01/11/2006
Fin juin 1999 - Bangkok, Thaïlande
Un jour de fin juin, à Bangkok avant le retour en France.
J’aime tourner autour de l’amour, être papillon. A Singapour, j’ai aimé follement et à cet instant là, rien n’était plus vrai.
Dehors les chiens se répondent, cette nuit ils peuplaient mes rêves mais…
J’aime les beaux garçons, les voyous quand ils n’en sont pas. J’aime les hommes qui cherchent et qui partagent. J’aime leur rire quand il est franc. Leur fragilité m’attire et m’effraye.
Il y a tant de petits garçons et de petites filles qui se débattent dans nos corps adultes ! Tant de chemin à parcourir pour devenir des hommes et des femmes.
Bangkok où je ne fais que passer, sans y être vraiment.
Je respire un peu de son air vicié, croise des êtres, échange des sourires. Je promène mon regard, mes ailes palpitantes et mon cœur, tendre insaisissable, aussi libre que fragile.
Le voyage m’inspire !
Je sais qu’avant tout ici, c’est à moi-même que j’échappe.
L'amour a besoin de sang frais, l'amour n'est qu'une illusion, la plus belle peut-être.
C’est aussi la lame qui déchire le voile.
L'amour blesse, l'amour guérit. Sous toutes ses formes, toutes ses folies !
L'amour que l'on entend si peu et que l'on écoute encore moins.
Sois libre et libère ! Ne juge pas, expérimente ! Ne choisis pas, laisse venir et souris, c'est le plus beau des messages. Souris, de tout ton cœur !
Bangkok, dans un palace hôtel où je n'ai pas ma place, pas d'autres repères que ce corps qui est le mien. Il me situe dans l'espace et me limite par des sens que j’honore cependant au plus haut point.
Le corps ! Ce déguisement maladroit et si émouvant pourtant...
Corps objet de tant de commerces ! Combien encore de jeunes filles enlevées de leurs campagnes, payent ici de leur vie, de leur santé et de leur jeunesse, les dettes fatalement croissantes de leurs familles exploitées ? Je ne sais pas, je ne suis pas en mesure de porter un jugement, je ne sais plus, déboussolée !
Etrangère, je ne fais que passer. Je ne suis nulle part ailleurs que là où me promènent mes pensées.
Je traîne dans les rues, dans les temples, cherchant les coins où je pourrais oublier que je ne suis qu’une touriste d’un genre un peu particulier. J’y ai fait des rencontres aussi belles que surprenantes.
Longeant les rives des canaux, des klongs, hors du circuit touristique, j’y ai surpris des merveilles et du sordide. J’ai vu bien des choses mais cela reste si peu !
Dernier spectacle de la tournée, l’émotion, toutes ces émotions qui ne peuvent pas se raconter, qui ne peuvent être que vécues, nous avons eu cette chance !
Nous quittons ce continent à peine effleuré du regard. J’ai dans la tête des colliers d'orchidées mauves, des tresses de jasmin et le parfum incroyable des fleurs de frangipanier !
Je pense non sans appréhension au retour dans notre sud-ouest français. Comme ça me parait minuscule vu d’ici, vu d'en haut !
Une tournée où peut-être après tout, nous ne sommes jamais vraiment descendus de l'avion... La mémoire a déjà commencé son travail de charognard.
Elle ne laissera que des os parfaitement blancs, des souvenirs, essence de nos illusions...
Un nectar à déguster plus tard quand bien des pages auront été tournées.
Les retours m'effraient toujours un peu. C’est la toute dernière ligne qui m'éloigne de l'Asie, immense, immense, pour me ramener à mon petit chez moi.
Vol Paris-Toulouse.
Il pleut, le temps est maussade et moi je rêve encore, emmitouflée dans mes souvenirs, des couleurs, des odeurs !
Je ramène dans un grand sac, des fruits achetés à Bangkok près des embarcadères. Mangoustan, régime de mini bananes, litchis thaïs dont j'ai oublié le nom et d’autres encore, de quoi remplir une belle corbeille pour faire durer le rêve !
Je suis accompagnée par des pensées d'amour qui se suffisent à elles-mêmes, faites de ces multiples fragments, morceaux d'étoiles qui dansent dans le cosmos.
L'amour coup de cœur.
Je suis le vent brûlant qui caresse les joues, glisse dans les cheveux.
Joueuse évasive, je me repose sur le duvet des nuages et je surviens lorsqu'on ne m'attend plus ! Mon rêve s'appelle mouvement, c'est un rêve caméléon.
Je ne suis que le souffle d'un poème errant.
L'avion fonce à travers les nuages, en bas le monde est une maquette découpée en parcelles, un sage décor pour poupées humaines !
Les distances sont abolies.
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