06/03/2008
ÉLOGE DU FOU
Il existe sur cette terre un peuple dont on ne parle jamais mais ils se reconnaissent entre eux ; ils s’aiment ou se haïssent mais surtout, sans cesse, ils se renvoient la même question, la seule à leurs yeux qui mérite d’être posée. Ils cherchent, cherchent sans répit, sinon quelques plages de mensonges et certaines formes d’oubli.
Cette question murmurée, implorée, chantée, hurlée, ils s’en frappent la tête.
Ils s’en mettent le cœur à vif ! Ils la boivent tel un vin rare, se l’injecte comme un poison, se saoulent ou se régénèrent, la perdent pour mieux la retrouver jusqu’au bout des nuits blanches, des journées sans soleil. Ils la décortiquent, l’aspirent, la crachent et l’offrent parfois sans calcul comme un bouquet de fleurs à une âme de passage.
Certains disent qu’ils sont fous. Et alors ?
Il en faut des fous pour exorciser nos démons, pour donner corps à nos monstres et nous permettre de dormir en paix ! Il en faut des fous pour se mettre à nu et se poignarder avec tous nos pieux mensonges ! Il en faut des fous pour se lancer dans ce vide que nous n’affrontons pas même du regard. Il en faut des fous pour aller décrocher les étoiles qui brillent derrière nos paupières cousues. Il en faut des fous pour accoucher le monde !
Fous ! Les fous battent la campagne et la breloque !
Fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !
Siphonnés, timbrés, piqués, cinglés, cintrés!
Maboul, marteau ! Toqué, tapé ! Tordu, toc-toc,
cinoque, louftingue, dingues et loufoques !
Z’ont perdu la raison,
La boule et la boussole,
Une araignée au plafond,
Mais qu’importe Monsieur, les fous travaillent et pas qu’un peu
Les fous travaillent du chapeau !
les fourres tout
les foutrement gais
les inspirés
chercheurs de vérité
fous téméraires
Et foutu bordel !
Les fous parlent à leur chien
Les fous n’ont pas de besoin
Les fous respectent la terre
les fous donnent tout
les fous ne mentent pas
Les fous flânent en chemin
nourrissent les oiseaux
les fous pleurent
la mort d’une fleur
les fous traversent les déserts
gravissent les montagnes
franchissent les mers
les frontières
à la nage ou à la rame
les fous disent paix et tolérance
brûlent leur carte d’identité
pour les sans-papier
Les fous refusent de s’alimenter
parce que d’autres sont affamés
les fous ne ferment jamais leur porte à clé
les fous vivent dans les arbres
les fous se couchent au sol
devant les tanks les bulldozers
les fous parlent d’amour quand on leur fait la guerre
les fous pardonnent à leurs tortionnaires
les fous s’opposent, luttent, militent
aiment et cultivent la différence
les fous défendent des idéaux
les fous écrivent des poèmes
Les fous refusent télé, supermarchés
refusent d’être vaccinés pucés
s’entêtent à ne pas se résigner
Les fous un jour partent sans se retourner
Les fous voyagent à pied
à dos d’ânes en roulottes
Les fous font de leurs rêves une réalité
les fous se méfient du progrès
prennent le temps de ne pas travailler
les fous crèvent plutôt que de capituler
Les fous s’aiment malgré tout
Les fous refusent le garde à vous
Les fous croient en la justice
et pensent pouvoir changer le monde
mais il y a d’autres fous encore plus fous
qui veulent que tout et tous soient parfaits
fous qui veulent rester entre eux
fous de fric de pouvoir
fous qui veulent tout diriger
fous qui veulent tout acheter
fous qui pensent qu’ils n’en sont pas
et qui disent :
Est fou celui qui ne pense pas comme nous…
Est fou celui qui n’est pas comme nous…
18:13 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
...Et le pire aujourd'hui n'est-ce pas d'être privé de folie ?
d'être interdit de folie ? de cette folie bénéfique, généreuse, utopique, que tous les "possédants" de la terre s'évertuent d'éradiquer, ne laissant - dans le ciment compact de la fallacieuse "raison" marchande et politique de cette sinistre époque - aucun espace "inutile", dangereux pour les affaires et le pouvoir!
Non, ne méritent pas d'être traités de "fous" ceux cités dans le dernier paragraphe: ce sont bel et bien des SALAUDS et des ASSASSINS! (signé "Mysticanar")
Écrit par : Diane Meunier | 07/03/2008
"chez ces gens là ... on compte"
Quel beau poème.
Refuser d'être vacciné, pucé, oui, c'est d'ailleurs contraire aux droits de l'homme de forcer un être humain à se faire inoculer des produits dangereux sans son consentement. L'obligation vaccinale s'acharne sur les enfants, ne sont-ils pas des hommes ?
petite faute d'orthographe ?
que tout soient parfait -> que tout soit parfait ?
Merci pour cette bonne lecture, et VIVE LES FOUS !
Écrit par : ppm | 06/05/2008
que tous soient parfaits
tout soit parfait
une demi faute on dira mais faute quand même au point de vue orthographique bien sûr
merci pour la lecture et le comm
bienvenu sur mon blog !
Écrit par : Cathy | 06/05/2008
Se croire intelligent est une folie
Se savoir fou est une intelligence
Je passe aussi par ici
Flo
odeurdelaterre.centerblog.net
Écrit par : Flo | 28/10/2010
T'es fou Tire pas !
C'est pas des corbeaux
C'est mes souliers
Je dors parfois dans les arbres
Paul VINCENSINI
Écrit par : jj dorio | 31/12/2010
VINCENSINI
Ce poète
Nous ravissait
Qui confondait
les corbeaux et ses souliers
de dormeur sur l’arbre
sans oublier la merde des sous-bois
où nous aimions rêver
Dérisoire et fraternel
Un peu de craie sur le tableau
traçait saison après saison
quelques uns de ses mots réfractaires
Les enfants les reprenaient
Ânonnant Rigolant
Et puis ils n’étaient plus qu’un peu d’encre violette
dans la rigole
de l’encre dont on fait
le boudin...
Jean-Jacques Dorio
Écrit par : jj dorio | 31/12/2010
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