Les images filmées par M6 en caméra cachée sont sans équivoque, Amazon dispose d’un service de destruction de produits qui ne s’embarrasse pas de trop grandes considérations écologiques ou éthiques. Du materiel neuf, totalement neuf, est systématiquement détruit par le cyber commerçant. Une pratique qui semble émouvoir notre classe politique jusqu’à notre Secrétaire d’État à la transition écologique, Brune Poirson, qui se dit choquée et outrée par cette “révélation”.
Voilà qui me surprend. Me surprend beaucoup même. Si notre Secrétaire d’État découvre cette pratique, c’est que la transition écologique n’est pas pour demain. Si elle fait semblant de la découvrir face aux questions soulevées par le reportage, cela revient au même. L’industrie tout entière se livre à un gâchis du même genre car c’est purement et simplement comme cela qu’elle fonctionne désormais. en totale roue libre.
Pour bien comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui chez Amazon et ailleurs, il faut s’imposer un petit retour en arrière. Pendant très longtemps importer des produits en France était un exercice bien difficile. Il fallait trouver un exportateur qui ne voulait pas entendre parler d’une petite commande. Le minimum de produits de chaque commande était souvent de plusieurs milliers de pièces. Il fallait remplir un container qui partait d’Asie pour arriver chez vous bien plus tard par bateau. Cela représentait des sommes gigantesques qui réservaient les importations à quelques grossistes bien installés. Acheter 2000 téléviseurs en Asie, les payer à la sortie de l’usine, les faire voyager sur un navire qui allait mettre 40 ou 50 jours pour arriver au Havre puis les décharger dans un entrepôt capable de les stocker, tout cela coûtait une fortune. Les grossistes capables de cet exercice étaient peu nombreux et leur main mise sur le matériel dépendait de canaux de distribution assez faibles : Les grandes chaines de magasins étaient leurs principaux clients.
Cela bloquait encore plus la situation puisque ces magasins comme ces grossistes ne voulaient pas spécialement s’auto concurrencer avec de nouvelles références. A quoi pourrait bien servir de proposer 50 fois le même gaufrier à des prix différents dans un magasin traditionnel où le mètre linéaire d’exposition coûte cher et où le stockage est également facturé ?
La situation était donc totalement verrouillée d’un côté comme de l’autre. Un grossiste exportateur exigeant des quantités énormes d’achat pour chaque commande. Des importateurs qui ne voulaient pas spécialement de nouveautés qui puisse faire de l’ombre aux produits qu’ils vendaient déjà.
Le “miracle” Alibaba
Et puis est apparu le site Alibaba.com et tout a changé. D’un coup, des milliers de grossistes, sous grossistes et sous-sous grossistes sont apparus en Asie. Il suffisait qu’un particulier décide de tenter l’aventure de l’exportation pour qu’il puisse ouvrir un compte Alibaba afin de vendre des produits par 10, 20 ou 50 pièces. Il les achetait à un grossiste au dessus de lui qui les vendait par 100 ou 200. Lui même achetant à un grossiste encore un peu plus gros qui les vendait par 1000 en les achetant par 3000. Le minimum de commande n’était plus imposé par le fabricant ou son grossiste officiel mais fractionné sur place à une foule de revendeurs qui jouaient le rôle de semi grossistes. Chacun ramassant au passage quelques dollars de commission sur chaque produit. Une situation qui a permis de fluidifier le marché puisqu’on pouvait obtenir n’importe quelle référence sans avoir à investir les sommes colossales du système qui était alors en place. Faire venir une palette de gaufriers et la stocker est à la portée de n’importe quel commerçant.
La vente de produits venus d’Asie par des petites sociétés à donc explosé d’un coup. Sur Ebay pour commencer, avec des micro entreprises qui importaient 50 exemplaires de 5 ou 10 produits différents avant de les proposer ensuite sur le site d’enchères en ligne. Une concurrence féroce pour la distribution traditionnelle. Les e-commerçants s’en rendirent compte assez vite et décidèrent en réaction d’ouvrir leurs portes à ces nouveaux modèles de distribution en créant leurs marketplaces. Une foule de revendeurs se précipitèrent sur cette aubaine en créant leurs boutiques sur des sites comme RueduCommerce ou CDiscount.
Le principe est simple et n’a pas changé depuis, quelques références pour commencer, un stock géré dans son garage, un numéro de Siret en tant que micro entreprise ou petite SARL et hop, on peut afficher ses produits sur ces plateformes et les vendre.
Quel rapport avec Amazon et ses destructions de produits ? On y vient.
Amazon a également rapidement senti le vent tourner et ouvert ses portes à des commerçants extérieurs avec sa propre place de marché. Mais pour fluidifier son système et augmenter ses revenus, le distributeur a décidé de proposer un concept tout-en-un à ce type de clients : affichage, stockage et expédition des produits. Un concept qui permet à n’importe qui de vendre sur Amazon. En Asie, ceux qui vendaient auparavant sur Alibaba ou Aliexpress des produits en partance de Chine, purent d’un coup les exporter dans les locaux d’Amazon qui proposait donc de se charger de leur distribution.
Que des avantages pour tout le monde. Amazon fait payer le stockage au mètre cube ce qui lui permet de rentabiliser ses entrepôts du mieux possible. Il ramasse également une commission sur les ventes au passage tout en alimentant son site avec des milliers de nouveaux produits. Des nouveautés qui enrichiront son catalogue, sa visibilité sur les moteurs de recherche et qui feront vivre ses opérations promotionnelles et ses ventes flash.
Capture d’écran d’Amazon à la recherche de la machine à Pop Corn du reportage de M6
Si un magasin traditionnel ne veut pas avoir 50 gaufriers différents en rayon, cela ne pose aucun problème à Amazon d’afficher des dizaines de fois des références identiques vendues par des revendeurs différents. C’est même très rémunérateur. La totalité des machines ci-dessus sont vendues par différents magasins de la place de marché du distributeur mais stockées et expédiées par Amazon.
Il s’agit d’une machine que l’on peut trouver sur Alibaba pour 10$ pièce avant toute négociation. Le Minimum de commande indiqué est de 1000 unités mais pour pratiquer beaucoup le sites, il est probablement possible de trouver soit un revendeur qui ne demandera qu’une commande de 100 pièces, soit de négocier avec ce vendeur pour n’en acheter que 100 pièces pour quelques dollars de plus.
Pour les vendeurs c’est le paradis. Qu’ils soient en Asie, en Europe ou en France, ils ouvrent d’un seul coup un accès vers grand public Européen et Américain sans n’avoir quasiment rien à faire. Il leur faut uniquement remplir des fiches produit en ligne sur Amazon et faire envoyer la palette de machines à Pop-corn directement à l’adresse donnée par Amazon. Au lieu de vendre 1000 enceintes Bluetooth à un seul revendeur français à 5$ pièce, ils vont proposer 100 enceintes directement aux particuliers français à 19.99€ pièce sans avoir plus de travail à faire. Le tout en affichant un prix de base de 25€ avant de le barrer afin de faire apparaître une jolie ristourne qui alimentera la page promotions d’Amazon.
C’est la libération, après des années de contraintes, les semi grossistes et particuliers jouant aux exportateurs comprennent que le nouveau jackpot est ici. Plus besoin de passer par des revendeurs qui vont grignoter leurs marges, il suffit de poser une étiquette d’expédition sur une palette de marchandise estampillée CE, de traduire plus ou moins approximativement la fiche technique et de laisser le produit vivre sa vie chez Amazon. Au bout d’un mois, on fait les comptes et pour peu qu’on ait choisi le bon produit, on a gagné quelques centaines d’euros sans avoir bougé le petit doigt.
Et voilà le coeur du problème soulevé par M6. La machine à Pop Corn comme le téléviseur montrés dans l’émission de Capital sont typiquement ce genre de produits exportés puis stockés dans les entrepôts d’Amazon. Ils sont censés y rester une période de commercialisation intense et courte. Une période qui correspond au cycle qui arrange le géant du ecommerce.
Chaque palette posée au sol est louée à Amazon
Car Amazon propose un stockage au tarif évolutif. Le premier mois est toujours très abordable mais pour que le stock tourne le plus possible, la facturation va crescendo. Je ne connais pas les chiffres exacts, Capital affirme que des 26€ le mètre cube du premier mois on passe à 500€ au bout de 6 puis à 1000€ au bout de 12. Vous comprenez bien que les 100 boites d’enceintes Bluetooth vendues 19.99€ vont rapporter 1999€. Desquels il faut soustraire leur prix d’achat, les frais de transport et de manutention ainsi que les frais de stockage et d’expédition d’Amazon. C’est viable quand le mètre cube est à 26€, beaucoup moins quand il monte à 500€.
Et voilà tout le problème. Si les 100 boites ne sont pas vendues le premier mois ou au cours des deux premiers mois, l’opération passe de rentable à déficitaire. Alors que faire quand il reste 10 ou 15 boites sur les 100 du début ? Pour reprendre notre exemple de machines à Popcorn, on en voit deux dans la benne. Soit 20$ de marchandise. Faut-il continuer de les stocker si le coût du stockage dépasse ce prix ? En tout logique économique, non. Il vaut mieux libérer cet espace pour importer un nouveau produit. Et voilà comment des machines neuves partent à la benne. Même chanson pour le téléviseur mais avec simplement moins de produits sur la palette et un prix de vente plus élevé.
Des centaines de ces produits “noname” ont une durée de vie hyper courte. C’est facile de s’en rendre compte lorsque l’on suit une référence précise. Au cours de l’année dernière, j’ai voulu tester des chargeurs USB Type-C noname pour ultrabooks. Sur les trois modèles achetés sur Amazon, aucun n’a été disponible plus d’un mois. Un turn-over incroyable qui résume bien le phénomène.
Playmobil et Lego à la benne ?
Le cas des Playmobil et des Lego est différent mais s’explique également de manière très logique d’un point de vue économique par rapport au coût du stockage.
Qu’est-ce qu’une boite de Lego ou une boite de Playmobils ? Du carton, du papier et du plastique. En terme de matière première, un jouet à 80 ou 130€ ne coûte que quelques euros. Evidemment, il y a d’autres éléments à prendre en considération : La recherche et développement liée à chaque produit, le coût des éventuelles licences type Star Wars ou Harry Potter, la conception des moules nécessaires à la fabrication des éléments et l’énorme investissement dans l’infrastructure d’une usine capable de les produire. Enfin, le marketing lié à leurs ventes ainsi que le SAV proposé entrent également en ligne de compte.
Mais, au final, pour Playmobil ou pour Lego, une boite de jeu n’est qu’un tout petit rouage de la chaîne. Un rouage dont ils connaissent le prix de revient exact boite par boite. Si nous trouvons choquant de voir une boite de Lego partir à la benne, c’est parce que nous la considérons dans son prix global, son prix de vente aux particuliers. Mais pour Lego, il s’agit surtout d’un produit ne coûtant que quelques euros à fabriquer. Il est probablement plus économique pour eux de le détruire plutôt que de le rapatrier ou le stocker plus longtemps.
Cela parait délirant mais c’est pourtant tout à fait logique de considérer cette destruction comme plus rentable. Cette situation vous choque toujours ? Et bien c’est la norme dans toute la grande distribution. Amazon est ici pointé du doigt mais ce scénario se répète tous les jours dans tous les systèmes de distribution de masse. Les supermarchés et hypermarchés évidemment mais même les boutiques de vente en aéroport ou dans les gares jettent des milliers d’invendus chaque jour.
Les rares produits “sauvés” ne le sont que par les hard discounters. Cela survient quand le stock de produits est important et que les marchands comprennent que celui qui vous propose une misère pour racheter un lot à perte reste de toutes façons plus intéressant que de devoir payer pour détruire des produits après les avoir stockés pendant des semaines. Dans la grande majorité des cas, tout le monde détruit. Un frigo qui arrive abîmé en magasin se voit orienté directement vers la gestion des déchets. Certains avec un “défaut d’aspect” sont présentés au public et vendus comme “modèle d’exposition”. Mais la majorité des produits fait juste un tout petit tour sur le parking du distributeur de l’espace livraison à l’espace enlèvement pour destruction.
Les palettes de certains produits ne sont même pas déballées en cas de suspicion de produit abîmé. Une palette des bouteilles d’eau qui semble fuir sera directement mise au rebut même si au final il n’y a que quelques bouteilles éventrées par un trans-palette maladroit.
Le linéaire d’exposition est cher en boutique physique et certains produits sont remplacés par d’autres très rapidement. Ils traînent alors dans le stock quelques semaines avant de subir le même sort. Certaines marques essayent de récupérer ce genre de produits et de les restocker en centrale d’achat pour les redistribuer dans des magasins ayant plus de passage. D’autres ne se posent pas ce genre de questions et font visiter la décharge la plus proche à des milliers de produits absolument neufs chaque année.
Personne n’est assez aveugle pour ignorer le sort des produits frais en grande surface. Des tonnes de viennoiseries, de laitages, de morceaux de poisson ou de viande et autres qui finissent aujourd’hui le plus souvent dans des banques alimentaires mais qui ont été pendant longtemps purement et simplement détruits. Les histoires de marques de vêtements lacérant des habits ou des chaussures avant de les mettre à la poubelle reviennent régulièrement dans les pages société. Avec à chaque fois la même incompréhension du public comme le montre cette poubelle Celio vidée et exposée dans la rue pleine de vêtements lacérés…
Je lis beaucoup de commentaires sur les jouets détruits qui pourraient être donnés à des associations d’enfants malades ou des œuvres caritatives pour être redistribués. Je ne peux qu’être d’accord d’un point de vue éthique sans même parler de l’immense gâchis écologique que représente la fabrication, le transport et la destruction de ces produits.
Mais d’un point de vue économique… cette destruction est totalement conforme à notre époque et notre mode de vie. Détruire ces objets qui, en soi, ne valent que quelques euros de matière première permettent de conserver leurs prix élevés. En laissant s’échapper des boites de Playmobil à zéro euro, la marque montrerait leur véritable valeur. Ce serait comme dire que le Roi est nu. Si on ne regarde que le prix de revient des matières premières, ces produits vendus 79€ n’en valent véritablement qu’un dixième. Et cela Playmobil ne peut pas se le permettre. La marque l’acceptera uniquement de manière très médiatique pour conserver l’aspect luxueux de ses jouets. En clair, Lego ou Playmobil peuvent accepter de donner 100 boites de jouets à la croix-rouge devant des caméras en insistant sur la valeur de leur don1. Mais sûrement pas de transformer au quotidien les invendus en cadeaux sans un coup de projecteur. Cela reviendrait à dire que les produits n’ont pas la valeur qu’ils portent sur leur étiquette.
Est ce que tout cela est acceptable ? Moral ?
Un extracteur de jus TopChef vendu par une société tierces sur la place de marché Amazon
Non. Pour plein de raisons cela est effectivement choquant. Ne serait-ce que parce que enfouir un objet manufacturé n’a aucun sens au vu de l’état actuel de la planète. Est-ce qu’il faut pourtant pointer du doigt Amazon ? Pas plus qu’un autre à mon sens. M6 par exemple, la marque vend des licences de ses émissions à des marques qui vont proposer des objets noname utilisant le même circuit de distribution. On trouvera ainsi la marque TopChef en tête de gondole chez Amazon sur des dizaines de produits de cuisine.
Des produits Made In China comme cet extracteur de jus proposé à 99.90€ avec un prix barré de 199€ et que l’on peut acheter 40.5€ en Asie sur Alibaba. Que pensez vous qu’il va arriver à cet extracteur de jus quand il n’en restera plus qu’un ou deux sur la palette louée à Amazon et que le tarif de location dépassera leur valeur d’achat ? Ils suivront exactement la même logique que les autres et rejoindront la décharge ou l’incinérateur. Certains produits estampillés TopChef ont d’ailleurs déjà dû partir à la benne.
Il suffit de regarder les poubelles d’un supermarché pour découvrir l’ampleur de ce gâchis monumental opéré chaque jour depuis des dizaines d’années. Une consommation à outrance qui pousse tout le système vers une fuite en avant. Il faut achalander et produire à tout prix. On nous dit que la consommation est l’alpha et l’omega de notre système ? Alors le système consomme.
Outre les produits jetables, les produits difficilement réparables, l’appétit du neuf est un autre gros problème de notre modèle de consommation.
J’ai un ami qui a géré un supermarché de discount après avoir pris en charge des enseignes plus haut de gamme. Son constat est édifiant. Dans son magasin de discount, il est parfaitement possible de proposer des produits frais en dates courtes avec une étiquette spécifiant leur état et en proposant un rabais conséquent. Il est également envisageable de laisser en rayon un paquet de gâteau légèrement abîmé et de sacrifier 50% de son prix. Les produits partent quand même sans problème. Ce n’était absolument pas le cas dans un supermarché plus traditionnel. Les dates courtes étaient régulièrement jetées et les paquets abîmés restaient systématiquement en rayon. Boudés par le public.
Les produits abîmés ne font pas non plus recette en ligne. Lire les commentaires sur Amazon est assez édifiant : Combien de personnes se plaignent d’un produit ayant un souci sur son emballage ? Des dizaines de clients mettent une note d’une étoile à un produit juste parce que son carton est troué ou griffé. Aucun constructeur ne veut prendre le risque de se voir attribuer une note de ce type et préfère donc que son produit finisse à la benne. Même si il fonctionne parfaitement bien.
Il faut également faire un tour dans une déchetterie pour constater l’ampleur des dégâts provoqués par notre appétit de consommation. Un vélo pour enfant quasi neuf jeté à la ferraille parce que “la petite a grandi”. Des appareils électroménagers en parfait état “remplacés” au détour d’un produit en promo. Le pire étant qu’aujourd’hui, très souvent, les produits des déchetteries ne peuvent plus être récupérés par d’autres particuliers. Voir une machine à laver fonctionnelle être jetée à la benne par son propriétaire parce que le bouton de selection en façade est cassé laisse perplexe. Cela un goût autrement plus amer quand le propriétaire était prêt à la monter dans la voiture de quelqu’un d’autre mais que l’opération a été empêchée sur place par un personnel tout aussi navré… Mais qui ne fait qu’appliquer le règlement.
Comprenez moi bien, je ne cautionne pas ces pratiques et ce gaspillage m’afflige autant que tout le monde. Mais pointer du doigt Amazon en faisant semblant d’oublier comment fonctionne notre monde d’aujourd’hui me parait quelque peu problématique. Tout le monde est responsable à son échelle de ce grand gaspillage permanent. Celui qui jette un vieux jouet à la poubelle au lieu d’en faire don à une oeuvre quelconque. Celui qui jette un bouquin au lieu de le laisser traîner là où il pourra être récupéré. Celui qui jette le journal du jour au lieu de le plier proprement à la terrasse d’un café. Le restaurant qui jette chaque jour quelques kilos de nourriture au lieu de la redistribuer. Le marchand qui préfère détruire plutôt que de revaloriser. Chez Amazon, cela se voit énormément car l’entreprise brasse des millions de produits mais à l’échelle de chacun il y a peut être des mesures à prendre pour éviter ce grand gâchis.
S’inscrire dans une association de réparation de produits ? Dans un Fablab où on trouvera sans doute de l’aide pour apprendre à réparer sa télé ou son électro ménager ? Préférer la revente plutôt que la déchetterie ? Quitte à revendre quelques euros seulement si l’objectif est plus le recyclage que le gain. Demander autour de soi ou sur ses réseaux si quelqu’un n’est pas intéressé par tel ou tel objet avant le réflexe de la poubelle ? Organiser du troc ? Moins rechigner devant certains emballages légèrement abîmés en magasin ? Et évidemment, pour les responsables politiques, trouver une solution pour limiter la casse chez les distributeurs. Même si cela va être difficile.
Notre société, nos règles, nos lois protègent souvent très efficacement la propriété. C’est une des règles de base, présente même dans la déclaration de 1789 des droits de l’homme et du citoyen. Dans son article 17 on apprend que la propriété est un droit “inaliénable et sacré”. Chacun est libre de faire ce qu’il souhaite de son bien. De le conserver, de le vendre, de le cacher ou… de le détruire. Reste qu’en 1789 on ne se disait pas forcément qu’un tel gaspillage serait un jour possible. Ni qu’on atteindrait si vite les limites en ressources et en énergie de notre planète.
Interdire la destruction n’est pas possible dans notre société de consommation et j’imagine que les Lobbyistes de la grande distribution sont déjà au travail pour résoudre à leur manière2 cette crise. La solution serait peut être de faire payer plus cher la destruction en prenant en compte son impact écologique. Si Amazon comme les autres se retrouvaient dans la même impasse que celle du vendeur qui ne veut pas payer plus cher en stockage qu’en produits, peut être qu’il trouverait de nouvelles solutions. Avec un coût de destruction très fortement taxé, la donne ne serait pas la même. Le risque étant que les industriels décident alors de ne plus jeter là où il faut mais dans des décharges sauvages. Tout en répercutant évidemment le coût d’une éventuelle destruction sur le prix des produits. Et ça, cela ferait mal à la sacro sainte “croissance”.
Notes :
- Chose qu’ils devraient faire d’ailleurs…
- C’est à dire refermer le couvercle