26/01/2007
Octobre 2000 - Sydney, Australie
3 heures du matin soit 18 heures en France. Nous voilà aux antipodes pour participer à la Cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques qui suivent de peu et dans un grand silence médiatique les J.O.
Sur le vif, décalage horaire, décalage tout court mais c’est amusant pour l’instant.
Nous logeons dans le quartier King Cross. Je partage avec Marie-Pierre, un appartement un peu bizarre, incolore mais spacieux, énième étage d’une tour-hôtel.
Vaste baie vitrée, tout plein de fenêtres donnant sur les pupilles phosphorescentes de la ville. De ma chambre, je vois le fameux Harbour Bridge et le fleuve qui promène ses bateaux, parfois de grands voiliers anachroniques.
Carte postale typique de Sydney. Je vois aussi le faisceau de buildings ultra modernes qui en plein jour, semblent tout juste posés sur une vaste pelouse - la City prête à décoller – quartier des affaires et du commerce, et puis les maisons, des maisons et des maisons à perte de vue.
Une maquette ! Un immense studio de cinéma !
L’Australie, une sorte d’Amérique ?
Nous logeons dans le quartier King Cross. Je partage avec Marie-Pierre, un appartement un peu bizarre, incolore mais spacieux, énième étage d’une tour-hôtel.
Vaste baie vitrée, tout plein de fenêtres donnant sur les pupilles phosphorescentes de la ville. De ma chambre, je vois le fameux Harbour Bridge et le fleuve qui promène ses bateaux, parfois de grands voiliers anachroniques.
Carte postale typique de Sydney. Je vois aussi le faisceau de buildings ultra modernes qui en plein jour, semblent tout juste posés sur une vaste pelouse - la City prête à décoller – quartier des affaires et du commerce, et puis les maisons, des maisons et des maisons à perte de vue.
Une maquette ! Un immense studio de cinéma !
L’Australie, une sorte d’Amérique ?
J’ai vu le bush depuis l’avion. Des milliers de kilomètres, rien d’autre que la terre, le sable, la roche ! Vagues rouges pétrifiées, gigantesques, des trous, des canyons, des monts étranges et polis, la terre aborigène ! Les pistes du Rêve…
J’en ai vu un à Sydney, pour l’instant, la nuit sous un porche… Juste sa tête crépue qui émergeait d’un duvet crasseux, ai-je besoin d’en rajouter ?
King Cross, soi-disant le seul quartier chaud de toute l’Australie ! Un des seuls en tout cas à Sydney à avoir sa vie et sa faune nocturne. Sex-shops, cinés pornos, strip bars and co... Les rares bars qui ne sont pas dédiés au sexe sont mornes ou trop chics, mais nous n’avons pas encore tout exploré.
Les filles sont jolies, pas vulgaires, des airs de jeunes étudiantes...
Plus glauques sont les shooteuses, dans tous les coins, ça fixe à toute heure, n’importe où, y compris sur la petite placette, juste devant la porte de l’hôtel. Ils me filent un mauvais frisson.
Sydney donc !
Un stade tout neuf, joliment coloré mais un stade reste un stade et j’en ai déjà vu quelques-uns - c’est vrai pas des moindres - et puis l’envers du décor : dédales de béton, câbles, tuyauteries, cuves de je ne sais quoi, stockages, poubelles puantes, ascenseurs, montes-charges, cagibis fonctionls en tout genre…
Le déroulement des événements du jour J, nous allons le connaître jusqu’au bout de la ficelle, il y a des répétitions pratiquement tous les jours.
Quoi d’autre ? Il y a la bouffe fast-fadasse, les bagnoles, l’écho des sirènes la nuit, les stations de métro, de train, les gens tranquilles, sympathiques, pas Européens, pas Américains, mais Australiens et fiers de l’être.
Ils aiment leur ville en tout cas, ça c’est sûr, et c’est un amour communicatif.
Pas de stress ici, tellement que cela en devient étrange, mais bon il y a toujours ce décalage horaire, impossible de dormir la nuit, ça perturbe !
Je pense aux tous premiers colons, volontaires ou involontaires, les indésirables, les putains et les bandits. Je pense aux natifs de cette terre qui étaient là bien avant eux...
Sydney, c’est aussi des oiseaux, des arbres en fleurs, quelques beaux palmiers glanés au passage et des chauves-souris géantes qui tournent la nuit au-dessus des buildings de la City comme dans un film d’horreur de série B.
Petits incidents ce soir, trop drôles si j’ai bien compris !
Drôles et terribles à la fois, plein de tendresse aussi. L’humain est un grand tendre très maladroit, un crabe du troisième type !
Je suis sans attente spéciale, sans impatience, toute à la découverte.
Je regarde, j’écoute. Tout ça, cette vie que je mène, ce qui a changé, ce qui m’a changée, ce qui confirme ou affine ce que je sais déjà.
Je réalise simplement à quel point je tiens à ce groupe, justement parce que malgré tout, je suis encore là…
Et puis il y a les tromperies, les illusions, le jeu du monde…
Parfois je me fais peur, ce que je prends pour lucidité n’est peut-être qu’une forme de folie. Je ne vois pas ou plus le monde de la même façon et je me sens parfois si seule avec ce que je ressens, ce que j’en comprends…
Des intuitions dont la justesse parfois m’effraye. Sensations claires, puissantes, après seulement viennent les élucubrations du mental.
Je me sens seule parce que j’écris ou bien j’écris parce que je me sens seule ?
Cela n’a rien à voir avec l’amour ou l’attention que peut ou pas m’apporter autrui, d’ailleurs trop d’attention finit par me peser.
Il faut que je dorme, ça risque d’être dur jusqu’au 18 et puis vlan, le retour dans les dents, looping et nouveau décalage !
Drôles et terribles à la fois, plein de tendresse aussi. L’humain est un grand tendre très maladroit, un crabe du troisième type !
Je suis sans attente spéciale, sans impatience, toute à la découverte.
Je regarde, j’écoute. Tout ça, cette vie que je mène, ce qui a changé, ce qui m’a changée, ce qui confirme ou affine ce que je sais déjà.
Je réalise simplement à quel point je tiens à ce groupe, justement parce que malgré tout, je suis encore là…
Et puis il y a les tromperies, les illusions, le jeu du monde…
Parfois je me fais peur, ce que je prends pour lucidité n’est peut-être qu’une forme de folie. Je ne vois pas ou plus le monde de la même façon et je me sens parfois si seule avec ce que je ressens, ce que j’en comprends…
Des intuitions dont la justesse parfois m’effraye. Sensations claires, puissantes, après seulement viennent les élucubrations du mental.
Je me sens seule parce que j’écris ou bien j’écris parce que je me sens seule ?
Cela n’a rien à voir avec l’amour ou l’attention que peut ou pas m’apporter autrui, d’ailleurs trop d’attention finit par me peser.
Il faut que je dorme, ça risque d’être dur jusqu’au 18 et puis vlan, le retour dans les dents, looping et nouveau décalage !
Il est encore 3 ou 4 heures du matin et le sommeil n’est pas au rendez-vous.
A ce rythme là, je ne vais pas tenir…
Je me suis sentie mal en fin d’après midi, malgré mes biscuits et graines du matin, puis un kiwi, puis une banane… Une autre banane plus tard et même encore après un cake industriel proudly made in Australia… J’oubliais un mini paquet de noix de macadamia salées, que j’avais gardé depuis l’avion. Bref, tout ça pour dire qu’un vrai repas serait le bienvenu…
Pour le décalage, je ne vois pas ce que je peux faire, hormis me lever tout à l’heure, c’est à dire tenter une journée comme celle d’aujourd’hui, voire plus longue avec quasi pas de sommeil… Pourquoi pas ?
Aucun intérêt tout ça, mais je suis trop fatiguée pour écrire, trop éveillée pour dormir.
Soupir. Un coup de téléphone qui m’assombrit. Décalage, trop gros décalage…
Ne pas me prendre la tête, ne pas avoir peur de me tromper, je me tromperai de toute façon mais à vrai dire, qu’est ce que cela signifie ? Tromper, se tromper, faire erreur… N’est ce pas cela la vie ? Qui saurait démêler le vrai du faux ?
Je réfléchis trop mais je dois aimer ça. Je cherche, je cherche toujours !
Je ne sais quoi mais je cherche, partout et encore, dans les regards, dans les miroirs, au ciel je cherche, au loin, en profondeur, autour et au-dedans, je cherche !
De m’être balader dans le quartier, me vient cette question : est-ce que ce sont les femmes qui s’habillent en pute ou les putes qui s’habillent en femme ?
Question sans aucun doute vitale… Sourire.
Qu’est ce que « correct » signifie ? Et « normal » ?
D’où vient la norme ? Qui l’a décrétée ? Qui nous a demandé notre avis ?
L’éthique vendue au profit de l’étiquette…
Ne pourrait-on pas dire que c’est le client qui fait la pute comme l’occasion fait le larron ? Pas de client, pas de pute. Impossible de séparer les deux.
Pourtant c’est la prostitution que l’on condamne, pas sa consommation.
L’offre et la demande… Qui de la poule ou de l’œuf ?
Sydney toujours, 6h30 du matin !
Encore une nuit blanche, un peu chimique celle là. Le jour s’est levé, je n’ai pas dormi. La nuit est passée comme un rêve, c’est du moins l’impression que j’en ai maintenant, mais sans avoir été pour autant spécialement idyllique. Que faire ?
Un petit déjeuner, une douche et aller me balader enfin ? Mais il va bien arriver un moment où la fatigue va me tomber dessus…
C’est rageant d’imaginer l’espace immense qui entoure cette ville et d’être là, dans une chambre. Non-sens.
Dehors il y a des chants d’oiseaux incroyables, depuis que le jour a pointé son nez. D’ailleurs, c’est toute la ville qui est incroyable, un gigantesque village, une légo-city.
Il y a ici quelque chose d’irréel, de factice... De toutes manières je ne peux m’empêcher de songer que nous sommes sur la terre aborigène et que cette ville est absurde, déplacée !
Je ne pourrais pas expliquer mieux ce sentiment d’étrangeté, alors que je n’ai même pas mis les pieds dans le bush.
Je n’ai rien vu de ce pays, si ce n’est quelques Australiens.
Très bons contacts d’ailleurs, excellents même avec Melissa, ma partenaire sur les paralympiques.
Ce séjour s’écoule tranquillement et ne ressemble à aucun autre, peut-être parce que nous n’avons pas vraiment l’habitude de ce que nous y faisons.
Ni autant d’autonomie, cette chambre individuelle dans un appartement est bien agréable, surtout quand c’est pour une dizaine de jours.
A vrai dire, j’ai perdu la notion du temps passé ici, toujours ce décalage.
Voyage à l’autre bout de la planète et pourtant encore l’Occident…
Terre volée, comme les Amériques mais je l’admets, Sydney est une ville séduisante.
Le sommeil rampe vers mes paupières, doucement sans faire de bruit, de peur de m’effrayer peut-être. J’ai envie de sortir mais je n’en ai pas l’énergie. Il fait froid dehors, moi qui m’attendait à trouver la chaleur, c’est raté.
Je pense à tous ces voyages… Rester ou partir, s’installer ou nomadiser, qu’importe !
Ce dont j’ai besoin d’abord, c’est de nature.
Une ville est une ville, un arbre est un arbre ! Un arbre est une oasis dans la ville.
J’aurai aimé ici me plonger dans la culture aborigène mais je suis de l’autre côté du miroir. Je ne sais plus trop ce qui est réel ou pas, comme à chaque fois que je pars trop loin. Ma perception des choses est forcément limitée.
Pardonnez-moi, je ne suis qu’humaine…
Je pense à tous ces voyages… Rester ou partir, s’installer ou nomadiser, qu’importe !
Ce dont j’ai besoin d’abord, c’est de nature.
Une ville est une ville, un arbre est un arbre ! Un arbre est une oasis dans la ville.
J’aurai aimé ici me plonger dans la culture aborigène mais je suis de l’autre côté du miroir. Je ne sais plus trop ce qui est réel ou pas, comme à chaque fois que je pars trop loin. Ma perception des choses est forcément limitée.
Pardonnez-moi, je ne suis qu’humaine…
Une nuit encore blanche, il est 7 heures du matin à Sydney.
Blanche, verte, en poudre et à torrent !
Dehors la tempête et moi dans la chambre, profitant de mes dernières heures ici, en solitaire.
J’ai échappé tout à l’heure à ce qui restait du groupe, c’était trop pour moi, je n’étais plus en état de discuter.
J’en ai pris plein les yeux, plein le cœur, sans trop réfléchir.
Cette soirée était magique, au-delà de la « simple » cérémonie, parce que tous les gens réunis là, tous les athlètes, les délégations ne sont pas là pour la victoire de l’un ou de l’autre, mais bien pour la victoire de la vie et de l’espoir.
Blanche, verte, en poudre et à torrent !
Dehors la tempête et moi dans la chambre, profitant de mes dernières heures ici, en solitaire.
J’ai échappé tout à l’heure à ce qui restait du groupe, c’était trop pour moi, je n’étais plus en état de discuter.
J’en ai pris plein les yeux, plein le cœur, sans trop réfléchir.
Cette soirée était magique, au-delà de la « simple » cérémonie, parce que tous les gens réunis là, tous les athlètes, les délégations ne sont pas là pour la victoire de l’un ou de l’autre, mais bien pour la victoire de la vie et de l’espoir.
Bien autre chose que les Jeux Olympiques dont on nous rabat les oreilles, aussi je suis très contente d’avoir participer à l’ouverture de ces jeux là. Ils intéressent bien moins de monde et c’est bien dommage.
Des cadeaux, encore des cadeaux de la vie ! C’est fou quand même.
J’ai envie de rester, de découvrir l’immensité de cette terre du bout du monde…
Du balcon, si je regarde en direction de l’océan que je ne vois pas - seulement le fleuve où s’égarent les requins - je peux flairer l’espace, le grand large, les confins du globe…
Très loin en face, les côtes chiliennes. Au sud, le pôle et ses glaces, fouettées par les blizzards. Impossible d’être blasée, en moi il y a encore l’enfant qui voyage.
L’aube me frappe par son silence, seulement troublé par des appels d’oiseaux, vocalises si exotiques à mes oreilles, d’une pureté sonore extraordinaire ! Alors je ne vois plus que les arbres, de très beaux arbres et même les pelouses semblent sauvages.
Je n’ai rien vu ! Une tranche, une miette à peine et pourtant pleine de saveur.
Elle m’étonne cette espèce de tendresse que j’éprouve à l’égard de cette ville, sans la connaître. J’ai surtout fréquenté ses entrailles et son stade en fleur.
Eprouver de la tendresse pour un stade, moi, c’est quand même fort non ?
Je n’ai pas quitté la ville mais je peux sentir le bush, que je n’ai jamais vu autrement qu’en images ou depuis l’avion. Il y a beau y avoir des rues, des voitures, des magasins, le quartier chaud, tout ce que l’on veut, il y a cet espace là, tout autour, immense…
Plus réel que la ville.
Je n’avais jamais éprouvé cette sensation dans une ville auparavant à part peut-être à Belo Horizonte, mais là-bas l’espace était aussi et surtout dans ma tête.
Océan, terre nue, ciel. Fameux ciel qui hormis le fait qu’il semble en coupole, n’a rien d’exceptionnel, je m’attendais à des couchers de soleil grandioses mais ce ne doit pas être la bonne saison.
La lune comme un ballon un peu dégonflé, des étoiles mais surtout des nuages, beaucoup de nuages. C’est vrai, le ciel semble plus vaste ici mais il est gris !
Nous pourrions tout aussi bien être en Angleterre à cet instant, s’il n’y avait cet espace…
Je n’ai rien vu ! Une tranche, une miette à peine et pourtant pleine de saveur.
Elle m’étonne cette espèce de tendresse que j’éprouve à l’égard de cette ville, sans la connaître. J’ai surtout fréquenté ses entrailles et son stade en fleur.
Eprouver de la tendresse pour un stade, moi, c’est quand même fort non ?
Je n’ai pas quitté la ville mais je peux sentir le bush, que je n’ai jamais vu autrement qu’en images ou depuis l’avion. Il y a beau y avoir des rues, des voitures, des magasins, le quartier chaud, tout ce que l’on veut, il y a cet espace là, tout autour, immense…
Plus réel que la ville.
Je n’avais jamais éprouvé cette sensation dans une ville auparavant à part peut-être à Belo Horizonte, mais là-bas l’espace était aussi et surtout dans ma tête.
Océan, terre nue, ciel. Fameux ciel qui hormis le fait qu’il semble en coupole, n’a rien d’exceptionnel, je m’attendais à des couchers de soleil grandioses mais ce ne doit pas être la bonne saison.
La lune comme un ballon un peu dégonflé, des étoiles mais surtout des nuages, beaucoup de nuages. C’est vrai, le ciel semble plus vaste ici mais il est gris !
Nous pourrions tout aussi bien être en Angleterre à cet instant, s’il n’y avait cet espace…
Dormir ? Peut-être un peu. Je me sens si bien là.
Nous partons dans l’après-midi. L’avion, retour à la case départ et encore une fois, ne rien comprendre.
Ma vie mosaïque… Cette espèce de ré-assemblement auquel je travaille depuis six mois, un an, deux ans ? Pas la peine d’y penser, je suis trop loin !
La vie ce n’est toujours qu’ici et maintenant.
Nous partons dans l’après-midi. L’avion, retour à la case départ et encore une fois, ne rien comprendre.
Ma vie mosaïque… Cette espèce de ré-assemblement auquel je travaille depuis six mois, un an, deux ans ? Pas la peine d’y penser, je suis trop loin !
La vie ce n’est toujours qu’ici et maintenant.
21:25 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Ton texte est prenant. Je ne sais pas de quelle manière mais est-ce important? J'y trouve des ponts. Il y a là une manière de parler de cette ville, c'est étrange de s'y retrouver sans y être. J'aime tout simplement.
amitiés
Corinne
Écrit par : corinne | 27/01/2007
merci Corinne !
Écrit par : cathy | 27/01/2007
j'aime beaucoup tes calepins voyageurs , tu devrauis les éditer si ce n'est deja fait ,
Écrit par : aloredelam | 30/01/2007
Les commentaires sont fermés.