16/06/2008
Pour la libération d’Elena Varela López (Chili)
Chili | 6.06.2008 |
A l’attention de
Madame Michelle Bachelet
Présidente de la République du Chili
Palais de la Moneda, Santiago
Madame la Présidente,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur le sort d’Elena Varela López, détenue depuis le 7 mai 2008 et actuellement incarcérée à la prison de Rancagua. Cinéaste et productrice, Elena Varela est engagée depuis plus de trois ans dans un vaste projet documentaire - Newen Mapuche - consacré au peuple mapuche et à ses revendications territoriales, pour lequel elle a reçu des fonds d’instituts audiovisuels rattachés au ministère de la Culture.
Le 7 mai, Elena Varela López et cinq autres personnes, réputées pour leur ancienne appartenance au Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), ont été arrêtées pour leur participation présumée à deux hold-up commis en 2005 dans les localités de Loncoche et Machalí, ce dernier s’étant soldé par la mort de quatre personnes. Entre autres charges, les prévenus sont également soupçonnés d’avoir reçu un entraînement de la guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN) dans le but de conduire les actions armées qui leur sont imputées. Leur inculpation leur a été formellement notifiée le 22 mai par la juge de Rancagua, Andrea Urbina. Les enquêteurs disent avoir mis la main sur du matériel de combat au domicile d’Elena Varela López, tenue pour la commanditaire de ces hold-up.
Il ne nous appartient pas d’influer sur le cours de la procédure. Certains aspects de cette affaire nous paraissent néanmoins troublants, à commencer par la confiscation du matériel utilisé ou enregistré par Elena Varela López dans le cadre de son travail documentaire. En quoi la rétention de ce matériel s’impose-t-elle dans une enquête portant sur des faits sans aucun rapport avec les activités de cinéaste de la prévenue ? Il est également permis de se demander comment une personne, accusée d’aussi lourdes charges et qu’on pouvait croire recherchée, a pu bénéficier d’une allocation financière de l’État pour réaliser un film. Enfin, Elena Varela López était localisée depuis trois ans en Araucanie. Son arrestation paraît bien tardive. Au Chili comme dans d’autres pays, nombreux sont ceux que son histoire a émus et mobilisés.
Reporters sans frontières note également que le thème, sensible, de la situation des Mapuches expose à des risques les journalistes ou documentaristes qui voudraient s’y consacrer. En 2004 et 2005, le directeur de la revue mapuche Azkintuwe, Pedro Cayuqueo Millaqueo, avait été arrêté à deux reprises, après avoir dénoncé les spoliations de terres dont il estime victime son peuple. Le 17 mars dernier, Christophe Cyril Harrison et Paul Rossj, deux documentaristes français, ont été brièvement détenus à Collipulli, accusés d’avoir provoqué un incendie qu’ils filmaient et d’”appartenir à l’ETA”. Le 3 mai, le scénario s’est répété pour deux cinéastes italiens, Giuseppe Gabriele et Dario Ioseffi, eux aussi qualifiés de “terroristes” avant d’être expulsés.
La question mapuche s’assimile-t-elle à un sujet tabou, synonyme d’entrave à la liberté de la presse ? Nous souhaitons que les journalistes, chiliens ou étrangers, obtiennent la garantie de travailler en toute sécurité en Araucanie. Nous souhaitons également que la justice apporte les éclaircissements nécessaires dans le dossier Elena Varela.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette lettre, je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de ma très haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général
Reporters sans frontières défend les journalistes emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde. L'organisation compte neuf sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, France, Italie, Suède et Suisse), des représentations à Bangkok, Londres, New York, Tokyo et Washington, et plus de 120 correspondants dans le monde.
© Reporters sans frontières 2008
Source : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=27350
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Chili Elena Varela López (f), réalisatrice de documentaires Elena Varela López a été arrêtée le 7 mai par des policiers à son domicile, dans la région de Novena, à environ 620 kilomètres au sud de son lieu de détention actuel. Elle a été inculpée d'« association illicite dans l'intention de commettre une infraction ». La police a saisi plusieurs effets personnels à son domicile, notamment des cassettes vidéo, du matériel audio, des appareils photo, des téléphones portables et des costumes dont elle avait besoin pour tourner son documentaire. En outre, les agents qui l'ont arrêtée ont également saisi les recherches qu'elle avait effectuées, ainsi que des documents relatifs au financement du film par le Fonds national audiovisuel, un organisme gouvernemental.Amnesty International craint que ces informations ne soient utilisées par les forces de sécurité chiliennes afin d'intimider et de harceler les militants mapuches et les personnes qui ont contribué à ces recherches en apportant leur avis. Depuis mars 2008, les autorités ont arrêté trois réalisateurs de documentaires qui ont dénoncé le conflit entre les compagnies d'exploitation forestière et les Mapuches. INFORMATIONS GÉNÉRALES L'utilisation des terres est au cœur du conflit entre les Mapuches et le gouvernement chilien, qui dure depuis plus de dix ans. Dans un rapport soumis en 2003 à la suite de sa mission au Chili, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones a notamment recommandé qu'en plus de l'octroi des titres de propriété sur des terres privées, les territoires ancestraux des communautés indigènes comportant des ressources collectives soient restitués. Amnesty International a signalé des mauvais traitements et des actes de harcèlement dont les Mapuches ont été victimes aux mains de la police chilienne et dénoncé publiquement le recours des autorités à la législation antiterroriste contre les membres de communautés indigènes qui luttent pour le respect de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales (voir par exemple l'AU 121/06, AMR 22/001/2006, 5 mai 2006). En mars 2008, le Comité des droits de l'homme des Nations unies s'est inquiété de l'utilisation de la législation antiterroriste contre des Mapuches ayant participé à des activités de revendication du droit à la terre des populations indigènes.Le 21 mai 2008, le Chili a été élu membre du Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour un mandat de trois ans. En tant que tel, cet État doit montrer sa volonté de respecter les droits humains, à la fois au plan international et au plan national, et de coopérer pleinement avec le Conseil. ACTION RECOMMANDÉE : dans les appels que vous ferez parvenir le plus vite possible aux destinataires mentionnés ci-après (en espagnol ou dans votre propre langue) : Ministre de l'Intérieur : Ministre de la Culture : COPIES À : ainsi qu'aux représentants diplomatiques du Chili dans votre pays. PRIÈRE D'INTERVENIR IMMÉDIATEMENT. APRÈS LE 15 JUILLET 2008, VÉRIFIEZ AUPRÈS DE VOTRE SECTION S'IL FAUT ENCORE INTERVENIR. MERCI source : http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AMR22/001/2008/fr... |
10:56 Publié dans LATINA AMERICA | Lien permanent | Commentaires (0)
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