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11/01/2009

Nous n'avons pas beaucoup rêvé

Il ne reste que le sable
Ni les arbres n'étendent leur ombre sur les dormeurs,
Ni le vent ne s'assouplit lorsqu'une femme le touche,
Ni nos âmes ne nous suffisent…
Nous sommes sortis de l'enfance comme des papillons
Nous avons brûlé autour du feu de la première femme
Et avec sa sagesse la cendre nous a rendus malheureux
Nous étions pressés
Alors nous n'avons pas tété le lait des mères
Nous n'avons pas reniflé l'odeur des pères
Et le ciel ne nous a pas parlé, comme nos parents le souhaitaient

 

Nous étions pressés
Nous sommes nés
Nous avons improvisé la mort, le sens
Et nous nous sommes improvisés nous-mêmes
Nous n'avons pas beaucoup rêvé
Nous n'étions pas sur la terre
Sur les murs nous avons seulement écrit nos cœurs

 

Nous étions pressés
Nous avons grandi comme une obsession dans la nuit
Embryons, nous avions égaré
Nos premiers corps et maisons
Et nos soucis     pas de ciel pour nous ombrager
                        ni terre qui porte la nôtre
Alors nous avons empli la nuit de fantômes
Nous avons grandi
Et soudain nous nous sommes inclinés pour dire adieu aux choses
Avant de les quitter
Nous n'avons pas tété le lait maternel
Et la glaise n'a pas encore séché sur nos os
Il ne reste que le sable
Même les prophètes ont jeté les gouttes de lumière
Et se sont retirés dans leurs prières
Même le ciel est parti sans nous regarder.

 

Zouheir Abou Chayeb, poème publié dans Le poème palestinien contemporain, édition bilingue arabe-français, Le Taillis-Pré, 2008, p. 43

 

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