Dans une première partie, Ishak raconte les conditions de son voyage, les coups reçus des passeurs, la peur, les tirs des policiers iraniens à la frontière (précise l’interprète, passé lui aussi par là), ses 14 jours de prison en Bulgarie. Puis on assiste à la déposition d’Ishak, en vue d’un dépôt de plainte contre X, car, trois semaines plus tôt, il s’est fait violemment agresser par une « milice » près du bidonville. Quatre hommes cagoulés, dont trois habillés en policiers, l’ont roué de coups avec des matraques, sur les jambes, les genoux, la tête, lui ont écrasé les mains et le visage. Ishak en garde encore des traces, des points de suture en haut du front, des douleurs dans les jambes, des migraines, des troubles auditifs.

Quelle est l’enfance d’Ishak ? Sa mère et sa sœur, dont il est sans nouvelles, sont restées en Afghanistan. Il est seul à Calais. Il a 14 ans. Et me fait penser à Jean-Pierre Léaud au même âge, devant la caméra de François Truffaut, pour des essais en vue du premier film de celui-ci, Les 400 coups. Dans la France de 1958, le jeune Léaud était un bourlingueur. Se débrouillant pour venir seul à Paris, fuguant de la pension où il était placé. Léaud était Antoine Doisnel. Dans la France d’aujourd’hui, Antoine Doisnel s’appelle Ishak, est afghan, exilé, démuni, roué de coups. Il est la lie de l’humanité.

 

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