15/08/2013
Imprimer de la viande en 3D, le nouvel objectif de la start-up américaine Modern Meadow
TECHNO - L'information nous vient de la BBC. Une start-up américaine, Modern Meadow vient de réunir plus de 350.000 dollars afin de mettre au point une imprimante 3D capable d'imprimer de la viande.
De la viande imprimée en 3D, a priori l'idée ferait sourire, mais Gabor et Andras Forgacs sont très sérieux. Tout comme leurs soutiens financiers, au premier chef desquels le capital-risqueur Peter Thiel, bien connu dans la Silicon Valley.
Cartouche de cellules
L'impression en trois dimension, cela ne vous dit peut-être rien, c'est pourtant le vecteur d'une nouvelle révolution industrielle. Cela fait une dizaine d'années que ce procédé d'impression couche par couche existe et fait des émules.
Avec l'impression en 3D, on peut produire des sex toys personnalisés, des jouets, des objets étranges, des dessins en trois dimensions mais surtout des composants industriels.
Les frères Forgacs veulent faire passer l'impression 3D, également très employée par l'industrie automobile, dans une autre dimension, celle de l'impression de matière biologique.
Professeur à l'Université du Missouri, Gabor Forgacs a déjà mis au point un prototype. Bien que celui-ci ne soit pas encore utilisable à grande échelle, le chercheur et son équipe ont bel et bien trouvé le moyen d'imprimer de la viande. Un procédé aussi logique qu'étonnant.
Pour imprimer une bonne entrecôte, il convient donc de récupérer des cellules souches d'animal à l'aide d'une biopsie. Deuxième étape, développer ces cellules-souches, leur permettre de se spécialiser avant de de les faire rentrer dans une cartouche d'impression.
En lieu et place de l'encre, la cartouche d'impression biologique en trois dimensions contiendrait donc des milliers de cellules souches. Une fois imprimées, ces cellules fusionnent alors naturellement pour former un tissu vivant.
Viande de labo
Le procédé est donc globalement le même que pour l'élevage d'organes humain à destination de greffes, à ceci près, écrit la BBC, que le résultat pourrait finir dans votre assiette.
Gabord Forgacs n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai. En 2010, une autre de ses entreprises Organovo avait "imprimé" avec succès des vaisseaux sanguins à l'aide des cellules d'un individu.
Il n'est pas non plus le seul sur le coup puisque d'autres chercheurs exploitent ce procédé, notamment à des fins médicales afin de permettre une cicatrisation plus rapide de certains tissus.
Evidemment, l'impression de viande en trois dimensions posent plusieurs questions. Comment commercialiser cette viande pas comme les autres? Gabor Forgacs dit s'interroger sur le nom qu'il voudrait donner à ce produit. "Parler de 'viande de labo' ou de' viande élaborée' n'est pas très engageant," admet-il.
Mais son plus gros challenge ne sera pas le nom, mais bien de trouver le moyen de produire de la viande à très grande échelle.
Quid du goût?
Si les végétariens devraient être contents, puisqu'aucun animal ne serait tué dans le processus, plusieurs questions se posent pour le consommateur. Premièrement, quid de l'alimentation donnée à ces cellules imprimées? Pourra-t-on manger des steak imprimés bio? On ne voit pas pourquoi ce ne serait pas le cas.
Deuxièmement, existera-t-il plusieurs modèles de viande de plus ou moins bonne qualité, comme c'est d'une certaine manière le cas aujourd'hui? C'est en tout cas ainsi que se structurent les marchés. Quatrièmement, quid du goût, dans quelle mesure pourra-t-on intervenir dessus selon ce procédé? Oui, il devrait être possible d'intervenir sur le goût de la même manière que l'alimentation donnée à un animal influence la qualité de sa viande.
Enfin, on estime qu'il sera quasi-impossible de consommer de la viande d'ici une quarantaine d'années à cause du manque d'eau disponible. De bout en bout, produire de la viande nécessite de nourrir un animal et donc une quantité astronomique d'eau. Le procédé mis au point par le chercheur permettra-t-il de contourner ce problème? Apparemment oui, ce serait même l'objectif.
En tout cas, Gabor Forgacs, lui, y croit et il n'est pas le seul. La preuve, lors d'une conférence TED en 2011, il avait présenté le procédé et mangé du porc imprimé devant une assemblée qu'on devine médusée.
Seule inconnue à l'équation, les religions. Les hindous pourront-ils manger de la viande de boeuf imprimée? Les juifs pourront-ils manger du porc de laboratoire? Au carrefour entre science et religion, les questions sont nombreuses. Elles peuvent aussi être totalement inattendues.
10:36 Publié dans LE MONDE EN 2013 | Lien permanent | Commentaires (0)
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