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09/01/2007

J'ai lu Une saison de machettes de Jean Hatzfeld

 

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Une saison de machettes
Jean Hartzfeld
Seuil 2003
 
Ancien reporter à Libération, Jean Hatzfeld a quitté le journalisme pour se pencher exclusivement sur le génocide rwandais. Après Dans le nu de la vie, dans lequel il rapportait les récits des rescapés tutsis, il sort un nouvel ouvrage consacré cette fois aux tueurs des marais, Une saison de machettes. Jean Hatzfeld y raconte ses entretiens avec les auteurs du massacre.

 

Ce que j’en pense :

On ne lit pas Une saison de machettes, on l’avale, comme on peut, difficilement.

On en prend un petit bout, puis on laisse reposer, afin que la nausée passe puis on reprend et comme ça peu à peu on arrive au bout de ces récits qui à vrai dire se passent de tout commentaires. On ne peut que saluer le courage de l’auteur qui a entrepris de recueillir ces témoignages et d’en faire ce document essentiel. Jean Hatzfeld avait déjà fait paraître en 2001 Dans le nu de la vie, Récits des marais rwandais, où il avait recueilli les témoignages des rescapés du génocide. Je n’ai pas lu ce livre, mais j’imagine qu’aussi insupportable qu’il soit, il demeure pourtant un témoignage de victimes, dont on ne peut que se sentir solidaires. Mais quand il s’agit de leurs tueurs, des tueurs qui sont leurs voisins, leurs collègues, leur co-équipiers de foot, leur instituteur, leurs époux… Des tueurs partis "couper", qui vous racontent ça comme des chasseurs du sud-ouest vous raconteraient une partie de chasse aux palombes, des tueurs qui quelque part ne font pas vraiment preuve de remords, qui ne saisissent ou ne veulent pas saisir l’horreur de leurs gestes, alors ces témoignages prennent une coloration complètement surréalistes, atrocement absurdes.

Et pourtant ces hommes là ont parlé, ont accepté de parler. Ils ont même, sauf un, posé pour une photo que l’on retrouve à la fin de l’ouvrage. Pourquoi ?

Et comment garder confiance en l’Homme lorsqu’on se trouve confronté à la folie bestiale d’un génocide ?

Ce sont les questions que posent ce livre, en tentant quelques comparaisons avec d’autres génocides et des ouvrages comme Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, publié en 1992 par le chercheur américain Christopher Browning, mais il n’y répond pas. Je crois bien qu’il est impossible d’y répondre.
Et en refermant
Une saison de machettes, on ne peut s’empêcher de se demander lesquels d’entre nos voisins viendraient nous découper, nous éliminer ou nous vendre si tout à coup tout basculait…

 

Cathy Garcia

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