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22/11/2015

Birmanie: les mines de jade, un "pillage" équivalent à la moitié de la richesse nationale

Pour comprendre que les 90 morts en Birmanie là, ce n'est pas un accident.........

 

Hpakant (Birmanie) (AFP) - La Birmanie a vendu sur le marché mondial en 2014 près de 27,5 milliards d'euros de jade, dix fois le chiffre officiel selon un rapport publié vendredi. La population assiste quant à elle, impuissante, au pillage de ses ressources naturelles à coups de pelleteuses.

"Ici, c'est chez nous", s'insurge Daw Kareen, habitante de la région minière de Hpakant, dans le nord de la Birmanie, montrant en contrebas les bulldozers grignotant la falaise sur laquelle est perché son village. Les éboulements ont déjà emporté plusieurs habitations.

"Nous avons essayé de les arrêter", explique à l'AFP cette femme de 44 ans, dénonçant le fait que la police et l'armée "vivent sous le contrôle" des grosses compagnies minières.

La somme avancée par l'ONG Global Witness pour le marché du jade représente près de la moitié du Produit intérieur brut (PIB) de ce pays qui reste l'un des plus pauvres d'Asie du sud-est, en dépit d'une forte croissance depuis l'ouverture de l'ex-Etat paria en 2011.

Rien que vers la Chine, selon les chiffres officiels de Pékin, plus de 12 milliards de dollars (10,6 milliards d'euros) de jade birmane ont été importés en 2014, souligne Global Witness, dénonçant un "possible plus grand pillage de ressources naturelles de l'Histoire moderne".

La région des mines de Hpakant, berceau du jade, est accessible au bout d'une route escarpée.

Malgré les réformes, le plus grand secret continue d'entourer ce marché du jade, qui reste la chasse gardée des vieilles élites.

La population est confrontée à une extraction intensive par les grandes compagnies minières, à coups de pelleteuses dans les falaises au-dessus desquelles sont construits leurs villages.

Depuis plusieurs mois, à l'approche des élections, le ballet des pelleteuses s'est intensifié dans la région de Hpakant, afin d'extraire le maximum de jade avant que le vent ne tourne, témoignent habitants et acteurs du secteur.

L'opposante Aung San Suu Kyi a en effet promis de lutter contre la corruption et l'opacité de l'économie, une fois la probable victoire de son parti aux législatives du 8 novembre.

 

- 'L'enfer sur Terre' -

 

Autrefois terre de jungles luxuriantes, la région de Hpakant est désormais constellée de collines à nu, à force de multiplier les carrières.

Des dizaines d'habitants tentant de trouver du jade dans les remblais laissés par les pelleteuses des grosses compagnies minières sont morts dans des éboulements de terrain, rien que ces derniers mois, selon les ONG.

Ces drames de la pauvreté sont parfois mentionnés dans la presse locale, sans que rien ne change dans la vie de ces légions de mineurs illégaux, tentant leur chance dans les mines à la nuit tombée.

"C'est l'enfer sur terre", témoigne un travailleur social souhaitant garder l'anonymat.

Mais dans la région de Hpakant, les mineurs illégaux risquant leur vie au quotidien s'accrochent à leur rêves de fortune.

"Si je creuse tous les jours dans ce trou, j'espère un jour devenir riche", explique Thein Zaw Win, jeune mineur de 20 ans ayant fuit la misère des plaines du centre de la Birmanie.

Car dans les boutiques clinquantes de Pékin ou de Hong Kong, le jade, dit "pierre du paradis" , est un symbole de vertu qui se vend très chère.

L'engouement des Chinois pour la précieuse pierre aux diverses nuances de vert accélère la déforestation de cette région septentrionale de l'Etat Kachin.

"Dans 50 ans, nous irons voir notre jade exposée en Chine", se désole un marchand de jade, alors que selon Global Witness, jusqu'à 80% de la précieuse pierre verte est directement sortie de Birmanie, en toute illégalité, notamment par la région des mines de Hpakant, en Etat Kachin, frontalière de la Chine.

Lors de sa récente visite électorale dans la région, la candidate Aung San Suu Kyi n'a pas poussé jusqu'à Hpakant. Mais ses promesses de lutte contre l'opacité de l'économie font rêver les habitants. "Je veux vraiment un gouvernement qui se soucie de nous", explique Daw Kareen.

D'autant plus que le marché du jade nourrit les combats qui se poursuivent dans cette région, située en Etat Kachin.

Le jade est aussi une source importante de revenus pour l'Armée d'indépendance kachin (Kachin Independence Army, KIA), un des groupes armés ethniques les plus actifs dans ses combats avec le pouvoir central.

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20151023.AFP4102/birmanie-les-mines-de-jade-un-pillage-equivalent-a-la-moitie-de-la-richesse-nationale.html

 

 

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