06/10/2006
Juillet 1997 - Jelenia Gora, Pologne
Nous n’avons pas pu jouer et impossible de quitter la ville cause grosses inondations.
En essayant de sortir de Jelenia, nous réalisons l'ampleur du sinistre. Nous voilà comme sur une île...
Impressionnant tous ces gens qui écopent, balancent l'eau par les fenêtres de leurs maisons, cela renforce la sensation de désolation, certains bâtiments semblent rongés par la lèpre.
Nous sommes dans le bus, à l’arrêt dans une rue, attendant de trouver une solution pour quitter la ville… J’observe, nez collé à la vitre.
Un ouvrier fait de la maçonnerie à coups de hache, tristesse, lassitude.
D’une fenêtre à l'étage, un jeune gars regarde passer les gens, crache une morve vers le sol. Il me voit et me fixe. Je soutiens son regard, envie de lui sourire.
Une vieille dame apparaît sous un porche, les bras chargés d’un beau bouquet de fleurs. Des gamines traversent à vélo, puis passe une toute petite femme d'un certain âge, manteau chic.
Enfin sortis des eaux !
Nous voici en campagne verte et fleurie.
Petites maisons, colombages, jardins soignés qui m'évoquent l'Angleterre.
Grandes fermes en briques rouges, bétail en petit nombre, vaches, moutons, chèvres. Poules grassouillettes, canards et beaucoup de polypes paraboliques. Champs de colza, vastes prés.
Nous traversons Luban, petite ville avec ses usines, ses immeubles, quelques maisons neuves, un Christ enrubanné, une femme en bigoudis, corsage serré, penchée à sa fenêtre. Du charbon en tas alignés le long d'une voie ferrée. Plus une trace d'inondation.
Campagne à nouveau, un jardinet et sa chapelle miniature, une vierge blanche et fleurie protégée par un dôme en verre. Un reste de moulin en pierres noires surprend mon regard.
Et voici un de ces nombreux vendeurs de nains de jardin en bord de route, qui font la joie des touristes allemands. Je souris en ayant une pensée pour Casimirsky, le dinosaure de jardin, que j’avais acheté à une de ces échoppes en bord de route au retour, de Torun en 94. Trois ans déjà. Je n’avais pas ramené que ça d’ailleurs…
Deux mois après, on frappait chez moi… Première – et pas la dernière - visite de Tomek, bel amant d’une nuit et son copain poète. Nuit d’une blancheur merveilleuse pour qui aime l’aventure mais je ne laisserai peut-être plus aussi facilement mon adresse au bas d’un poster collé au mur d’un appartement inconnu…
Retour au présent, les vaches sont attachées au pré par de grosses chaînes. Pas de clôture. Une église au curieux clocher turquoise. Des champs, des champs, des pylônes et encore des pylônes !
***
Crépuscule sur campagne allemande, des nuages passent sur mon cœur.
A trop vouloir défendre l'amour, je m’expose au doute, aux questions vaines…
Suis-je vraiment heureuse ?
La sagesse peut apporter une certaine forme de bonheur, mais l'ego se révolte à l'idée d'un quelconque sacrifice. L'ego cherche le plaisir !
Pourquoi ai-je résisté ? La question n’est pas de savoir si j’ai eu tort ou raison, mais pourquoi ? Pour sauver quoi ?
***
Nous voilà en France, direction plein sud.
J'ai fait un étrange et pénible rêve ce matin mais qui m’a valut une discussion intéressante avec Jean-Phi. Retour sur mon passé, les conflits originels qui empoisonnent encore le présent. Tout est lié ! Je ne peux avancer qu’à tout petits pas. Envie de comprendre, besoin de comprendre.
Je suis déboussolée par tant de route pour au final ne faire qu'une seule représentation, celle de Gorlitz. Déboussolée au point de ne plus savoir quel jour nous sommes et depuis quand nous sommes partis ! J’angoisse sur mes problèmes et je n’ai pas de solution, que de l’amertume…
Envie d'air frais et d'une bonne douche !
22:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
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