11/02/2011
Sang & broussailles, Jean-Michel Bongiraud
Plusieurs lectures seront nécéssaires à ce recueil de belle facture qui porte bien son nom. Il y a beaucoup de puissance dissimulée dans ces mots là. On en sort un peu échevelé et griffé, il fait un peu froid et dans la gorge comme une boule, mais dans le coeur quelque chose de chaud et palpitant encore, quelque chose qui tient de la sincérité et qui me rappelle cette phrase déjà noté de Jean-Michel dans Pages Insulaires :
"Le poète ne sait pas cacher les choses. Sans doute est-ce pour cela qu'il a tant de mal à vivre ? "
Et comme je trouve difficile de parler d'un recueil, je préfère le laisser parler lui-même au travers de quelques extraits subjectivement choisis par moi-même, lectrice qui a pénétré les broussailles :
L’homme est vertige. Vin et calcaire.
(…)
Miel d’orage et foudre dans ma bouche.
Quelle voix revient par ma gorge animale ?
(…)
Les morts éclaboussent les ruines.
J’apprends les songes et les cailloux.
(…)
Est-ce foudre ce que
je ressens
ou piège
ces jours qui s’effacent
(…)
le clocher dégouline
de fiente et de messes
la sang d’un lapin égorgé
retrouvé parmi les broussailles
tout court et coule
sur mes ongles grandis
un ciel à la mesure de la pente
(…)
Et je nettoie les lampes
au fond des impasses
mon sang perd sa verticalité
au milieu des broussailles
(…)
courir à perte
mais courir et écrire
pour retrouver
ce à quoi nul ne renonce
(…)
un éclat qui se dissimule
une broussaille enfouie
et la clairvoyance du sang
à travers les racines
(…)
je ne puis confondre
la tombe broussailleuse
et la ruche aux noix vertes
(…)
mais combien de fois ai-je oublié mon nom
combien de fois me suis-je oublié parmi vous
je suis parfois si loin de tout
un vagabond enjambant son humanité
(…)
suis-je la main qui taille racine
et responsable du ciel qui s’infecte
(…)
mais j’ai soif
d’une soif
qui ne veut pas mourir
Jean-Michel Bongiraud in Sang & Broussailles
chez Rafael de Surtis, septembre 2010, dans la collection Pour une terre interdite.
19:03 Publié dans COPINAGE | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.