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09/07/2013

Guerriers amoureux de Jean-Louis Costes

 

 

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Edition Eretic, avril 2013, 286 pages, 17 €.

 

 

Dégueulasse, dégoûtant, obscène, scato, taré… et drôle, corrosif, rarement ennuyeux et bien écrit. Costes est un écrivain, n’en déplaise à ceux qui ne supportent pas qu’on puisse écrire caca dans un roman. Les qualificatifs péjoratifs ne manquent pas pour qualifier l’écriture de Costes, et chacun à un moment ou à un autre, comme dans un effet miroir, se verra confronté à ses limites. Ça en devient presque initiatique, certains laisseront tomber de suite, d’autres ne voudront même pas toucher le livre, d’autres iront plus loin, voire jusqu’au bout pour se sentir comme les deux antihéros de l’histoire : de vrais hommes, voire de vraies femmes. Ce qui est intéressant d’ailleurs, ce serait de savoir combien finalement vont jusqu’au bout en prenant des airs dégoûtés ? Costes se lit-il en cachette comme une revue porno ? Il me semble que c’est la même chose avec ses performances, il met le public face à un miroir, le plus extrême possible. Ainsi, d’autres iront jusqu’au bout peut-être parce qu’ils découvriront que ça les excite, ils en apprendront ainsi sur eux-mêmes et libre à eux ensuite d’en chercher le pourquoi, comment, papa, maman, etc. D’autres iront jusqu’au bout, même si par moment le roman leur tombe sur le moral comme un gourdin goudronné, sans doute parce qu’eux même sont autant dégoûtés que fascinés par l’humanité, au point de la chercher partout, et c’est un peu comme Dieu, elle se cache parfois là où on n’ira jamais la chercher. Pour Costes, c’est très certainement au fond d’un trou de balle. Plus clinique que pornographique, son roman plonge obsessionnellement dans les entrailles, au propre, c'est-à-dire crade, mais aussi paradoxalement au plus profond  de l’âme humaine. C’est un constat pas très réjouissant d’ailleurs, Costes exagère mais jusqu’à quel point ? Ne mettrait-il pas plutôt le doigt et plus dans ce que l’on ne veut pas voir ? Ou juste à doses homéopathiques par le biais d’infos aseptisées ou au cinéma, pour le frisson. La crasse, la folie, la déchéance, la drogue, la violence et le sexe comme antidépresseur, on baise comme on hurle, pour se sentir vivant. Les épaves sont légions dans une société où règne mensonge, lâchetés, corruption et cupidité, et dire qu’on ne peut rire de tout, c’est bon pour celles et ceux qui n’ont pas encore goûté au grands fonds, ceux qui ont un arôme de chiasse, de poissons pourris et de fûts percés, où la vie ne vaut pas un clou et l’enfance se viole au petit-déjeuner. Nul n’ignore que l’humain, confronté à certaines situations et substances, peut devenir une créature bien plus cruelle et dégénérée que le plus féroce animal, mais c’est toujours l’autre, si possible le plus loin et le plus étranger possible. L’écriture de Costes pourrait jouer une sorte de rôle cathartique. En endossant toutes les perversions, toutes les saloperies humaines, le lecteur en ressort lavé, purifié, soulagé peut-être. Ouf, ce n’est pas lui ! Pour qui veut lire entre les lignes, au delà de la provocation, cette vulgarité est l’arbre qui cache la forêt. En rester là, ce serait passer à côté de la grande fragilité, l’évidente sensibilité et une lucidité écorchée vive, de l’auteur. Un roman pertinent, mais oui, qui dresse un constat sans pitié du monde actuel, cru, grinçant et souvent insoutenable, aucun puritain ni survivrait, mais le côté trash ne leurrera pas le lecteur déniaisé. Costes a un humour et un sens de l’autodérision qui sauvent de tout, c’est drôle et désespéré. Le paradoxe du titre, Guerriers amoureux en dit bien plus long qu’il n’y parait. En filigrane permanent, une quête d’amour, de paix, de beauté et de simplicité, toujours empêchée par un monde dingue qui part en couille, ravagé par le crack depuis la banlieue parisienne jusqu’au fin fond du désert ou de la jungle amazonienne. On a beau se voiler la face, serrer les fesses et se pincer le nez, le monde il est aussi comme ça, beaucoup même. C’est donc, littéralement, un roman d’aventures extrêmes, que jamais aucune marque sportive ne voudrait sponsoriser.

 

Cathy Garcia

 


013.jpgJean-Louis Costes est né le 13 mai 1954 à Paris. Père militaire, mère catholique pratiquante, il a été éduqué par les pères des collèges catholiques. En
1968, il tombe amoureux d'une jeune fille de son lycée Anne Van Der Linden qui deviendra plus tard décoratrice et actrice de ses shows. Il quitte sa famille et vit tel un zonard, paumé et drogué. En 1972, il obtient son baccalauréat et débute des études d'architecture à l'école des beaux-arts de Paris. Il obtient le diplôme. En 1978, il voyage à travers l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud (La Guyane deviendra son lieu de prédilection). Dans les années 80, il se réfugie dans la cave de sa grand-mère pour se consacrer uniquement à la musique. La cave désormais sera son milieu ambiant préféré, non par goût mais par nécessité. Il s’échappe aussi dans une cabane au milieu de la forêt guyanaise pour respirer. Artiste underground, subversif, amoral, transgressif, antihéros complètement déjanté. Sur scène et dans ses livres, aucune limite, il exploite tous les tabous, les thèmes les plus ambigus, scatologie en tête. On l’aime ou le plus souvent on le déteste, mais on ne peut rester indifférent. Ses réalisations, quel que soit le domaine via lequel il éructe, littéraire, performances live, films ou musique, toujours au degré maximum de la provocation aux yeux d’une certaine normalité en tout cas, sont toutes guidées par un sens aigu de l’autodérision, de l’absurde et de la bouffonnerie, avec beaucoup d’humour et en filigrane dans la surexcitation et l’explosion des sens, une quête de transcendance. Son cheval de Troie est la nullité. C’est en réalité une immense farce au sens mystique du terme, et cela peut évoquer le théâtre de l’absurde de Jodorowski ou celui de la cruauté d’Artaud. En 1986, il a publié chez Fayard, Grand-père, l’histoire d’un grand père arménien, cosaque, légionnaire, bagnard et collabo.

Pour en savoir plus : http://jeanlouiscostes.free.fr

Mais l’antre de la bête est ici : http://www.costes.org

 

 

 

 

 

08/07/2013

Le faucon errant de Jamil Ahmad

traduit de l’anglais (Pakistan) par Sophie Bastide-Foltz, Actes Sud mai 2013

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173 pages, 19,80 €

 

Un livre âpre et austère, à l’image de la région à laquelle il s’attache, où le seul lien à suivre pour ne pas s’y perdre est un homme, Tor Baz, le Faucon Errant. Il sera notre guide à travers ces pages écrites d’une plume sèche, sans fioriture, qui se tient au plus près des évènements et les décrit sans entrer dans des considérations psychologiques. Tor Baz est né au cœur de ces zones tribales, semi-autonomes à l’époque – nous sommes dans les années 1950 – au carrefour montagneux du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Iran.

À l’âge de 5 ans, Tor Baz qui ne s’appelle pas encore ainsi, se retrouve abandonné en plein désert auprès d’un chameau mort. Ses parents qui s’aimaient d’un amour illégitime, ayant fui leurs tribus respectives avant même qu’il ne soit conçu, sont rattrapés et assassinés selon la dure loi tribale. Tor Baz sera alors recueilli par un vieux chef nomade, puis par un mollah mécréant, vagabond et rusé qui finira dément, et enfin par une famille Bhittani.

C’est cette famille qui lui donnera le nom de leur fils défunt, Tor Baz, Faucon Noir, qui deviendra le Faucon Errant que nous retrouverons tout au long du livre. Un livre que Jamil Ahmad a pu écrire en regroupant des notes prises durant plusieurs décennies dans ces zones tribales, où il exerçait comme haut fonctionnaire pakistanais. Une région où venaient se heurter cultures ancestrales, nomadisme et modernité, une région aux enjeux politiques, stratégiques et religieux extrêmement compliqués et où les innombrables tribus résistaient farouchement à tout pouvoir et ingérence étatique, sans parler des tentatives d’influences allemandes ou britanniques, qui plus tard seront soviétiques et américaines. Là réside le grand intérêt de ce livre, nous faire pénétrer au cœur de ces territoires bien éloignés de toute littérature, mal connus, peuplés d’hommes simples et rudes, exceptionnels aussi d’humanité tout autant que capables d’une grande cruauté. On y rencontrera des chefs tribaux, des mollahs miséreux, des hommes sages, humbles et honnêtes, d’autres fort corrompus, des femmes aussi soumises que robustes et courageuses. Des paysans, des villageois, des bandits, des soldats, des fonctionnaires, des kidnappeurs saisonniers, des vendeurs d’informations, des vendeurs de femmes, d’opium et de haschisch, de glace des glaciers, de champignons séchés ou de kebab, un montreur d’ours et un guide de haute-montagne qui retombera aussi bas qu’il était monté haut. Des morceaux de vie captés et entremêlés au cœur de paysages érodés et quelques vallées plus accueillantes. On entendra les vents des montagnes et du désert y chanter le nom de tout un tas de tribus telles que Siahpad, Baloutche, Brahui, Kharot, Pawindah, Bhittani, Pachtoune, Massoud, Wazir, Afridi, Mohmand, Gujjar… et nous verrons chacune lutter pour sa survie, sans que jamais toutefois ne soit oubliée la règle première et essentielle de l’hospitalité.

 

Cathy Garcia

 

 

Jamil Ahmad par Fauzia Minallah.jpgNé en 1933, haut fonctionnaire pakistanais aujourd’hui à la retraite, Jamil Ahmad exerça principalement dans la province frontalière du Baloutchistan. Il a également occupé un poste à l’ambassade pakistanaise à Kaboul avant et pendant l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques. Il vit actuellement à Islamabad. Avec Le Faucon errant, son premier roman, il est devenu, à soixante-dix-huit ans, le « nouvel auteur phare » de la littérature pakistanaise. Ces expériences lui ont permis de décrire au plus juste la vie de ces régions interdites (aux frontières de l’Iran, du Pakistan et de l’Afghanistan) avant la montée des Talibans. Aujourd’hui les « zones tribales » sont le plus souvent décrites comme des régions reculées, nids de conspirateurs et cibles des attaques de drones.

 

Photo (c)Fauzia Minallah

 

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-faucon-errant-jamil-ah...

07/07/2013

Grèce : une vie en autarcie loin de la crise

06/07/2013

Fosses communes...

 

 

 

Toutes les conquêtes


 

Sont des fosses

 

 

Communes

 

 

Werner Lambersy

in Opus Incertum

 

 

Lieu dularcin : la revue Décharge n°158

 

 

 

05/07/2013

Massalia Blues de Minna Sif

 

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Alma Editeur, Février 2013

92 p., 18 €

    

Être aimé ne sert à rien.

Pour ne pas être seul,

Il faut être capable d’aimer

Dino Buzatti

 

Minna Sif nous plonge au cœur d’une sorte de cour des miracles, pègre et misère s’y côtoient, pour le pire et exceptionnellement pour le meilleur. C’est Marseille la belle, ses quartiers, son vieux port, ses vendeurs à la sauvette, ses marchands de sommeil, ses parias et ses prostituées, et dans cette cour grouillante de la ville basse, un roi découronné pousse son Caddie. Clochard et clandestin, fier et roublard, Brahim refuse d’aller chercher des papiers à la préfecture. Et cela, malgré les offres d’aide insistantes de la narratrice, écrivain public du côté de la Poste Colbert, pour tout un monde sans voix, parfois même sans droits. Enfant déjà, elle était la voix de ses parents, venus eux aussi de douars marocains aux noms imprononçables.

« Cet emploi d’écrivain public était pour moi un pont ténu entre une population venue de l’autre bord de la méditerranée et cet autre monde bien ordonné qui ne voulait d’eux que du bout des lèvres, du bout de ce tutoiement dont on les gratifiait encore trop souvent ».

Brahim, vieux fou, est aussi un conteur hors pair. Lui, dont la vie comme tant d’autres a fait le grand écart au-dessus de la Méditerranée, ne transporte pas qu’un affreux cabot déplumé et tout un tas de vieilles saloperies au fond de son Caddie, mais aussi des pelletées d’histoires incroyables, dont les héroïnes sont des femmes, que dis-je, des furies, des ogresses débordantes de chair et de vie. Fadéla la dégourdie, Zina la morte, Leïla la putain aux dents d’or, Haffida la dévoreuse, Fatem la poétesse, la blonde Antoinette et d’autres encore. Mères, grand-mères, sœurs, épouses, maîtresses… Tout un univers féminin aussi jouissif qu’étouffant, en butte à la brute lâcheté des hommes.

Hardie, sacrément fleurie et explosive, l’écriture de Minna Sif déborde comme une opulente poitrine du corsage étroit de la bienséance. Elle ne craint pas de tremper sa plume dans les sucs et les fiels, l’amour et la haine étant bien souvent trop emmêlés pour pouvoir les distinguer. Les cris, la rage, les larmes, le sperme et les vers qui rongent les plaies. L’humanité dans toutes ses splendeurs et ses déchéances, excessive et délirante comme l’amour de ces mères du sud pour leur progéniture, à Marseille, aussi bien que dans les douars marocains.

On se perd dans la narration un peu brouillonne, forcément, à l’image de ce bouillon de cultures, d’où jaillissent cependant des envolées de génie. Il y a du fellinien, du rabelaisien… Nul n’y est à une fourberie ou une contradiction près, nous ne sommes pas chez ceux qui pètent dans la soie le petit doigt levé. Ici, c’est avec les poings et le verbe haut que la vie se conjugue. C’est à peine exagéré, comme la vie de Brahim, c’est un vécu du feu de dieu, à moins que ce ne soit celui d’un djoun, et c’est donc aussi forcément marseillais.

Un lexique à la fin permet de s’y retrouver dans les emprunts à la langue arabe et on apprend ainsi qu’Harraguas signifie littéralement « brûleurs de frontière » et désigne les jeunes émigrants qui rejoignent l’Europe clandestinement au péril de leur vie, et que les Hittistes, « teneurs de murs », sont de jeunes diplômés chômeurs qui passent la journée adossés à un mur. Massalia Blues à nous en faire rougir les tympans. Ça se lit avec le sourire, le souffle court et une certaine stupéfaction. Tant de gouaille sous la plume d’une jeune fille, ça ne s’invente pas, ça se vit et se transmet comme un bouton de fièvre. Âmes délicates s’abstenir, mais ce serait dommage.

 

Cathy Garcia

 

minna.jpgMinna est née en Corse, dans une famille originaire du Sud marocain. Elle vit à Marseille où elle anime des ateliers d’écriture dans les quartiers Nord. Son premier roman, Méchamment berbère (Ramsay, 1997), a été réédité chez J’ai Lu, dans la collection Nouvelle génération. Elle a également écrit des nouvelles publiées dans des revues (Gulliver, La Pensée de Midi…) et des ouvrages collectifs : Scandale (Chihab, 2010) et Une enfance Corse (Bleu autour/ Colonna 2010). Auteure associée au Théâtre de la Mer, dans le cadre de Marseille Capitale européenne de la Culture 2013, elle a participé au projet international « Foot(ing) Marseille » en animant de nombreux ateliers d’écriture à destination des jeunes et des adultes.

 

 

 

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/massilia-blues-minna-sif

 

Bienvenue dans le Ku Klux Klan de Dimitris Gerardis

Dimitris Gerardis, né en 1968, est un réalisateur et documentariste grec

 

 

Relayée par Voix Dissonantes http://jlmi.hautetfort.com/

Cache misère au G8 2013 en Irlande du Nord

 

Relayée par Voix Dissonantes http://jlmi.hautetfort.com/

Greek souvenirs de Panagiotis Grigoriou

Des nouvelles de la greek crisis, sur le blog de l'historien et ethnologue Panagiotis Grigoriou

Source : http://www.greekcrisis.fr/2013/07/Fr0255.html#more

En un an seulement, notre pays s’est transformé en cette nouvelle planète des singes au Sud-est européen. Sauf que contrairement au récit de Pierre Boulle, les “singes” de la forêt troïkanne seraient plutôt des espèces dominées, abruties et sidérées. Les élections de 2012 sont déjà loin, très loin même, ainsi notre humanité se réduit jour après jour à un état animal, comme on se le dit alors souvent, ce qui relève déjà de l’euphémisme. L’immense... rapport forcé, exercé sur la société que constitue la politique du mémorandum durable, finit par transformer tous nos liens, du reste bien précaires, en... sociabilité anthropophagique. Heureusement dans un sens, qu’à défaut d’autres résistances efficaces, une certaine prise de distance vis-à-vis des événements, ou sinon l’inconscience tout simplement, nous permettraient de tenir encore. Sinon, c’est par habitude que nous tenons, mais aussi grâce à l’été.

Marché aux puces. Athènes, juin 2013

Il s’avère ainsi, que l’immense majorité d’une population, même malmenée, ne sait pas trop que faire du changement. C’est bien connu... Notre ligne d’horizon demeure cet éternel présent: la survie, ainsi que toutes ces petites joies que la “Nouvelle Grèce” d’Antonis Samaras n’arrive guère à étouffer. Car, clôturant les travaux du congrès de son parti le week-end dernier, il nous a annoncé sur un ton si triomphant, et ceci malgré un léger malaise survenu lors de son discours, que “l’heure est venue, de la transformation de la Nouvelle Démocratie en un grand mouvement de centre-droit”. On y ajouterait: “surtout de la Troïka et vraisemblablement aussi de l’Aube dorée”, notamment en tenant compte des dernières déclarations de Vyron Polydoras, député et cadre historique de la Nouvelle Démocratie... C’était ce midi sur la radio “Real-FM”:

Certainement qu'il va falloir également collaborer avec l'Aube dorée. Disons que nous sommes sensibles à l'Aube dorée car ce parti a obtenu la confiance de six cent mille personnes, et d'ailleurs bientôt, ils seront un million à voter en sa faveur, tandis que nous, nous nous rappellerons au bon souvenir de la Constitution de Weimar. Qui se souvient vraiment de la Constitution de la République de Weimar ? Qui sait encore qu’il s’agissait de la Constitution la plus avancée en matière de politique sociale en Allemagne de l’entre-deux-guerres et peut-être bien, de toute son histoire constitutionnelle? Ceux qui se disent opposés à l’Aube dorée, qu’ils aillent alors déposer un recours auprès de la Cour suprême, pour ainsi exiger de faire de ce parti une formation illégale, comme le réclame alors M. Venizélos. Disons que c’est possible. Mais nous devrions au contraire nous calmer un peu, afin de nous occuper de notre douleur ainsi que de notre situation”. Telle serait déjà une certaine “Nouvelle Grèce” en gestation, d’Antonis Samaras, des siens... et des “autres”. Autrement-dit, l’Aube dorée sera de la nouvelle planète... Alors, quelle déchéance !

Fouilles. Agora d'Athènes, juin 2013

Ces affaires de la “Nouvelle Grèce”, laissent par exemple mon cousin bien indifférent, tout comme de nombreux autres habitants de cette planète. Car finalement, le changement fatalement acquis et encaissé, n’étonne plus grand monde, puis, mon cousin poursuit coûte que coûte sa quête... vitale comme si de rien n’était: “Mon épouse attend un enfant. Nous lui avons déjà acheté son lit, la poussette et le maxi-cosi, puis aménagé sa chambre. Nous avons dépensé au total 750 euros en choisissant les produits les moins chers. Je me trouve au chômage, tout comme ma femme. Nous vivons de notre épargne en ce moment, cela peut durer encore un à deux ans à ce rythme, il faut dire que nous sommes également aidés par nos parents respectifs, lesquels perçoivent encore leurs retraites. Je viens même de faire l’acquisition d’une voiture d’occasion plus spacieuse et surtout plus économe que mon vieux véhicule âgé de 20 ans, car le bébé arrivera bientôt. Cette voiture, nous coutera cinq mille euros, seulement voilà, nous nous disons qu’en faisant bien attention à nos dépenses... nous vivrons un peu comme avant. Et de toute manière nous ne sommes pas les seuls à faire face à ces difficultés en Grèce”.

Mon cousin n’est certes ni un inconscient, ni un grand acteur, disons, du fait politique. Qui le serait d’ailleurs réellement, parmi nous tous ? Le dernier être humain ainsi façonné par la méta-Révolution industrielle, aspirerait alors et d’abord, à la conservation d’une certaine “normalité”, ce qui à ses yeux serait primordial, en dépit des pires illusions du moment. D’où, sans doute, ce savant maintien de toutes ces coquilles vides à la démocratie des apparences, conservées dirions-nous à la manière des défunts malgaches, suite au passage en force de la Troïka. Et en attendant, le peuple de la réserve, saute sur la première occasion... et d’arbre en arbre, sans jamais s’apercevoir de la forêt, pour ainsi grignoter un peu de notre temps présent, devenu temps mort. On grignote alors tantôt une petite sortie, tantôt un week-end ou une escapade en famille ou entre amis. Chez les plus jeunes déjà, la mode du moment consiste à camper librement sur la côte et si possible près d’Athènes, mais à plusieurs pour des raisons de sécurité.

Marché rue d'Athéna. Athènes, juin 2013

Dès qu'un bout de salaire est versé, les gens feront alors tout pour se financer une petite escapade, ce qui équivaut à une éphémère sortie de la crise, lorsque ceci reste possible bien entendu, en sachant qu’il n’existe pas de lendemain. C’est inouï, tout comme cette nouvelle solidarité entre nous ! Nous laisserions ainsi délibérément mourir de faim les amis ou les parents, dont le comportement économique et éthique passé et surtout présent n’est pas conforme à nos vues. Tiens, pour mieux faire comprendre ce que je vais dire je rappellerai le cas de Dimitri, cet ami commun de notre enfance, si tu te souviens encore. Eh bien, lui, comme tout le monde le sait, n’a fait que boursicoter, puis usé de ses amitiés avec les escrocs du PASOK, pour enfin ne rêver que d’une résidence secondaire sur Mykonos. Telle fut alors son unique... grande idée. À présent Dimitri est vraiment à plaindre. Il roule sans assurance, il a déjà vendu ses trois biens immobiliers, il est criblé de dettes et il ne sait même pas comment nourrir ses deux enfants... ainsi que son alcoolisme. Ce n’est qu’en souvenir de notre passé d’étudiant à Patras que je lui ai prêté 115 euros pour la première, et aussi pour la dernière fois. Il m’a téléphoné pour me réclamer 100 euros, puis lors du rendez-vous fixé devant le kiosque de Gérasimos et comme il s’était aperçu que j’avais alors sur moi 115 euros, il a tout pris. Ce type n’a jamais travaillé dans sa vie, il a été un profiteur, je le laisserai alors mourir de faim, pour aider, si je le peux, ceux qui n’ont plus rien, mais qui comme toi et moi, ont toujours travaillé”, a fait remarquer mon cousin, visiblement très remonté contre Dimitri.

C’est évident, même la solidarité... n’est plus tellement organique... entre “singes”. Heureusement que certaines fouilles ont repris du côté de l’Agora d’Athènes depuis la semaine dernière, sans doute sous le mécénat d’un sponsor privé, pour nous rappeler un peu... à la civilisation et à ses profondeurs, de toute évidence désormais inatteignables.

Greek souvenirs from one euro !!!”. Athènes, juin 2013

Nous savons au moins “offrir” à nos touristes, des souvenirs à un euro, ainsi que “nos” sandalettes athéniennes. On en retiendra surtout que notre ville est encore capable d’une certaine douceur, même si le touriste anonyme ne comprendra absolument rien de ce micro-trottoir à répétition, place de la Mairie. Une journaliste issue de l’unique planète de la télévision privée, questionnât les retraités de passage sur la situation du moment, pour inlassablement obtenir la même réponse devenue stéréotype: “C'est dramatique, nous sommes condamnés... Les voleurs, les banques, les politiciens, il y en a assez”. Plus personne n’y prête attention et de ce fait, le micro-trottoir n’attire plus les foules. Il faut dire aussi que le climat de méfiance est tel, que prendre la parole devant une caméra n’est plus une attitude aussi spontanée que par le passé. Même discuter certaines choses en présence d’inconnus dans les cafés ou dans les autres lieux de la sociabilité devient difficile, car nombreux sont ceux qui désormais se méfient. De l’autre côté, et il faut bien le dire, le temps de la constatation a pris fin. C’était incontestablement entre 2011 et 2012, désormais on en sait suffisamment, et on en sait même trop. Car à défaut de résultat politiquement probant sur le terrain, tout cela semble alors et de plus en plus, vide de sens. D’où sans doute ce repli de mon cousin à travers sa quête du seul présent, pour ainsi ne pas avoir l’impression de complètement pédaler dans le vide.

Micro-trottoir. Athènes, place de la Mairie, juin 2013

Tandis qu’enfin, certains prix baissent et que l’on peut désormais boire un café chez le charcutier du centre, du côté de SYRIZA c’est plutôt l’alarme qui est en train de sonner. Non pas parce qu’Alexis Tsipras sera à Moscou demain mardi, mais plutôt, parce que la Gauche serait loin de satisfaire aux conditions et aux critères de la... nouvelle planète. C’est alors suffisamment grave et plus personne ne l’ignore. Par exemple, dans une tribune publiée dimanche 30 juin dans le quotidien “Avgi” de la Gauche radicale, Loukas Axelos insiste sur ce qui à ses yeux demeure important, et de ce fait, à ne plus perdre de vue.

Certains prix baissent. Athènes, juin 2013

Prendre son café chez le charcutier. Athènes, juin 2013

C'est justement notre réalité si triste par définition, qu’exige de nous l'adoption d'une logique bien différente. Cette réalité, qui notons-le, est en même temps un signe fort de la situation actuelle. S’agissant évidemment d’un phénomène d'une telle profondeur, d'une telle complexité, d’une telle agression de la part de l'ennemi, ainsi que d’une telle polarisation quant aux intérêts qui s’affrontent en ce moment de manière bien exacerbée. Il va falloir abandonner alors notre raisonnement de la découverte du charmant fait mineur, celle par exemple qui pratique cette justification prétendument écologique à propos du papillon qui disparaît, alors que la société entière se trouve immergée dans le Tartare. Ce que nous fabriquons entre nous, préparant le prochain congrès de SYRIZA, les agissements des composantes du mouvement, ainsi que le résultat des batailles féroces entre nos listes, n’intéresse évidemment personne à part nous. Ne manquons pas ce qui est important pour conserver l'illusion que le monde ne peut exister sans nous. Nous devons d'abord nous éloigner du corporatisme, tout comme de la manière tacticienne des politiciens ou même de l'économisme. Nous devrions ainsi, abandonner le terrain de l'adversaire qui est en même temps celui de ce qu’il y aurait de pire chez nous également. Car nous devons enfin porter sur la scène centrale, la politique et l'éthique”. On commencerait alors tout juste à admettre chez SYRIZA, que ledit peuple de cette nouvelle planète, n’est pas du tout celui fantasmé par notre Gauche bien plurielle.

L’espoir alors renaîtrait. L’urgence est là, bien implacable, car déjà elle nous devance. Le nouveau ministre de la Santé, un transfuge de l’extrême-droite depuis le défunt parti LAOS et vers la “Nouvelle Grèce” du parti de l’extrême-droite d’Antonis Samaras, déclare d’emblée qu’il n’hésitera pas à fermer certains hôpitaux si besoin est. Entre quatre olives et un verre d’ouzo, mon cousin fait à ce propos de l’humour bien sombre, se demandant dans quelle mesure son épouse n’accoucherait-t-elle pas à domicile comme jadis. Preuve que mon cousin n’est pas indifférent à la politique, et ceci, malgré certaines apparences.

Nos olives sur le marché. Athènes, juin 2013

L'urgence implacable”. Quotidien “Kathimerini” du 28 juin

Il n’en demeure pas moins que le coup d’État de l’affaire ERT, demeure un élément très déterminant et de ce fait, aucunement fortuit quant à l’accélération du processus méta-démocratique que nous connaissons ouvertement depuis trois ans, puis, de manière bien plus sournoise par le passé. Rappelons seulement que l’Aube dorée s’est félicité d’une telle “solution” et que depuis, la recomposition de notre paysage pseudo-politique s’accélère aussi en son “sens”.

ERT. Jeudi 27 juin après minuit

Mercredi soir 26 juin au concert, Savina Yannatou et Yannis Palamidas nous ont fait revivre ce grand moment musical que fut en son temps vers la fin des années 1970 et bien au-delà, l’émission radiophonique pour les enfants “Ici Lilipoupoli - Cité des Lilliputiens”, sous l’impulsion évidemment de Manos Hadjidakis. Une parodie en même temps du fait politique, très formatrice pour les enfants que nous étions à l’époque. J’y étais déjà, et depuis, fidèle auditeur du troisième programme de Manos qui n’est plus pour cause de dramatisation de l’insignifiant... paraît-il à outrance, j’écrivais dans un précédent billet sur ce même blog.

Savina Yannatou et Yannis Palamidas. ERT, le 26 juin

Sauf qu’un certain insignifiant a aussi eu lieu, peu avant le concert : une altercation entre deux spectateurs, dont l’un aurait gêné la vue s’obstinant à rester débout devant la scène des artistes, a failli se conclure en bagarre. “Moi aussi je suis un solidaire et d'ailleurs, je suis ici dès le premier soir... donc je vais te le faire comprendre à présent”, a insisté le plus solidaire des deux... et de tous. Les chanteurs et les musiciens observèrent la scène éberlués, sans même prononcer un seul mot. L’anthropophagie, la nôtre en ce moment est telle, que même entre solidaires... la solidarité n’a plus rien d’organique. Il y a donc de quoi s’attendre au pire sur la planète des singes. Du moins, cette bagarre... solidaire s’est soldée par l’apaisement disons raisonné. L’enfant du solidaire qui s’est montré le plus agressif, pleurait ainsi en silence et ceci, jusqu’au commencement retardé du concert. Ce n’est qu’à la deuxième chanson de Lilipoupoli, que cet enfant a pu retrouver tout son rire et sa joie. Donc, rien n’est jamais perdu.

Altercation entre... solidaires. ERT, le 26 juin

Comme également et par une énorme chance pour cet animal adespote, retrouvé peu avant le concert sur la pelouse. Aussitôt soigné par une solidaire, il a été rapidement adopté par un jeune homme qui a même fort insisté, c’est vrai, avec des arguments bien solides: “J'ai une maison et un jardin, ma compagne adore aussi les chats”.

L'adespote. ERT, le 26 juin.

Pourtant, bien peu après le concert et sur l’avenue Mesogeion, un autre musicien, un vieil homme jouait encore du violon, seul sur “son” trottoir, presque vers une heure du matin. Nous lui avons donné quelques pièces de cet euro maudit, nous avons été remerciés alors très chaleureusement.

Le violon. Avenue Mesogeion, le 27 juin

À deux pas seulement de ce musicien de rue et sur la terrasse d’une taverne, place de l’église d’Agia Paraskevi, nous avons par la suite reconnu une figure politique de notre grande Gauche. Le contraste nous a alors paru saisissant. Sans doute nous devons enfin porter sur la scène centrale, la politique et l'éthique, ce qui ne veut pas dire que les femmes ou les hommes de gauche... comme de droite, feront abstinence des tavernes, loin de là.

Il y a donc urgence, car la vie n’attend plus, surtout sur notre nouvelle planète Grèce. Il n’y a qu’à prendre exemple sur ces deux jeunes amoureux du concert du 26 juin. ERT, ce serait ainsi et d’abord un amour... adespote !

Les amoureux. ERT, le 26 juin




* Photo de couverture: Athènes, le 30 juin

04/07/2013

Revue Kahel n°1, lue par Patrice Maltaverne

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Karim Cornali, l'un des poètes publiés dans le poézine "Traction-brabant", a décidé de voler de ses propres ailes, si je puis dire, en créant sa propre revue, ce qui constitue une excellente nouvelle.

Et voici donc que je découvre le premier numéro de "Kahel", revue sous-titrée "littéraire de voyage".

Dans son édito, Karim Cornali explique pourquoi il a créé cette publication. Car si l'objet de la revue "Kahel" consiste à parler des voyages, c'est pour combler un manque.

En effet, comme il l'explique, les magazines consacrés au voyage "omettent" de faire paraître des poèmes, et quand des récits sont publiés, il est davantage question de performance des baroudeurs que d'ambiance des pays traversés.

Ainsi les textes ici présents, poèmes ou nouvelles, décrivent les sensations ressenties par le voyageur qui découvre un monde dans lequel il n'a pas l'habitude de vivre.

Le plus souvent, ces sensations sont positives. Car il s'agit avant tout de s'imprégner d'une langue inconnue et d'un autre climat, notamment dans les pays chauds. Parfois aussi, le visiteur montre l'aspect délabré des pays traversés. Ou bien, il reste tout simplement chez lui, préférant voyager dans sa tête.

Les textes que j'ai préférés dans ce premier numéro sont ceux de Pierre Lofoten, de Samantha Barendson, de Stéphanie Nivol, de Kevin Broda, de Karim Cornali himself, de Cathy Garcia et de Louis Bertholom, dont voici un court extrait :

 

"La nuit je squatte l'esprit des équations angulaires

aux architectures sacrées qui savent des énigmes,

par-delà les voussures, je danse sur le dos des charpentes.

 

Sur les épaules divines de la prétention des hommes

mes yeux caressent un peu de l'âme des étoiles

pendant que vents et pigeons fécondent les gargouilles.

 

Dans l'ascension mystique la pénombre dilue l'horizon

pointent les épées minérales de l'ardoise et de la gouttière

m'aidant à fuir l'abîme des souterrains qui me sondent"

 

Il ne me reste plus à présent qu'à souhaiter longue vie à "Kahel", (à laquelle vous pouvez vous abonner pour 12 €, le temps de recevoir 2 numéros) et à vous encourager à aller y voir de plus près sur http://kahelrevue.overblog.com/

 

 

Note parue sur : http://poesiechroniquetamalle.centerblog.net/

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03/07/2013

Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis de Luis Sepulveda

illustrations de Joëlle Jolivet, Métailié avril 2013

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80 pages, 11 €

    

 

Vous vous souvenez de L’histoire d’une mouette et du chat qui lui a appris à voler ? Et bien, Luis Sepúlveda nous revient avec une nouvelle histoire de chat aussi belle que la première. Une histoire sensible, pleine de douceur et de bons sentiments, qui font du bien au cœur et à la tête.

« Je pourrais dire que Mix est le chat de Max mais je pourrais aussi indiquer que Max est l’humain de Mix. Cependant, comme la vie nous enseigne qu’il n’est pas juste que quelqu’un soit le propriétaire d’une autre personne ou d’un animal, disons alors que Max et Mix, ou Mix et Max, s’aiment l’un l’autre ».

Max et Mix vivent à Munich, dans une rue bordée de grands et beaux marronniers. Max est un petit garçon et Mix un chaton. Chacune de leurs aventures est l’occasion d’une leçon d’amitié et les deux amis grandissent heureux ensemble. Mix devient un beau chat « adulte, fort et vigoureux », et Max « un adolescent qui se rendait chaque matin à l’école à bicyclette », tandis que Mix allait courir sur les toits et chacun veillait sur la liberté de l’autre, comme le font les vrais amis.

Puis Max devint « un jeune homme plein de projets et de rêves » et Mix commença à vieillir. A dix-huit ans, quand Max prit un appartement, il prit Mix avec lui. « Mix s’habitua très vite à la nouvelle maison, tout en haut d’un immeuble de cinq étages, et il prit l’habitude de s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre, avec l’attention des chats pour tout ce qui se passait de l’autre côté des vitres ». Max lui avait aussi aménagé une trappe pour qu’il puisse se rendre sur les toits, et ainsi la vie s’écoula sans heurts. Max et Mix étaient bons l’un pour l’autre comme le sont les vrais amis.

Hélas, un jour Max s’aperçut que Mix n’y voyait plus comme avant, pire, qu’il n’y voyait pas du tout. « Le diagnostic fut cruel, dur, inattendu, Mix était aveugle ». Aussi, Max fit en sorte que plus rien ne bouge dans l’appartement, afin que Mix sache s’y retrouver, car ainsi sont les amis, ils s’entraident, même et surtout dans les grandes difficultés de la vie. Max se mit à travailler de plus en plus, Mix était seul toute la journée, son ouïe devint de plus en plus fine, il passait son temps à écouter les sons, dedans, dehors, des autres appartements… Un jour « il entendit des pas menus, très menus mais rapides s’approcher, s’arrêter et se rapprocher de nouveau (…) avec la rapidité de ses plus belles années, Mix lança une de ses pattes de devant et sentit un petit corps tremblant sous ses coussinets ». C’est ainsi que Mix fit la connaissance et vice et versa, d’une souris du Mexique, échappée d’un appartement du dessus. La souris n’a pas de prénom, aussi elle s’appellera Mex.

C’est donc la plus étonnante amitié que fait naître Luis Sepúlveda sous sa plume, qui une fois encore nous enchante. Une grande et profonde leçon de générosité et d’humanité, dont paradoxalement, les animaux sont loin d’être exempts, surtout quand on les aime comme Sepúlveda, comme il nous le confiera à la fin du livre en racontant comment lui est venue l’inspiration de cette histoire. L’Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, à lire pour soi ou en famille et se faire du bien au cœur et à la tête.

 

Cathy Garcia

 

 

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Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côté des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l'engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

 

 

Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/histoire-du-chat-et-de-la...

 

02/07/2013

Joyeux anniversaire à la revue Nouveaux Délits !

Dingue !

La revue

NOUVEAUX DÉLITS

a dix ans !!!

 

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Pari fou, pari tenu

 

218 auteurs y ont été publiés à ce jour, dont certains nous ont malheureusement quittés

16 artistes l'ont illustrée, autant dire que certains plus d'une fois !

 

Je les remercie toutes et tous, car une revue c'est avant tout le fruit du généreux travail et de la douce folie de chacun et si elle a réussi à perdurer jusqu'à aujourd'hui, c'est bien grâce à celles et ceux qui s'y intéressent, tous les abonné(e)s mais aussi les lectrices et lecteurs occasionnel que je remercie également, 

 

MERCI

MERCI 

MERCI !!! 

 

 

Petit rappel de mon tout premier édito en

Juillet 2003 
 
Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?
Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.
Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.
Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.
Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.
 
 
CG

"Un poète doit laisser des traces de son passage, non
des preuves. Seules les traces font rêver"

René Char
 
 
 
Et bien, nous voilà donc prêts
à  laisser quelques traces
pour dix années de plus ?
 
 
 
 

 

01/07/2013

La France nucléaire, tous concernés !

10:21 Publié dans NUCLEAIRE | Lien permanent | Commentaires (0)