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04/02/2016

Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, James Noël

 

Points Seuil, novembre 2015

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160 pages, 6,90 €

 

Le pyromane adolescent porte bien son nom, pour l’effusion de mots dans l’élan d’un printemps qui déborde, chaque poème semble être un premier jet, que le poète laisse derrière lui, sans se retourner, une poésie qui tient autant du chien fou que du félin sautant de toit en toit, agile séducteur.

Aussi c’est surtout l’énergie qu’on en retiendra, une énergie sincère, désordonnée, fougueuse

 

de beaux fruits qui exploseront de rire

dans le jus de la bouche

 

L’urgence de mettre un flux incessant et fiévreux de mots sur le désir comme sur les plaies, car

c’est l’encre qui fait que

le poète

trouve dans l’horizon

domicile fixe

 

Éros donc pour un pyromane adolescent tout entier dans sa dévotion aux filles de feu aux innombrables prénoms, de Montréal, de Rome ou de Bahia, filles des îles et de partout où elles incendient le regard. Pyromane papillonnant de l’une à l’autre, impossible pour ce « buveur de kérosène » de résister à l’appel des flammes.

 

« si je viens nu

ouvre ta nuit

portes et fenêtres »

 

Une légèreté trop rageuse cependant pour ne pas voir à travers le sang du vitrier, son pays « cette mine d’oubli » où « les rafales raturent », son île écartelée et « le beau naufrage du vivre ».

 

une terre sur pilotis

avec du sang dans son parterre

terre ligotée

 

par l’ombre de Thanatos,

 

le couteau

par malheur

détient un sens aiguisé

des entrailles

de la vie

 

Chaque poème ou presque de la seconde partie, y est cependant dédié à une personne précise, souvent un poète, peut-être pour contrer justement par les vivants et la mémoire de ceux qui ont vécu, cette drôle de bête que

 

la mort

qui nous colle à la peau

jusqu’à nous déboussoler

pour nous faire tomber

dans le domaine public

des astres et des trous noirs

 

Éros contre Thanatos, faire l’amour à mort et sans vainqueur, car comme le dit la passante qui avait du chien, ce qui compte poète, c’est que « t’as le cœur qui sent bon ! »

 

Le poète qui nous dit

 

je rends les armes

et vous recommande

une seule bombe sous le manteau

le mot d’amour

 

Cathy Garcia

 

 

1201838154.jpgJames Noël, né en 1978, est un écrivain, chroniqueur et poète prolifique. Il occupe une place emblématique dans les lettres haïtiennes contemporaines. Cofondateur de la luxuriante revue IntranQu’îllité, James Noël écrit régulièrement pour Mediapart et a coordonné plusieurs anthologies, dont Anthologie de poésie haïtienne, disponible en Points Poésie.

 

Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/

 

 

 

 

 

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