sein des personnes détenues. Cela s’appelle une justice de classe.
Pour des collectifs de détenus
Il n’est pas question ici de misérabilisme, car chacun reste en dernier lieu libre des choix qu’il effectue, et libre de s’astreindre des déterminismes. Nous sommes simplement conscients qu’au delà des responsabilités et choix individuels, nous ne sommes pas tous nés sous la même étoile. Ainsi, on loue régulièrement l’engagement des jeunes. Des jeunes comme nous. Citoyens. Militants. Désireux de changer la société. Un brin idéalistes, souvent fougueux, un peu rebelles. Vous même, Madame la Ministre, vous nous félicitiez l’an dernier en ces lieux de notre « impatience », de notre intransigeance.
Cette impatience et cette intransigeance sont pourtant perçues différemment dès lors que celui qui les exprime est incarcéré – et sont alors sévèrement réprimées. Nous l’avons dit, nous ne concevons la réinsertion que comme une participation pleine et active à la vie publique et collective de la société. Il convient donc, si la prison doit réinsérer, de s’interroger sur l’état des libertés politiques derrière les murs.
La voix de nos concitoyens incarcérés devrait être aussi audible que celle de ceux de l’extérieur, et notamment dans les débats qui les concernent directement. Faire société, cela passe parle développement de conscience d’appartenance à la collectivité. Le Genepi revendique donc la possibilité pour les personnes privées de liberté, mais non de leurs droits sociaux, de s’ériger en collectif, par le biais de modalités satisfaisantes d’expression collective (ce que le décret d’application de l’article 29 [de la loi pénitentiaire de 2009] n’est pas), et par l’entrée en détention de la liberté d’association.
« Un lieu où un grand nombre d’individus, placés dans une même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et rigoureusement réglées » (Erving Goffman), voilà la définition d’une institution totale. Contrôle de l’information, mise sous tutelle des personnes, infantilisation, incitation à la délation, effacement de l’individualité, ambition de transformer l’homme - y compris contre son gré - autant d’éléments qui révèlent le fonctionnement totalitaire de la prison.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Dans l’univers carcéral, les vers de Victor Hugo prennent leur pleine mesure. Au sein de ce dispositif, chaque jour, lutter pour rester fier, digne, homme. Cette réalité de la prison comme zone de non-droit, et notamment de non-droit politique, elle est notre fait à tous, en tant que société. Elle est le fruit de la construction minutieuse d’une image monstrueuse des personnes incarcérées, dont les pulsions prédites violentes doivent impérativement être réprimées. Elle est le fait de décennies de politiques sécuritaires contre lesquelles trop peu de gens se sont élevés, d'un monde pénitentiaire délaissé du débat public.
Madame la Ministre, votre prise de poste a cependant marqué une rupture dans ce discours sécuritaire, et le Genepi l’a salué. C’est la troisième Journée prison-justice à laquelle vous nous faites l’honneur de participer, et nous tenons à vous remercier de l’empressement avec lequel vous répondez toujours aux sollicitations d’échange et de discussion que vous adresse la société civile. Vous êtes comme toujours ici accueillie avec chaleur, un signe de votre image inoxydable de défenseuse des droits et libertés dans le paysage politique actuel.
Les timides avancées de la réforme pénale
Le 1er octobre dernier, la réforme pénale, fruit de deux ans d’efforts, est entrée en vigueur. Les timides avancées qu’elle contient ne répondent pas pleinement aux espoirs que nous y placions, et ne permettent pas d’y voir ce rendez-vous attendu des forces progressistes et de la politique pénale. Personne ici ne remet en cause l’énergie et la conviction que vous avez pourtant mis dans cette entreprise, et nous le savons, ce résultat en demi-teinte ne vous est principalement pas imputable. Alors plutôt que de répéter ici ces nombreux regrets, que d’autres ont déjà longuement exprimé avant nous, nous souhaitons aujourd’hui, à mi-mandat, nous intéresser aux projets futurs en matière de politique pénale et pénitentiaire, et j’aurais à ce titre deux questions à vous adresser au nom du Genepi.
La première concerne les laissés pour compte de la réforme pénale : celle-ci concernait les courtes peines, la délinquance du quotidien – la plus nombreuse il est vrai. Si l’abolition de la peine de mort a marqué un indéniable progrès, elle s’est aussi accompagnée d’un contrecoup terrible : l’extrême allongement des peines de privatives de liberté. Cette abolition, elle signifiait que tout homme, en dépit de ce qu’il a pu commettre, a justement vocation à retrouver cette liberté. Dans cette perspective, quel est le sens d’enfermer un homme quinze, vingt, trente ans ? Comment espérer qu’un jour, à l’issue de cette période, il puisse retrouver sa place apaisée au sein de la société ? Ces longues peines, certains les nomment « peine de mort sociale », car elle traduisent une vocation principalement éliminatrice de la prison, et réduisent à néant la vocation ré-intégratrice.
Crever à petit feu
Le 16 janvier 2006, dix « longues peines » de Clairvaux rédigeaient l’appel suivant : « Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France, nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous. Nous préférons encore en finir une bonne fois pour toutes que de nous voir crever à petit feu ». Cet écrit glaçant doit nous rappeler l’urgence de se saisir de cette question. Vous y êtes attendue.
Notre seconde question, Madame la ministre, concerne une promesse. Il y a deux ans, interpellée sur cette même scène, vous nous promettiez l’abolition prochaine de la rétention de sûreté. Cette mesure qui, rappelons-le, permet de l’enfermement de personnes à l’issue de l’exécution de leur peine en raison de leur dangerosité - concept flou que personne, encore aujourd’hui, ne sait définir avec précision ni encore moins évaluer.
Cette privation de liberté hors de toute infraction marque une rupture fondamentale avec les principes directeurs de notre droit pénal. L’ancien garde des Sceaux, Robert Badinter, avait ainsi dénoncé lors de son adoption le 25 février 2008 « une période sombre » pour la justice, estimant que ses fondements en étaient atteints. Vous même jugiez cette disposition, le 8 décembre 2012, « non concevable ». Cette suppression était un engagement de campagne du candidat Hollande. Lors de la réforme pénale, vous avez estimez que puisque celle-ci concernait les courtes peines, il était inapproprié d’y joindre la suppression de la rétention de sûreté. Soit. Mais alors quand ?
Mes derniers mots s’adresseront aux 700 bénévoles présents aujourd’hui, et qui pour beaucoup connaissent leurs premiers moments au Genepi. Je vous souhaite à tous, au nom de l'équipe, une journée pleine d’apprentissages, de découvertes, de questionnements. Plus largement, je vous souhaite une belle et heureuse année militante au sein de l’association. Des deux côtés des murs, ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent. »
Poète, nouvelliste et romancière, Guénane est née à Pontivy, au cœur de la Bretagne, et vit en rade de Lorient. Après des études de lettres à Rennes où elle a enseigné, elle a vécu en Amérique du Sud. Elle a publié de nombreux livres, recueils de poésie (chez Rougerie) et romans (chez Apogée). Le titre de son recueil "Couleur Femme" a été repris comme thème du Printemps des Poètes 2010.
Max Pons lors de la remise du Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres à l'hôtel de Massa à Paris./ Photo DDM repro
On ne présente pas Max Pons. Tout le monde connaît celui qui a été, pendant des décennies, le guide conférencier emblématique du château de Bonaguil. Mais ce que beaucoup, peut-être, connaissent moins est le passionné de poésie et le poète qui a obtenu, en 2011, le «Grand Prix de poésie de la Société des gens de lettres» dont il est par ailleurs sociétaire. Cet amour de la poésie l'a amené à créer «La Barbacane», dont nous fêtons les 50 ans, une revue qui a pour objectif de faire connaître de nouveaux talents. Nous avons rencontré Max Pons pour en savoir plus.
Comment est née «La Barbacane» ?
Nous étions au restaurant «Le Ménestrel» de Georgette et Roger Arnould, où j'ai passé des centaines d'heures, et nous étions quatre à table avec Jean Follain, notamment. Tout d'un coup je lui dis : «Jean, je crois que je vais créer une revue.» Je cherchais un nom depuis déjà quelque temps, je voulais quelque chose à consonance médiévale et un peu étrange pour le commun des mortels. Et il me dit : «Comment l'appellerez-vous ?» et je m'entends répondre : «la Barbacane.» Il me dit : «Excellent !» Il y avait trois semaines que je cherchais et c'est très curieux car je n'y pense qu'à cette seconde précise de la question, alors que tous les jours, j'avais une barbacane, celle de Bonaguil, sous les yeux.
Comment sélectionnez-vous les textes publiés ?
Avec des amis nous constituons un comité de lecture. Seule est prise en compte la qualité des textes. Mais souvent je ne peux pas les publier par manque de moyens. Il faut trouver des subventions car la poésie se vend très peu. Tout a marché grâce au bénévolat sinon l'aventure aurait été impossible.
Où en est la Barbacane aujourd'hui ?
Aujourd'hui c'est une glorieuse épave. Glorieuse, et c'est son grand triomphe, car elle est devenue mythique. J'ai quelques dizaines d'abonnés, pas quelques centaines et il devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts. Alors j'en donne davantage que je n'en vends. Mais j'ai voulu maintenir la haute qualité papier et une centaine d'exemplaires sont tirés sur papier Arches. Selon les spécificités du texte je choisis tel ou tel type de papier et telle ou telle typographie. Cependant j'ai toujours voulu qu'un ouvrier puisse acheter un numéro de la Barbacane et j'ai maintenu un prix abordable.
Comment voyez-vous l'avenir de votre revue ?
À moment donné, mon fils Stéphane s'en était bien occupé. Peut-être qu'un jour, il prendra la suite. Il lit beaucoup et il écrit également mais je ne veux le forcer en rien. Si la Barbacane doit avoir un avenir ce sera celui qu'une nouvelle génération de lecteurs lui donnera. En ce qui me concerne j'espère connaître le numéro 100 !
Propos recueillis par notre correspondant local Michel Rouquet
Max Pons est né en 1927, aux confins du Quercy et du Périgord. Adolescence à Fumel (Lot-et-Garonne). Etudes de lettres, puis études hispaniques à Barcelone où il résidera une dizaine d’années. Conservateur du château de Bonaguil (Lot-et-Garonne) de 1954 à 1992, il y organise des Rencontres poétiques de 1966 à 1975. Poète, Max Pons édifie à partir de 1963 un “château des mots” en fondant “la Barbacane”, revue qui allie la qualité typographique et l’exigence littéraire la plus haute. C’est une revue, qui a nom la Barbacane. Le mot, d’origine arabe, désigne, on ne s’en étonnera pas, un ouvrage de fortification au Moyen Age. Forme circulaire ou semi-circulaire, la barbacane protégeait un passage, une porte ou une poterne. “Revue des pierres et des hommes”, la Barbacane est née de la rencontre entre Max Pons – il avait 36 ans à l’époque – et du poète Jean Follain, au pied de la forteresse médiévale de Bonaguil justement. “Raconter cette expérience, souligne Max Pons, c’est raconter le combat d’un poète, lequel, au fond de son abri provincial, tente de faire entendre une voix de plus en plus couverte par d’impitoyables médias. La lutte est inégale, certes, mais elle est belle. C’est le combat du singulier contre le pluriel. Du rêve contre la réalité. Ma devise reste : « Le réel est du rêve qui a réussi. »” Cela permet de rester tout de même réaliste, avec une philosophie teintée d’humour : “L’expérience de la Barbacane devait, au fil des années, me faire comprendre que l’amour de la littérature et la passion du livre étaient appelées peu à peu à se transformer en industrie du papier, en épicerie littéraire.”
La Barbacane se distingue par sa qualité typographique (due à la rencontre de Max Pons, avec un maître en ce domaine, Yves Filhol) et par ce que Pierre Seghers appelait à son propos, le “sens de l’amitié” par la littérature et la poésie. La Barbacane défend davantage la création que le commentaire. Les 80 numéros et les 47 livres publiés témoignent, par leur qualité et leur diversité, par l’attention prêtée aux jeunes écrivains, de cette exigence. Un fort engagement est demandé aux auteurs. Le choix de l’indépendance a pour conséquence une vie économique difficile, appuyée sur les abonnements, le travail auprès des libraires et de la presse littéraire. Parmi les nombreux poètes publiés au cours depuis sa création, citons Jean Follain, Guillevic, Jean Rousselot, Charles Le Quintrec, Robert Sabatier, Pierre Albert-Biro, Gabrielle Althen, Michel Host…
J'avais eu l'immense joie d'accueillir Max Pons à St Cirq-Lapopie, en septembre 2009, au Théâtre de la Fourdonne, pour une soirée poésie autour de nos deux revues, Nouveaux Délits étant née, dans le Lot donc également, 40 ans après La Barbacane, en 2003.
Non, ce n’est pas Legorafi. La Commission Européenne a invalidé l’initiative citoyenne de «Stop TTIP» contre TAFTA qui vient de dépasser le million de signatures. Plus de 320 organisations de la société civile européenne se sont regroupées afin de s’opposer avec fermeté aux traités entre l’UE et les États-Unis (TAFTA / TTIP) mais aussi entre l’UE et le Canada (CETA). Ces millions de voix ne seront malheureusement pas entendues…
2 mois, 1 million d’engagements
C’est du jamais vu. Il n’aura fallu que 60 jours pour rassembler le million de signatures nécessaire pour qu’une initiative citoyenne européenne soit prise en compte par la Commission Européenne.
En effet, selon les règles européennes, une « ICE » (initiative citoyenne européenne) doit recueillir un million de soutiens pour orienter la politique de la Commission sur un sujet déterminé. En théorie, une audition publique devrait être organisée au Parlement Européen. C’était sans compter sur la décision de la Commission aux relents antidémocratiques.
Refus catégorique de la Commission
Les négociations commerciales sont devenues une priorité pour l’exécutif européen qui vient d’opposer une fin de non-recevoir envers la pétition. Pour le million de personnes impliquées, le statut d’initiative citoyenne européenne s’est vu refusé d’une manière unilatérale. Le pouvoir estime que ces initiatives citoyennes sont prévues pour instaurer de nouvelles lois, pas pour contester un texte en cours de législation. En d’autres termes, la contestation n’est pas autorisée. L’association Stop TTIP a immédiatement saisi la Cour de justice européenne.
Un tel mouvement de masse démontre qu’il existe une véritable inquiétude citoyenne au sein de l’Union Européenne concernant ces accords transatlantiques. Selon ces centaines d’associations, les accords représentent un véritable danger pour la démocratie. Nous aurions là le terreau d’une « corporacratie » (si tant est qu’elle n’existe pas déjà), un système de plus en plus gouverné par les multinationales.
Au prochain virage, la « World Company » ?
Parmi les grands dangers dénoncés par Stop TTIP, il y a cette mise en place de tribunaux d’arbitrages qui offriront la possibilité aux entreprises de contester des décisions gouvernementales. Toute décision collective qui entraverait le libre marché transatlantique serait susceptible d’être punie. Par exemple, si la France estime qu’il faut interdire un conservateur déterminé afin de protéger la population d’un risque sanitaire donné et que cette interdiction engendre une perte pour une multinationale, cette entreprise pourrait poursuivre l’état et exiger des dommages et intérêts.
Il s’agit là d’un pouvoir inédit dans l’histoire de l’Humanité qui serait offert aux grandes entreprises. Une menace directe contre toutes formes de démocraties. L’idée même de prendre des décisions démocratiques au nom de l’environnement contre une industrie serait implicitement compromise. Allons-nous laisser la démocratie mourir sous une salve d’applaudissements ?