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26/10/2012

Hyderabad: la planète a eu chaud

Prêt pour le blanchiment des nuages ?

Prêt pour le blanchiment des nuages ?

Le 19 octobre 2012 par Valéry Laramée de Tannenberg

http://www.journaldelenvironnement.net/article/hyderabad-...

 

A Hyderabad, la communauté internationale a prorogé le moratoire sur la géo-ingénierie. Mais le débat va devoir s’ouvrir au niveau mondial. Prêt pour le refroidissement du réchauffement?

 

Haro sur le malfrat. L’information n’a été dévoilée que cette semaine, mais le crime a été commis cet été. En juillet dernier, un homme d’affaires américain s’est livré à une expérimentation illégale au large des côtes occidentales du Canada.

Depuis son chalutier, Russ George a déversé plusieurs dizaines de tonnes de limaille de fer dans le Pacifique. But de cette «fertilisation marine»: créer un gigantesque bloom de phytoplancton pour absorber le CO2 atmosphérique. En espérant qu’à la mort des micro-algues, le gaz carbonique ingéré soit précipité dans les grands fonds océaniques, avant d’être transformé en carbonates. Un processus qui n’a jamais été validé scientifiquement in situ.

En agissant ainsi, le récidiviste (Russ George dirigeait la société Planktos qui, dans les années 2000, voulait industrialiser la fertilisation marine) est devenu hors-la-loi. D’abord, pour avoir soutiré 1 million de dollars (768.000 euros) à une communauté indienne en lui faisant miroiter que son système de séquestration marine allait générer des crédits carbone, révèle l’ONG ETC Group. Ce qui est tout à fait faux. Aucun texte, onusien ou national, ne prévoit de rémunérer de quelque nature que ce soit d’apprentis «géo-ingénieurs».

D’autre part, en se livrant à une expérience de géo-ingénierie, ce pirate des mers et du climat viole les conventions de Londres (sur la pollution marine) et la Convention sur la biodiversité (CDB). Lors de l’adoption du protocole de Nagoya, en 2010, [JDLE], la communauté internationale a instauré un moratoire sur les expérimentations de géo-ingénierie. Une mesure ratifiée depuis par le Parlement européen.

Il est donc interdit de brumiser l’atmosphère de sulfates pour imiter les volcans. Interdit aussi de blanchir les nuages en les aspergeant de gouttelettes d’eau de mer. Interdit enfin d’envoyer des miroirs dans l’espace pour renvoyer dans le cosmos une fraction de l’énergie solaire. Bref, pas question de refroidir le réchauffement climatique par des moyens techniques que n’aurait pas renié le docteur Folamour.

On pensait la chose entendue. On n’avait encore rien vu. Durant les négociations d’Hyderabad, où se joue l’avenir de la préservation de la biodiversité, le lobbying a été extrêmement virulent pour revenir sur le moratoire de Nagoya. «Il y a eu des groupes de travail, et des textes ont été soumis au vote de la conférence des parties à la CDB», confirme Sandrine Belier, députée européenne spécialiste des questions de biodiversité.

Pour autant, la digue du raisonnable a tenu. L’abandon du moratoire a été rejeté. Mais la CDB entrouvre tout de même la porte. Les parties se sont entendues, par exemple, pour que le récent rapport rédigé sur la question par le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) soit communiqué aux secrétariats de plusieurs conventions et institutions internationales (Enmod, convention de Genève sur la pollution atmosphérique, traité de l’espace, traité sur l’Antarctique, conseil des droits de l’homme, FAO) afin qu’elles prennent en compte cette problématique nouvelle. Les négociateurs d’Hyderabad demandent aussi au Groupe international d'experts sur l'évolution du climat (Giec) «d’inclure un examen approfondi de la diversité biologique lorsqu’il traite de la géo-ingénierie dans son 5e rapport d’évaluation».

En clair, il va falloir ouvrir le débat sur la recherche (dans un premier temps) sur la géo-ingénierie. Un résultat qui ravit d’éminents personnages, tels Russ George, mais aussi Bill Gates ou Richard Branson. Même s’ils ne le clament pas sur les toits, les deux milliardaires financent, en sous-main, des laboratoires… de géo-ingénierie.

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